Consoude officinale

Consoude officinale
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 Symphytum officinalis
Symphytum officinalis
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Lamiales
Famille Boraginaceae
Genre Symphytum
Nom binominal
Symphytum officinalis
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Non déterminé (Euasteridae I)
Famille Boraginaceae
Fleurs de consoude

Fleurs de consoude

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La Consoude officinale (Symphytum officinalis), ou Grande Consoude, est l'espèce caractéristique du genre Symphytum. Elle présente de nombreuses variétés et s'hybride facilement, cette dernière caractéristique ayant été utilisée en agronomie comme en horticulture. Les limites de définition de l'espèce ne sont d'ailleurs pas fixées de manière définitive (voir l'article sur les consoudes). C'est une plante utile et utilisée depuis longtemps, à la fois pour la production agricole, pour ses vertus thérapeutiques et pour l'agrément des jardins. Elle est aussi appelée familièrement « oreille d'âne ».

Des résultats contradictoires ont été obtenus quant à la présence de vitamine B12. Suite aux travaux de Briggs et al. (1983)[1], il est souvent dit qu'elle est le seul exemple connu dans le règne végétal de production (en tant que métabolite secondaire) de vitamine B12. Mais ces résultats sont aujourd'hui infirmés. La vitamine B12 ne peut être synthétisée que par des bactéries car elles sont les seules à disposer des enzymes nécessaires[2],[3].

Synonymes : oreille d'âne, langue de vache, confée.

Étymologie : le terme de "consoude", apparu vers 1265, vient du bas latin consolida dérivé de consolidare « consolider, affermir » en raison de ses vertus à cicatriser les plaies (astringent) et à consolider des fractures.

Le terme de Symphytum, genre créé par Linné en 1753, vient[4] à travers le latin du grec σύμφυτον sumphuton nom d'une plante aux propriétés cicatrisantes (peut-être la consoude), terme lui-même dérivé de συμφύω sumphuo "faire grandir ensemble".

Sommaire

Description

Tige piquante

La consoude est une grande plante vivace de 30 à 130 cm, en grandes colonies.

Ses grandes feuilles (jusqu'à 40 cm de long sur 15cm de large) sont alternes, pointues, couvertes de poils raides, se prolongeant sur la tige.

Ses fleurs rosées, pourpres claires à foncées, jaunes pâles, crèmes, groupées en cymes scorpioïdes unipare au sommet des rameaux, fleurissent à la mi-mai.

Ses fruits sont composés de 4 akènes lisses et brillants.

Attention avant la floraison, les feuilles de digitale, très toxiques, pourraient être confondues avec celles de consoude mais au toucher la digitale est laineuse et douce alors que la consoude est rêche.

Écologie

La grande consoude est très commune dans toute la France. On la trouve aussi dans le reste de Europe, en Russie, en Asie Centrale et en Chine[5].

Elle poussent dans les prés humides, les fossés, sur le bords des eaux[6].

Propriétés

La racine de consoude contient des glucides (fructanes), des terpénoïdes (mono- et bidesmosides triterpéniques) et des alcaloïdes pyrrolizidiniques (0,2-0,4 %) : lycopsamine, intermédine (monoester de la rétronécine) et leurs dérivés acétylés et de la symphytine (un diester)[7]. Elle contient aussi de l'allantoïne, de l'acide rosmarinique et des mucilages (polysaccharides)[8].

Les feuilles renferment aussi des alcaloïdes, mais en quantité bien plus faible : 0,003-0,02 %.

Utilisations

Symphytum officinale1 ies.jpg

Alimentation

Attention, il est déconseillé de manger quotidiennement de la consoude. En effet, cette plante contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques toxiques pour le foie à haute dose. À titre occasionnel, on peut donc consommer :

  • Les très jeunes feuilles, encore tendres, coupées finement et ajoutées aux salades.
  • Les feuilles peuvent être cuites dans des soupes, en légumes, en beignets.
  • Les feuilles, riches en protéines et minéraux peuvent parfaitement remplacer l'usage d'épinards dans une variété de préparations culinaires, de plus la consoude n'a pas le défaut des épinards de devenir toxique sous l'influence prolongée de l'air.

