- Umwelt
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Selon Jacob von Uexküll et Thomas A. Sebeok, l'Umwelt (pluriel: Umwelten) signifie: l’environnement, le "monde propre"[1]. Ce concept est à la croisée des chemins de la biologie, la communication et la sémiotique chez l'animal humain et non-humain[2]. La théorie de von Uexküll explique que des organismes, bien que partageant le même environnement peuvent néanmoins avoir l'expérience de différents "mondes propres". Ainsi, une abeille qui partage le même monde propre qu'une chauve-souris, ne vivra pour autant pas dans le même monde sensoriel. L'abeille étant sensible à la lumière polarisée et la chauve-souris aux ondes issues de l'écholocation (choses leur étant réciproquement inaccessibles) auront une perception différente de leur univers au travers du prisme déformant de leurs sens propres.
Sommaire
Discussion
Chaque élément fonctionnel d'un "monde propre"" comporte une signification intrinsèque qui échappe à la perception qu'un organisme peut en avoir. Cet univers est également le monde sémiotique de l'organisme considéré (celui dans lequel il va puiser du "sens" pour y asseoir son adaptabilité). Ce monde propre peut-être aussi varié que le milieu aérien ou anaérobie, aquatique ou sous-terrain… Lorsqu'un organisme interagit avec son monde propre il le "recrée", le "reforme" pour se forger une Théorie de l'esprit (a theory of mind). La théorie explique que, pour un organisme donné, le monde tel qu'il est et l'image que cet organisme s'en fait sont indissociables. Les mondes propres d'organismes différents sont donc différents. Pourtant, ces organismes interagissent, ce qui est à l'origine de la sémiosphère.
En tant que concept, l'Umwelt" unifie donc l'ensemble des processus sémiotiques (créateur de "sens") d'un organisme. Le monde propre d'un organisme est donc la somme de ses expériences issues de ses parties fonctionnelles lui permettant d'appréhender le monde (nos cinq sens pour l'être humain). Pour survivre, chacune de ses parties fonctionnelles doivent fonctionner de concert. Cette expérience collective, propre à une espèce donnée est appelée l'"Umwelt collectif". Si quelque chose vient perturber cette vision unifiée du monde, l'organisme en sera directement affecté. Lorsque ces perceptions sont "synchrones", l'organisme développe des actions "orientées vers un but" et des "comportements intentionnels".
Il existe des similitudes entre la théorie de l'Umwelt de von Uexküll et la théorie du phénotype étendu de Richard Dawkins.
L'intuition de von Uexküll est d'avoir perçu des univers aussi variés (malgré son point de vue forcément anthropocentré) que celui de la tique, de l'oursin, de l'amibe, de la méduse ou du ver marin.
La "biosémiotique", parfois appelée "sémiotique du vivant" est composée pour von Uexküll des seuls "marqueurs" qui sont, pour l'organisme considéré, porteur de sens, de signification.
Ainsi, le cycle de vie de la tique ne répond qu'à trois stimuli externes:
- la femelle fécondée grimpe sur une branche, et attend le passage d'un animal ; lorsque le stimulus olfactif a lieu (perception d'acide butyrique, l'odeur des glandes sudoripares des mammifères), elle se laisse tomber ; si elle ne tombe pas sur un animal, elle remonte sur une branche ;
- un stimulant tactile lui permet d'aller vers un emplacement de la peau dénué de poils ;
- elle s'enfonce jusqu'à la tête dans la peau de l'animal, se remplit de sang, sa complétion est le signal l'invitant à se laisse tomber pour pondre ses œufs et mourir.
Quoique limité par rapport au nôtre, ce monde est un monde à part entière.
Critiques
La théorie du monde propre de Uexküll appliquée à l'Homme soulève de multiples critiques. Dans "Welt und Umwelt" et "Die Wahrheit der Dinge", le philosophe et sociologue Josef Pieper argue que seule la raison permet à l'être humain de vivre dans un monde ("Welt") tandis que les plantes et les animaux ne peuvent que vivre dans un "Umwelt". Cette conception plonge ses racines dans les théories de Platon, d'Aristote ou de Thomas d'Aquin et dispose de ressorts aussi puissant que celui de la rupture Homme/animal.
Voir aussi
Liens externes
- (en)Umwelt de John Deely
- (en)Umwelt and semiosphere de Kalevi Kull
- (en)Pragmatism and Umwelt-theory de Alexei Sharov
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Umwelt » (voir la liste des auteurs)
- Kull, Kalevi 2010. Umwelt. In: Cobley, Paul (ed.), The Routledge Companion to Semiotics. London: Routledge, 348–349.
- Uexküll, Jakob von 1920, 1934/1957; cf. Lorenz, Konrad 1971 (Studies in animal behaviour, Vol 2. Cambridge MA: Harvard Univ. Press)
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