Cléanthe

Cléanthe

Cléanthe, en grec ancien Κλεάνθης / Kleánthês né à Assos (Troade) en -330, mort en -232), philosophe grec stoïcien, successeur de Zénon de Cition comme premier scolarque de l'école stoïcienne, de -263 à sa mort par inanition volontaire dans sa 99e année, en -232.

Sommaire

Biographie

Les auteurs antiques nous ont fourni des sources contradictoires sur la naissance, et plus généralement la chronologie de la vie de Cléanthe[1]. S'appuyant principalement sur des sources papyrologiques, telle que l' Index Stoicurum, Dorandi a fixé la naissance de Cléanthe en -331/-330, sous l'archontat athénien d'Aristophane, et si ces dates sont exactes, l'enfance de Cléanthe est contemporaine des expéditions d'Alexandre, ce qui a dû influer, d'une manière ou d'une autre, sur sa vie de famille, famille dont on ignore tout[2].

Il semble venir d'un milieu pauvre : Diogène Laërce rapporte qu'il quitte Assos pour Athènes avec quatre drachmes en poche[3].

Selon Diogène Laërce (VII, 168), il est d'abord lutteur avant de venir à Athènes avec quatre drachmes pour toute fortune. Arrivé à Athènes, il suit les cours de Zénon de Cition, fondateur du stoïcisme en -301, tout en étant porteur d'eau pour gagner sa vie. Il a dirigé le Portique à partir de -264. Auteur d’un Hymne à Zeus empreint de religiosité, Chrysippe de Soles lui a succédé à la tête du Portique jusqu’en -205.

Philosophie

Cléanthe est panthéiste, dans son Hymne à Zeus[4] :

"Ô toi qui es le plus glorieux des immortels, qui as des noms multiples, tout-puissant à jamais, Principe et Maître de la Nature, qui gouvernes tout conformément à la loi, je te salue... Toi, tu sais réduire ce qui est sans mesure, ordonner le désordre ; en toi, la discorde est concorde. Ainsi tu as ajusté en un tout harmonieux les biens et les maux pour que soit une la raison de toutes choses, qui demeure à jamais, cette raison que fuient et négligent ceux d'entre les mortels qui sont les méchants..., cette loi qui, s'ils la suivaient intelligemment, les ferait vivre d'une noble vie."

Ce panthéisme est assez ambigu, puisque ce Zeus est à la fois Force immanente et Raison architecte. C'est, dit A.-J. Festugière[5] : a) une Force immanente au Cosmos qui, du dedans, le meut vers le but qu'il doit atteindre, le Souffle ou le Feu qui réside en tous les êtres, b) Zeus, un Dieu personnel, un Dieu qu'on peut prier, un Dieu Providence qui prend soin des hommes, qui récompense le vertueux et laisse le coupable se précipiter à sa perte, une Raison architecte.

Comme les sensualistes que Platon critique dans le Théétète [6], Cléanthe comparait la perception à l'empreinte d'un sceau dans la cire, avec ses creux et ses pleins.

En cosmologie, il attacha une importance prépondérante au Soleil, tout en condamnant l'hypothèse héliocentrique.

C'est lui qui précisa une formule fondamentale de son maître, qu'il énonça sous la forme suivante : Vivre conformément à la nature[7]

Œuvres

Il ne reste de lui que quelques fragments, et un Hymne à Zeus, qui nous a été conservé par Jean Stobée, et qui a été traduit en vers par Louis Racine, en prose par Jean-Pierre de Bougainville.

Sinon, Diogène Laërce[8] nous rapporte cette liste de traités qu'aurait écrits Cléanthe, la plupart devant être relativement courts:

Bibliographie

Fragments

  • Stoicorum Veterum Fragmenta, Leipzig, 1903-1924, 4 t., t. I, p. 537.
  • Hymne à Zeus, trad. E. Bréhier, Les Stoïciens, Gallimard, coll. "Pléiade", 1962, p. 7-8.

Études

  • Diogène Laërce, VII, 168-176.
  • André-Jean Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, t. II : Le Dieu cosmique, 1949, p. 310-332.
  • Dictionnaire des philosophes antiques, Éditions du CNRS, t. II, p. 406-415.

Notes

  1. Cependant, la synthèse effectuée Dorandi Ricerce sulla cronologia dei filisofi ellenistici, collection Beiträge zur Altertumskunde, 19, Stuttgart 1991, pages 23-28 semble faire aujourd'hui autorité, d'après le Dictionnaire des philosophes antiques, dir. Richard Goulet, article "Cléanthe d'Assos" de François Queyrel, Editions du CNRS, t. II, p. 407-408.
  2. De même, l'idée que l'activité philosophique propre à la ville d'Assos ; on songe notamment à l'ancien esclave Hermias d'Atarnée, disciple et ami d'Aristote devenu tyran de la cité, qui mourut un peu plus de dix ans avant la naissance de Cléanthe a pu l'influencer, demeure pure conjecture
  3. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VII, 168
  4. Cléanthe, L'hymne à Zeus, trad. É. Bréhier, Les stoïciens, Gallimard, coll. "Pléiade", 1962, p. 7-8. Texte transmis par Stobée, reproduit par I. von Arnim, Stoicorum Veterum Fragmenta, t. I, p. 537.
  5. A.-J. Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. II : Le Dieu cosmique, 1949, Belles Lettres 1981, p. 310-332, 418.
  6. Platon, Théétète, 191.
  7. « Le destin apparaît comme l'ordre divin qu'enfreignent seuls les méchants. Le destin manifeste la sage volonté d'un dieu suprême et personnel. Il insista en morale sur l'importance de la force de caractère et de la tension, à laquelle il ramenait les vertus. À la lumière des découvertes du grand médecin Hérophile sur le système nerveux, Cléanthe plaça la partie hégémonique de l'âme dans le cerveau, alors que Zénon aurait peut-être simplement prescrit de vivre d'une manière conséquente, harmonieuse, cohérente, réglée sur le Logos. »

    — Pierre-Maxime Schuhl, in Les Stoïciens, 1962, coll. "Pléiade", p. XXXII-XXXIII, 4.

  8. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VII

Lien externe

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Source partielle

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Cléanthe » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878  (Wikisource)

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