Christoph Willibald Ritter von Gluck

Christoph Willibald Ritter von Gluck

Christoph Willibald Gluck


Christoph Willibald Gluck
Gluck par Joseph Siffred Duplessis, 1775.

Naissance 4 juillet 1714
Erasbach
Drapeau de la Bavière Électorat de Bavière
Décès 15 novembre 1787
Vienne
Drapeau : Empire d'Autriche Archiduché d'Autriche
Activité principale Compositeur
Style Musique de la période classique
Années d'activité 1741 - 1787
Œuvres principales

Christoph Willibald Ritter von Gluck est un compositeur allemand d'opéra de la période classique, né à Erasbach, dans l'Électorat de Bavière, le 4 juillet 1714 et mort à Vienne, dans l'Archiduché d'Autriche, le 15 novembre 1787.

Il a changé le visage de l'opéra avec sa célèbre réforme, visant à introduire le naturel et la vérité dramatique, qui l'opposa aux piccinistes, défenseurs de l'opéra italien, sans jamais toutefois le brouiller avec qui que ce soit. Il reste l'un des compositeurs les plus importants de la musique de la période classique dans l'aire germanophone avec Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart, Karl Ditters von Dittersdorf, Franz Krommer et Carl Philipp Emanuel Bach.

Sommaire

Biographie

Premières années (1714 - 1730)

La famille Christoph Willibald Gluck est originaire du Haut-Palatinat bavarois. À sa naissance son père Alexander est militaire au service des princes de Lobkowitz.

En 1717, la famille de Gluck quitte Erasbach et s'installe en Bohême, où sont père occupe la fonction de maître des eaux et forêts – profession traditionnelle dans la famille. Il y travaille successivement au service de la Duchesse de Toscane (1717) à Reichstadt (actuellement Zákupy), du Comte Kinský (1722) – l'une des plus prestigieuses maisons du royaume de Bohême – à Kreibitz, et du Duc de Lobkowitz (1727) à Eisenberg. Contrairement à ce que donnent à croire certaines biographies, sa situation matérielle n’est pas précaire : le compositeur a lui-même dit qu'il était le fils d'un « maître des Eaux et Forêts », ce qui constitue sans doute une bonne transposition, et il semble probable que son père mourut dans une situation financière enviable.

Dès son plus jeune âge, Gluck montre des dispositions pour la musique. À Kreibitz, il suit ses premières leçons de musique et apprend le violon. Son intérêt pour la musique va alors croissant. Pourtant, son père – suivant en cela un usage courant à l'époque – souhaite le voir choisir le même métier que lui et il s'ingénie donc à contrarier les dispositions musicales de son fils. Le jeune Gluck apprend alors seul la guimbarde – instrument peu bruyant et qui a donc l’avantage de lui permettre de s'exercer en cachette. Et vers 1730, plutôt que de se soumettre à la volonté paternelle, il décide de quitter le foyer familial et il parcourt le pays gagnant sa vie en chantant et en jouant de la guimbarde.

En 1731, Gluck s'inscrit à la faculté de philosophie de Prague. Il poursuit, sans doute également durant cette période, sa formation musicale. En 1735 ou 1736, aidé par la famille Lobkowitz et peut-être également par son père avec lequel il s'est réconcilié, Gluck se rend à Vienne avec l’intention de devenir musicien. Il entre au service du Prince Lobkowitz en 1736.

Italie (1736 - 1745)

Gluck, Lithographie de F. E. Feller

À Vienne, l’Empereur Charles VI impose alors son goût pour l’opera seria italien, Glück décide donc en 1736 de se rendre en Italie afin de se perfectionner dans ce domaine ; il y est accompagné par le prince lombard Antonio Maria Melzi qui l'a remarqué à Vienne. Arrivé à Milan, ce dernier décide de l'attacher à sa chapelle privée ; il le met également en relation avec le compositeur Giovanni Battista Sammartini sous la direction duquel Gluck acquiert de solides bases musicales. Pourtant, alors que son mentor pratique un art essentiellement instrumental (ce qui est somme toute rare pour un italien de cette époque), Gluck lui, est surtout attiré par l'art dramatique. Il fait ainsi jouer son premier opéra Artaserse à Milan le 26 décembre 1741. Plusieurs autres suivent dans différentes villes d'Italie, il donne ainsi successivement : Demetrio créé le 2 mai 1742 (Venise) ; Demofoonte créé le 6 janvier 1743 (Milan) ; Il Tigrane créé le 26 septembre 1743 (Crema) ; La Sofonisba créé le 18 janvier 1744 (Milan) ; l'Ipermestra créé le 21 novembre 1744 (Venise) ; Poro créé le 26 décembre 1744 (Turin) ; Ippolito créé le 31 janvier 1745 (Milan). Ces premiers ouvrages ne nous sont parvenus qu'à l'état fragmentaire. Gluck se conforme alors à la forme conventionnelle de l'opera seria et utilise les livrets (souvent de Métastase) alors à la mode et qui sont, suivant un usage courant à cet époque, utilisés et réutilisés de nombreuses fois par différents compositeurs.

