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Collier des Brísingar
Dans la mythologie nordique, quelque peu christianisée[1], le collier des Brisingar (Brísingamen ou Brísinghamen en vieux norrois) est le collier de la déesse Freyja. Il est constitué principalement d’ambre. Quand au printemps elle le portait, ni homme ni dieu ne pouvait résister à ses charmes. Il va sans dire que les autres déesses s’en inquiétaient beaucoup. Ce collier avait aussi la propriété de soutenir n’importe quelle armée que la déesse décidait de favoriser sur un champ de bataille. On dit que le roi Alberich le lui donna.
La Húsdrápa raconte que le collier fut un jour volé par Loki. À son réveil, constatant sa disparition, Freyja attelle ses chats à son char et part à sa recherche. Heimdall l’aide dans cette quête. Ils finissent par retrouver le voleur qui n’est autre que Loki transformé en phoque. Heimdall se transforme également en phoque et attaque Loki. Après un combat interminable, Heimdall triomphe et rend le collier des Brisingar à Freyja.
Le collier est aussi cité dans le poème épique anglo-saxon Beowulf sous le nom de Brosingamen. Dans ce récit, le bijou est rapporté à la « citadelle brillante » (probablement la Valhöll, qui est couverte de boucliers dorés) par Hama (Heimdall). Il tombe finalement entre les mains de mortels. La reine du Danemark le donna à Beowulf pour avoir tué Grendel. Le héros l’offrit ensuite à sa reine, Hygd, à son retour à Götaland.
Il apparaît aussi dans une version tardive évhémériste, de Sörla þáttr (Dit de Sörli) écrite par deux prêtres Chrétiens au XVe siècle dans le but d'humilier et de rendre démoniaques les déités païennes [2]. Les deux ecclésiastes empruntent des parties de Heimskringla, et aussi des parties de la poésie Lokasenna de Gefjun (dormant avec un garçon pour un collier). Ils créent une nouvelle histoire adaptée pour humilier la déesse Freyja en la faisant apparaître comme une simple reine d'Asie et non comme la déesse majeure du panthéon nordique. Afin d'obtenir ce collier qui aurait été forgé par quatre nains, Alfrigg, Berling, Dvalin et Grer, cette reine Freyja est supposée avoir passé une nuit avec chacun d’eux. Cette calomnie sur les déités païennes s’explique dans la Saga du Roi Olaf Tryggvason, où les gens doivent insulter et ridiculiser les déités païennes afin de prouver leur piété à la foi chrétienne. [3],[4]
Cette dernière légende adaptée pour le panthéon nordique quelques siècles après l’ère Viking, est en fait le moyen pour les serviteurs de l’Église de faire tomber dans l’esprit collectif des peuples païens, l’image de l’honorable Freyja. L'une des Déesses les plus respectées, le symbole de la Femme, de la Mère du foyer, de l’amour maternel, de l’amour romantique... Humiliée dans ce mythe où elle est la femme facile et cupide, en déshonorant également le grand Odin trompé et relégué lui aussi dans un rôle de petit roi d'Asie. Il en est de même pour Thor le plus puissant des Dieux, le symbole de la virilité, ridiculisé par un déguisement grotesque sous l'apparence de Freyja portant le collier, pour épouser le géant Thrym dans la Thrymskvida. Une image bien à l’opposée de ce qu’il représente, celle de combattre de front plutôt que d’utiliser la comédie[5].
Brísingamen dans les traditions germaniques
Le collier des Brísingar est représenté chaque année lors des rites de fertilité païen pendant le solstice d'été. Les peuples d'origine allumaient une multitude de petits feux le long des côtes et des rivières pour symboliquement offrir à Freyja, là-haut dans le ciel, son magnifique collier. Ainsi l'homme représente Heimdall qui prend le dessus sur Loki (la logique) dans un acte de pur amour.
Avec la domination chrétienne sur le monde germanique (vers le VIIe siècle) cette tradition fut presque totalement abandonnée ou dénaturée sous les pressions du clergé en une fête chrétienne. Les gens sous ces influences pendant des décennies, perdirent en chemin le sens de cette tradition et commencèrent à allumer un seul gros feu au lieu de plusieurs. Certains, habitants des régions plus éloignées des autorités, continuèrent la pratique des festivals païen (solstice d'hiver (Yule), équinoxe du printemps, solstice d'été et équinoxe d'automne (å gå Julebukk/Halloween)) et même aujourd'hui certaines rives s'illuminent le temps d'une nuit dans certaines régions du globe.
Notes
- ↑ Boyer, Régis, L'Islande Médiévale, Guide belle lettres des civilisations, ISBN 2-251-41014-7
- ↑ Cette petite histoire s’appelle aussi "La Saga de Högni et Hedinn". On peut en trouver une version anglaise sur Northvegr: Three Northern Love Stories and Other Tales.)
- ↑ W. A. Craigie, "Religion of Ancient Scandinavia" (1914)
- ↑ T. Kendrick, "History of the Vikings" (1930), p.349, 350.
- ↑ Boyer, Régis, Le Christ des barbares, Les Éditions du cerf, 1987, ISBN 2-204-02766-9
Voir aussi
- Alan Garner a écrit un roman fantastique pour enfants appelé The Weirdstone of Brisingamen, roman évoquant un pendentif en forme de larme.
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