- Chefs musulmans face aux croisades
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L’objectif des croisades étant de délivrer les Lieux Saints de l’occupation musulmane, les croisés se sont retrouvés à lutter contre des chefs musulmans. Cet article dresse la liste des chefs et des États musulmans ainsi que leurs rapports avec les croisés.
Contrairement aux États croisés, qui perdurent pendant près de deux siècles sans changer d’institutions et souvent dans une continuité dynastique, les États musulmans se caractérisent par une grande instabilité politique due à deux facteurs. Le premier est qu’à la mort d’un souverain, ses héritiers commencent le plus souvent à lutter pour la succession, et le second facteur est que lorsqu’un chef subit des échecs répétés face aux Francs, ses soldats considèrent qu’il n’a plus la faveur d’Allah et l’abandonnent, mettant leur chef à la merci d’un émir plus puissant. Les deux exceptions sont le sultanat de Roum qui, mis à part le premier choc entre croisés et musulmans, reste à l’écart des conflits et le sultanat mamelouk, qui s’organise dans une structure propre à résister aux changements de sultan.
Une autre caractéristique des États musulmans est leur désunion et les rivalités, voire les haines qui les empêchent de s’allier contre les croisés, permettant les succès de ces derniers. On voit même des principautés musulmanes s’allier aux Francs contre leurs voisins musulmans.
L’Anatolie
L’Anatolie représente le premier contact entre les croisés et le monde musulman. A l’époque de la première croisade, l’Anatolie est dominée par deux familles, les Seldjoukides et les Danichmendides.
Sultanat seldjoukide de Roum
Article détaillé : Sultanat de Roum.Les Seldjoukides sont des Turcs[1] qui quittèrent le Turkestan à la fin du Xe siècle à cause du manque de pâturages nécessaires pour satisfaire aux besoins d’une population croissante. Ils s’installent en Iran sous la domination des sultans Ghaznévides qui contrôlent alors le califat de Bagdad. Profitant de ce que les Ghaznévides soient engagés dans la conquête de l’Inde, le seldjoukide Tughril Beg se révolte en 1038 et bat le sultan ghaznévide Ma’sûd en 1040 à Dandânaqân et se proclame sultan. En 1050, il achève la conquête de l’Iran et en 1055 il domine le califat. Profitant des guerres civiles qui secouent l’empire byzantin de 1057 à 1081, les seldjoukides envahissent l’Arménie et prennent possession des villes et des places fortes, sous la conduite d’Alp Arslan, second sultan et neveu de Tughril Beg. L’empereur Romain IV Diogène tente de reprendre l’Arménie, mais il est battu et tué à Mantzikert le 19 août 1071[2].
Les différents prétendants qui se disputent ensuite le trône impérial font appel à des auxiliaires turcs et les autorisent à s’établir en Anatolie. Ainsi un cadet seldjoukide, Süleyman Ier Shah, reçoit des terres et fonde en 1073 le sultanat de Roum. En 1081, il s’empare de Nicée, à quelques dizaines de kilomètres de Byzance, où il établit sa capitale[3]. Mais en 1086, Süleyman entre en guerre contre Tutuş, son cousin qui contrôle la Syrie et est tué par ce dernier. Cette guerre cause une haine profonde entre les cousins et même les croisades ne parviennent pas à combler ce fossé.
Le sultanat de Roum reçoit le premier choc des croisés et ne peut rien contre sa progression. Nicée est prise, obligeant le sultan à déplacer sa capitale à Qonya (ou Iconium). Kılıç Arslan Ier tente ensuite de défaire les croisés dans une embuscade à Dorylée, mais il est vaincu. Par la suite, il pratique la tactique de la terre déserte, sans réussir à stopper la croisade. Plusieurs croisades de secours tentent de traverser l’Anatolie en 1100 et en 1101 et seront massacrées par Kılıç Arslan. Profitant du succès des croisés, l’empereur Alexis Ier Comnène conquiert la partie occidentale du sultanat de Roum, mais cet État continue à faire office de barrière aux croisés. La seconde croisade, conduite par Conrad III est sévèrement battue à Dorylée en 1147, mais la troisième croisade conduite par Frédéric Barberousse prend Qonya d’assaut le 20 mai 1190. Les croisades suivantes préfèrent se rendre en Terre Sainte par la voie maritime et renoncent définitivement à prendre la route terrestre de l’Anatolie, laissant tranquille le sultanat de Roum qui perdure jusqu’en 1307.
