Citadelle de Lille

Citadelle de Lille
Vue de la porte royale

La citadelle de Lille est un ouvrage militaire bâti au XVIIe siècle pour la défense de Lille. Baptisée par Vauban lui-même la « Reine des citadelles »[1], c’est un ouvrage militaire remarquable par ses dimensions, la qualité de son architecture, et aujourd'hui son état de conservation. Elle a été classée monument historique en août 1914[2].

Sommaire

Un ouvrage militaire de premier ordre

L'entrée de la citadelle et la voie des combattants

Cette « Reine des citadelles » est la matrice de la plupart des citadelles conçues par Vauban. Établie sur la frontière de la Flandre, elle faisait partie d'une double ligne de places fortes entre Gravelines, Dunkerque et Maubeuge-Rocroi. Elle délimitait le fameux « Pré carré », conçu par Vauban, comportant 28 villes fortifiées. C'est à partir de Lille que Vauban a supervisé l'édification des nombreuses citadelles et canaux du Nord, lesquels ont structuré la frontière qui sépare toujours la France de la Belgique.

Lille est prise aux Espagnols par les troupes françaises au mois d’août 1667 et Louis XIV ordonne aussitôt la construction d'une forteresse. Le chevalier de Clerville et Vauban proposent des plans. Ce sont ceux de Vauban qui sont retenus par le roi. Les travaux sont engagés dès 1668 sous la direction du maître-maçon lillois Simon Vollant. En 1671, la citadelle est opérationnelle tandis que Vauban continue de façonner la ville en faisant naître, à deux pas de là, un nouveau quartier autour de la rue Royale. La conception de la citadelle part d'une idée simple mais particulièrement efficace : pas un de ses murs ne peut être approché par l'ennemi sans que celui-ci ne se trouve sous le feu d'un mur voisin.

Localisation de la citadelle

Le lieu de construction de la citadelle est choisi à l'ouest de la ville sur des terrains marécageux au confluent des rivières de la Deûle et du Bucquet. Ce choix privilégie l'utilisation des marais, de l'eau et de la boue comme moyen défensif naturel afin de rendre les conditions de siège les plus difficiles possibles pour l'ennemi assiégeant la citadelle. Grâce à un système d'écluses et de portes d'eau, les alentours de la citadelle pouvaient être inondés sur une hauteur de 55 cm et sur une superficie de 1700 hectares[3]. Une large esplanade interdite à la construction, la rattache au reste des quartiers de la ville. En 1750, un canal longeant l'esplanade a été percé en suivant les plans établis par Vauban[4]..

Organisation de la fortification bastionnée

Étoile de Vauban de la citadelle de Lille

Les glacis, terrains en pente et à découvert, entourent la citadelle afin de rendre l'approche de l'ennemi délicate. La première ligne de défense de la citadelle est constituée par un avant-chemin-couvert, suivi parallèlement par le chemin couvert et entre les deux un avant-fossé. Afin de protéger l'avant-chemin-couvert, on trouve régulièrement une lunette (petite demi-lune) qui est située entre l'avant-chemin-couvert et le chemin couvert. Puis vient le fossé proprement dit, situé au pied des murailles de la citadelle avec les cinq demi-lunes situées devant chaque courtine. Chaque courtine est protégée par une tenaille, un mur en V ouvert en direction de l'extérieur, protégeant la base des escarpes contre les tirs. L'enceinte de la citadelle se définit comme un pentagone avec 5 bastions royaux disposés aux angles nommés: Anjou, La Reine, Turenne, Le Dauphin et Le Roi, encadrant des courtines de 49 mètres. Les accès de la citadelle sont situés au centre des courtines et sont au nombre de cinq avec 2 portes, la porte Royale et la porte Dauphine, et 3 poternes: la poterne Saint Georges (patron des arbalétriers), la poterne Saint Sébastien (patron des archers) et la poterne Sainte Barbe (patron des cannonniers)[5]. Au centre de la citadelle, les bâtiments s'organisent autour de la place d'armes de forme pentagonale.