Pour le professeur de pharmacognosie, Jean Bruneton[7] « La consommation des feuilles en potage - certains en vantent les vertus nutritives- est à déconseiller formellement ».

Grâce au contenu élevé de protéines qu'elle contient, la consoude peut, comme en Australie, être un très bon complément alimentaire pour le bétail[réf. nécessaire]. Sa culture est facile et très bon marché puisque elle n'a pas besoin de soins particuliers pour prospérer.

Engrais végétal

La consoude est utilisée comme engrais végétal en agriculture biologique[9]. Un petit coin de jardin réservé à la Consoude de Russie peut être récolté plusieurs fois par an, procurant une quantité appréciable de matériaux verts riches en matières minérales utilisables de diverses manières (purin, mulch, compost) pour accroître la fertilité du sol et la croissance des plantes.

Comme plante mellifère

Les consoudes sont des plantes à haut potentiel nectarifère. Les fleurs sont systématiquement visitées par les bourdons en raison de leur haute attractivité. Ceux-ci percent généralement un trou à la base de la corolle afin d'accéder plus rapidement au nectar. Les abeilles peuvent ensuite en profiter. Sans ce trou, leur langue est trop courte et ne permet pas d'accéder au nectar.

Propriétés médicinales

Usage interne

La grande consoude contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques hépatotoxiques. Toutefois ceux-ci sont principalement des monoesters (lycopsamine et intermédine) relativement moins toxiques que la symphytine, un diester.

Suivant Bruneton[7] « La racine et les feuilles de consoude provoquent, lorsqu'elles sont administrées par voie orale et sur une longue période à des rats, l'apparition de tumeurs au niveau du foie chez près de la moitié des animaux; il en est de même pour la symphytine. Chez l'Homme, plusieurs cas de syndromes veino-occlusif (...) attribués à la consommation régulière et prolongée (pendant plusieurs mois) d'infusions ou de capsules de consoude ont été publiés : dans l'un des cas le patient est décédé. »

Dans beaucoup de pays des mesures restrictives ont été prises vis-à-vis son emploi. En France et en Allemagne, seul son usage externe est autorisé.

Usages externes

La tradition prête à la racine de consoude des propriétés hémostatiques, anti-inflammatoires, astringentes, cicatrisantes et émollientes.

Suivant Bruneton[7], la racine est « traditionnellement utilisé(e) comme traitement d'appoint adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques, comme trophique protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d'insectes [Note Expl., 1998] ».

Suivant Pierre Lieutaghi[10], les meilleurs résultats sont obtenus avec les racines fraîches, ébouillantées, broyées que l'on applique sur les plaies suppurantes ou les escarres. « Sur les brûlures du premier degré, la pulpe fraîche procure un soulagement rapide. Elle calme et cicatrise promptement les gerçures des seins. »

Une étude allemande, en simple aveugle, randomisée, a montré qu'une crème à base de consoude était un peu plus efficace qu'un gel de diclofénac (Voltarène) dans le traitement des entorses de la cheville[8].

En application intérieure et extérieure, la consoude accélère, grâce à sa teneur en allantoïne, la formation de nouvelles cellules, aussi bien dans la peau que dans des masses osseuses. Des études[11] ont prouvé que des fractures guérissaient beaucoup plus vite en appliquant de la consoude.

Histoire

En Europe, les propriétés cicatrisantes des plantes du genre Symphytum sont connues depuis l'Antiquité.

