Wendel Dietterlin

Wendel Dietterlin
Wendel Dietterlin
Portait de Wendel Dietterlin

Naissance 1551
Pfullendorf
Décès 1599
Strasbourg
Nationalité Germanique
Activité(s) Peintre, graveur
Mouvement artistique Maniérisme
Mécènes Louis VI de Wurtemberg

Wendel Dietterlin, né à Pfullendorf en 1551[1] et mort à Strasbourg en 1599, est un peintre, ornemaniste et graveur germanique de la seconde moitié du XVIe siècle.

Sommaire

Biographie

Wendel Dietterlin (dont le vrai patronyme pourrait être Grapp[1], Dietterlin voulant simplement dire « petit Didier ») était encore très jeune quand il s'installa à Strasbourg, où il se maria en 1570 et dont il acquit le droit de bourgeoisie l'année suivante.
Très actif dans la grande cité alsacienne, il y décora en 1574 le Bruderhof[2] (un bâtiment attenant à la cathédrale, à l'emplacement actuel du Grand Séminaire), puis l'aile Renaissance de la maison de l'Œuvre Notre-Dame construite en 1579-82 par Hans Thoman Uhlberger (si les fresques en grisaille de la façade ont disparu, il subsiste quelques traces du décor intérieur) ainsi que le nouvel hôtel de ville[3] (aujourd'hui siège de la CCI) construit en 1585 par Hans Schoch.

Conrad Schlossberger, intendant du duc Louis VI de Wurtemberg, le fit venir entre 1590 et 1593 à Stuttgart pour lui confier la décoration du château de plaisance (Neues Lusthaus) ducal. L'artiste strasbourgeois y peignit une Création du monde et un Jugement dernier sur le plafond de la grande salle[4]. C'est également à Stuttgart qu'il se lia d'amitié avec l'architecte ducal Heinrich Schickhardt. Cette salle et ses fresques ont été détruites au milieu du XVIIIe siècle, mais la Staatsgalerie conserve une vertigineuse esquisse du Jugement dernier (1590).

Dietterlin fut l'un des premiers peintres à utiliser le pastel[5]. Certaines de ses compositions (L’Ascension d’Élie, L'Ascension de Jésus Christ, La Vérité triomphante, La Chute de Phaéton), peut-être dérivées de tableaux disparus, nous sont parvenues par des gravures. La Résurrection de Lazare (1582 ou 1587), conservée à la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe, semble être le seul tableau de Dietterlin encore existant. Une Crucifixion, conservée au Kresge Art Museum de l'Université d'État du Michigan à East Lansing, lui est également attribuée.

L'atelier strasbourgeois de Dietterlin fut repris par son fils, Hilaire, puis par le fils de ce dernier, Barthélémy (né en 1609), élève de Johann Wilhelm Baur, et enfin par le fils de Barthélémy, Jean-Pierre Dietterlin (né en 1642).

Architectura

Frontispice de la troisième partie (ordre ionique) du traité.

Même s'il n'a pas le statut d'architecte, se qualifiant lui-même de « peintre strasbourgeois », Dietterlin est surtout connu pour les nombreuses gravures (209 planches) de son traité d'architecture, Architectura. Von Außtheilung, Symmetria und Proportion der Fünff Seulen (« Architecture. De la disposition, de la symétrie et des proportions des cinq styles »).

Composé à Stuttgart et dédié à Conrad Schlossberger, cet ouvrage a été publié pour la première fois en deux volumes à Stuttgart et Strasbourg en 1593-94 et réédité, avec des planches supplémentaires, à Nuremberg en 1598. Il a été ensuite réédité plusieurs fois et traduit en latin et en français entre le XVIIe et le XIXe siècle.
Suivant le modèle du quatrième livre de Sebastiano Serlio (Reigles generales de l’Architecture, sur les cincq manieres d’edifices, ascavoir, Thuscane, Doricque, Ionicque, Corinthe, & Composite, auec les exemples danticquitez, selon la doctrine de Vitruve, traduction de Pieter Coecke van Aelst, Anvers, 1542) également repris par Vignole (Regola delli cinque ordini d'architettura, 1562), le livre de Dietterlin est divisé en cinq parties correspondant à autant d'ordres architecturaux : le toscan, le dorique, l'ionique, le corinthien et le composite.
Il ne s'agit cependant pas d'une interprétation classique et rationnelle, dans l'esprit de la Haute Renaissance, de l'héritage antique vitruvien. Au contraire, tout en s'inscrivant dans la lignée maniériste de la grotte des pins du château de Fontainebleau et du Livre extraordinaire (1551) de Serlio, le traité de Dietterlin pousse encore plus loin l'anticlassicisme, la veine fantastique et la surcharge décorative en imaginant notamment des portails pittoresques, « bestiaires » et « rustiques » dont l'exécution en pierre paraît inconcevable.

C'est par cette greffe des recherches de la première école de Fontainebleau sur l'exubérance gothique rhénane que Dietterlin, a exercé, à l'instar d'autres artistes d'Europe du Nord comme Hans Vredeman de Vries, une influence certaine sur l'évolution des formes artistiques. Au delà de sa contribution immédiate à l'ornementation maniériste du temps de Rodolphe II de Habsbourg, l'influence de Dietterlin est également décelable dans certaines compositions baroques, notamment au Portugal. Repérable, mais de manière très édulcorée, dans certaines façades de maisons (comme celle du 29, place Saint-Pierre à Bar-le-Duc, construite en 1604[6]), l'écho des gravures de Dietterlin se retrouve surtout dans les domaines de l'ébénisterie et de la menuiserie, moins contraignants que l'architecture. Son art est à rapprocher de celui de son contemporain bourguignon Hugues Sambin.

Notes et références

  1. a et b Édouard Sitzmann (dir.), Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace, t. I, Rixheim, Sutter, 1909, p. 382-383.
  2. Le décor du Bruderhof est attribué avec peu de vraisemblance par Sitzmann (op. cit., p. 383) à Hilaire Dietterlin, fils de l'artiste (probablement né vers cette époque).
  3. Lucien Sittler, L'Alsace, terre d'Histoire, Alsatia, 1994, p. 142. Il pourrait cependant s'agir d'une confusion avec des travaux exécutés en 1617 par son fils, Hilaire Dietterlin (signalés par Sitzmann, op. cit.).
  4. Marcellin Berthelot (dir.), La Grande encyclopédie, t. 14, Paris, Lamirault, 1892, p. 516.
  5. Eugène et Émile Haag, La France protestante, t. IV, Paris, Cherbuliez, 1853, p. 281.
  6. Charles Demoget, « Les origines de l'architecture de la Renaissance à Bar et les vieilles maisons de la ville », Annuaire de la Meuse, 1899, cité par Alexandre Martin, « Le vieux Bar », Revue lorraine illustrée, 1907/2, p. 119.

Bibliographie

  • Patricia Falguières, Le Maniérisme. Une avant-garde au XVIe siècle, Paris, Gallimard, 2004, p. 34-35.
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos, Histoire de l'architecture française. De la Renaissance à la Révolution, Paris, Mengès/éd. du Patrimoine, 2003, p. 134-135.
  • Émile Reiber (dir.), L'Art pour tous :
    • 1re année, no6, 30 mars 1861, p. 22, et no21, 15 novembre 1861, p. 82 ;
    • 2e année, no34, 30 mars 1862, p. 134, et no38, 10 mai 1862, p. 150 ;
    • 3e année, no66, 20 février 1863, p. 269, et no76, 30 mai 1863, p. 304 ;
    • 4e année, no103, 29 février 1864, p. 409, et no125, 10 octobre 1864, p. 498.

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