Bourgeoisie De Marseille

Bourgeoisie De Marseille

Bourgeoisie de Marseille


La bourgeoisie de Marseille, la troisième ville de France, du temps de l'Ancien Régime, bénéficie de privilèges différents, mais équivalent à ceux du second ordre[évasif]. La noblesse joue d'ailleurs un rôle de second plan dans la vie de la cité. Cette ville de Provence est elle-même privilégiée par rapport à d'autres ports français.

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Sommaire

Les privilèges des bourgeois de Marseille

Du fait de règles d'hygiène plus draconiennes, la bourgeoisie de Marseille protestante est beaucoup moins touchée par la peste de Marseille de 1720 que les autres habitants de la ville.

Devenir bourgeois de Marseille en 1735, n'est pas chose aisée. La qualité de bourgeois est à Marseille en général héréditaire. A Paris, le délai avant de devenir bourgeois est seulement d'un an et un jour, mais à Marseille il est de 12 ans. Il faut également acheter une maison d’une valeur d’au moins 10.000 livres. Un serment au roi, seigneur de Marseille, est exigé pour être admis parmi les bourgeois de la ville et un vote en faveur du candidat au Conseil de la ville[1].

Ce droit de bourgeoisie à Marseille donne des privilèges presque plus importants que ceux de la noblesse. Les nobles paient certains impôts, alors que les bourgeois marseillais ne paient ni tailles, ni impôts directs, ou presque.

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Comme, les bourgeois sont échevins, le Conseil municipal préfère taxer les denrées de première nécessité, comme le pain, plutôt que les objets de luxe.

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Les privilèges de Marseille datent presque tous de l'époque du rattachement de la Provence au royaume de France, le 15 janvier 1482. Mais en réalité la ville va de tout temps prospérer à l'ombre de ses libertés antiques et être une sorte de république sous ses vicomtes[2] et du temps des rois, qu'ils soient de Provence ou de France.

Les échevins

Armoiries de quatre familles d'échevins

Les échevins jouent très tôt, dans l'histoire de la cité, un rôle majeur dans la vie politique marseillaise . Le premier souci de Louis XIV est de supprimer la magistrature consulaire, réservée aux gentilshommes et de la remplacer par de nouveaux administrateurs, qui sous le titre d'échevins sont choisis parmi les négociants et les commerçants. Ce système va fonctionner pendant un siècle et demi, de 1660 à 1789[3].

Depuis 1767, la ville est dirigée par un maire noble, quatre échevins (deux négociants et deux bourgeois), un assesseur (toujours un avocat), et 36 conseillers élus pour trois ans et renouvelables par tiers annuellement (9 nobles, 3 avocats, 9 négociants, 9 bourgeois, 6 marchands tenant boutique). L'ensemble des conseillers et des magistrats municipaux élit chaque année, le 28 octobre, les responsables qui doivent être renouvelés. La procédure combine le tirage au sort, la présentation de candidats, et le vote.

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Tous les membres de la municipalité sont assujettis à des conditions de fortune. L'administration de Marseille est donc solidement tenue par une oligarchie, au sein de laquelle le commerce joue un très grand rôle. Une proportion d'environ 15 % des Marseillais s'adonne au commerce et aux activités qui lui sont liées. Au sein de cette catégorie, les 3 % de négociants tiennent le haut du pavé [4].

En 1789, Marseille prend nettement parti dans la question des États généraux. Lors d'une délibération du 29 décembre 1788, le conseil municipal supplie le roi d'accorder au Tiers dans cette assemblée un nombre de députés supérieur à celui des députés du clergé et de la noblesse réunis. Le Conseil réclame en outre que l'on pratique le vote par tête au sein des États[4].

Les privilèges de la ville de Marseille

Intérieur du port de Marseille (1754)
Les privilèges des bourgeois de Marseille ne sont pas limités qu'à certains impôts. Les négociants qui sont un groupe socio-professionnel composite ont un rôle économique prééminent, sinon dominant. Or, les négociants avec l’outre-mer peuvent faire des échanges avec la Méditerranée occidentale et orientale, sans payer un droit de 20 % sur les marchandises du Levant, comme les autres ports français. 400 navires marseillais fréquentent les échelles du Levant et de la Côte des Barbaresques.

