- Charles Coypeau d'Assoucy
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Charles Coypeau, dit d’Assoucy ou d’Assouci, ou Dassoucy, né le 16 octobre 1605 à Paris où il est mort le 29 octobre 1677, est un écrivain et musicien français.
Sommaire
La vie tumultueuse d'un musicien écrivain
D’Assoucy est le fils d’un avocat et d’une musicienne qui lui enseigne la musique. Sa formation musicale achevée, il compose des chansons et joue pour Louis XIII, puis pour Mazarin et Louis XIV. Il fait jouer sa pastorale Les Amours d’Apollon et de Daphné qui est, quelques années avant les œuvres de son ami de Lully, la première « comédie en musique » française. Les pages qui chantent à ses concerts sont également bientôt aussi connus que les « laquais de Boisrobert ».
Il devient, vers 1640, l’amant de Cyrano de Bergerac qui vit chez lui et rédige une préface burlesque, intitulée Au sot lecteur, pour son Jugement de Pâris, 1648. Cyrano rédige également une satire intitulée Pour Soucidas[1], contre un partisan qui avait refusé de lui prêter de l’argent qui prend sa défense contre un financier peu prêteur de son naturel. En 1653, suite à leur rupture, probablement pour une histoire de jalousies amoureuses et aux menaces de mort que lui adresse Cyrano, il fuit prudemment Paris où il ne reviendra qu’une fois ce dernier mort. Cyrano le poursuit de sa vindicte sur le papier avec sa satire Contre Soucidas où il l’accuse de n’être « qu’un clou aux fesses de la nature » et Contre un ingrat qu’il signe : « Votre Partie, votre Juge, et votre Bourreau ». Cyrano y dénonce l’athéisme ainsi que les penchants de Dassoucy qui lui ont valu d’être chassé de la cour puis de la société des poètes. D’Assoucy réplique avec le Combat de Cyrano de Bergerac avec le singe de Brioché au bout du Pont-Neuf qui raconte sur le mode burlesque comment Cyrano tua le singe d’un bateleur du Pont Neuf.
D’Assoucy a raconté ses errances en compagnie de deux pages dans les Aventures burlesques de Dassoucy. Souvent emprisonné pour grivèlerie, dettes de jeu ou propos outrageants, d’Assoucy sera arrêté en 1655 à Montpellier où la mise en évidence de ses mœurs faillit le conduire au bûcher : « Les femmes m’appelaient hérétique, non pas en fait de religion mais en fait d’amour » (Aventures burlesques de Dassoucy). Il sera emprisonné pour sodomie en 1652, 1655 et 1673. Chapelle et Bachaumont, ont rapporté, dans leur Voyage curieux, historique et galant, contenant plusieurs particularités très considérables, comment il en usait avec son page Pierrotin :
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- Ce petit garçon qui vous suit,
- Et qui derrière vous se glisse,
- Que sait-il ? En quel exercice,
- En quel art l’avez-vous instruit ?
- — Il sait tout, dit-il. S’il vous duit
- Il est bien à votre service
- Nous le remerciâmes bien civilement, ainsi que vous eussiez fait, et ne lui répondîmes autre chose
- Qu’adieu, bonsoir et bonne nuit.
- De votre page qui vous suit,
- Et qui derrière vous se glisse,
- Et de tout ce qu’il sait aussi,
- Grand merci, Monsieur d’Assoucy !
- D’un si bel offre de service,
- Monsieur d’Assoucy, grand merci !
Séduit par la voix de Pierrotin, le duc de Mantoue l’enlève à d’Assoucy pour en faire un castrat. Lorsque d’Assoucy retrouvera Pierrotin à la fin de 1667 à Rome, il n’y gagnera qu’un procès pour athéisme. Sorti de prison au début de 1669, il quitte Rome, muni d’une médaille en or à son effigie qui lui avait offerte le pape Clément IX. Il est à nouveau emprisonné quelques mois à Paris, en 1673, mais aura le temps de procéder à la publication de ses ouvrages avant de mourir.
Du point de vue musical, d'Assoucy reste célèbre pour avoir composé les intermèdes musicaux de la tragédie à machines Andromède de Corneille, jouée en 1650 au Petit-Bourbon, avec des machines et des décors de Torelli. Les Amours d'Apollon et de Daphné en revanche, ne furent jamais représentés.
Vers 1671, lorsque Molière se brouilla irréparablement avec Jean-Baptiste Lully, qui avait été alors son alter ego musical pour ses pièces, il songea d'abord à d'Assoucy pour le remplacer. Soit qu'il lui eût parlé, soit que la chose fût arrivée à ses oreilles, d'Assoucy, qui venait juste de rentrer à Paris de retour d'Italie, le sut. Quand le choix de Molière se porta sur le jeune Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), le vieux musicien-poète manifesta à Molière sa colère sous la forme d'une lettre, qui a été publiée et nous est parvenue. Il y affirme entre autres que Charpentier a eu besoin de lui « dans Rome » (Charpentier était allé étudier la musique auprès de Carissimi) et termine en affirmant à Molière qu' « il s'en faut d'une paire d'échasses que sa musique soit à la hauteur de vos vers ».
Notes
- Inversion de d’Assouci
Œuvres en ligne
- Aventures burlesques de Dassoucy, Éd, préf. et notes Émile Colombey, Paris, A. Delahays, 1858
- Combat de Cyrano de Bergerac avec le singe de Brioché, au bout du Pont-Neuf, Paris, M. Rebuffe le jeune, 1704
- Le Jugement de Pâris en vers burlesques, Paris, T. Quinet, 1648
- L’Ovide en belle humeur, Paris, Ch. de Sercy, 1650
- Poësies et lettres de M. Dassoucy, contenant diverses pièces héroïques, satiriques et burlesques, Paris, J.-B. Loyson, 1653
- Le Ravissement de Proserpine, poème burlesque d’après Claudien, Paris, P. David et E. Pepingué, 1653
- Les Rimes redoublées de M. Dassoucy, Paris, Claude Nego, 1671
Bibliographie
- Dominique Bertrand (éd.), Avez-vous lu Dassoucy ?, Clermont-Ferrand, Presses de l'Université Blaise Pascal, 2005 (ISBN 2845162774)
- « Les Aventures de M. Dassoucy » in Les Libertins du XVIIe siècle, Gallimard, La Pléiade, t. 1, 1998
- Jean-Luc Hennig, Dassoucy et les garçons, Paris, Fayard, 2011 (ISBN 2213655796)
Voir aussi
- Sa biographie et son œuvre sur le site CÉSAR
Catégories :- Écrivain français du XVIIe siècle
- Dramaturge français du XVIIe siècle
- Compositeur français de la période baroque
- Histoire de l'homosexualité en France
- Naissance en 1605
- Naissance à Paris
- Décès en 1677
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