- Abbaye d'Einsiedeln
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Abbaye d'Einsiedeln
L'abbaye d'Einsiedeln est un monastère bénédictin, situé dans la ville suisse d'Einsiedeln dans le canton de Schwytz, dédiée à Notre-Dame des Ermites, à cause des circonstances de sa fondation, dont provient également le nom d'Einsiedeln[1]. Le monastère est une station importante du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle et la destination de nombreux pèlerins. La « Vierge noire » d'Einsiedeln dans la Gnadenkapelle est un pôle d'attraction pour pèlerins et touristes. La Communauté compte actuellement plus de 80 membres. L'abbaye ne fait pas partie d'un diocèse, elle a le statut dit de Nullius dioecesis[2] et fait partie de la congrégation bénédictine de Suisse.
Sommaire
Histoire
Saint Meinrad, de la famille des comtes de Hohenzollern, suivit l'enseignement des abbés Hatto et Erlebald, au Monastère de Reichenau, situé sur une île du lac de Constance, puis y devint moine et fut ordonné. Après quelques années passée à Reichenau, et au prieuré de Bollingen, qui en dépend, il embrassa la vie d'ermite et s'établit sur les pente du mont Etzel, emportant avec lui un chef-d'œuvre sculptural représentant Notre-Dame qui lui avait été remise par l'abbesse Hildegarde de Zurich. Il fut assassiné, en 861, par des voleurs qui convoitaient les offrandes faites au sanctuaire par les pèlerins. Au cours des huit décennies qui suivirent, le lieu ne fut jamais inoccupé, un ou plusieurs ermites, suivirent l'exemple de Saint Meinrad. L'un d'entre eux, Bennon de Metz fit restaurer la chapelle et défricher les terres environnantes. Eberhard, précédemment prévôt du Chapitre de Strasbourg, érigea un monastère et une église, dont il devint le premier abbé. En 947, Otton Ier confirma la création du monastère et lui accorda la donation de terres habituelle ainsi que le libre choix de son abbé et le privilège de l'immunité[2].
Selon la légende, l'église fut miraculeusement consacrée en 948 par le Christ lui-même, assisté des Évangélistes, ainsi que de saint Pierre et Saint Grégoire le Grand[3]. Cet événement fut soumis à l'enquête et confirmé par une bulle du Pape Léon VIII[4] et ratifié par nombre de ses successeurs, le dernier étant Pie VI en 1793[5].
En 965 Grégoire, le troisième abbé d'Einsiedeln, fut fait prince d'empire par Otton Ier, ses successeurs obtinrent la même dignité jusqu'à la fin de l'empire au début du XIXe siècle. En 1274, Rodolphe Ier fit de l'abbaye et de ses terres une principauté indépendante, permettant à l'abbé d'y exercer les pouvoirs temporel et spirituel. Elle resta indépendante jusqu'à la Révolution française. L'abbaye possède aujourd'hui le statut de nullius dioecesis, l'abbé ayant une autorité quasi-épiscopale sur dix paroisses desservies par les moines et comptant près de vingt-mille âmes.
Einsiedeln est célèbre pour le savoir et la piété de ses moines, nombre de saints et de chercheurs vécurent en ses murs. L'étude des lettres et de la musique fit sa réputation et contribua largement à la gloire de l'ordre des Bénédictins. La discipline se relâcha cependant au XVe siècle mais Ludovic II, un moine de Saint-Gall qui devint abbé d'Einsiedeln, entre 1526 et 1544, restaura la stricte observance de la règle.
Au XVIe siècle les troubles religieux que causèrent la propagation de la Réforme protestante en Suisse furent une source de problèmes au sein de l'abbaye. Zwingli lui-même fut prédicateur à Einsiedeln de 1516 à 1518[6] et profita de l'occasion pour protester contre les fameux pèlerinages, mais la tempête se calma et l'abbaye reprit un rythme paisible. L'abbé Augustin Ier (1600-1629) fut l'un des fondateurs du mouvement qui aboutit à la création de la Congrégation bénédictine de Suisse, en 1602, et il fit également beaucoup pour une observance stricte au sein de l'abbaye et pour la promotion d'un haut niveau de savoir et d'apprentissage parmi ses moines.
Vierge noire
Historique
La Vierge noire est en bois de poirier, mesure 119 cm. Elle est d'origine inconnue mais devrait avoir été apportée vers 1466. A l'origine, le visage et les mains étaient peints mais la suie des cierges qu'on faisait brûler finit par les noircir. Au XVIIIe siècle, un restaurateur a tenté de lui rendre sa couleur claire d'origine, mais cet aspect ne fut pas du goût des pèlerins. On décida alors de peindre les parties principales de la statue en noir.
Malgré cinq incendies successifs du couvent et de l'Église, qui détruisirent des richesses incalculables en ornements précieux, livres, manuscrits, etc., la statue et sa chapelle restèrent intactes. En 1798, le couvent fut pillé par les troupes d'occupation françaises. La chapelle de Notre-Dame d'Einsiedeln fut détruite et la Vierge noire put être mise en sécurité à l'étranger. Après trois ans d'exil, l'abbé et les moines purent réintégrer l'abbaye qui connut alors un nouvel essor. La Vierge était autrefois adossée au jubé qui a été détruit au 18ème siècle par les chanoines en même temps que quelques vitraux pour donner de la clarté dans la cathédrale[7].
Anecdote
Avant chaque grande fête religieuse, la statue change de costume et les moines lui change de toilette (robe, bijoux et coiffe) environ 15 à 20 fois par année, à la Pentecôte en robe rouge, en violet pendant l'Avent et en blanc à Noël et Pâques. La plus ancienne des robes date de 1685 mais c'est en 1577 qu'on mentionne la première robe offerte à la Vierge par une habitante d'Einsiedeln. L'enfant Jésus que porte la Vierge est également rhabillé[8],[9].
Fondations
L'abbaye d'Ensiedeln a fondé l'abbaye Sainte-Marie-de-l'Assomption à Richardton dans le Dakota du Nord (États-Unis) à la fin du XIXe siècle.
Notes et références
Sources
- Jacques V. Pollet, Huldrych Zwingli : biographie et théologie, Genève : Labor et Fides, 1988. (ISBN 9782830901160)
- Joseph Régnier, Chronique d'Einsidlen (Notre-Dame-des ermites) d'aprés d'Achéry, Paris, Gauthier frère et cie, 1837. (OCLC 23863853)
- Einsiedeln (abbaye de bénédictins) en français, allemand et italien dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
Voir aussi
- Liste des abbayes
- Congrégation bénédictine de Suisse
- Congrégation helvéto-américaine
- Benno Gut (1897-1970)
- Vincent Wehrle (1855-1941)
Lien externe
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