Gluck reste en Italie jusqu’en 1745, année de son départ pour Londres.

Londres (1746)

Gluck arrive à Londres[1] entre 1745 et le début de l'année 1746. Il y entre en relation avec Lord Middlesex, directeur de l'Opéra qui se trouve encore actuellement au vieux théâtre de Haymarket.

Gluck donne à Londres La Caduta de'Giganti (La Chute des Géants) sous-titré La Rebellione punita le 18 janvier 1746 dont le sujet fait allusion à la « prochaine défaite des Écossais » - l'opéra remporte un certain succès ; puis le 31 mars 1746, Artamene, démarqué de son Tigrane de 1743.

Lors de ce séjour anglais, Gluck fait notamment la connaissance de Haendel[2] – à qui l'on chercha peut-être à l'opposer, le Prince de Galles, qui protégeait l'Opéra, était en effet en conflit avec son père le roi George II qui lui protégeait Haendel – et se lie avec le compositeur Thomas Arne.

Tournée européenne (1746 - 1752)

Gluck : gravure de Simon Charles Miger.

À la fin de l'année 1746, Gluck quitte l’Angleterre et retourne en Allemagne. Il se fait engager dans la troupe ambulante d'opéra italien des frères Mingotti, avec laquelle il entame une tournée européenne trois ans durant. À Dresde, la troupe participe aux fêtes données en l'honneur d'un double mariage princier : celui du prince Friedrich-Christian de Saxe avec la princesse Maria-Antonia-Walpurga de Bavière et celui du prince-électeur Maximilien III Joseph de Bavière avec la princesse Marie-Anne de Saxe. Gluck crée à Pillnitz, résidence d'été de la Cour de Saxe situé aux environs de Dresde, le 29 juin 1747 Le nozze d'Ercole e d'Ebe (le Mariage d'Hercule et d'Hébé) - s'y ressent l'influence de Johann Adolph Hasse et de Niccolò Jommelli. Cet opéra marque une étape importante dans l'évolution stylistique de Gluck. Il se distingue en effet des précédents par une volonté marquée d'exprimer musicalement les sentiments et les situations dans lesquelles se trouvent les personnages, et notamment au moyen d'une nouvelle utilisation des instruments, par une recherche d'effets pittoresques dans les passages évoquant la nature. C'est à Dresde également que le compositeur rencontre pour la première fois le chorégraphe français Jean-Georges Noverre[3] avec qui il devait par la suite entamer une fructueuse collaboration.

En 1748, Gluck reçoit la commande d'un opéra pour Vienne - il compose donc La Semiramide riconosciuta qui est jouée le 18 mai 1748 avec succès.

La troupe continue sa tournée à Hambourg puis à Copenhague. C'est dans cette dernière ville qu'est créé devant la Cour son opéra-sérénade La Contesa dei Numi le 9 avril 1749.

Vers la fin de l'année 1749, à Prague, Gluck quitte la troupe des Mingotti pour se faire engager dans celle du nouveau directeur du théâtrede cette ville : J. B. Locatelli. Gluck y fait représenter Ezio (Carnaval 1750) et Issipile (Carnaval 1752). Ces opéras marquent l'apogée de sa carrière italienne, hors d'Italie.

Entre temps, le 15 septembre 1750, Gluck épouse Maria Anna Pergin, âgée de dix-huit ans et qui est la fille d'un riche négociant de Vienne. De ce mariage, ils n'auront aucun enfant de ce mariage mais adopteront une fille, Marianne, née en 1759 et morte prématurément en 1776.

Gluck retourne ensuite brièvement en Italie vers la fin de l'année 1752 où il fait jouer à Naples le 4  novembre 1752 La Clemenza di Tito (la Clémence de Titus) qui connaît un grand succès[4].

Vienne (1752 - 1774)

Reconnaissance (1752 - 1762)

À la fin de l'année 1752, Gluck revient à Vienne et s'y installe définitivement. Il jouit alors d’une renommée internationale et reçoit nombre de commandes de l’étranger. Il bénéficie en outre de la protection du prince de Saxe-Hildburghausen favori de l'impératrice Marie-Thérèse qui le nomme toujours la même année, chef de son orchestre privé ; il le nommera ensuite maître de chapelle. Il entre également en contacte avec la Cour. Au Palais Rofrano, résidence du prince, il fait la connaissance de nombreux artistes étrangers alors en vogues.

Le 24 septembre 1754, grâce à l'appui de son protecteur, est créé au Château de Schlosshof son opéra-sérénade Le Cinesi (les Chinoises) au cours d'une fête champêtre en l'honneur du couple impérial. L'œuvre séduit l'empereur François Ier qui en ordonne la reprise l'année suivante au Burgtheater où elle connait le succès. Ce succès marque la carrière du musicien - il incite en effet le directeur du Théâtre de la Cour Giacomo Durazzo à le nommer comme compositeur. De cette période date plusieurs œuvres de circonstances : La danza à Laxenbourg le 5 mai 1755 et L'innocenza giustificata le 8 décembre 1755 à Vienne sur un livret de Durazzo lui-même. Le 9 février 1756 est également créé à Rome suite à une commande Antigono - le succès de cet œuvre lui vaut les titres de « comte palatin de Latran » et de « chevalier de l'Éperon d'or ». Puis le 8 décembre 1756 est créé à Vienne Il re pastore.

