Carl 9000

Carl 9000

HAL 9000

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HAL observe l'activité dans le vaisseau grâce à des caméras, renvoyant une couleur rouge et donnant l'impression d'un œil.

HAL 9000 est un puissant ordinateur doté d'intelligence artificielle, gérant le vaisseau spatial Discovery One dans le célèbre film 2001 : L'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (1968), ainsi que dans sa suite 2010 : L'Année du premier contact de Peter Hyams (1984), et dans les romans écrits en parallèle avec les films.

Sommaire

Histoire

2001

Dans 2001, HAL est le système informatique embarqué du vaisseau habité Discovery One, chargé d'enquêter à l'autre bout du système solaire sur le signal émis par le monolithe lunaire vers un point proche de Jupiter. HAL est pour ainsi dire le sixième membre de l'équipage, doté de la faculté de prendre des décisions et gérant tous les systèmes de navigations, de contrôle et de communication du vaisseau. Parmi les cinq membres humains de l'équipage, David « Dave » Bowman et Franck Poole se répartissent les créneaux horaires, les trois autres, Whitehead, Hunter et Kaminski étant en hibernation. En principe, HAL est capable de gouverner le vaisseau seul.

Au cours de la mission, HAL annonce une défaillance mineure du vaisseau : l'un des circuits de l'antenne de communication avec la Terre, l'élément AE 35, doit être remplacé, faute de quoi il cessera d'être opérationnel dans les 72 heures. Franck effectue une sortie extravéhiculaire (EVA) pour remplacer le circuit. Mais l'examen du circuit censé être défaillant ne révèle aucune anomalie. Franck et Dave s'isolent alors dans une capsule de sortie, de telle sorte que HAL ne puisse les entendre, et s'interrogent sur la possibilité d'une défaillance, non du composant, mais de HAL lui-même, puisqu'il a commis une erreur en prédisant la panne. Ce qui signifie que l'ordinateur central du vaisseau présente un bogue majeur. Ainsi, au cas où les fonctions « intellectuelles supérieures » de HAL devraient être « déconnectées », les deux hommes se demandent ce que celui-ci en penserait. Cependant, HAL suit leur conversation en lisant sur leurs lèvres.

Au cours d'une sortie suivante de Franck, HAL prend le contrôle du petit véhicule d'opérations extérieures et percute volontairement l'astronaute, qui est détaché de sa drisse par le choc et propulsé dans l'espace. Dave, qui croit ce décrochage accidentel, sort le chercher dans un autre véhicule. Pendant son absence, HAL inactive les contrôleurs cardiaques, respiratoires et métaboliques de l'hibernation pour tuer les trois astronautes « endormis ». Une LED s'allume, émettant un bip dans le vaisseau vide, affichant en vain un message d'alerte : « Erreur système - Fonctions vitales en danger » (« Computer Malfonction/Life functions critical »). Puis, quand Dave revient, HAL lui refuse l'entrée du vaisseau. Dave parvient à ouvrir une écoutille de secours (emergency hatch) depuis son véhicule (HAL avait supposé, conformément à l'utilisation prévue de ces écoutilles, que cela n'était possible qu'avec un scaphandre). Dave s'introduit alors dans les unités de stockage de HAL (Logic Memory Center) et déconnecte les blocs-mémoires holographiques renfermant les couches logicielles supérieures émulant l'intelligence, ne conservant que les fonctions purement automatiques indispensables au vaisseau. HAL perd donc son apparente personnalité. Régressant progressivement au fur et à mesure que les barrettes de mémoires sont déboitées, HAL dit « J'ai peur », semblant être conscient de l'évaporation de son égo : « Mon esprit s'en va, je le sens » (« My mind is going[1]... I can feel it »). Dave se demande si HAL éprouve réellement la peur ou la simule pour tenter de le dissuader de le débrancher. Cette question reste à jamais sans réponse....

