- Topos (littérature)
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Un Topos (τόπος : « lieu, endroit » en grec ; au pluriel : topoï) désigne un arsenal de thèmes et d'arguments en rhétorique antique dans lequel puisait l'orateur afin d'emporter l'adhésion de ses auditeurs. Le topos a désigné petit à petit, par extension, tous les thèmes, situations, circonstances ou ressorts récurrents de la littérature[1].
Un topos devenu banal et répétitif devient un lieu commun, également appelé cliché littéraire, ou poncif. L'étude des topoï se nomme la topologie littéraire.
Sommaire
Topos rhétorique
Dans l'Antiquité gréco-romaine, le topos désigne l'argument ou le thème qu'utilise le rhéteur pour construire son discours et persuader son auditoire. Le topos appartient à l'inventio de la rhétorique.
Topos littéraire
Définition
Le topos désigne en littérature un motif particulier qui se retrouve dans plusieurs œuvres. Parmi les plus connus on distingue ;: la captatio benevolentiae (formule de modestie), l'invocation des dieux et des muses, le manuscrit trouvé, le natureingang au début des poèmes médiévaux ou encore le locus amoenus[1]. Michèle Weil le définit comme « une configuration narrative récurrente » [2].
Topos majeurs
Exemples de topos majeurs :
- la scène de la première rencontre amoureuse
- la déclaration d'amour dans un conte
- la scène de bal dans un conte
- la scène de combat dans une pièce de théâtre
- le récit de la naissance dans une autobiographie
- le jardin fermé ou ouvert
Topos d'ouverture
Le topos d'ouverture introduit le récit et sa narration. Le plus connu est celui de Virgile au début de l'Enéide (I, 1-3) : Arma virumque cano (je chante les armes et le héros).
Topoï sérieux et parodiques
Un topos typique du roman antique grec et latin est celui du double songe. Il se retrouve chez Chariton, Longus, Héliodore, Achille Tatius, et aussi chez Apulée. « Souvent il s’agit de songes prophétiques, dans lesquels les divinités donnent des avertissements ou prédisent l’avenir. Chez Longus apparaissent Eros et les Nymphes, chez Héliodore Apollon et Artémis, chez Achille Tatius Aphrodite, chez Apulée Isis et — probablement — aussi Osiris. » Thème souvent parodié par la suite, notamment par Pétrone, il existe également encore dans le roman moderne sous sa forme sérieuse, notamment dans La Traumnovelle d’Arthur Schnitzler, récit entièrement centré sur le thème du double songe[3]. Il en est de même pour le thème de la mort apparente (Scheintod en allemand), courant dans les romans grecs, et souvent suivi de celui de l’ensevelissement de quelqu’un d’encore vivant. Ce topos concerne souvent une femme qui est ensevelie vivante. Il apparaît chez Chariton, dans l'histoire duquel Callirhoé se trouve ensevelie vivante puis est libérée par le pirate Théron. Chez Achille Tatius, Leucippé est placée encore vivante dans un sarcophage. Chez Xénophon d’Éphèse, Anthia se réveille dans un tombeau, et quand des voleurs y pénètrent elle leur demande de respecter sa chasteté. Pétrone parodie ce topos dans le conte de La Matrone d'Éphèse, inséré dans son Satyricon[4].
Notes et références
- Dictionnaire des termes littéraires, 2005, Entrée « Topos, topoï », p. 481.
- Michèle Weil, 1990, p. 123.
- Aldo Setaioli, 2009, p. 33.
- Aldo Setaioli, 2009, p. 37.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Michèle Weil, Nicole Boursier (dir.) et David Trott (dir.), « Comment repérer et définir le topos? », dans La naissance du roman en France, Papers on French Seventeenth, coll. « Century Literature », 1990, pdf [lire en ligne], p. 123-137
- Jean-Claude Anscombre (dir.), Théorie des topoï, Paris, Kimé, 1995
- Robert John Morrissey, La rêverie jusqu'à Rousseau : recherche sur un topos littéraire, Lexington, French Forum, 1984
- Yves Reuter, Introduction à l'analyse du roman, Bordas, 1991 ou Dunod 1997
- Michael Riffaterre, « Fonctions du cliché dans la prose littéraire »,CAIEF, n° 16, 1964
- Raymond Trousson, Thèmes et mythes littéraires, Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1981
- Carsten Meiner et Frederik Tygstrup, « Le Défi de la topologie littéraire », dans Revue Romane, vol. 42, no 2, 2007, p. 177–187 [texte intégral, lien DOI]
- Aldo Setaioli, « L'amour romanesque entre idéal et parodie : les romanciers grecs et Pétrone », dans Rursus, no 4, 2009 [texte intégral]
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