Butō

Butō
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Ushio Amagatsu et Sankaï Juku dans Toki en 2006.

Le butō est une danse née au Japon dans les années 1960. Cette « danse du corps obscur » s'inscrit en rupture avec les arts vivants traditionnels du et du kabuki, qui semblent impuissants à exprimer des problématiques nouvelles. Né en réaction aux traumatismes laissés par la Seconde Guerre mondiale, le butō est fondé par Tatsumi Hijikata (1928-1986), avec lequel collabora Kazuo Ōno (1906-2010). Le terme japonais butō (舞踏) est composé de deux idéogrammes ; le premier, bu, signifie « danser » et le second, tō, « taper au sol ». Il désigne depuis le XIXe siècle les danses étrangères importées au sein de l'archipel. À sa naissance, le butō a été nourri par les avant-gardes artistiques européennes (parmi lesquelles l'expressionnisme allemand, le surréalisme, la littérature des écrivains maudits d'Occident, etc.)

Le butō est imprégné de bouddhisme et de croyances shintô. Cette danse, proche de la performance, n'est pas spectaculaire au sens où elle relève d'une introspection, d'une disponibilité au monde. Explorant les spécificités du corps japonais, le butō aborde des thématiques universelles. Née dans un contexte sociopolitique d'après-guerre, cette danse subversive se caractérise par sa lenteur, sa poésie et son minimalisme. Elle évoque une imagerie grotesque, des sujets tabous, des environnements extrêmes, absurdes. Le butō est couramment dansé avec le corps presque nu, peint en blanc et le crâne rasé, souvent interprété avec des mouvements extrêmement lents avec ou sans public. Mais, il existe autant de formes de butō qu'il existe de danseuses et de danseurs. Il n'y a pas de style fixé, cela peut être purement conceptuel sans aucun mouvement. Ici, l'artiste sonde les instances de son esprit, sa relation au cosmos et l'inscription de son être au cœur de l'univers.

Sommaire

Naissance du butō

Sous son pseudonyme, Tatsumi Hijikata conçoit en 1959, une brève performance, véritable acte de naissance de la danse butō. Intitulée Kinjiki, cette action radicale fut la source d'un scandale retentissant. Cette performance sans musique est seulement précédée et suivie d'un air de blues à l'accordéon. La mise en scène est dépouillée à l'extrême et ne comporte ni décor ni effet artistique. Cette performance, d'une durée de dix minutes, est proche des happenings nés aux États-Unis et créés par des artistes plasticiens à la même période.

Hiroshima

Les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki ne sont que contingents à cette dynamique. En fait, en 1945 beaucoup d'artistes japonais se posèrent la question de ce que signifiait toute représentation esthétique dans la culture japonaise dans un maintenant qui se situait après la capitulation sans condition ainsi que le bombardement d’Hiroshima et Nagasaki. L'exploration des continents inédits entrevus par l'émergence de la danse contemporaine en Allemagne, plus ou moins entre le cabaret et Mary Wigman, les amena progressivement à parcourir le champ libre du corps comme matérialité. Ceci suscita le rejet, voire le dégoût, dans la culture nippone de l'époque. En revanche, en Europe, l'aspect auto-référent ou parodique de la scène occidentale passa complètement inaperçu et suscita une véritable fascination pour cette danse de l'extrême et de l'exacerbation totale.

Générations de butō

Trois générations de butō se sont succédé.

  • Seule Tomiko Takai continue dans la voie des pionniers.
  • La seconde génération désigne les danseurs nés entre 1943 et 1947. Elle compte nombre de danseurs prestigieux parmi lesquels Carlotta Ikeda (compagnie Ariadone), Masaki Iwana, Ushio Amagatsu et Toru Iwashita (du groupe Sankaï Juku).
  • La troisième génération (depuis les années 1950) compte des danseurs comme Atsuschi Takenutchi ou Maki Watanabe, et des danseurs émergents plus jeunes.

Dans les années 2000, on peut considérer que la question du butō ne se pose plus contre la tradition. Il existe seulement une danse contemporaine japonaise d'inspiration butō. Quant à la problématique des danseurs occidentaux qui revendiquent une appartenance au butō, elle relève en partie d’une question d'« auto-certification ».

Bibliographie sélective

  • Odette Aslan, Butō(s), avec des photographies, Paris, CNRS Éditions, coll. « Arts du spectacle », 2004.
  • Tatsumi Hijikata (texte & performance), Eikô Hosoe (photographies), Kamaitachi ["Faucille de belette"], New York, Aperture, édition limitée réeditée en 2009 à partir de l'édition originale (Tokyo, Gendai Sicho-sha, 1968)
  • Ushio Amagatsu (texte), Guy Delahaye (photographies), Sankaï Juku, Arles, Actes Sud, 1994.
  • Ushio Amagatsu, Dialogue avec la gravité, trad. Patrick de Vos, Arles, Actes Sud, coll. « Le Souffle de l'esprit », 2000.
  • Jean-Marc Adolphe (introduction), Laurencine Lot (photographies), Carlotta Ikeda Danse butō et au-delà / butō dance and beyond, Favre, 2005.

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Butō de Wikipédia en français (auteurs)

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