C’est une véritable petite ville flamande du XVIIe siècle ; la population qui y représentait un millier d'hommes, auxquels s'ajoutaient les serviteurs du gouverneur et des ouvriers, y était à l'abri des remparts. L'ensemble des bâtiments montre un mélange harmonieux entre le « style lillois » (influencé par l'héritage des Pays-Bas espagnols) et le goût classique français ; façade intérieure de la porte Royale, pavillons pour le gouverneur et les officiers, une église, des ateliers, des moulins, des boulangeries, des hôtelleries, et des casemates contre les projectiles.

La chapelle, qui possède une magnifique voûte de bois, est le premier édifice de style jésuite construit à Lille.

Autour de la place d'armes, les casernes forment un double rang : destinés au logement des troupes, douze bâtiments de « style lillois ». Chaque édifice se termine par un pavillon qui était réservé au logement des officiers, les combles servant à abriter les domestiques.

L’arsenal, bâtiment en triple corps de logis dans lequel s'ouvre une porte encadrée de deux colonnes toscanes, est séparé de la cour centrale par un mur de briques. Les murs sont décorés de motifs royaux et du lion des Flandres.

Aujourd'hui soute à munitions, le bastion d'Anjou est l'un des bastions les plus importants de la citadelle. Il est muni d'un « cavalier » (observatoire pour les artilleurs). Les trois grandes galeries parallèles abritent encore deux fours construits au XVIIIe siècle.

La porte Royale

La porte Royale

La porte Royale est fermée par un pont-levis à crémaillère ; c’est le principal accès de la forteresse. Elle fait face à la ville de Lille et ses dimensions sont de 14 mètres 20 en largeur et 15 mètres 50 en hauteur. Elle est ornée d'une inscription à la gloire du « Roi Soleil » sur une plaque rectangulaire située au-dessus du couloir d'entrée écrite par le baron Michel-Ange Vuoerden, ancien bailli de Lille et chevalier du Conseil Souverain de Tournai dont la traduction est la suivante « Lille, couronnement grandiose des victoires de Louis XIV, conquérant les provinces héritées par Marie-Thérèse, son épouse, et contrainte par lui-même, en neuf jours, à capituler, à l’étonnement de l’Univers, elle qui eût arrêté ou retardé longtemps l’élan de tout autre, a pu apprécier la sagesse et la bonté de Celui qu’elle avait reconnu invincible. Grâce à la protection de cette Citadelle érigée par la magnificience du Roi, déjà supérieure par ses richesses et le nombre de ses habitants aux autres cités de la Belgique catholique, elle ne le cède maintenant en rien à aucune d'elles pour la gloire de ses fortifications, seule chose qui lui manquait auparavant. Année 1670 »[6]. Elle est elle-même surmontée par un cartouche monumental avec des décorations soignées faites de trophées militaires anciens, de guirlandes, des armes de France aux trois fleurs de lys surmontées de la couronne royale et du cordon du Saint-Esprit. Sur le fronton est représenté le symbole du Roi Soleil.

La porte Dauphine

La porte Dauphine

La porte Dauphine est la porte de secours de la Citadelle. Elle est tournée vers le Sud-Ouest, côté campagne, face à Lambersart. Elle était autrefois dotée d'un pont-levis. Au-dessus du passage central, le cartouche est décoré de guirlandes de feuillages et de trophées militaires. Sur le fronton est représenté le symbole du Roi Soleil entouré par des décorations représentant la Guerre et les Arts. Lors de la Révolution française, l'emblème astral personnifiant Louis XIV a été détruit et n'a été restauré qu'après la Seconde Guerre mondiale.

Rôle militaire

Caserne Boufflers

Rôle militaire au cours des différents conflits

La citadelle dans la ville moderne

Environnement et trafic routier

Alors que l'urbanisme de Lille allait percer au fil des siècles les limites des fortifications dans la plupart des directions, la citadelle est restée la limite nord-ouest de la ville. Cette citadelle, dont le caractère exceptionnel a été reconnu par une inscription à l'inventaire des monuments historiques dans les années 1930, a eu la chance d'être constamment militarisée, évitant en grande partie son altération.