- Sultans de Roum pendant les croisades
1092-1107 : Kılıç Arslan Ier 1107-1116 : Malik Shah Ier 1116-1155 : Rukn ad-Dîn Mas`ûd Ier 1155-1192 : `Izz ad-Dîn Kılıç Arslan II 1192-1197 : Ghiyâth ad-Dîn Kay Khusraw Ier Danichmendides
Article détaillé : Danichmendides.Cet émirat est également issu de turcs qui ont accompagnés les Seldjoukides dans leur expansion. C’est probablement en profitant de la guerre civile qui déchire l’empire byzantin entre 1057 et 1081 et à titre d’armée auxiliaire d’un prétendant qu’ils reçoivent des terres en Anatolie orientale. Où peut-être peu entre 1086 et 1092, quand le sultanat de Roum s’est retrouvé sans maître après la mort de Süleyman Ier Shah[4]. Mais les textes n’en parlent pas avant l’an 1095. C’est le principal rival du sultanat de Roum et si le sultan seldjoukide Kılıç Arslan tarde à secourir Nicée assiégé par les croisés en 1097, c’est parce qu’il est en train de disputer la suzeraineté de Malatya à Danichmend. Il accepte de faire la paix avec Kılıç Arslan et combat à ses côtés à Dorylée, puis contre les croisades de secours de 1100, mais l’alliance est rompue peu après. Par la suite, éloigné du théâtre des opérations, il n’a peu de combat avec les croisés (seulement avec la principauté d'Antioche), mais s’attaque aux seldjoukides, permettant à Alexis Comnène de se rendre maître d’une partie du sultanat de Roum, et aux établissements arméniens de Cilicie. Son objectif principal reste Malatya, tenu par Gabriel de Malatya et vassal du comté d'Édesse. En 1100, il capture Bohémond de Tarente, prince d’Antioche, qui était venu secourir Malatya assiégé, et s’empare de la ville en 1103. L’émirat danichmendide dure jusqu’en 1168, date à laquelle il est conquis par les seldjoukides[5].
- Émirs danishmendides pendant les croisades
avant 1095-1104 : Danichmend, émir danichmendide 1104-1134 : Gümüchtegin, émir danichmendide 1134-1142 : Mohammed, malik danichmendide 1142-1168 : Dhu'l Nun, malik danichmendide L’Égypte
Voisins immédiats des États croisés par le sud, les Égyptiens sont également les possesseurs de Jérusalem lorsque les croisés prennent la ville en 1099. Trois régimes se sont succédé en Égypte pendant les deux siècles que durent les croisades :
- les Fatimides, jusqu’en 1170,
- les Ayyoubides de 1170 à 1250,
- les Mamelouks à partir de 1250.
Le califat fatimide
Articles détaillés : Fatimides et Période fatimide de l'Égypte.Tout oppose les Fatimides aux Seldjoukides. Les Seldjoukides soutiennent et protègent le calife de Bagdad, de tradition sunnite et successeur du prophète de l'islam, Mahomet, tandis que les Fatimides sont de tradition chiite ont conquis le nord de l’Afrique sur le califat abbasside et se sont ensuite proclamés califes, contestant à l’Abbasside la suprématie religieuse. Au Xe siècle, ils dominent la façade méditerranéenne de la Syrie, mais les Seldjoukides le leur ont repris au cours du XIe siècle. Depuis les deux dynasties se disputent la Syrie. En 1098, les Fatimides profitent de ce que les Seldjoukides soient aux prises avec les croisés assiégeant Antioche pour leur reprendre la Syrie méridionale, y compris Jérusalem. Ils proposent même une alliance aux croisés pour les aider à prendre Antioche, mais ces derniers refusent, car leur objectif final est Jérusalem, que les Fatimides ne veulent pas céder. Au cours des décennies qui suivent 1099, les Égyptiens tentent à plusieurs reprises d’envahir le royaume de Jérusalem, mais sans succès[6]. Puis le califat fatimide tombe dans la décadence et les vizirs se font la guerre pour le pouvoir. A partir de 1160, les forces de Nur ad-Din et du royaume de Jérusalem interviennent en Égypte, chacun soutenant un prétendant au vizirat. Les Francs commencent par l’emporter et placent l’Égypte sous protectorat, mais ils tentent maladroitement d’annexer le pays qui se révolte et se rallie à Shirkuh, un général de Nur ad-Din, qui devient vizir. Saladin, son neveu et successeur, abolit le califat et prend son indépendance vis-à-vis de Nur ad-Din, qui meurt peu après[7].
