- Claude Cormier
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Claude Cormier (22 juin 1960 - ) est un architecte paysagiste québécois. Il est l'un des membres de sa profession les plus influents au Canada. Plusieurs de ses réalisations se retrouvent à Montréal.
Sommaire
Biographie
Les origines de Claude Cormier déterminent d’une façon inusitée son parcours professionnel. Son enfance se déroule sur une ferme, soit dans une nature nécessairement ennuyante pour qui la vit au quotidien, et qui se trouve donc à l’opposé de la version idéalisée, bucolique ou romantique, chère aux citadins. À ses yeux, la nature s’offre en tant que ressource, et non pas comme une expérience du sublime. En aucun cas, cette nature ne représente pour lui un lieu d’évasion.
Parvenu à l’âge adulte, il se décide à étudier l’agronomie à l’université de Guelph en Ontario. Ce qu’il a en tête à cette époque, c’est de créer une nouvelle fleur par croisement. Baccalauréat en poche, il constate que ce n’est pas la génétique des plantes qui l’intéresse, mais plutôt la manière de rendre la nature plus ludique. Ses études en sciences, axées sur les possibilités d’inventer de nouvelles formes, lui seront utiles plus tard lorsqu’il appliquera au paysage urbain ses connaissances portant sur le métissage ou l’hybridation. Il poursuit alors ses études en architecture du paysage à l’université de Toronto. Muni d’un nouveau diplôme, il travaille quelque temps pour diverses firmes d’architectes en paysage, tels Gerrard & Mackars. Cormier décide alors de rentrer au Québec pour s’installer à Montréal, où il va travailler pour le Groupe Lestage, une firme d’architecture et de design urbain qui élargit sa pratique en offrant, grâce à son apport, des services d’architecture en paysage.
À 33 ans, un concours de circonstances l’amène à l’université Harvard où il complète une maîtrise en histoire et théorie du design. Mais il y a aussi quelqu’un qui l’attire dans cette institution : Martha Schwartz, son mentor de toujours et une figure phare dans le domaine de l’architecture en paysage. Tout au long de ses études à Harvard, Cormier travaille pour le bureau de Schwartz. Ce sera l’occasion pour lui d’explorer et de préciser les idées et les concepts auxquels il réfléchit depuis un moment et qui ne tarderont pas à se manifester. Après Harvard, Cormier revient à Montréal pour fonder sa propre firme en 1995 : Claude Cormier Architectes Paysagistes Inc.
Influences
Claude Cormier fait partie de la seconde génération des architectes en paysage dits « conceptualistes », Schwartz agissant comme chef de file de ce mouvement. Concomitante avec l’architecture postmoderne et dans la foulée de l’art conceptuel, cette approche se distingue par la prédominance accordée au concept ou à l’idée maîtresse qui donne naissance au projet et qui l’articule dans ses moindres aspects du début à la fin. Ajoutons que cette démarche « conceptualiste » tranche radicalement avec les impératifs fonctionnalistes du modernisme.
Au sein de cette mouvance, la pratique de Cormier et de son équipe se distingue, quant à elle, par son insistance à fouiller les strates historiques, économiques, botaniques, écologiques et socioculturelles — enfouies et manifestes —, qui composent les lieux sur et avec lesquels ils travaillent. En effet, chaque projet se tisse à partir d’un réseau de sens complexe tout en restant clair. Ce « tissage » résulte de la conjugaison, ou du croisement, de divers éléments conceptuels, matériels et historiques. De cet exercice émerge une densité sémantique qui singularise leurs réalisations. Cormier puise son inspiration autant dans l’art contemporain qu’en s’imprégnant de l’énergie de la ville. Ce qui lui importe avant tout, c’est d’être à l’écoute du contexte qui s’offre à lui, de plonger dans la mémoire du lieu pour en extraire des éléments susceptibles de créer une forme de narration. Même si ce récit n’est pas toujours apparent au final, il n’en constitue pas moins la trame sur laquelle reposent la conception et l’élaboration du projet.
