- Charles Luizet
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Charles Luizet (né à Saint-Genis-Laval le 10 novembre 1903, décédé à Paris le 21 septembre 1947) est un fonctionnaire français, militaire, résistant, puis Préfet de Police de Paris. Compagnon de la Libération.
Sommaire
Biographie
Fils d’un astronome réputé[1] de l’Observatoire de Lyon, il est né le 10 novembre 1903 à Saint-Genis-Laval (Rhône). Après des études au lycée Ampère de Lyon, il entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1921, dans la promotion du Souvenir ; il y côtoie le futur général Leclerc, et a pour professeur d’histoire le capitaine De Gaulle.
Militaire
En 1923, jeune sous-lieutenant, il est affecté en Algérie dans un régiment de Tirailleurs, puis au Maroc. Il participe à la pacification du territoire au cours de la guerre du Rif, durant laquelle il est blessé par balle en 1925, puis de nouveau en 1926. Cité à l’ordre de l’Armée, il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1927, une semaine avant son mariage avec Anne-Marie Jeunet[2] le 9 novembre. Il poursuit sa carrière comme officier des Affaires Indigènes, commandant d’un Goum. Capitaine en 1934, il est détaché au Contrôle civil du Maroc, puis nommé Attaché militaire à Tanger en 1936. Il jouit alors d’un poste d’observateur privilégié de la guerre d’Espagne et envoie plusieurs rapports sur les tactiques employées par les Italiens et les Allemands. L’un de ceux-ci, qui décrit l’efficacité du binôme « char-avion (stuka) » employé par les Allemands, retient l’attention de l’État-major de l’Armée et, notamment, du colonel Raoul Salan qui écrira : « Ce rapport Luizet était prémonitoire ; que ne lui a-t-on prêté davantage attention ! ». Charles Luizet devient, en juin 1940, l’administrateur français de la zone internationale de Tanger.
Résistant
À Tanger, il entend l’Appel du 18 juin, lancé par le général De Gaulle, et se met immédiatement à son service, par un câble envoyé à 23 heures le jour même. De Gaulle lui répond le 1er juillet de rester à son poste « où vous êtes très utile ». Il entreprend alors la mise en place d’un réseau de renseignement, et agit concrètement pour aider Londres. Il sera d’ailleurs longtemps le seul point d’ancrage de la France libre en Afrique du Nord, malgré les tentatives d’implantation du BCRA. Mais son activité ne passe pas inaperçue, et les Services de renseignements de Vichy demandent son renvoi; aussi, après en avoir référé à De Gaulle, accepte-t-il un poste à l’État-major de l’Armée à Vichy. De là, il continue à communiquer à Londres des renseignements, notamment sur les troupes allemandes et sur la Syrie, via Tanger où était restée sa famille. Mais en août 1941, il fait savoir au BCRA qu’il est brûlé, et qu’il souhaite gagner Londres. De Gaulle lui conseille alors de se faire affecter en Afrique du Nord, à un poste administratif.
Préfectorale
Tiaret (Oran)
En décembre 1941, il est nommé sous-préfet de Tiaret et continue son action de résistance à Vichy, en reformant des réseaux et en préparant l’intervention alliée (opération Torch). Le 8 novembre 1942, avec l’aide du commandant Georges Bertrand, chef du bataillon du 2e régiment de tirailleurs Algériens en garnison à Tiaret, lui même favorable aux alliés, il entraîne la ville dans la dissidence. Son assurance et sa détermination fige les réactions pendant 24 heures, ce qui est suffisant pour la réussite de l’opération. Le lendemain, le général Boisseau, d’Oran, téléphone au commandant Bertrand : « Fusillez votre sous-préfet ! » Ordre évidemment non suivi d’effet : Luizet, avec la complicité de Langlois, un colon du sud, rejoindra Alger. Ainsi, l’arrondissement de Tiaret passa à la dissidence. Cela a été le 8 novembre un fait unique en Afrique du Nord.
Bône - Alger
En décembre 1942, Charles Luizet est nommé sous-préfet de Bône (Algérie), puis est à Alger, le 30 mai 1943, à l’arrivée de De Gaulle. Le « Comité français de la Libération nationale » (CFLN), constitué le 3 juin, nomme Charles Luizet secrétaire général pour la police et les Affaires Musulmanes. Le gouvernement d’Alger se met en place et prépare alors la reconquête de la métropole .
Corse
Charles Luizet est nommé préfet de la libération de la Corse, où il arrive le 14 septembre 1943, avec les premières troupes, sur le croiseur Le Fantasque. Il organise, en plein combat (la Corse est encore occupée par les Allemands et les Italiens), au nom du CFLN, la remise en route de l’administration du premier département français libéré. Il accueille De Gaulle le 8 octobre à Ajaccio, et l’accompagne dans sa tournée de l’île. En juin 1944, la Corse est remise en ordre ; Charles Luizet est nommé commissaire de la République et envoyé en mission à Londres.
La libération de Paris
Fichier:De Gaulle et Luizet.jpgNommé peu après Préfet de police de Paris, il rejoint son poste, accompagné de Francis-Louis Closon, futur préfet du Nord. Partis d’Angleterre le 2 août, ils ne peuvent atterrir en métropole et sont transférés en Corse. Et ce n’est qu’à la 3e tentative qu’ils seront déposés dans un maquis du Vaucluse. De là, ils gagneront Avignon, Lyon, puis Paris le 17 août.