- Califes fatimides pendant les croisades
1094-1101 : Al-Musta‘lî 1101-1130 : Al-Amir bi-Ahkâm Allâh 1130-1149 : ‘Abd al-Majîd al-Hâfiz 1149-1154 : Az-Zâfir 1154-1160 : Al-Fâ’iz 1160-1171 : Al-‘Adîd - Vizir d’Égypte pendant les croisades
1094-1121 : al-Afdal Shâhânshâh, assassiné 1121-1125 : Abû abd ’Allâh al-Mâmûn, crucifié[8]. ????-1131 : Abou Ali ibn El-Afdal, emprisonné et exécuté. 1131-1135 : Hashim, fils du calife al-Hâfiz, empoisonné[9]. 1135-1153 : al-’Adil ibn-Sallâr[10], préfet d’Alexandrie, assassiné. 1153-1154 : ’Abbâs ibn-Abu’l Futûh, beau-fils du précédent, renversé. 1154-1161 : Talâ’i ibn Ruzzîk, assassiné. 1161-1162 : Al-Adil Ruzzîk, fils du précédent, assassiné. 1162-1163 : Shawar, renversé. 1163-1164 : Dirghâm, tué 1164-1169 : Shawar rétabli, exécuté en 1169[11]. 1169-1170 : Shirkuh, général de Nur ad-Din. 1170-1171 : Saladin, neveu du précédent. le sultanat ayyoubide
Articles détaillés : Ayyoubides et Période ayyoubide de l'Égypte.La lutte de pouvoir au sein du califat fatimide a entraîné l’intervention de Shirkuh, lieutenant de Nur ad-Din et des Francs, et amenant la victoire des premiers. Shirkuh meurt peu après, laissant le pouvoir à son neveu Saladin qui prend ses distances face à Nur ad-Din et se proclame sultan. La mort de Nur ad-Din empêche la confrontation armée, et Saladin reprend le programme d’unification de l’Islan des Zengides au détriment des fils de Nour ad-Din. Son plus grand succès est la victoire de Hattin et la reprise de Jérusalem, mais après sa mort, ses fils se déchirent pour la succession. Al-Adil, frère de Saladin, s’empare de l’Égypte en 1198, puis élimine les autres héritiers. Les Ayyoubides se maintiennent en Égypte jusqu’en 1250, ayant une politique plutôt bienveillante vis-à-vis des Francs, en dehors de la venue des croisades. En 1250, le sultan Tûrân Châh est détrôné et égorgé par sa garde mamelouk.
- sultans ayyoubides d’Égypte
1172-1193 : Saladin (Al-Malik an-Nâsir Salâh ad-Dîn Yûsuf) 1193-1198 : Malik al-Aziz[12], fils du précédent (Al-Malik al-`Aziz `Imâd ad-Dîn `Uthmân) 1198-1200 : Malik al-Mansour[13], fils du précédent (Al-Malik al-Mansûr Nâsir ad-Dîn Muhammad ben `Imâd ad-Dîn `Uthmân) 1200-1218 : Al-Adil[13], frère de Saladin (Al-Malik al-`Âdil Sayf ad-Dîn) 1218-1238 : Al-Kamil[14], fils du précédent (Al-Malik al-Kâmil Nâsîr ad-Dîn) 1238-1240 : Al-Adil II[15], fils du précédent (Al-Malik al-`Adil Sayf ad-Dîn) 1240-1249 : Al-Salih Ayyoub[15], frère du précédent (Al-Malik as-Sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb) 1249-1250 : Tûrân Châh[16], fils du précédent (Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh) L’État mamelouk
Articles détaillés : Mamelouks et Période mamelouke de l'Égypte.Arrivé au pouvoir après avoir détrôné et égorgé le dernier ayyoubides d'Égypte, ces soldats n’auront de cesse de reprendre tout le Proche Orient aux Francs. Mis en difficulté par l’invasion mongole de 1260, ils parviennent à battre les Mongols. En 1291, ils prennent la dernière place forte franque, unifiant le Proche Orient sous leur domination.
