- Bronisław Geremek
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Bronisław Geremek, né Benjamin Lewertow est un historien médiéviste et homme politique polonais, né à Varsovie le 6 mars 1932 et mort le 13 juillet 2008 près de Lubień (à Nowy Tomyśl, Pologne).
Sommaire
Biographie
Juif rescapé du ghetto de Varsovie dont il s’est échappé en 1943[1], Bronisław Geremek entre en 1950 au Parti ouvrier unifié polonais (communiste, au pouvoir) et y reste jusqu'en 1968.
En 1954, il est diplômé d'histoire de l'université de Varsovie. Il étudie en France en 1956-1957, à l’École pratique des hautes études. Fin 1962, il prend la direction du Centre de civilisation polonaise qui vient d’être créé à la Sorbonne, qu'il conserve jusqu'en 1965. Dans ces années-là, il rejoint le courant dit « révisionniste » du Parti communiste français.
À l'époque, il est marxiste convaincu, mais prend toutefois ses distances avec les partis communistes quand les chars soviétiques mettent fin au printemps de Prague. De 1965 à 1980, il enseigne à l’université de Varsovie. Passé dans l’opposition et devenu membre du Comité de défense des ouvriers (KOR), il assiste aux grandes grèves de Gdańsk en 1980 et rejoint le mouvement syndical Solidarność. Il fait partie des négociateurs "intellectuels" que Walesa voulait à ses côtés pour négocier avec les autorités, ce qui aboutit aux accords de Gdansk (31 août 1980). Il y incarne le collectivisme autogestionnaire antistalinien. Il se lie aux milieux intellectuels catholiques et devient conseiller personnel de Lech Wałęsa. Á la suite du coup d’État du général Jaruzelski en 1981, il est interné durant deux ans et demi[2].
Après sa libération, il est l'un des animateurs d'un comité pour la sortie pacifique du communisme et sera l'un des négociateurs du compromis du printemps 1989 qui prévoit la constitution d'un parlement à deux chambres, le Sénat, pour lequel les candidatures seront libres et le Sejm pour lequel le Parti Communiste se réserve les deux-tiers des sièges. A la suite des élections qui suivent, il est élu président du groupe parlementaire Solidarité au Sejm. Après l’effondrement des régimes communistes d'Europe centrale, il est élu député au Parlement polonais (Sejm) et devient ministre des Affaires étrangères de 1997 à 2000 et, en parallèle, président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 1998.
Après avoir été élu aux élections européennes de juin 2004 sous les couleurs de son parti, l’Union des libertés (Pologne) (UW), il présente sa candidature au poste de président du Parlement européen. Soutenue par les Libéraux et les Verts pour sa portée emblématique, sa candidature dérangeait la droite et la gauche du Parlement. Finalement, le 20 juillet 2004, c'est le socialiste Josep Borrell qui est élu avec 388 voix ; Bronislaw Geremek a obtenu 208 voix (alors que l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe ne compte que 88 membres et les Verts qui le soutenaient 42 députés).
Ses activités politiques ne l’empêchent pas d'exercer un rôle important au sein du Collège d'Europe de Bruges et de Natolin : le campus polonais, créé en 1993 dans un ancien château près de Varsovie, sur le modèle de celui de Bruges qui prépare des étudiants en fin d'études, de nationalités différentes, aux carrières européennes. Il y dirige la chaire de Civilisation européenne. En 1992-93, il assure au Collège de France un cours sur l'« Histoire sociale, exclusions et solidarité ».
Il a obtenu le Prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle.
D'après la liste arrêtée au 11 novembre 2003, il est membre du Comité d'orientation scientifique de l'association fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn, À gauche en Europe.
En 2004, il devient vice-président du Conseil de surveillance de la Fondation pour l'innovation politique.
En 2006, il succède au professeur Henri Rieben comme président de la Fondation Jean-Monnet pour l'Europe. À ce titre, il préside à de régulières manifestations au siège de fondation à Lausanne, telle la remise de la médaille d'or à l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, le 25 janvier 2007.
En avril 2007, il refuse de se conformer à une loi de "lustration" votée en Pologne en octobre 2006, imposant aux personnalités publiques de déclarer leurs éventuelles anciennes activités avec la police secrète communiste. Il est en conséquence menacé d'être déchu de son mandat de député européen. Bronisław Geremek avait pourtant lui-même voté une loi similaire qui date du 11 avril 1997 (sous le gouvernement de centre-gauche de Włodzimierz Cimoszewicz) et avait même signé sa déclaration en 2002 (obligatoire tous les 5 ans), précisant qu'il n'avait pas collaboré avec les services secrets. Au moment où il est venu étudier puis travailler en France, les services polonais exigeaient des ressortissants polonais quittant légalement le territoire qu'ils collaborent avec les services secrets, mais il est possible que cette collaboration n'ait jamais été effective.
