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Convergence numérique
La convergence numérique est le recoupement et le regroupement de services ou d'outils numériques anciennement indépendants. Elle se traduit par un développement d'appareils multi-fonctions, par davantage de relations et d'échanges entre chacun d'eux pour passer d'éléments spécialisés et différents à un ensemble homogène numérique. La convergence suit la conversion des appareils au numérique grâce à des composants provenant de l'informatique. La maturation technologique de ces composants partagés ouvre ensuite la voie aux recoupements et à l'hybridation des outils et des échanges numériques.
- L’information est l’ensemble des objets physiques d’autrefois (photos, disques, documents imprimés sur papier, cassettes vidéo), que la numérisation « dématérialise », transforme en simple « information », c'est-à-dire en série d’octets.
- Le support est la combinaison de la mémoire, de masse ou volatile, disque dur ou mémoire flash, autrement dit de tout ce qui contient un nombre de plus en plus important d’octets, et du protocole nécessaire à l’interprétation du sens de cette série d’octets (un programme).
- Le transport est le passage de cette information d’un point à un autre dans le but d’être « consommée » : lue, écoutée, visualisée, copiée, par n’importe quel réseau, local ou étendu, privé ou public, sur un support physique ou via une forme d'émission radio.
La convergence numérique se traduit concrètement par la fusion d'appareils jusque là très différents comme le téléphone avec la télévision ou l'ordinateur avec la chaîne HI-FI. Cela grâce à la numérisation des contenus et des communications.
Sommaire
Domaines techniques de convergences
Les technologies support de la convergence ont été extraites de différents secteurs progressivement. La base commune technologique de convergence a été le support de stockage nu video.mérique sous forme d'octets appuyée sur un traitement logique tiré de l'informatique. La réalisation d'interfaces autour de ce pivot a permis d'intégrer d'autres fonctionnalités indépendantes l'informatique ; le multimédia s'est alors développé, ajoutant à l'interactivité le son et la video. Si les techniques ont convergé vers davantage de fonctionnalités à l'ordinateur, elles ont également profité aux autres appareils et services numériques.
Domaines fonctionnels de convergences
Ce processus se manifeste donc par une perméabilité des parois, voire une disparition des parois étanches qui existaient entre des techniques ou des disciplines, des secteurs d’activité autrefois étrangers les uns aux autres.
La manifestation la plus ancienne de ce phénomène de convergence, non dénommée à ce moment là, est celle du transfert de stockage d’information sur papier (information écrite manuellement ou dactylographiée) vers un stockage sur support numérique informatisé. Dans ce cas, la convergence numérique se confond avec un des phénomènes à la base de l’informatique. Un exemple marquant plus récent est celui de la disparition de la paroi existant entre le réseau informatique (familièrement appelé le monde IP) et le réseau de la voix (téléphonie filaire ou radio GSM). Dans ce domaine, la « Voix sur IP » ou VoIP, met en œuvre des protocoles (principalement le Protocole Internet, l’IP, comme le nom l’indique) permettant le transport de la voix numérisée sur tous types de réseaux informatiques, alors que ce transport était l’apanage exclusif des opérateurs téléphoniques sur des réseaux privés. Cette disparition de paroi est la conséquence parfois d’une stratégie industrielle délibérée, par exemple dans le cas du passage de la cassette vidéo au format propriétaire pour l’enregistrement des films au format banalisé du CD-Rom/DVD-Rom/Fichier AVI ou équivalent. Ce phénomène a été largement initié par les teneurs du marché (Sony, Philips), désireux de vendre des lecteurs de CD-Rom après avoir vendu des magnétoscopes.
Dans d’autres cas, les acteurs industriels en place ont freiné le mouvement autant que faire se peut, comme dans le cas de la photographie numérique, parce que les profits du marché reposaient plus sur les consommables (les pellicules argentiques) que sur les matériels vendus comme les boîtiers d’appareils photos. Aujourd’hui, alors que le mouvement fait ressentir la pleine puissance de ses impacts, les acteurs historiques comme Kodak sont en grande difficulté, tandis que d’autres ont carrément fait faillite (Fuji, principalement actif dans les tirages papier de photographies argentiques). Et pour une part les opérateurs téléphoniques se retrouvent à véhiculer de l’image photographique, captée au moyen de téléphones portables, hybrides d’appareils photos. De plus en 2007, on assiste à la convergence des réseaux fixes et mobiles, permis par l'avènement du numérique; en effet on peut désormais utiliser un téléphone portable wi-fi connecté a un point d'accés wi-fi pour y effetuer ces appels au tarif internet, souvent gratuit.
Conséquences économiques
Avant la convergence numérique, la captation, l’enregistrement, le transport et la restitution de ce signal se faisaient selon un processus généralement protégé par des brevets industriels, faisant appel à des matériels dédiés industriellement protégés, un savoir-faire protégé, ou nécessitant des consommables eux-mêmes protégés. La convergence a renforcé la nécessité d'ouverture des standards pour permettre le rapprochement d'outils différents. En phase de croissance du numérique, cela a permis le développement de concurrence et un dynamisme important de l'économie des secteurs concernés.