- sultan mamelouks d'Égypte
1250-1257 : Chajar ad-Durr et Al-Muizz Izz ad-Dîn Aybak 1257-1259 : Al-Mansur Nur ad-Dîn Ali ben Aybak 1259-1260 : Al-Muzaffar Sayf ad-Dîn Qutuz 1260-1277 : Baybars 1277-1279 : As-Said Nâsir ad-Dîn Baraka Khan ben Baybars 1279-1279 : Al-Adil Badr ad-Dîn Salamish ben az-Zahir Baybars 1279-1290 : Qala'ûn 1290-1293 : Khalil ben Qala'ûn La Syrie
Alep
Alep, initialement possession du sultanat de Roum est conquise en 1086 par Tutuş, émir de Damas, qui se proclame ensuite sultan seldjoukide de Syrie. À sa mort, ses émirats son partagés entre ses deux fils, qui se détestent. Il va s'ensuivre une rivalité entre les deux émirats qui va survivre longtemps à l'extinction de la descendance de Tutuş. Lié à Mossoul, l'émirat se retrouve dans l'empire zengide, avant de devenir le centre du pouvoir de Nur ad-Din, puis de passer sous le contrôle de Saladin. Après la mort de Saladin, il devient un émirat distinct, parfois rattaché à l'Égypte, mais finalement détruit par les Mongols.
- Émirs d'Alep pendant les croisades
1086-1086 : Tutuş, émir de Damas et d'Alep, sultan de Syrie 1086-1094 : Aq Sunqur al-Hajib, gouverneur d'Alep nommé par Tutuş sur l'ordre de son frère aîné Malik Shah Ier. Tutuş reste souverain. 1094-1095 : Tutuş, de nouveau 1095-1113 : Ridwan, émir, fils du précédent 1113-1114 : Alp Arslan, émir, fils du précédent 1114-1118 : Sultan Shah, émir, frère du précédent 1118-1122 : Il Ghazi, atabeg (ortoqide) 1122-1123 : Badr al-Dawla Sulaîmân, neveu du précédent 1123-1124 : Balak ibn Bahram ibn Ortok, atabeg, neveu d'Il Ghazi 1124-1125 : Husâm ad-Dîn Temür Tash, fils d'Il-Ghazi, détrôné 1125-1126 : Aq Sonqor Bursuqî, atabeg de Mossoul et d'Alep 1126-1127 : Mas’ûd ibn Bursuqî[17], fils du précédent 1127-1128 : Khutlugh, mamelouk 1128-1146 : Imad ad-Din Zengi, atabeg de Mossoul et d'Alep (Zengide) 1146-1174 Nur ad-Din Mahmud, atabeg de Mossoul et d'Alep, fils du précédent 1174-1181 As-Salih Ismail, fils du précédent 1181-1183 Imad ad-Din Zengi, cousin du précédent, fils de Qutb ad-Dîn Mawdûd, atabeg de Mossoul 1183-1193 Saladin, sultan d'Égypte, émir de Damas et d'Alep (Ayyoubide) 1186-1216 Malik al-Zahir, fils du précédent 1216-1236 Al-Malik Al-Aziz Mohammed, fils du précédent 1236-1260 Al-Nasir Yusuf (El-Malek en-Naser Salah ed-Din Yusuf), fils du précédent Il faut également citer un cadi de la ville, Ibn al-Khashshâb, qui, sans prendre part au gouvernement de la ville, s'est fait le champion de la lutte contre les croisés de 1099 à sa mort en 1125. Sans vouloir le pouvoir pour lui même, il a pris part à plusieurs reprises pour influer sur la politique de la ville, n'hésitant pas à solliciter un chef musulman à prendre la direction de la ville quand l'émir en place n'était pas assez combatif vis-à-vis des Francs.
Antioche
Jusqu’en 1085, Antioche est tenue par Philaretos Brakhamios, un gouverneur d’origine arménienne qui tient théoriquement la ville au nom des Byzantins, mais qui se comporte comme un prince indépendant. La ville est prise en 1085 par Süleyman Ier Shah, sultan de Roum, mais ce dernier est tué l’année suivante par le seldjoukide syrien Tutuş et la ville d’Antioche est confiée sur l’intervention de Malik Shâh, le grand seldjoukide à un de ses officiers Yâghî Siyân. Après la mort de Malik Shâh, Yâghî Siyân parvient à se concilier la faveur de Tutuş, puis celle de son fils, Ridwan d’Alep, de sorte qu’Yâghî Siyân est le premier des émirs syriens à se retrouver face aux croisés[18].
- Émirs d’Antioche pendant les croisades
1086-1098 : Yâghî Siyân Damas
Damas, est confiée en 1078 par le sultan seldjoukide Malik Shah Ier à son frère Tutuş, qui fait ensuite la conquête d'Alep et se proclame sultan seldjoukide de Syrie. À sa mort, ses émirats sont partagés entre ses deux fils, qui se détestent. Il va s'ensuivre une rivalité entre les deux émirats qui va survivre longtemps à l'extinction de la descendance de Tutuş. Longtemps Damas préfère s'allier au royaume de Jérusalem contre Zengi, mais la maladresse des croisés de la seconde croisade qui assiègent Damas renverse l'opinion, et la ville se rallie à Nur ad-Din, fils de Zengi, puis passe sous le contrôle de Saladin après la mort de Nur ad-Din. Après la mort de Saladin, il devient un émirat distinct, parfois rattaché à l'Égypte, mais finalement détruit par les Mongols.