Une formule traduit avec concision la philosophie de Cormier : Artificiel, mais vrai. Ce qu’il cherche avant tout, c’est une forme d’authenticité, un « vrai faux »; autrement dit, montrer en toute honnêteté la nature construite du paysage. Le projet terminé doit se présenter comme un hymne à la vie grâce à l’utilisation d’une palette de couleurs exubérantes et de matériaux artificiels avec lesquels Cormier innove en les décontextualisant.
Parmi tant d’autres réalisations, mentionnons celles qui ont le plus grandement contribué à attirer l’attention et à consolider la réputation de la firme : Lipstick Forest (1999-2002), une forêt d’arbres roses moulés en béton; les étonnantes installations Blue Stick Garden (1999-2000) et Blue Tree (2004); et HtO beach (2003-2007), un projet de design urbain au bord du lac Ontario, à Toronto. Soulignons également cet humour plein d’esprit, et parfois même caustique, qui se dégage de plusieurs projets et qui est même devenu en quelque sorte leur image de marque. Non seulement jouer avec la nature, mais se jouer de la nature en la présentant – en fait, en la représentant – d’une manière inédite, tel pourrait être le credo de Cormier. Les architectes en paysage conceptualistes misent sur l’audace pour stimuler, séduire et amuser tout en jouant avec nos perceptions. Ils cherchent à nous faire voir autrement ce que l’on tient pour acquis. Leurs réalisations agissent souvent comme un marqueur identitaire qui dévoile tout en la transformant la personnalité du site, mais aussi de la ville. En réinventant les paysages urbains, Claude Cormier cherche à susciter des émotions et à produire du sens dans le but de réhabiliter la place publique en brouillant les frontières entre le design et l’art, le naturel et l’artificiel, le réel et le surréel[1].
Projets
Au Québec
- Blue Stick Garden (2006), Montréal
- Roslyn Robertson Herb and Scent Garden (2005-2006), Montréal
- Église Unie Saint-James (2004-2006), Montréal
- Complexe des sciences Pierre-Dansereau de l'UQAM (2003-2005), Montréal
- Bassin de la Place des Arts (2002), Montréal
- Parc du pont Jacques-Cartier (2002), Montréal
- Échangeur du Parc/des Pins (2001-2004), Montréal
- Square Dorchester - Place du Canada (2000-2002), Montréal
- Falaise Sainte-Geneviève (1999-2008), Québec
- Esplanade du Palais des congrès de Montréal (1999-2002), Montréal
- Lipstick Forest (Nature légère) (1999-2002), Montréal (situé dans le Palais des congrès de Montréal)
- Blue Stick Garden (1999-2000), Métis-sur-Mer
- Jardin privé au Lac Nominingue (1999-2000), Lac Nominingue
- Benny Farm (1999-2007), Montréal
- Place d'Youville (1997-2008), Montréal
- Blue Lawn (Pelouse bleue) (1996-1997), Montréal
- Square Phillips (1996-1997), Montréal
Au Canada
- 300 Front Street (2007-2010), Toronto (Ontario)
- Hôtel Quatre saisons et résidences - Bay/Yorkville (2006-2010), Toronto (Ontario)
- Evergreen/Brick Works (2006-2009), Toronto (Ontario)
- HTO - Urban Beach (2003-2007), Toronto
- Blue Stick Garden (2002), Toronto
- Camouflage Park/Commissioners Park (2003), Toronto
Aux États-Unis
- Jackie Gleason Theatre (2005-2009), South Beach, Miami (Floride)
- Blue Tree (2004), Sonoma (Californie)
- Blue Forest (2003-2007), Détroit (Michigan)
Ailleurs dans le monde
- Pergola (2006), Le Havre (Normandie), France
- Blue Stick Garden (2004), Taunton (Somerset), Angleterre
- Solange (2003), Lyon, France
- Jardin de Montréal à Shanghai (1999-2000), Shanghai, Chine
Voir aussi
Lien externe
Notes et références
- Jacques Perron,2008
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