Chacun de ces domaines devient nécessairement candidat à la convergence numérique quand l’enregistrement dudit « signal », à la base de cette industrie parfois séculaire, change de processus, passant d’un processus ancien « établi » (le papier, la pellicule, la cassette…) à un processus nouveau, qui s’avère être, dans son écrasante majorité, un processus digital, communément appelé processus de numérisation. En général, ce processus nouveau n’impacte que marginalement la phase amont de captation du signal : il faut toujours un objectif photographique pour capter une photographie, ou un combiné téléphonique (un micro au moins) pour capter une voix. En revanche, l’aval du processus est fondamentalement chamboulé : enregistrement du signal capté, transport, restitution empruntent de nouveaux canaux, beaucoup plus efficaces (en termes économiques).
Et c’est à cela que conduit ce phénomène de convergence numérique : de multiples domaines d’activité humaine autrefois instrumentés par des appareils et des processus spécifiques, se réduisent de plus en plus à la collation d’éléments numérisés, trivialement stockés côte à côte sur le même disque dur, simplement identifiés par leur « extension » (les quelques lettres, généralement trois, derrière le « . » du nom de fichier), qui identifie un format, et manipulés par le logiciel idoine, lui-même stocké sur ce même disque dur, qui sait interpréter le format en question.
Mais si la convergence numérique se réduisait à un simple changement de processus industriel dans quelques domaines, les conséquences en seraient probablement mineures. En tout état de cause, l’industrie humaine a déjà vécu à de multiples reprises des changements de processus de plus grande ampleur.
Mais pourtant tel n’est pas le cas, et c’est à un bouleversement économique que nous commençons d’assister, dont les conséquences n’ont pas fini d’ébranler les structures industrielles des pays économiquement matures : en fait, la puissance du phénomène de convergence numérique réside dans le changement de paradigme technique qu’elle induit, de par sa nature numérique.
Usages
La convergence numérique a bénéficié à l'usager :
- par une réduction des coûts des produits grâce à des économies d'échelles des services et composants servants à de davantage de domaines ;
- par un développement des services et de leur utilité une fois convergé.
Un cas concret : les photographies de vacances
Un exemple de cette augmentation d’utilité peut être pris dans le domaine des photos de vacances. Avant la convergence numérique, faire des photos de vacances était une opération lourde :
- En matériel requis : appareil photo en état de marche, piles neuves, pellicules du bon type, bien conservées…
- En préparation : développement, récupération des photos, tri, documentation, albums…
- En exploitation : voir la pénibilité des séances photos de retour de vacances (projecteur et écran requis pour les diapositives, logistique des invitations…)
Après la convergence numérique, une photo de vacances c’est un déclic sur un téléphone hybride doté d’un appareil photo, un envoi sur un site de conservation des épreuves, ou en local sur mon ordinateur portable, la mise en ligne des photos sur mon blog. Le coût de cette opération est faible (au plus le coût du transfert de la photo via mon opérateur téléphonique), voire nul si j’ai emporté mon ordinateur portable en vacances, et que le transfert se fait via un protocole type Bluetooth, ou un lecteur de carte mémoire.
Les coûts
La convergence numérique s’accompagne d’une transformation tarifaire des services convergés. Ces coûts évoluent vers des coûts fixes, et non plus des coûts variables : on passe d’une logique de « consommables » à une logique de « forfaits de consommation ».
Un effet de cette nouvelle structure de coût est une sous-utilisation des capacités à disposition, comme la vitesse du processeur, de la quantité de mémoire ou de la bande passante internet.
Que l’on ne s’y trompe pas : c’est un phénomène totalement nouveau que d’acheter un objet informatique, et que celui-ci soit 10 ou 100 fois surdimensionné pour l’usage que je compte en faire. Quand un tourneur achète un tour, ou une autre machine outil, celle-ci ne fait certainement pas tout ce dont il a besoin, et très certainement très peu de choses dont il n’a pas le besoin ou l’usage.
Conséquences sur la structure du marché
Une autre conséquence de ces surcapacités est la disparition des segments de marchés différentiés traditionnels entre marché industriel, marché professionnel et marché privé. cela rend la tâche des services marketing très complexe (ou terriblement simple, c’est selon) : le même produit va pour tout le monde, it fits them all comme disent les Américains.
Aujourd’hui une entreprise de 10 personnes utilise exactement les mêmes ressources informatiques qu’un particulier un peu averti : on connaît des sites web privés beaucoup plus élaborés que certains sites informatifs d’entreprise, une entreprise peut aisément héberger ses propres serveurs (web et courriel principalement), créer son VPN avec le même système d’exploitation que Monsieur Tout Le Monde (issu du monde libre ou de Microsoft). Elle utilisera pour ce faire un ou plusieurs ordinateurs qu’elle peut acheter dans la grande distribution, et relier ces informations au monde extérieur via la même connexion ADSL que monsieur tout le monde.
Bibliographie
- Jean-Charles Fouché : "Comprendre la vidéo numérique", Éditions Baie des Anges, 2007, (ISBN 9782952439176).
Articles connexes
Liens externes
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