- Émirs de Damas pendant les croisades
1078-1095 : Tutuş, sultan de Syrie 1095-1104 : Duqâq, émir, fils du précédent 1104-1104 : Tutuş, émir, fils du précédent 1104-1104 : Baktasch, émir, oncle du précédent, déposé par Tughtekin 1104-1128 : Tughtekin (Bouride) 1128-1132 : Buri Taj el-Moluk, fils du précédent 1132-1135 : Shams al-Muluk Isma’il 1135-1139 : Shihab ad-Din Mahmud 1139-1140 : Jemal ad-Din Muhammad 1140-1154 : Mujir ad-Din Abaq 1154-1174 : Nur ad-Din Mahmud, atabeg de Mossoul et d'Alep (Zengide) 1174-1176 : As-Salih Ismail, fils du précédent 1176-1193 : Saladin, sultan d'Égypte, émir de Damas et d'Alep (Ayyoubide) 1186-1196 : Malik al-Afdhal, fils du précédent 1196-1218 : Al-Adil Sayf al-Din, frère de Saladin, sultan d'Égypte en 1200 1218-1227 : Malik al-Mu'azzam Musa, fils du précédent 1227-1229 : An-Nasir Dâ'ûd, fils du précédent 1229-1237 : Al-Ashraf, oncle du précédent 1237-1237 : Al-Salih Ismaël, frère du précédent 1237-1238 : Al-Malik al-Kamil Ier Nâsir ad-Dîn, frère du précédent 1238-1238 : Al-Adil II Sayf ad-Din, fils du précédent 1238-1239 : Malik al-Salih Ayyoub, frère du précédent 1239-1245 : Al-Salih Ismaël, de nouveau 1245-1260 : Malik al-Salih Ayyoub, de nouveau 1249-1250 : Tûrân Châh, fils du précédent 1250-1260 : Al-Nasir Yusuf (El-Malek en-Naser Salah ed-Din Yusuf), émir d'Alep Homs
Homs, anciennement Émèse, est un émirat mineur, vassal de celui d’Alep. Ses émirs, au cours du début du XIIe siècle sont de farouches ennemis des Francs. En 1129, inquiet de la montée de pouvoir de Zengi, l’émir de Homs fait allégeance à l’émir de Damas. Il meurt peu après et ses fils, mineurs cèdent Homs à Damas en échange de Palmyre. Le mamelouk Mu’în al-Dîn Unur reçoit la ville et la défend contre les assauts des Byzantins, du prince d’Antioche et de Zengi. Ce dernier se fera cependant céder la place par diplomatie en 1138, et Homs suit les destinées d'Alep, jusqu'à ce que Saladin envoie un de ses cousins en faire la conquête. Ce cousin transmet la ville à ses descendants, jusqu'à la conquête mongole en 1260, puis Homs se retrouve ensuite intégré dans l'empire mamelouk.
- Liste fragmentaire des émirs de Homs pendant les croisades
1095-1097 : Ridwan, émir d’Alep[19]. 1097[19], 1098[20], 1101[21], 1102[22] : Janâh al-Dawla ibn Mulâ’ib († 1103[23]), beau-père de Ridwan. 1102[24],[25] : Tughtekin 1109[26], 1115[27], 1123[28], 1125[29], 1129[30] : Qîrkhân ibn Qarâjâ. 1135[31],1137[32], 1138[33] : Mu’în al-Dîn Unur 1138[33]-1146 : Zengi, atabeg de Mossoul et d’Alep 1146-1149 : Qutb ad-Dîn Mawdûd, fils du précédent 1149-1174 : Nur ad-Din Mahmud, atabeg de Mossoul et d'Alep, frère du précédent 1174-1179 : As-Salih Ismail, atabeg d'Alep, fils de précédent 1179-1186 : Naser ad-Din Mohammed[34] (ayyoubide), fils de Shirkuh, cousin germain de Saladin 1186-1240 : El-Malik el-Mojahed Shirkuh[34], fils du précédent 1240-1246 : El-Malik el-Mansour Ibrahim[34], fils du précédent 1246-1260 : El-Malek el-Ashref Modaffer ed-Din Musa[34], fils du précédent Jérusalem
Durant le XIe siècle, Jérusalem fait partie du califat fatimide. En 1071, le chef turc Atsiz ibn Abaq en fait la conquête au nom du sultan seldjoukide Alp Arslan, qui confie ensuite la ville aux Ortoqides. Profitant des ennuis des seldjoukides aux prises avec les croisés qui assiègent Antioche, les Fatimides reprennent Jérusalem, mais pour peu de temps, car les croisés prennent la ville le 15 juillet 1099[35].