2010

Dans 2010, le docteur Chandra, concepteur de HAL, fait partie de l'équipe chargée d'enquêter sur le sort de Discovery. Il réactive HAL, et progressivement, le ramène à son niveau d'intelligence ancien, après avoir effacé les parties de sa mémoire correspondant aux événements de 2001. Chandra explique ensuite les raisons des crimes de HAL : HAL était chargé d'aider les humains dans leur mission, mais il devait cacher à Franck et Dave l'objet réel de la mission. Cette contradiction à ses yeux lui fit percevoir la Terre comme dangereuse. Dans l'équivalent d'un acte manqué humain, il exprima cette méfiance de la Terre qu'il cachait en déclarant défaillante l'antenne de communication avec la Terre. Puis, Dave et Franck ayant compris qu'il ne fonctionnait plus correctement, il les perçut comme une menace pour lui. Or, HAL était persuadé qu'il pouvait réaliser la mission sans eux, mais pas l'inverse, et avait été programmé pour placer la mission au-dessus de tout. Il décida donc d'éliminer les humains à bord.

À la fin de 2010, HAL doit jouer un rôle crucial dans la manœuvre permettant aux humains de fuir rapidement l'orbite de Jupiter. Mais Discovery doit être abandonné, alors que les astronautes pensent qu'il sera détruit en restant là.

Le livre et le film diffèrent sur ce point : dans le livre, Chandra parvient à convaincre HAL de jouer son rôle alors que les humains ne justifient pas leur départ précipité, illogique pour HAL qui pense qu'il y a un phénomène crucial à observer. Dans le film, Chandra confesse à HAL qu'ils fuient par peur de ce phénomène, et que HAL risque d'être détruit par ce même phénomène. HAL remercie Chandra de lui avoir dit, et joue son rôle.

Finalement, Dave, devenu un être d'énergie pure, parvient à convaincre les êtres qui l'ont fait évoluer d'en faire autant pour HAL.

2061 et 3001

Dans 2061, on retrouve HAL en même temps que Dave. Dans les précédentes années, ils ont œuvré à comprendre le monolithe. On apprend que le monolithe est un ordinateur bien plus performant que HAL, mais qui contrairement à HAL, ne pense pas.

Dans 3001, HAL et Dave ont fusionné ; on appelle l'entité résultante « Halman ». Halman aide les humains à détruire le monolithe. Son propre destin n'est pas vraiment connu, mais il a précisé qu'il disposait de plusieurs recours possibles pour ne pas être détruit lui-même.

SAL 9000

Dans 2010, on découvre la réplique de HAL, SAL 9000, qui est restée sur Terre. SAL est désignée au féminin car sa voix est celle d'une femme indienne. Visuellement, son « œil » est bleu, alors que celui de HAL est rouge.

Dénomination

HAL est l'acronyme de « Heuristically programmed ALgorithmic computer » (littéralement « ordinateur algorithmique programmé heuristiquement »). Dans la version française de 2001, son nom est adapté en CARL 500, soit « Cerveau Analytique de Recherche et de Liaison », ce qui est une traduction approximative (d'ailleurs abandonnée dans 2010, puisque l'auteur y commente ce qui suit).

On s'est très vite aperçu que le sigle HAL correspondait à IBM par décalage d'un rang de chacune des lettres (H devient I ; A devient B ; L devient M). Stanley Kubrick et Arthur C. Clarke ont toujours démenti que cette correspondance soit volontaire (y compris par l'intermédiaire d'un personnage dans 2010 : Odyssée deux). Dans son mot d'adieu à la fin de 3001 : L'Odyssée finale, Clarke répète que le lien n'est pas volontaire, mais que cela ne lui pose plus de problème depuis qu'IBM s'est dit flatté du rapprochement. Ironiquement, un plan rapide de 2001 montre un ordinateur IBM dans la navette amenant le Dr Floyd à la station spatiale.

L'informatique des années soixante et spéculations

Ce n'est pas uniquement par la célébrité du film de Stanley Kubrick que l'ordinateur HAL 9000 est passé à la postérité, mais aussi par la précision et le sérieux avec lequel les conseillers techniques du film ont imaginé cette « speculative fiction ».