Charles Luizet prend ses fonctions à la Préfecture de police le 19 août, dès l’enlèvement de celle-ci par les policiers patriotes. Il prend contact avec Alexandre Parodi, représentant du Gouvernement provisoire, et rencontre le colonel Rol (Henri Rol-Tanguy), le chef des FFI. Ils dirigent l’insurrection jusqu’à l’arrivée du premier char du capitaine Dronne, le 24 août au soir. Et après la réception de ce dernier à l’Hôtel de ville, Charles Luizet le reçoit à la Préfecture de Police à 23 h.
Le lendemain, Charles Luizet reçoit à déjeuner, vers 13 heures, le général Leclerc ; la capitulation allemande est signée ensuite, dans la salle de billard des appartements préfectoraux, par le général Leclerc et le général Von Choltitz. De Gaulle arrive à Montparnasse en fin d’après-midi, et se rend au Ministère de la Guerre où « les deux piliers de l’État que sont, en l’attendant, le préfet Charles Luizet et le délégué général Alexandre Parodi, viennent faire le point avec lui » (Jean Lacouture). Ils organisent ensemble la journée du lendemain, et le général part pour la préfecture de Police où Luizet lui présente ses collaborateurs, pendant que la musique des gardiens de la paix joue la Marseillaise et la Marche lorraine. Puis, il repart pour l’Hôtel de Ville où il arrive à 19 heures 15. Le défilé de la Libération sur les Champs-Élysées du 26 août est surveillé par Charles Luizet que l’on voit, à l’Arc de Triomphe, prendre les ordres du général. Le Te Deum à la cathédrale Notre-Dame de Paris est perturbé par des tireurs que Luizet considère être des miliciens.
Préfecture de police
Les mois qui suivent la Libération de Paris sont éprouvants, car il convient de remettre en marche l’État. Les tensions sont vives entre les anciens de la France libre, les résistants, les FFI, et les considérations politiques ne sont pas absentes. L’épuration bat son plein, et il n’est pas facile d’arbitrer entre les différentes factions. Luizet se bat pour obtenir l’attribution de la Légion d’honneur à la Préfecture de police, ce qui hérisse quelque peu le poil des militaires. Il est en première ligne pour appliquer les directives gouvernementales, notamment en matière de sécurité publique : c’est l’époque de Pierrot le fou et du célèbre Gang des Tractions Avant, spécialisé dans les braquages . Sur la proposition de Marthe Richard, Charles Luizet décide la fermeture des maisons closes dans les 3 mois. C’est l’époque de l’épuration, avec les vengeances personnelles, les abus, les lettres anonymes, etc.
Pendant deux ans et demi, Charles Luizet tiendra les rênes de la Préfecture ; mais De Gaulle est parti en janvier 1946, ses protégés sont devenus des obstacles. Charles Luizet est écarté, en mars 1947, de la Préfecture dans l’affaire Joanovici, même si, comme le dit le ministre de l’Intérieur Édouard Depreux « sa probité n’est pas mise en doute ». Car des problèmes de santé l’affectent : il a été opéré en janvier d’une tumeur au cerveau, et il a beaucoup de mal en s’en remettre.
AEF
En mai 1947, il est nommé Gouverneur général de l’AEF (Afrique-Équatoriale française) et part pour Brazzaville. Mais sa santé décline ; il est pris de malaise au cours d’une inspection au Tchad, et il est rapatrié à Paris où il décède le 21 septembre 1947. Il est enterré au cimetière de Passy.
Décorations et hommages
- Commandeur de la Légion d’honneur
- Compagnon de la Libération - décret du 17 juillet 1945
- Croix de Guerre des TOE (3 citations)
- Médaille de la Résistance
- Commandeur du British Empire (ordre de l’Empire britannique)
- Commandeur du Ouissam alaouite
Il existe une rue Charles-Luizet à Paris.
Sources
- Gabriel Esquer : 8 novembre 1942, jour premier de la libération (Editions Charlot – 1946)
- Adrien Dansette : Histoire de la Libération de Paris –Arthème Fayard 1946
- Francis-Louis Closon : Le temps des passions (de Jean Moulin à la libération - 1943-1944) Famot
- Michel Robert-Garouel : Le Monde des 8/9 novembre 1964, "Le débarquement allié du 8 Novembre 1942. Les folles journées de l'opération Torch"
- Jean Lacouture : de Gaulle (Seuil 1984) – 3 tomes
- http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/620.html
Notes et Références
- Observatoire de Lyon (1866-1918). « M. Luizet a eu un record honorable de 37 années de service à l'Observatoire, où il est entré à l’âge de 15 ans. De 1892 à 1911, il a eu la charge de la section météorologique, dans laquelle ses méthodes précises d’observation lui ont assuré le succès. En 1897, il a entrepris l’étude des Étoiles Variables, et ses nombreuses communications concernant ce sujet ont été publiées dans les Comptes Rendus, Bulletin Astronomique, etc.… ; il a également publié une importante monographie sur les étoiles variables Céphéides. Il a acquis aussi une place éminente parmi les observateurs de doubles étoiles, et était l’un des plus grands spécialistes français dans cette branche d’astronomie. » The Observatory – janvier 1919 Dr Michel Luizet, Adjoint à l’
- Médaille de la Résistance, par le général de Gaulle lui-même, lors de ses obsèques le 11 avril 1945 à Notre-Dame (journal Le Populaire du 13 avril 1945). Anne-Marie Jeunet (1903-1945) fût décorée de la
Précédé par Charles Luizet Suivi par Amédée Bussière Préfet de police de Paris 1944 à 1947 Armand Ziwès Catégories :- Militaire français
- Résistant français
- Compagnon de la Libération
- Haut fonctionnaire français
- Gouverneur général de l'AEF
- Naissance en 1903
- Décès en 1947
- Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique
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