- Gouverneurs de Jérusalem
1071-1078 : Atsiz ibn Abaq[36] († 1078) 1078-1091 : Ortoq ibn Aksab[36] († 1091) 1091-1098 : Soqman ibn Ortoq[36] († 1103), fils du précédent 1098-1099 : Iftikhâr al-Dawla[37], gouverneur fatimide Mossoul
Mossoul est une cité située au nord de la Mésopotamie et qui tient les routes reliant cette région à la Syrie. La création du comté d’Édesse dès 1098 la place sous la menace directe des Francs, aussi, après les échecs de Ridwan d’Alep et de Duqâq de Damas, l’atabeg Kerbogha prend-il la tête de la résistance musulmane face aux croisés, espérant obtenir du même coup la prédominance en Syrie. Sa défaite sonne le glas de ses espérances et, après sa mort en 1102, Mossoul devient l’enjeu de luttes de successions et se désintéresse des croisades. Mossoul est pourtant une cité qui présente au sultan seldjoukide le double avantage d’être à portée de sa main et d’être suffisamment proche de la Syrie pour envisager d’en faire une base pour lancer des contre-croisades, aussi reprend-il le contrôle de la ville pour y nommer des atabegs chargés d’organiser la contre-attaque contre les Francs. Le premier d’entre eux à obtenir des succès est Zengi qui s’empare du comté d’Edesse de 1144 à 1146, mais qui a également commencé l’unification politique de la Syrie. À sa mort son royaume est divisé entre ses fils, Alep revenant à Nur ad-Din et Mossoul à Saif ad-Dîn Ghâzî Ier. Dès lors, Mossoul est séparé des États francs par ceux de Nur ad-Din, puis par ceux de Saladin, et ne prendra qu’une très faible part de la lutte contre les Francs[38], se consacrant plutôt aux luttes de pouvoir en Mésopotamie.
- Atabeg de Mossoul pendant les croisades
????-1096 : Alî ibn Muslim, émir[39] 1096-1102[40] : Kerbogha. 1102 : Sonqorja[40]. 1102 : Musa[40]. 1102[40]-1107[41] : Jekermish. 1107 Kılıç Arslan Ier, sultan de Roum, contrôle Mossoul[42] 1107-1109 : Jâwali Saqâwâ[41],[42]. 1109-1113 : Mawdûd ibn Altûntâsh[43] 1113-1115 : Aq Sonqor Bursuqî[43] 1115-1121 : Juyûsh-beg 1121-1126 : Aq Sonqor Bursuqî, de nouveau atabeg[44] 1126-1127 : Mas’ûd ibn Bursuqî[17], fils du précédent 1127-1146 : Imad ad-Din Zengi 1146-1149[45] : Saif ad-Dîn Ghâzî Ier, fils du précédent 1149-1171[46] : Qutb ad-Dîn Mawdûd, frère du précédent 1171-1171 : Saif ad-Dîn Ghâzî II, fils du précédent 1171-1174 : Nur ad-Din, oncle du précédent, fils de Zengi 1174-1180[47] : Saif ad-Dîn Ghâzî II, de nouveau 1180-1193[48] : Izz ad-Din Mas'ud Ier, frère du précédent 1193-1211 : Nur ad-Din Arslan Shah Ier[49], fils du précédent 1211-1218 : Izz ad-Din Mas'ud II[49], fils du précédent 1218-1219 : Nur ad-Din Arslan Shah II[49], fils du précédent 1219-1222 : Nasir ad-Din Mahmud[49], frère du précédent 1222-1259 : Bedr ad-Din Lulu[49] Tripoli
Article détaillé : Banû ’Ammâr.Au cours du Xe siècle, Tripoli fait partie du califat fatimide d’Égypte, mais, profitant de l’avancée des seldjoukides en Syrie, qui s’emparent de la Palestine, Abû Tâlib, qâdî de Tripoli et fondateur de la famille des Banû ’Ammâr, se rend indépendant de l'Égypte et pratique une politique d’équilibre entre les Fatimides et les Seldjoukides. En effet, fortement défendue par ses remparts, la ville pouvait subir un siège des uns ou des autres en attendant que le camp adverse envoie une armée déloger les attaquants. Cette politique est un succès, jusqu’à l’arrivée des Croisés, qui commencent à coloniser le pays. Ceux-ci, pressé d’atteindre Jérusalem, diffèrent la conquête de Tripoli en raison de la puissance de ses murailles, mais l’un des chefs croisés, Raymond de Saint-Gilles, revient dans le pays avec la ferme intention de se tailler une principauté ayant Tripoli pour capitale. Le siège dure de 1102 à 1109, à l’issue duquel la ville devient la capitale du comté de Tripoli[50].
