- Abstraction poétique
-
Le terme "abstraction poétique" a été proposé en 2005 par le psychanalyste Saverio Tomasella pour désigner un mouvement pictural à la suite de l'abstraction lyrique. Entre l'humain et la nature, elle se définit par une recherche créative ouverte sur l'inconscient, et plus particulièrement les paysages intérieurs. Elle privilégie l'expression onirique et poétique, en rupture avec d'autres courants contemporains orientés vers l'épure complète, le matérialisme ou la technologie.
L'abstraction picturale naît au début du 20e siècle (voir art abstrait). Kandinsky est le premier à peindre une toile abstraite, en 1910. La peinture abstraite évolue et réapparaît notamment un demi-siècle plus tard en Europe sous d'autres formes avec Bazaine, Bissière, Le Moal, Manessier, Fautrier, Fontana, Michaux, Nicolas de Staël, Pierre Soulages, Roberto Soler, Zao Wou-Ki…
Tout comme Munch, Kandinsky et Mondrian essaient d'exprimer le "temps intérieur" de l’artiste et ses émotions.
L’abstraction se décline selon trois formes principales :
- L’abstraction géométrique :
L'espace est structuré par des lois de construction édictées par les artistes, ou par simple recherche de pureté. En 1913, Malévitch peint un Carré noir sur fond blanc. Ce dépouillement suggère le calme, l’accord avec soi, voire le vide (Mondrian, Malevitch, Honegger, Baron-Renouard, Nemours, Buren...) - L’abstraction décorative :
La décoration peut être indépendante de son environnement. Elle constitue une œuvre sans exprimer un concept autre qu’esthétique (Vasarely, Poliakoff, Rougemont, Thomas Ruff, Lena Lisa). - L’abstraction lyrique :
Elle s'appuie sur la liberté de l’expression et l’absence de règles pour faire naître chez les spectateur des sentiments, des émotions. La sensibilité de l’artiste et son histoire sont les motivations de son expression...
L'abstraction lyrique présente certaines formes spécifiques : la Peinture non figurative (Jean Bazaine, Maurice Estève, Elvire Jan, Jean Le Moal, Alfred Manessier), la peinture gestuelle (Pollock, Mathieu), l’art informel (Jean Fautrier, Hartung).
Dissidents de l'école de Nice, Alain Boullet, Gilles Pho et Fanny Balzamo poursuivent une recherche picturale poétique à partir du geste libre, de la lumière, de la nuance et du ressenti intérieur, dans une continuité expressive issue de l’abstraction lyrique. Il existe plusieurs points communs entre ces artistes, lecteurs de Rilke, qui sont en affinité humaine et esthétique :
- une pensée fondée sur l'observation intime de l'être humain et de la nature ;
- une recherche plastique de l'intériorité et de la lumière ;
- un profond intérêt pour la méditation, les sagesses orientales et extrêmes orientales ;
- une passion pour la psychanalyse, le rêve et l'inconscient.
Aujourd'hui reconnue, l’abstraction poétique est un courant qui se développe au-delà de ses initiateurs. La formulation est reprise, ici et là, par d'autres artistes qui s'en réclament.
Voir aussi
- L’abstraction géométrique :
Wikimedia Foundation. 2010.