À partir des années 1757/1758, Gluck – à la demande de Durazzo – arrange des comédies-vaudevilles françaises pour le théâtre de la cour. Ces ouvrages joués à l'origine aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent à Paris et qui sont à l'origine de l'opéra comique, circulent en effet à Vienne où ils rencontrent les faveurs du public. Gluck s'intéresse alors beaucoup à ce genre – il le traite librement, à la manière française y ajoute ouverture et airs. Il se compose dans ce genre : La fausse esclave crée le 8 janvier 1758 (Vienne) ; L'île de Merlin crée le 3 octobre 1758 (Vienne) ; Cythère assiégée 1759 (Vienne) ; Le diable à quatre[5] crée le 28 mai 1759 (Laxenbourg) ; L'arbre enchanté crée la même année ; L’ivrogne corrigé créer en avril 1760 (Vienne) et le Cadi dupé créer en 8 décembre 1761. De cette période date également la sérénade Tetide crée le 10 octobre 1760 toujours à Vienne.

Ses amis tentent, d'abord sans succès, de lui obtenir un poste à la cour au théâtre auquel il est finalement nommé en 1759 puis se voit peu après accorder une pension.

La « Réforme »

Il fait la connaissance du poète Ranieri de’ Calzabigi et du chorégraphe Gasparo Angiolini, et, avec eux, compose un ballet-pantomime Don Juan 1761. En 1762, il compose l'opéra Orfeo ed Euridice, qui engage ce qu'il est convenu d'appeler la « réforme de l'opéra » et qui, par ses aspects novateurs, est considéré comme l’une de ses œuvres majeures. En 1764 il donne un opéra-comique, La rencontre imprévue, et l'année suivante deux ballets, puis deux nouveaux opéras, également sur des livrets de Calzabigi : Alceste (1767) et Paride ed Elena 1770.

Gluck est également professeur de clavecin de l’archiduchesse d’Autriche Marie-Antoinette future reine de France. Elle lui accordera sa protection quelques années plus tard lorsqu’il sera à Paris.

Paris (1774 - 1779)

Buste de Gluck par Jean-Antoine Houdon

En 1774, Gluck arrive à Paris où il décide d'appliquer sa réforme à l'opéra français et, en 1774, donne Iphigénie en Aulide qui remporte un grand succès. Il donne peu après une version française de Orfeo ed Euridice qui devient ainsi Orphée et Eurydice. Puis en 1776 est créé la version française de Alceste qui à l’instar de Orphée et Eurydice est profondément remaniée par rapport à la version italienne originale. Ces deux opéras remportent chacun également un franc succès mais sont aussi le point de départ d'une controverse entre les tenants de Gluck et ceux de la musique italienne qui acceptent mal cette francisation de l’opéra Italien. Ces derniers se choisissent alors comme champion le compositeur Niccolò Vito Piccinni. En 1777 est créé Armide qui reprend le livret de Philippe Quinault qui avait été mis en musique en 1685 par Jean-Baptiste Lully. C’est à cette occasion qu’éclate la querelle. Cette querelle prend fin en 1779 avec le succès d'Iphigénie en Tauride. Mais quelques mois plus tard, la création de Echo et Narcisse se solde par un échec. Gluck quitte alors définitivement la capitale française.

Dernières années (1779 - 1787)

Affecté par cet échec, Gluck retourne à Vienne. Bien qu’admiré par ses contemporains tels que Joseph Martin Kraus, Gluck met pourtant un terme à sa carrière. Il révise Iphigénie en Tauride pour en donner une version allemande et compose des chansons mais renonce à se rendre à Londres et meurt en 1787 à Vienne.

Œuvre

Couverture de Écho et Narcisse, 1779.

Opéras

Ballets

Annexes

Notes et références

  1. Contrairement à certaine affirmations, il se ne rend pas à Londres en passant par Paris où il aurait connu à ce moment-là Jean-Philippe Rameau ainsi que l'opéra français, mais par Bruxelles
  2. Haendel dira à cette occasion que Glück maîtrise moins bien le contrepoint que son cuisinier !
  3. Il sera surnommé plus tard le « Gluck de la danse »
  4. Ce livret sera repris notamment par Wolfgang Amadeus Mozart environ quarante années après
  5. La mélodie de l'air « Je n'aimais pas le tabac beaucoup » et reprise dans la dernier mouvement de la Symphonie nº 8 de Joseph Haydn Jean-Marc Warszawski, « [[1] Haydn Franz Joseph 1732 - 1809] », 2003, Musicologie.org 2003. Consulté le 7 août 2009

Voir aussi

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