À l'époque où le scénario a été conçu (vers 1965-1967) par Kubrick et Clarke, la direction que semblaient prendre les progrès en matière de « cerveaux électroniques » (selon la terminologie de l'époque) rendait cette anticipation très crédible. En effet, les calculateurs centraux déjà en usage dans les banques, les compagnies d'assurances, les administrations, etc., l'observation des recherches en cours dans le domaine de l'intelligence artificielle, et enfin les moyens de calcul croissants exigés par la conquête de l'espace balbutiante faisaient inévitablement imaginer les systèmes intelligents de l'avenir comme de grosses unités centrales (mainframes) gérant en étoile de multiples périphériques (des terminaux).

Kubrick et ses conseillers scientifiques voulaient une anticipation vraisemblable, donc bien documentée. Or, en 1968, le microprocesseur n'existait pas, les souris et les interfaces graphiques étaient encore dans les cartons de Douglas Engelbart (pour n'en sortir que quelques années plus tard), l'informatique restait lourde et encombrante (les dits « mini » ordinateurs faisaient la taille d'une armoire) et le modèle le plus célèbre de l'époque, l'IBM 360 (dont le design de HAL est, à l'évidence, inspiré) occupait une large pièce.

Kubrick et Clarke ne purent donc imaginer autre chose qu'un grand système omnipotent, qu'ils dotèrent de ce que les progrès de l'époque laissaient croire proches : la synthèse et la reconnaissance vocales parfaites, une reconnaissance visuelle, une interface homme-machine naturelle, des unités d'entrée extrêmement souples et, surtout, une émulation du raisonnement humain aussi fidèle que possible à son modèle.

Quarante ans plus tard, l'intérieur de ce qui est supposé être l'unité centrale de stockage et de calcul, ces alignements rougeâtres de blocs mémoire (Logic Memory Center) ainsi que les circuits censés gérer les opérations émulant l'intelligence (ces blocs transparents si impressionnants) que l'astronaute David Bowman (Keir Dullea) déconnecte, surprennent par leur énorme encombrement. Par ailleurs, les grosses machines centralisées sont devenues minoritaires, HAL représentant à ce point de vue le parfait contraire des architectures en réseau modernes, telles que l'Internet. Néanmoins, le stockage holographique proposé pour HAL (ce point est confirmé dans le roman 2010, Odyssée deux) est, sinon dans la forme, néanmoins sur le principe, régulièrement annoncé comme une évolution prochaine des systèmes de mémoire de masse. Sur ce point, Kubrick et Clarke avaient été bien renseignés et il semble que leur prédiction ne soit pas loin de se réaliser.

Enfin bien des prouesses de HAL, compatibles avec le test de Turing, sont largement hors de portée des ordinateurs d'aujourd'hui (parler couramment, faire preuve de psychologie, reconnaître un visage d'après un dessin).

D'un point de vue cinématographique, Kubrick a rendu le « personnage » plus marquant encore par quelques trouvailles géniales, prenant le contrepied des clichés de l'époque. Ainsi, au lieu de donner au calculateur une voix synthétique inhumaine (à l'époque les exemples ne manquaient pas : Le Cerveau d'acier (1970), ou encore les Daleks de Doctor Who), il fit le pari risqué de lui donner celle d'un acteur shakespearien, Douglas Rain (la voix française était celle de François Chaumette). Les terminaux rouges disposés en tous les points névralgiques du vaisseau spatial, observant les astronautes constamment, font inévitablement penser aux « télécrans » du 1984 d'Orwell, renforçant l'un des messages du film, à savoir la menace de la technique dévorante.

Divers

Transcription des communications d'Apollo 13 à propos de HAL

Notes et références

  1. La version allemande était particulièrement imagée : « Mein Gedächnis schwindet », ce qui se traduit par « mes souvenirs s'évaporent » (comme la neige qui fond).
  2. (en) « Apollo 13 Technical Air-to-Ground Voice Transcript » (21 Mo), avril 1970, cassette 8/2, p. 46 (p. 53 du fichier PDF), sur le site de la NASA.

Articles connexes

  • [Intelligence artificielle]

Liens externes

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