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L’Édit de 1669, conforme à la politique colbertiste, a même assuré la franchise du port et instauré le monopole du commerce marseillais, renforcé par l’arrêt du juillet 1703. Les négociants développent les échanges avec les Antilles et les colonies américaines.

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Marseille est le 1er port pour la Méditerranée, mais il est le second pour l'Atlantique.

Marseille est une ville très attractive. Les marchandises les plus courantes qu’il y négocie ou transporte sont donc exonérées de taxe. Les négociants sont peu nombreux à la fin du XVIIe siècle, 275, mais 600 à la fin du XVIIIe siècle. C’est un monde vivifié en permanence par l’émigration... Talents, richesses, projets : tout chez nous tend vers Marseille, écrit Bérenger l’écrivain provençal du XVIIIe siècle.

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Les négociants avec l'outre-mer

Entrée du Vieux-Port en 1695

Une dizaine de familles de négociants avec l'outre-mer et l'Europe possèdent une partie de la ville : Rémusat, Roux, Boréli, Payan, Samantan, Seimmandy, Hugues, Rabaud, Tarteiron, Latil, Clary, Audibert... et détiennent l'échevinat pendant 150 ans. Gaspard Rey est marchand, magasinier, entrepreneur de vivres et de munitions pour les armées dans les arsenaux du Roi. Dans cette famille Rey, ils choisissent de devenir secrétaires du Roi en 1735. Cette charge a été créé par Louis XIV en vue d'anoblir les bourgeois du négoce[5]. Mais l'anoblissement n'est pas la condition pour devenir riche et puissant à Marseille. Il n'en est que la conséquence. Georges Roux, négociant, corsaire, obtient l’érection de sa terre de Brue en marquisat, du fait des services qu’il a rendus à la colonisation de La Martinique.

L'entreprise capitaliste et le mode capitaliste d'accumulation des capitaux - nés des profits du négoce - ont fait leur apparition bien avant la Révolution française, à Marseille, à Cadix, à Livourne, à Londres ou à Amsterdam. Un négociant avec l'outre-mer qui a souvent commencé par être un patron de barque et un marchand, devient souvent à la fin de sa vie (ou avant) un banquier et un armateur, propriétaire de plusieurs sociétés, même à l'étranger, en particulier à Cadix et à Séville.

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Article détaillé : Patron de barque.

Nous pouvons généraliser à l'Europe du commerce cette constatation de l'historien Raoul Busquet : Dans cette ville le groupe le plus intéressant, c'est le monde du haut commerce[6]. C'est chez ces grands négociants, dans leurs familles, dans leurs charmants hôtels que nous constatons la vertu de la richesse. Ces hommes d'affaires successeurs de marchands souvent heureux de vingt siècles, portés en nombre à la fortune dans l'élan de prospérité déterminé par la volonté de Louis XIV forment une aristocratie qui n'est plus seulement une aristocratie de l'argent. Ils s'habituent alors à une vie de salon où les goûts intellectuels tiennent une grande place et dont ils embellissent passionnément le cadre d'art. Ils ne se refusent désormais aucun luxe.

Les grands noms de cette aristocratie commerciale et mondiale, de grands négociants de religion réformée, ou nouveaux catholiques, aussi remarquables par leur culture que leur virtuosité professionnelle entretiennent avec les philosophes, avec les encyclopédistes, en dernier lieu avec Necker et son entourage, des relations épistolaires suivies.

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L'académie de Marseille

Claude Louis Hector duc de Villar est le protecteur de l'académie de Marseille

Depuis 1726, Marseille possède une académie, dont le maréchal de Villars a été le protecteur. Il faut remarquer qu'à partir de 1760 ses secrétaires perpétuels sont plusieurs fois des bourgeois. Les artistes, peintres et sculpteurs, dont les ouvrages sont à cette époque de plus en plus recherchés, et forment dès 1753, une réunion et bientôt après, ouvrent une école. En 1780, leur groupe est officiellement reconnu comme Académie de peinture, sculpture et architecture civile et navale[7]

La bourgeoisie marseillaise du temps de Louis XV et de Louis XVI n'est pas entièrement francisée. Le comte de Villeneuve écrit que même les femmes de la haute société marseillaise comprennent mal le français en 1777. Des correspondances des années 1750 conservées à Nîmes présentent des alternances de français et de provençal. L'académie de Marseille se mêle avant tout d'économie et d'histoire. En dépit de la vogue des troubadours au XVIIIe siècle, elle ne s'y intéresse que quatre fois[8].