Le plus grand ennemi de la citadelle a été dans un premier temps l'automobile. Comme toutes les villes de son importance, Lille fit face à une explosion du trafic routier dans la deuxième moitié du XXe siècle. La ville fut ceinturée de boulevards périphériques, qui contournaient le glacis de la citadelle (façade de l'Esplanade et avenue Léon-Jouhaux). Inévitablement, l'espace appelé Esplanade, à l'est de la citadelle, fut annexé par l'automobile pour les besoins du stationnement, le quartier voisin du Vieux-Lille étant un tissu de rues anciennes et étroites. La conscience de ce gâchis n'apparut que trop tard. Au lieu d'être entourée d'un vaste poumon vert, certainement pas superflu dans une ville aussi minérale que Lille, la citadelle devenait peu à peu un espace urbain. Après l'arrivée en nombre d'écologistes au conseil municipal en 2001, la mairie lança un projet de réhabilitation de l'Esplanade, comprenant une limitation et une meilleure organisation des surfaces ouvertes au stationnement, lequel devint payant. Il paraissait en effet illusoire de réussir à restituer à la citadelle son glacis original, libre de toute circulation automobile, sans engager la construction d'autres parkings que Lille n'avait plus la place d'accueillir.

Problème de la cohabitation stade-citadelle

L'autre ennemi de la citadelle fut le sport de haut niveau. Dans les années 1970, le vieux stade Henri-Jooris, situé de l'autre côté de la Deûle, doit être rasé pour permettre la mise au grand gabarit de la voie fluviale. La commune de Lille n'a alors plus beaucoup de terrains à offrir à son club de football. Le maire Pierre Mauroy choisit alors de transformer un petit stade d'athlétisme, au nord-est de la citadelle, en un stade moderne de 25 000 places, le stade Grimonprez-Jooris. On se rendra vite compte que la cohabitation n'est pas naturelle entre deux équipements de cette importance. Une citadelle n'est en effet pas conçue pour être un lieu aisément accessible, ce que devrait être un stade qui draine des foules de piétons et d'automobilistes sur des temps très courts... Pendant 25 ans, le problème restera entier, faisant monter l'exaspération des habitants du quartier envahi par un stationnement anarchique, et des automobilistes bloqués dans des embouteillages après les matches.

La question prend tout son sens au début des années 2000, au moment où il s'avère que le Grimonprez-Jooris n'est plus adapté aux besoins du football moderne. Apparaît alors le projet de rebâtir un nouveau stade, d'une capacité plus grande encore (33 000 places au lieu de 20 000). Les défenseurs de la citadelle attaquent en justice le permis de construire délivré par le maire de Lille, Martine Aubry. Les défenseurs du patrimoine invoquent à la fois la nécessité de préserver le monument historique, et les questions de sécurité. Malgré l'avis motivé de la commission nationale des monuments historiques rendu en septembre 2002, et malgré les recommandations du commissaire du gouvernement, le tribunal administratif de Lille leur donnera tort le 15 décembre 2004. Mais la cour d'appel administrative de Douai leur donne raison le 7 juillet 2005, arrêt confirmé par le Conseil d'État le 28 décembre 2005, mettant un terme à près de cinq ans de polémique... Grimonprez-Jooris, incongru dans le paysage, placé à cet endroit-là par improvisation, devra être finalement rasé.

Autre polémique

Corps de réaction rapide France, Citadelle de Lille.