Les Anciens Grecs utilisaient le terme de sumphuton pour désigner plusieurs plantes auxquelles ils attribuaient les propriétés de cicatriser les plaies et de consolider les fractures. Le pharmacologue grec du Ier siècle Dioscoride décrit dans De materia medica deux espèces de plantes du nom de sumphuton. Il décrit[12] ainsi le sumphuton pektê

Il a une tige velue, de deux coudées ou davantage, anguleuse, creuse comme le laiteron (sogkos)...Les racines sont noires à l'extérieur, blanches et gluantes à l'intérieur. Ce sont elles que l'on utilise. Broyées et prises en boisson, elles sont efficaces pour les fractures et les crachements de sang et en application avec des feuilles d'erigeron pour les inflammations, surtout celles qui surviennent à l'anus. Elles cicatrisent les plaies les plus récentes et agglutinent les chairs quand on les fait cuire ensemble.

Le naturaliste romain de la même époque, Pline l'Ancien, donne une description de la symphytum petraeum très proche de celle de Dioscoride. Si on ne trouve pas de traces de ces plantes dans les écrits plus anciens d'Hippocrate ou de Théophraste, elles sont mentionnées dans les traités de médecines ultérieurs. Pour certains historiens la sumphuton pektê pourrait être une consoude grecque Symphytum bulbosum C. Schimper[12].

Durant le long millénaire du Moyen Age, "la médecine est désormais très liée à la magie et à la sorcellerie...L'étude se tourne vers les livres de botanique et non vers les plantes elles-mêmes." (Magnin-Gonze[13]).

A la Renaissance, le médecin Jean Fernel (1497-1558) tout en acceptant la tradition, chercha à réformer l'étude de la pathologie. Il proposa un sirop[10] à base de sommités de consoude (et de pétales de roses, de bétoine, plantain, pimprenelle, scabieuse et tussilage) qui fut longtemps prescrit contre les diarrhées, les hémorragies, la toux et la phtisie.

Notes et références

  1. (en) Briggs D.R., Ryan K.F., Bell H.L., « Vitamin B12 activity in comfrey (Symphytum sp.) and comfrey products [consumed as a salad vegetable, tea or tablet] », dans J-Plant-Foods, vol. 5, no 3, 1983, p. 143-147 
  2. (de) G. Löffler, Basiswissen Biochemie mit Pathobiochemie, Verlag Springer, 2008 
  3. (en) Michiko E. Taga, Nicholas A. Larsen, Annaleise R. Howard-Jones, Christopher T. Walsh & Graham C. Walker, « BluB cannibalizes flavin to form the lower ligand of vitamin B12 », dans Nature Letter, vol. 446, 2007 [[doi:10.1038/nature05611 texte intégral]] 
  4. François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 2000 (ISBN 2-603-01182-0) 
  5. Référence Flora of China : Symphytum officinalis (en)
  6. Référence Tela Botanica (France métro) : Symphytum officinalis (fr)
  7. a, b, c et d Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, 2009, 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8) 
  8. a et b (en) H.-G.Predel,B.Giannetti,R.Koll,M.Bulitta,C.Staiger, « Efficacy of a Comfrey root extract ointment in comparison to a Diclofenac gel in the treatment of ankle distorsions : results of an observer-blind, randomized, multicenter study », dans Phytomedicine, 2005, p. 707-714 
  9. Joseph Pousset, Engrais verts et fertilité des sols. 2ème édition, France Agricole Editions, 2002, (ISBN 2912199115), (ISBN 9782912199119), p. 192, [lire en ligne]
  10. a et b Pierre Lieutaghi, Le livre des bonnes herbes, Actes Sud, 1999, 517 p. (ISBN 2742709533) 
  11. M.Pahlow - Das grosse Buch der Heilpflanzen - 1979 - Gräfe & Unzer Verlag - München - ISBN 90-252-6945-1 - Version originale en Allemand mais existe aussi en plusieurs traductions
  12. a et b Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l'antiquité, Belin, 2003 
  13. Joëlle Magnin-Gonze, Histoire de la botanique, Paris, Delachaux & Niestlé, 2004 
  • Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, François Couplan Eva Styner, Les guides du naturaliste, Dealachaux et Niestlé (ISBN 2603009524)

Liens externes


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