La position de refus de Bronisław Geremek contre la nouvelle loi de lustration porte sur la procédure qui fait intervenir un institut indépendant dépositaire des archives de la police secrète, au lieu de reposer sur des procédures judiciaires plus habituelles, censées mieux garantir les libertés individuelles et les droits de la défense. De nombreuses personnalités et mouvements politiques européens ont apporté leur soutien à Bronisław Geremek. Mais certains membres, comme le Britannique Daniel Hannan, le soupçonnent d'avoir voulu instrumentaliser la situation pour monter le parlement contre la coalition de droite au pouvoir.
Le 11 mai 2007, la Cour constitutionnelle de la Pologne a rejeté la majeure partie de cette nouvelle loi et notamment la clause qui aurait obligé près de 700 000 personnes à signer des déclarations certifiant qu'elles n'avaient jamais collaboré avec les services secrets de l'ancien régime.
Il se tue dans un accident de voiture le 13 juillet 2008 dans l'Ouest de la Pologne, près de Lubień[3].
Distinctions et Honneurs
- Officier de la Légion d'honneur
- Grand-croix de l'Ordre de Léopold II
- Grand officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne
- Docteur honoris causa de l'Université Jagellonne de Cracovie en 2005[4]
- Docteur honoris causa de l'Université Lyon 2 en 2005http://webtv.univ-lyon2.fr/article.php3?id_article=322
Bibliographie
- Le salariat dans l’artisanat aux XIIIe-XVe siècles. Étude sur le marché de la main-d’œuvre au Moyen Âge, Paris-La Haye, Mouton, 1968
- Les Marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, Flammarion, 1976
- La Potence et la pitié. L'Europe des pauvres, du Moyen Age à nos jours, Gallimard, 1987
- Les Fils de Caïn. L'image des pauvres et des vagabonds dans la littérature européenne, Flammarion, 1991
- Passions communes, avec Georges Duby, Seuil, 1992 (ISBN 2-02-013410-1)
- Regards sur la France, ouvrage collectif, Seuil, 1992 (ISBN 978-2-02-057273-6)
Citation
"On s'est consacré à faire l'Europe, maintenant il faut se consacrer aux Européens"[5]
Références
- Décès de Bronislaw Geremek, sur le site de France Soir.
- article en ligne Hélène Despic-Popovicet Maja Zoltowska, Bronislaw Geremek, une vie de Solidarité avec la Pologne, in Libération, 14/07/2008,
- « L'ancien dissident polonais Bronislaw Geremek est mort », LeMonde.fr avec Agence France-Presse, 13 juillet 2008
- (pl) Uniwersytet Jagielloński w Krakowie - Wyróżnienia - Godność doktora honoris causa
- http://www.dailymotion.com/relevance/search/geremek+europe/video/x5dcxo_bronislaw-geremek-le-rendezvous-des_news souvent rapportée comme une citation de Geremek par sa collègue du Parlement Nathalie Griesbeck. Il renforce indirectement l'idée dans cette vidéo également
Liens externes
- Intervention Colloque : Trajectoires de l’Europe, unie dans la diversité depuis 50 ans, mars 2007
- Interview de Bronislaw Geremek au sujet de la construction européenne sur European NAvigator (réalisée le 11 juin 2008)
- Entretien et portraits de Bronislaw Geremek par Ariane Laroux dans Portraits Parlés, éditions de l'Âge d'homme
- « Marc Bloch, historien et résistant »une conférence de Bronislaw Geremek lue par Jacques Le Goff en juin 1986, l'auteur étant "empêché par la situation polonaise de se rendre à Paris"
- Vidéo: Bronislaw Geremek en 2003, une archive de la Télévision suisse romande
- Pour aller plus loin sur la position de B. Geremek sur la loi de lustration de 2007
- Texte intégral de l’émission de France Culture, du 18 Juillet 2008, « La Fabrique de l’Histoire », par Emmanuel Laurentin, en hommage à Bronislaw Geremek
Catégories :- Historien polonais
- Personnalité du Parti ouvrier unifié polonais
- Député européen de la délégation polonaise 2004-2009
- Ministre des Affaires étrangères ou équivalent
- Professeur au Collège de France
- Universitaire polonais
- Étudiant de l'université de Varsovie
- Officier de la Légion d'honneur
- Grand-croix de l'ordre de Léopold II
- Récipiendaire de l'ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne
- Naissance en 1932
- Naissance à Varsovie
- Décès en 2008
- Mort dans un accident de la route
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