Elle apparait quand un réseau d'amateurs de l'œuvre de Vauban entreprit en 2006 de faire classer la citadelle de Lille à la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Depuis juillet 2005, ce site abrite le Corps de réaction rapide France, une structure de l'Otan. Il a semblé par trop difficile au propriétaire des lieux, l'Armée française, de concilier un tel classement avec la présence toujours active de militaires. Cette fois, la légitimité des militaires, naturels et uniques destinataires d'une citadelle, ne se trouve pas contestée, bien que le classement à la liste de l'Unesco apparaisse beaucoup moins contraignant que celui aux Monuments historiques français. Les animateurs du Réseau des sites majeurs de Vauban ne désespèrent pas de convaincre, plus tard, le ministère de la Défense de permettre ce classement.

Couronne de la citadelle ou la citadelle "hors-les-murs"

Bois de Boulogne

La citadelle est entourée d'un espace (60 hectares) dit Bois de Boulogne ou Bois de la citadelle, comprenant de nombreuses zones humides. Il est l'espace vert et de loisirs et détente le plus vaste de Lille, et intègre une multiplicité de micro-paysages grâce aux reliefs laissés par les travaux de fortification de Vauban.
Cet espace fait l'objet d’un important programme de restauration écologique depuis 2003, incluant la protection des vieux bois et de bois-mort pour leur richesse en invertébrés et champignons mais aussi des espèces d'animaux, et comme source d'alimentation pour de nombreuses espèces dont les pics qu'on peut observer dans le bois. Ces aménagements ont déjà permis le retour de nombreuses espèces animales et de champignons. C'est un des éléments importants de la trame verte de la communauté urbaine.

Activités familiales

Une partie du parc est occupée par des jeux pour enfants, une zone d'accueil et le Zoo de Lille (gratuit). Le Parc abrite aussi 3 des 4 premiers lombriducs construits en France. Un petit parc d'attractions existe a proximité de la Citadelle : Les Poussins, Parc de la Citadelle.

Activités sportives

Une piste d'athlétisme en tartan Colas (environ 396m, marquages du 3000, 1500, 400, 200m et autres), un terrain de foot en stabilisé, un gymnase, des courts de tennis couverts et extérieurs.

Champs de Mars

Anciennement terrain plat où se déroulaient promenades et exercices militaires (d'où l'attribution de Mars, le dieu romain de la guerre), il a été transformé en parking depuis plusieurs décennies. Disposant d'un "Parking relais" (parking du Champ de Mars), la zone est directement desservie par plusieurs lignes de bus dont la Citadine.

  • Esplanade

L'Esplanade est la zone pédestre légèrement arborée comprise entre le canal de la Moyenne Deûle, la "Façade de l'Esplanade" et le square Ramponneau (ce dernier tirant son nom d'un café du même nom qui ouvrit en 1755). S'y trouvent la statue du général François de Négrier.

Canal de la Deûle

Il est physiquement connecté aux berges des Bois-Blancs via les passerelles Ory et Soubise et aux berges de la Deûle vers la Belgique.

  • Écluse de la Barre
  • Pont de la citadelle
  • Pont Napoléon
  • Pont du Petit-Paradis

Pont-levis datant de la fin du XIXe siècle, il permet de traverser à pieds le canal de la Moyenne Deûle tout en laissant la possibilité aux rares péniches de passer.

Notes et références

  1. «Je prétends vous faire tomber d'accord avant votre départ que ce sera ici la reine des citadelles, à la prendre de toutes les manières.» Vauban à Louvois, 1669.
  2. Notice no PA00107573, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  3. La route des villes fortes en Nord, Les étoiles de Vauban, François Hanscotte, p47, Les éditions du Huitième Jour
  4. La route des villes fortes en Nord, Les étoiles de Vauban, François Hanscotte, p55, Les éditions du Huitième Jour
  5. Lille, Portrait d'une cité, Paulette Legillon et Jacqueline Dion, p27, Editions Axial
  6. Les Monuments d'Hier dans le Lille d'Aujourd'hui, Carlos Bocquet, p23, Editions Publi-Nord, ISBN 2-902970-01-3

Annexes

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Liens externes

Galerie

50°38′28″N 3°2′40″E / 50.64111, 3.04444


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