- Consonance (harmonie tonale)
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Dans la musique tonale, on appelle consonance un type particulier d'intervalle harmonique s'opposant à la dissonance.
- On aura soin de ne pas confondre la consonance dans le « cadre de l'harmonie tonale » — qui fait l'objet du présent article — avec la consonance relevant du « domaine de la justesse d'intonation ». Pour plus d'information sur ce second concept, consulter l'article Consonance.
Sommaire
Généralités
En harmonie tonale, quel que soit le système de justesse choisi, la dissonance est considérée comme une perturbation — appelée tension — que la consonance va éliminer en apportant la détente. Toute l'harmonie classique, depuis la Renaissance jusqu'à nos jours, repose sur ce principe de « tension-détente ».
- Cette distinction entre les consonances et les dissonances doit être relativisée : même si elle a trouvé dans la science acoustique une justification après-coup, il faut toujours garder à l'esprit que cette opposition est avant tout de nature culturelle. La perception des consonances et des dissonances varie en effet selon les origines culturelles, et, en ce qui concerne plus particulièrement la musique occidentale, cette perception n'a cessé d'évoluer au cours des siècles. Par exemple, la septième mineure non préparée placée sur la dominante, qui paraît familière et bien banale à l'auditeur du XXIe siècle, était sans doute perçue comme une hardiesse par l'auditeur du XVIe siècle, ou comme une faute de goût par l'auditeur du XIVe siècle. Si l'on maintient cependant la distinction classique entre consonances et dissonances, c'est parce qu'elle aide à mieux comprendre les grands principes de l'harmonie tonale et qu'elle justifie d'un certain nombre de mécanismes et d'usages qui s'y réfèrent. Ajoutons, pour terminer sur ce point, que dès le début du XXe siècle, ce principe a été remis en question par nombre de compositeurs en même temps que le système tonal qui lui est naturellement associé.
Classement des consonances
On distingue traditionnellement trois sortes de consonance, la consonance parfaite, la consonance imparfaite et la consonance mixte. Tout intervalle étranger à l'une ce des trois catégories doit donc être considéré comme une dissonance, à savoir : les secondes, leurs renversements et redoublements, ainsi que tout intervalle augmenté ou diminué.
Consonance parfaite
Une consonance parfaite est un intervalle harmonique produisant une impression de stabilité, de détente et d'accomplissement, mais également, un effet dur ou plat.
- Sont considérés comme des consonances parfaites : l'unisson juste, l'octave juste, la quinte juste et leurs redoublements.
- L'unisson, la quinte et l'octave sont les premiers intervalles harmoniques à avoir été expérimentés dans les polyphonies primitives médiévales — organum, notamment. Ceux-ci correspondent aux trois premiers harmoniques du son.
Consonance imparfaite
Une consonance imparfaite est un intervalle harmonique produisant une impression de douceur, de détente, mais d'inachèvement.
- Sont considérés comme des consonances imparfaites : la tierce majeure ou mineure, la sixte majeure ou mineure et leurs redoublements.
- Les tierces et les sixtes n'ont été considérées comme des consonances qu'à la fin du Moyen Âge, au moment de l'apparition du contrepoint.
Consonance mixte
Une consonance mixte est un intervalle harmonique dont l'effet varie en fonction de son emploi. Selon sa situation en effet, une consonance mixte peut être analysée, soit comme une consonance, soit comme une dissonance.
- Sont considérés comme des consonances mixtes : la quarte juste et ses redoublements.
Réalisation des consonances parfaites
Les consonances imparfaites — auxquelles on peut ajouter la quarte juste lorsque celle-ci n'est pas à la basse — ne posent pas de difficulté particulière de réalisation, puisqu'elles peuvent être amenées par n'importe quel mouvement harmonique. Au contraire, les consonances parfaites, même si elles n'ont besoin ni de préparation, ni de résolution — contrairement aux dissonances —, doivent cependant respecter un certain nombre de contraintes.
Consonances parfaites consécutives
Les consonances parfaites consécutives — c'est-à-dire, les intervalles justes — doivent être évitées, que ce soit par mouvement parallèle, ou par mouvement contraire.
- Les octaves et unissons justes consécutifs sont prohibés parce qu'ils appauvrissent l'harmonie par leur effet plat. Ces octaves ou unissons consécutifs ne sont tolérés entre les parties extrêmes que dans l'enchaînement des degrés V et I — cadence parfaite —, lorsque la partie supérieure fait un mouvement mélodique de la dominante à la tonique, exclusivement par mouvement contraire (exemples E & F).
- Bien entendu, la doublure à l'octave ou à l'unisson d'une partie quelconque — une partie extrême le plus souvent — afin de renforcer celle-ci, ne doit pas être considérée comme fautive.
- Les quintes justes consécutives sont interdites quant à elles, à cause de la dureté produite. Par mouvement contraire, elles sont plus difficiles à déceler : elles sont d'ailleurs souvent surnommées « quintes cachées » pour cette raison (exemple G).
- Un changement de position de l'accord, peut faire apparaître des quintes ou des octaves consécutives fautives (exemple H), c'est pourquoi, lorsqu'on fait évoluer une partie, il convient de surveiller les intervalles harmoniques qui se produisent avec les autres parties qui restent en place. On admet toutefois deux quintes ou octaves consécutives résultant d'un changement de position de l'accord si elles ne se produisent pas sur la même mesure, et si la deuxième n'est pas placée sur le temps fort (exemple I).
- Exemples :
Consonances parfaites par mouvement direct
L'unisson juste par mouvement direct doit toujours être évité. La seule exception tolérée est celle qui se produit entre la basse et le ténor qui atteignent la tonique à l'unisson dans une cadence parfaite, par mouvement ascendant (exemple J). Pour éviter toute faute de consonance parfaite par mouvement direct, il convient de surveiller l'intervalle harmonique qui précède le changement d'accord. En effet, en cas de simple changement de position, les quintes et octaves directes sont permises, seul l'unisson direct est prohibé (exemple K).
- Exemples :
Les octaves et quintes justes directes sur changement d'accord peuvent être permises sous certaines conditions, conditions qui sont plus sévères si l'intervalle en question se produit entre les parties extrêmes.
- Rappelons que les règles suivantes ne concernent que les octaves et les quintes justes. Les quintes augmentées et diminuées — qui doivent être analysées comme des dissonances — peuvent être introduites par mouvement direct.
Quintes directes permises
- Entre parties extrêmes :
- - sur les trois meilleurs degrés quand la partie supérieure procède par mouvement conjoint ;
- - sur tous les degrés si la partie supérieure procède par seconde mineure descendante.
- Entre partie intermédiaire et partie quelconque, sur tous les degrés :
- - si l'une des deux parties procède par mouvement conjoint ;
- - même par mouvement disjoint dans les deux parties, si l'une des deux notes formant la quinte est commune aux deux accords qui s'enchaînent.
Octaves directes permises
- Entre parties extrêmes :
- - sur les trois meilleurs degrés, si la partie supérieure procède par mouvement conjoint.
- Entre partie intermédiaire et partie quelconque, sur tous les degrés :
- - si l'une des deux parties procède par mouvement conjoint ;
- - même par mouvement disjoint dans les deux parties, mais en montant seulement, si la note de l'octave est commune aux deux accords qui s'enchaînent.
Voir aussi
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