- Cimetière Et Environnement
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Cimetière et environnement
Le cimetière est un lieu où une communauté humaine enterre ses cadavres, voire des animaux (cimetière de chat, de chiens). C'est un des lieux où la matière du corps retourne à la terre. La question reste pour partie taboue, mais avec 9 milliards d'habitants prévus sur la planète avant 2100, la gestion des cadavres pose des problèmes qui ne sont plus négligeables.
Selon les lieux, les cultes, les cultures et les époques, les tombes, nécropoles et cimetières sont ou ont été des lieux noyés dans la nature, parfois indétectables pour ceux qui en ignorent l'existence tant ils sont intégrés dans le paysage. Mais ils peuvent au contraire consister en des lieux très artificiels (catacombes, pyramide, cercueils de plomb (toxique), sarcophages) visant à ce que le corps ou les ossements ne se mélangent pas à la terre.
C'est au dix-neuvième siècle en Europe que des cimetières les plus artificiels sont apparus, souvent à l'image des villes, avec des allées rectilignes et désherbées, avec leurs quartiers riches et pauvres et leurs ghettos et fosses communes. Certains sont restés très arborés, comme le cimetière du Père-Lachaise, d'autres uniquement engazonnés comme les cimetières militaires. Si les crématoriums récents sont souvent accompagnés d'un jardin du souvenir ou de recueillement, le cimetière moderne n'est plus noyé dans la nature, il est isolé par une haie, un mur ou une clôture.
On a pourtant trouvé des espèces de plantes exotiques, ou rares et protégées dans les cimetières, jusque sur les tombes. Et face au manque de nature en ville, dans une perspective de Haute Qualité Environnementale (HQE), l'idée d'un cimetière plus "naturel" persiste ou fait son chemin dans les pays nordiques, protestants, dans certaines communautés musulmanes ou traditionnelles, sans encore trouver beaucoup de concrétisation dans l'Europe de l'Ouest imprégnée de culture catholique.
Cimetières et problèmes environnementaux
Les principaux problèmes environnementaux sont :
- le cimetière étalé et le principe de la concession perpétuelle consomment de l'espace et des sols qui manquent de plus en plus aux conurbations urbaines, voire en zone rurale (Chine) ;
- les tombes traditionnelles de pierre et de marbre des pays riches, voire les cercueils ont une empreinte écologique non négligeable ;
- les pesticides communément utilisés pour traiter les allées sont source de pollution chronique de l'environnement (eau, air et sol) ;
- les cadavres qui ont été embaumés avec utilisation de mercurochrome ou de biocides contiennent des toxiques pas ou peu biodégradables, qui peuvent durablement polluer l'environnement, tout comme certaines dépouilles de malades fortement médicalisés ;
- les cadavres à risques sanitaires, notamment après les épidémies, les guerres ou catastrophes, font des morts une source de microbes pathogènes, voire de radioactivité à long terme dans le cas de l'après Tchernobyl où des tombes avec feuille de plomb et béton spécial ont dû être construites pour inhumer les décontaminateurs les plus irradiés. C'est une question que les plans de préparation à une pandémie de grippe, par exemple liée à la grippe aviaire, doivent traiter.
En France une série de lois et d'arrêts ont commencé à gérer la situation par rapport aux soucis d'hygiène dès 1765 (arrêts de la cour du parlement, des 22 mai et 3 septembre 1765, et déclaration du 10 mars 1776 : les cimetières encore existants dans l'intérieur des communes et des hôpitaux, seront, dans le plus court délai, transférés hors de leur enceinte )
La loi du 29 Prairial an XI envisage tous les aspects, par exemple : situation du cimetière à plus de 35 mètres d’un puits, hauteur des murs d’enceinte, situation au nord (retarder la décomposition), interdiction de superposer les corps, en toute généralité, la place réservée est celle de cinq fois celle d’une année, la commune peut octroyer une concession si le cimetière est assez vaste. Cette loi s'applique également en Belgique
Le cadavre selon les conditions aérobies ou anaérobies de sa décomposition est source plus ou moins importante et durable de microbes et de CO2 et surtout de méthane (CH4), deux gaz à effet de serre, le méthane étant 21 fois plus efficace dans sa contribution au réchauffement climatique, à court et moyen terme. Certains cimetières construits en zone inondable ou accidentellement inondés peuvent en outre poser de sérieux problèmes pour l'eau.
Alternatives
Diverses alternatives au cimetière existent, certaines depuis la préhistoire. Ce sont :
- la crémation, souvent présentée comme une solution intéressante parce qu'économisant de la place dans les cimetières, mais consommatrice de bois ou de carburant fossile, et polluante (mauvaise filtration des gaz, n'éliminant pas par exemple le mercure des amalgames dentaires, le plomb qui peut avoir été accumulé par l'individu au cours de sa vie, etc.) ;
- l'embaumement traditionnel avec le cas échéant regroupement des dépouilles des ancêtres ;
- la mise à disposition du cadavre à des nécrophages sauvages (vautours en général). Le cadavre peut être préalablement découpé comme on le fait encore sur les flancs de l'Himalaya (où il est difficile d'enterrer les cadavres en raison du sol rocailleux et du froid, et où le bois manque souvent), mais les vautours sont en régression sur presque toute la planète ;
- l'immersion du cadavre (plutôt actuellement réservée aux marins, mais qui poserait sans doute des problèmes sanitaires si elle était appliquée à un grand nombre de personnes) ;
- dans certaines cultures traditionnelles (Amérindiens du Nord, Inuits), les anciens sentant la mort approcher s'éloignaient de la communauté et allaient mourir seuls ;
- plus rarement, et dans certaines communautés on mangeait une partie (ex : foie, cœur, cerveau) du mort ou de l'ennemi tué au combat en croyant s'approprier ses qualités (sous forme de cendre le cas échéant). C'est ainsi qu'une encéphalopathie spongiforme à prion a été transmise de génération en génération.[réf. nécessaire]
Voir aussi
- Thanatopraxie
- Patrimoine funéraire
- Description et préservation du petit patrimoine funéraire
- Quinzième cible HQE
- Portail de l’environnement et du développement durable
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