- Qâdîs de Tripoli pendant les croisades
1070-1072 : Abû Tâlib Amîn al-Dawla al-Hasan ibn ’Ammâr 1072-1098 : Jalâl al-Mulk Abu’l Hasan ’Alî ibn Muhammad ibn ’Ammâr, neveu du précédent 1098-1108 : Fakhr al-Mulk Abû ’Ali ’Ammâr, frère du précédent Le califat abbasside de Bagdad
Article détaillé : Califat abbasside.Loin à Bagdad, vit le calife abbasside, l’autorité religieuse islamique suprême. Il n’exerce aucune autorité politique depuis le milieu du IXe siècle, le pouvoir étant assuré par les Seldjoukides du milieu du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, puis par les Korasmiens. Ce pouvoir politique est cependant très disputé et l’on voit Zengi intervenir dans les affaires du califat quand il ne lutte pas contre les Francs. L’invasion mongole de 1258 mettra une fin définitive au califat abbasside de Bagdad, qui sera cependant restauré en Égypte sous la protection des Mamelouks.
Mais le calife jouit d’une autorité religieuse incontestée et on le voit intervenir pour ramener la paix entre Musulmans. Ainsi en 1250, les Mamelouks détrônent et assassinent le dernier sultan ayyoubide d’Égypte, et son cousin, émir de Damas, leur déclare la guerre pour venger son cousin et s’approprier l’Égypte. Pour éviter que les deux camps ne s’affaiblissent face à Saint-Louis qui séjourne en Terre Sainte, le calife ordonne aux belligérants de faire la paix, et il sera obéi.
- Califes abbassides pendant les croisades
1094-1118 : Al-Mustazhir 1118-1135 : Al-Mustarchid 1135-1136 : Ar-Râchid 1136-1160 : Al-Muqtafi 1160-1170 : Al-Mustanjid 1170-1180 : Al-Mustadhi 1180-1225 : An-Nasir 1225-1226 : Az-Zâhir 1226-1242 : Al-Mustansir 1242-1258 : Al-Musta'sim - Sultans seldjoukides pendant les croisades
1072-1092 : Malik Shah Ier 1092-1093 : Mahmud Ier 1093-1105 : Berk-Yaruq 1105-1105 : Malik Shah II 1105-1118 : Muhammad Ier Tapar 1118-1131 : Mahmud II 1131-1132 : Dawud 1132-1133 : Tuğrul II 1133-1152 : Ghiyath ad-Dîn Mas`ûd 1152-1153 : Malik Shah III 1153-1160 : Muhammad IIanat 1160-1161 : Ghiyath ad-Din Suleyman Shah 1161-1178 : Mu'izz ad-Din Arslan 1178-1194 : Tuğrul III En 1194, Tuğrul III est déposé par Takash, chef Khorezmiens, qui met fin au sultanat seldjoukide et fonde le sultanat khorezmiens. Ce dernier est détruit en 1231.