Tournés vers le reste du royaume, les salons des villes provençales puisent leur inspiration dans le mouvement des Lumières, à l'exemple des écrivains locaux à audiences française ou européenne comme Vauvenargues, Boyer d'Argens, Sade ou Mirabeau. Les bibliothèques croulent sous le ouvrages français ou étrangers.

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Ni romans écrits par des marseillais, ni philosophie, ni récit de voyage, ni littérature scientifique, ni même littérature religieuse en dehors des cantiques, même au XVIIIe siècle.

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Le théâtre et l'académie de Musique

Cette bourgeoisie qui achète leurs oeuvres aime le théâtre. Au début du XVIIIe siècle, les représentations sont données dans une salle de bois construite depuis peu à l'entrée de la rue Saint-Ferréol. Une nouvelle salle est édifiée dans la rue Vacon. Elle passe pour être la plus belle de France. Mais les élites provençales se désintéressant depuis longtemps de leur culture nationale, elles n'ont pas produit de ces talents que donnent, surtout à la langue, prestige et audience. L'oeuvre théâtrale de Bonnet-Bonneville, Coye, Pélabon est abondante. En matière de musique, bien avant 1789, des concerts hebdomadaires réunissent leurs abonnés à l'académie de musique, fondée en 1717 et reconnue par lettres patentes onze ans plus tard. On y fait d'excellente musique.

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La noblesse

Représentants de l'État visitant la galère "La Réale" en construction à l'arsenal de Marseille.
Au XVIIIe siècle les fêtes se succèdent, en particulier, une éblouissante fête sur l'eau. Les officiers et les administrateurs nobles venus de Versailles y sont à peine tolérés. La noblesse est peu nombreuse, à peu près 80 familles, dont beaucoup sortent du négoce. Les autres sont souvent des officiers de la marine royale ou de l'armée.

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En 1785, 7 dots d'épouses sont supérieures à 40.000 livres. Deux maris sont avocats et roturiers, trois sont négociants. Seuls deux nobles sont cités, l'un capitaines de vaisseaux du roi, l'autre officier de marine, tous les deux sont aussi négociants. La même année, au niveau des acheteurs de biens immobiliers de plus de 100.000 livres deux sont négociants et deux sont nobles[9].

La bourgeoisie de Marseille actuellement

Suite à la suppression en France des antiques libertés urbaines lors de la Révolution française ainsi que du statut de bourgeois ou citoyen d'une ville, et à défaut d'association regroupant l'ancienne bourgeoisie de Marseille il est difficile actuellement d'en connaître l'état actuel, contrairement à d'autres villes comme Bruxelles, avec les Lignages de Bruxelles, ou Bâle avec les daig, ou Soria avec les Lignages de Soria et de nombreuses villes européennes où les descendants des anciennes bourgeoisies restent connus.

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Liens internes

Les bourgeoisies tant de Marseille que celles des nombreuses autres villes européennes, ayant chacune ses caractéristiques propres, ses lois, son "âme", sont mal connues et ont fait l'objet de peu de recherches, voici quelques pistes vers d'autres cités:

Notes et références

  1. Guy de Rambaud, Pour l’amour du Dauphin, Anovi 2005, ISBN : 2-91418-02-5, biographie d'Agathe de Rambaud [1]
  2. Histoire de Philippe-Auguste, par Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue, p. 12
  3. Musée d'histoire de Marseille, Le siècle de Louis XIV à Marseille, 1994, p. 54
  4. a  et b Musée de Marseille, Marseille en révolution, Éditions rivages, 1989, p. 35
  5. Musée d'histoire de Marseille, Le siècle de Louis XIV à Marseille, 1994, p. 56
  6. Busquet Raoul, Histoire de Marseille, Robert Laffont, 1945, p. 306
  7. Busquet Raoul, Histoire de Marseille, Robert Laffont, 1945, p. 310
  8. Emmanuelli François-Xavier, Histoire de la Provence, Hachette 1980, p. 206
  9. Emmanuelli François-Xavier, Histoire de Marseille', Perrin 1999, pp. 121 et 123

Bibliographie sommaire

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