- Cheval de Troie
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Dans la mythologie grecque, l'épisode du cheval de Troie est l'un des plus fameux de la guerre de Troie.
Sommaire
Mythe
Les sources du mythe
Cet épisode est relaté brièvement par Homère dans l'Odyssée et pour la première fois[1]. Tout d'abord, au chant IV (251-290)
« (...) Dans le cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d'Argos. Mais, alors tu survins, Hélène ! en cet endroit, quelque dieu t'amenait pour fournir aux Troyens une chance de gloire; sur tes pas, Déiphobe allait, beau comme un dieu, et, par trois fois, tu fis le tour de la machine; tu tapais sur le creux, appelant nom par nom les chefs des Danaens, imitant pour chacun la voix de son épouse. »[2]
Puis Ulysse, hôte anonyme d'Alcinoos, demande à l'aède Démodocos de chanter (VIII, 492-495)
« (...) l'histoire du cheval
qu'Épéios, assisté d'Athéna, construisit,
et traquenard qu'Ulysse conduisit à l'acropole
surchargé de soldats qui allaient piller Troie. » [3]Homère résume ensuite sur une vingtaine de vers le récit de Démodocos. Virgile, qui a contribué à la popularité de l'épisode, en a fait l'objet de tout le livre II de l’Énéide : le fameux récit d'Énée à Didon, reine de Carthage.
La nature du mythe
Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l'idée d'une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l'enceinte de la cité qui fait alors une grande fête. Lorsque les habitants sont pris par la torpeur de l'alcool, la nuit, les Grecs sortent du cheval et ouvrent alors les portes, permettant au reste de l'armée d'entrer et de piller la ville. Tous les hommes sont tués, les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une éventuelle vengeance.
- La consécration de la métis :
Dans l'épisode du cheval de Troie, Ulysse, personnage devenu célèbre pour sa mètis (« intelligence rusée »), rend un conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. Ici il s'agit en fait d'une ruse. Elle se distingue de la triche mais aussi du délit (ou du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société, ou des accords internationaux. En l'espèce de l'art de la guerre chez les grecs, il s'agit plus particulièrement d'une ruse de guerre.
Certains auteurs ont suggéré que le cadeau n'était pas un cheval cachant des guerriers dans ses flancs, mais un bateau[4] porteur d'une ambassade de paix, offre que les Troyens trop peu méfiants ou trop heureux de faire la paix auraient imprudemment acceptée. Après la fête, les Troyens découvrent la sinistre réalité...
À l'appui de cette interprétation, on remarquera que :
- la civilisation marine grecque assimile le cheval et le bateau. Ainsi, le cheval est-il l'animal de Poséidon et Homère décrit les navires comme les chevaux de la mer [5];
- c'est Ulysse, l'expert en paroles et ruses, un des hommes souvent envoyés en ambassade, qui mène la danse;
- le sacrifice d'une construction de bois par simple abandon sur une plage est une procédure assez originale pour un rite censé apporter la protection de Poséidon. L'équivalent n'apparaît nulle part dans la mythologie ;
- les termes utilisés pour placer les hommes dans le cheval sont ceux utilisés lorsque l'on décrit l'embarquement des hommes sur un navire[6].
Postérité
- De cet épisode légendaire, on a créé l'expression « Cheval de Troie » pour parler d'un don qui s'avère être une malédiction ou des mécanismes sous-adjacents. On a aussi conservé la phrase « Timeo Danaos et dona ferentes (« Je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux ») », c'est-à-dire « attention aux Grecs porteurs de cadeaux », mis dans la bouche de Laocoon dans l’Énéide (livre II v.49) Lire en ligne.
- Dave Berg (Mad magazine) critiquait l'expression : « Méfiez-vous des Grecs qui apportent des cadeaux », rappelant qu'il s'agissait ici, au contraire, de cadeaux qui apportaient des Grecs[réf. nécessaire].
- Un petit musée a été construit en 1955 sur le territoire de l'ancienne ville de Troie, près des Dardanelles (de nos jours en Turquie). Il présente les restes de la ville, ainsi qu'un cheval de bois construit pour symboliser celui de la légende.
- En informatique, un cheval de Troie désigne un type de programme malveillant.
Notes et références
- Iliade arrête la narration de la guerre de Troie aux funérailles d'Hector
- Bibliothèque de la Pléiade, 1955, p.604 Odyssée, édition de la
- Homère, traduction de Leconte de Lisle, Odyssée, Pocket, 1998 (ISBN 2-266-05356-6)
- Voir pages 51-52 in Troy C. 1700-1250 BC, Nic Fields, Donato Spedaliere & Sarah S. Spedalier, Osprey Publishing, 2004
- Voir L'Odyssée, IV-708
- Voir pages 22-23 in The fall of Troy in early Greek poetry and art, Michael John Anderson, Oxford University Press, 1997
Sources
- Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 14 et suiv.) ;
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (CVIII) ;
- Quintus de Smyrne, Suite d'Homère [détail des éditions] [lire en ligne] (XII) ;
- Tryphiodore, Prise de Troie [détail des éditions] [lire en ligne] ;
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (II, I).
Voir aussi
Bibliographie
- Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant, Les ruses de l'intelligence, la Mètis des grecs, Flammarion, 1974.
Catégories :- Objet ou substance de la mythologie grecque
- Guerre de Troie
- Geste d'Ulysse
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