Segher Diergotgaf

Segher Diergotgaf
Segher Diergotgaf
Enluminure du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, source d'inspiration de Segher Diergotgaf : l'assassinat d'Ulysse.  Italie du nord, milieu du XIVe siècle
Enluminure du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, source d'inspiration de Segher Diergotgaf : l'assassinat d'Ulysse. Italie du nord, milieu du XIVe siècle

Autres noms Segher Diengotgaf
D[i]e[r][e]gotgaf
Deodaat
Activités Poésie
Naissance actif au début du XIIIe siècle
Pays-Bas méridionaux
Langue d'écriture néerlandais
Mouvement Littérature moyen-néerlandaise
Genres Poésie

Segher Diengotgaf, D[i]e[r][e]gotgaf ou Deodaat (une néerlandisation du nom latin Deodatus[1], comme Dieudonné - en français - un nom par lequel on désignait parfois un enfant trouvé) est un poète des Pays-Bas méridionaux, actif au début du XIIIe siècle.

De toute vraisemblance, Diergotgaf était issu d'un milieu aristocratique qui entretint des liens étroits avec la cour ducale de Brabant.

On connaît de lui un épisode emprunté au Roman de Troie (1155-1160) de Benoît de Sainte-Maure[2] (qui est lui-même redevable à Dictys Cretensis et Dares Phrygius)[1], qu'il retravailla pour en faire un roman plus court d'environ 2245 vers, précédé d'un morceau entièrement de son cru, Tprieel van Troyen (Pavillon de Troie). Pour créer son Istory van Troyen (Histoire de Troie), Jacob van Maerlant, ne se contentant pas de traduire le roman de Sainte-Maure dans son intégralité, l'élargissait considérablement ; sa version comprend les morceaux adaptés par Segher, comme il l'indique d'ailleurs lui-même dans le prologue ainsi que dans les fragments empruntés[2],[3]. Il s'agit de Tprieel van Troyen, Tpaerlement van Troye (Le parlement de Troie) et de sevende strijt (Le septième combat)[2].

Entre Tpaerlement et de sevende strijt, l'histoire de Troïlus et Crisseda fut omis par Segher. La partie la plus remarquable est Tprieel, parce que[2] c'est dans celle-ci qu'il expose ses conceptions de l'amour courtois[4]. Ne pas se contentant des deux scènes mettant en valeur la prouesse de ses héros, il veut aussi les montrer en amants courtois ; il a fait précéder les deux parties empruntées au Roman de Troie d'une scène galante, à coup sûr de sa propre invention, où il introduit les grandes dames de Troie et leurs admirateurs dévoués[5]. Ce fragment se compose de trois conversations amoureuses, qui eurent lieu lors d'une trêve, entre Hélène et Polidamas, Polyxène et Memnon, et Andromaque et Monfloers ; elles traitent de l'amour courtois, entendu ici comme le culte de la femme mariée d'une classe plus élevée[4]. Que cet amour est sans espoir, n'a rien de vraiment tragique, car une passion qui ennoblit ne devait pas manquer à la vie du parfait chevalier. C'est un témoignage aussi bien de la force inspiratrice de la matière française que de l'art créateur du poète-adaptateur[5].

Selon Gerritsen, il s'agit d'un bel exemple de ce que pouvait devenir, sous les mains d'un poète de génie, l'adaptation d'un ouvrage français en moyen néerlandais. L'œuvre de Diergotgaf témoignerait autant de la force inspiratrice de la matière française, que de l'art créateur du poète-adaptateur[5]

Tprieel, Tpaerlement en de sevende strijt, qui constituent un ensemble bien équilibré et harmonieux, sont le plus ancien exemple d'une version abrégée de cette matière dans la littérature de l'Europe occidentale et figurent dans le manuscrit Van Hulthem (vers 1410) sous trois numéros consécutifs (cxlij-cxliiij), y précédant deux autres fragments numérotés de la partie retravaillée par Van Maerlant. Un autre manuscrit qui contient Tpaerlement (avec une autre fin, et écrit peu après 1404) est conservé à la Bibliothèque royale à La Haye. De sevende strijt est, à partir du vers 568, sauf dans le manuscrit Van Wissen, également préservé dans le fragment Ackersdijck (Utrecht, bibliothèque de l'Université, seconde moitié du XIVe siècle)[4].

Van Maerlant mentionne Segher neuf fois dans son Istory van Troyen et une seule fois dans son Spiegel Historiael[4].

Sources

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Segher Diergotgaf de Wikipédia en français (auteurs)

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