Liste des chefs musulmans par croisade
Première croisade : 1096-1099
- Kılıç Arslan Ier, sultan seldjoukide de Roum
- Danichmend, émir danichmendide
- Yâghî Siyân, émir d'Antioche
- Kerbogha, émir de Mossoul
- Ridwan, émir d’Alep
- Duqâq, émir de Damas
- Tughtekin, général damascène, futur émir de Damas
- Il Ghazi ibn Ortoq, général damascène, futur émir d’Alep
- Iftikhâr al-Dawla, gouverneur fatimide de Jérusalem
entre la première et la seconde croisade
- al-Afdal Shâhânshâh, vizir d'Égypte
- Fakhr al-Mulk Abû ’Ali ’Ammâr, qâdî de Tripoli
- Jekermish, atabeg de Mossoul (1102-1107)
- Mawdûd ibn Altûntâsh, atabeg de Mossoul (1111-1113)
- Balak ibn Bahram ibn Ortok, atabeg d'Alep (1123-1124)
- Aq Sonqor Bursuqî, atabeg de Mossoul (1113-1115 et 1124-1127) et d’Alep (1125-1127)
- Imad ad-Din Zengi, atabeg de Mossoul (1127-1146) et d’Alep (1128-1146)
- Gumuchtegin, émir danichmendide (1104-1135)
Seconde croisade : 1147-1149
- Nur ad-Din, atabeg d’Alep
- Mujir ad-Din Abaq, émir de Damas
- Mu'in ad-Din Unur, régent de Damas
entre la seconde et la troisième croisade
- As-Salih Ismail al-Malik, émir de Damas
- Shawar, vizir d’Égypte
- Shirkuh, général de Nur ad-Din
- Saladin, sultan ayyoubide d’Égypte, puis émir d’Alep et de Damas
Troisième croisade : 1189-1192
- Saladin, sultan ayyoubide d’Égypte, puis émir d’Alep et de Damas
Quatrième croisade : 1202-1204
- Al-Adel, sultan d'Égypte
Cinquième croisade : 1217-1221
- Al-Malik Al-Kamil, sultan ayyoubide d’Égypte
- Malik al-Mu'azzam Musa, sultan ayyoubide de Damas
Sixième croisade : 1228-1229
- Al-Malik Al-Kamil, sultan ayyoubide d’Égypte
- Al-Ashraf, sultan ayyoubide de Harran
- An-Nasir Dâ'ûd, sultan ayyoubide de Damas
Septième croisade : 1248-1254
- Malik al-Salih Ayyoub, sultan ayyoubide d’Égypte
- Tûrân Châh, sultan ayyoubide d’Égypte, son fils
- Al-Muizz Izz ad-Dîn Aybak, sultan mamelouk d’Égypte
entre la septième et la huitième croisade
- Al-Muzaffar Sayf ad-Dîn Qutuz, sultan mamelouk d’Égypte
- Baybars, sultan mamelouk d’Égypte
Huitième et neuvième croisade : 1270
- Baybars, sultan mamelouk d’Égypte
après la neuvième croisade
- Al-Mansûr Sayf ad-Dîn Qala'ûn al-Alfi, sultan baharite d'Égypte
- Al-Ashrâf Salah ad-Dîn Khalil ben Qala'ûn
Notes et références
- Turkestan, l’actuelle Turquie est encore loin d’être un État islamisé. A l’époque, cela signifie qu’ils viennent du
- Grousset 1934, p. 37-45.
- Grousset 1949, p. 170-3.
- Malouf 1983, p. 23.
- Danishmendides Foundation for Medieval Genealogy :
- Grousset 1934, p. 204-210.
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- Foundation for Medieval Genealogy.
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- Grousset 1934, p. 386.
- Grousset 1934, p. 430-1.
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- Runciman 1951, p. 336.
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- Grousset 1934, p. 535 et 538.
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- Foundation for Medieval Genealogy
- Grousset 1934, p. 204-213.
- Grousset 1934, p. 56-8.
- Grousset 1934, p. 204-220.
- Hattin (Grousset 1935, p. 785), et d’autres troupes, conduites un fils d’Izz ad-Din Mas'ud Ier rejoignent Saladin en 1190 (Grousset 1936, p. 74). Ainsi des troupes de Mossoul se battent à
- Grousset 1934, p. 730.
- Grousset 1934, p. 438-9.
- Maalouf 1983, p. 92-4.
- Grousset 1934, p. 469-472.
- Grousset 1934, p. 660-1.
- Grousset 1934, p. 660-1 et 697-8.
- Grousset 1935, p. 266.
- Grousset 1935, p. 530-32.
- Grousset 1935, p. 649.
- Grousset 1936, p. 175.
- Foundation for Medieval Genealogy : Zengides
- Grousset 1934, p. 65, 194-5 et 386.
Annexes
Sources
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, Paris, Perrin, 1936 (réimpr. 1999)
- I. 1095-1130 : l’anarchie musulmane, 1934
- II. 1131-1187 : l’équilibre, 1935
- III. 1188-1291 : l’Anarchie franque, 1936
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X)
- Amin Maalouf, Les croisades vues par les arabes, J’ai lu, 1983 (ISBN 978-2-290-11916-7)
- Steven Runciman, Histoire des Croisades, 1951 [détail de l’édition] (publi. 2006), édition Tallandier, (ISBN 2-84734-272-9)
- Foundation for Medieval Genealogy : les dynasties turques.
Articles connexes
Catégories :- Islam et croisades
- Souverain musulman
- Liste de personnes par époque
- Liste de personnes religieuses
- Liste en rapport avec l'islam
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