- Reuters Trust
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Le Reuters Trust est un dispositif créé en 1941 pour garantir l'indépendance de l'agence de presse Reuters, qui a été conservé après l'entrée en Bourse de 1984, jusqu'à aujourd'hui.
Sommaire
Histoire
L'Association de la presse britannique, créé en 1868, regroupe les journaux régionaux. Elle fonctionne elle-même comme une petite agence de presse et fournit Reuters en informations collectées un peu partout sur le territoire de l'Angleterre.
En 1925, elle prend une participation majoritaire au capital de Reuters, avec 53 % des parts, puis rachète la quasi-totalité du capital en 1930, seul un millier d'actions restant entre les mains du directeur général Sir Roderick Jones.
En 1941, elle partage le capital avec l'Association des propriétaires de journaux britanniques, qui regroupe la presse nationale, et rachète la moitiés des actions. L'agence venait de se voir accusée de s'être compromise avec le gouvernement britannique. La presse lui reproche en particulier d'avoir accepté 64.000 livres sterling depuis août 1938, à des fins de propagande, en plusieurs dons ponctuels[1]. C'est pour éviter toute controverse sur une éventuelle implication du gouvernement britannique dans le contenu de l'information diffusée par Reuters qu'a été édictée en 1941 le "Reuters Trust", engageant une volonté d'indépendance, d'impartialité et d'exactitude des faits rapportés.
Fonctionnement
Reuters décide alors de créer un conseil supérieur, sorte de sorte de "syndicat d'intérêt public"[2], chargé de veiller à l'indépendance de l'Agence et supervisé par des personnalités indépendantes, qui dirigent la "Reuters founders share company", chargée de superviser le conseil d'administration. Ce dernier doit lui transmettre des rapports[3].
La "Reuters founders share company" sera composée en 1947, lors de son élargissement aux entreprises de presse du Common wealth, de dix "trustees" : quatre fournis par la "Press Association" britannique, quatre par la "Newspapers Proprietors Association", un par l'"Australian Associated Press" et un par la "New Zealand Press Association".
Une convention de trust définit les missions d'intérêt général[4] que Reuter doit assurer[5], fondée sur une série de principes, appelé le "Reuters Trust Principles".
Le Trust doit en particulier veiller à ce que soit "respectées ses règles déontologiques" (Reuters Trust Principles[6]. Le texte précise que:
- Reuters "ne doit à aucun moment passer sous le contrôle d'une personne, d'un groupe, ou d'une faction".
- "L'intégrité, l'indépendance et la liberté de Reuters doivent être rigoureusement préservées à tout moment"[7].
- Reuters doit délivrer des informations impartiales et dignes de confiance
- Reuters doit se mettre à l'écoute des intérêts de tous les clients qu'elle dessert
- Reuters doit négliger aucun effort pour faire croître, étendre et s'adapter l'offre de ses produits et services[8]
Le pouvoir de blocage en cas de rachat
Lors de l'entrée en Bourse de Reuters en 1984, un nouveau dispositif est créé: en cas de changement de propriétaire, l'acquisition est soumise à l'approbation de la "Reuters Founders Share Company", qui détient un pouvoir de blocage afin de pouvoir défendre l'indépendance éditoriale.
Le maintien de ces principes a été garanti par le conglomérat de la famille canadienne Thomson lorsqu'elle a racheté Reuters en 2007, via une offre publique d'achat à la Bourse de Londres, pour fonder le nouveau groupe Thomson Reuters. Ce maintien avait été fixé comme condition par la Reuters Founders Share Company pour donner son feu vert à l'opération[9].
La Reuters Founders Share Company a également le pouvoir d'empêcher tout actionnaire de détenir plus de 15% du capital ou 15% des droits de vote, également dans le but de défendre l'indépendance de la société[10].
Conséquences
Ce nouveau statut a renforcé la crédibilité de Reuters. Combiné à d'autres raisons, il a permis de tripler, au cours des années 1940, le nombre des correspondants de l'agence de presse britannique, ainsi que son chiffre d'affaires, à 7 millions de livres sterling par an[11].
Après la Seconde Guerre mondiale, le patron de Reuters au moment de la création du Trust, Christopher Chancellor, a décidé de resserrer les liens avec la presse anglophone en Inde, Australie et Nouvelle-Zélande. A la propriété conjointe du capital par l'"Association de la presse britannique" et l'"Association des propriétaires de journaux" se substitue un co-entreprise associant également l'"Australian Associated Press" (AAP) et la "New Zealand Press Association" (NZPA). Le "Press Trust of India" s'y intègre aussi en 1949, avant de s'en séparer quatre ans après.
Notes et références
- "International news and the press: an annotated bibliography", par Ralph O. Nafziger", page 20
- 1987) Visages de la presse britannique, par Jean-Claude Sergeant, aux Presses universitaires de Nancy (
- "Ownership of the News: House of Lords Paper 122-II, 1st Report of Session 2007-08 - Volume 2: Evidence Bernan 0 Avis The Stationery Office, 2008
- Presses universitaires de France (1983), page 427 "Etudes dédiées à la mémoire du professeur Gérard Dehove, ancien doyen de la Faculté de droit et des sciences économiques de Lille" par Gérard Dehove, aux
- 1995), page 111 "La presse écrite et audiovisuelle", par Daniel Junqua, Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, (
- Autoprésentation de Reuters à ses clients
- "News agencies from pigeon to internet", par K. M. Shrivastava, page 73
- Global Communication: Theories, Stakeholders, and Trends", par Thomas L. McPhail, page 277
- "Reuters accepte l'offre de Thomson", sur Radio-Canada le mercredi 26 mars 2008
- http://thomsonreuters.com/content/corporate/docs/about_us/reuters_founders_share.pdf
- Biographie de Christopher Chancellor par Time Magazine
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