- Paesi d'Ostriconi
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Les Paesi d'Ostriconi (ou Vallée d'Ostriconi) sont une microrégion occupant la partie orientale de la Balagne, dans le département de Haute-Corse. Au Sud-est, elle jouxte le Parc naturel régional de Corse.
Sommaire
Géographie
Géographiquement, les Paesi d'Ostriconi sont représentés par le bassin versant du petit fleuve côtier l'Ostriconi, depuis sa source à 1 050 m sur les pentes du Monte Reghia di Pozzo (Pietralba), jusqu'à la mer Méditerranée.
Relief
Le territoire est limité :
- au Nord-est et à l'Est, par la chaîne du Tenda dominé par le Monte Astu (1 535 m) qui le sépare du Désert des Agriates et du Nebbio,
- au Sud, par la limite méridionale de la commune de Pietralba, soit à environ 500 m au nord de la jonction des RN 197 et RN 1197.
- au Sud-ouest par le petit chaînon montagneux du Monte San Colombano qui le sépare de la basse vallée d'Asco et du Giunssani,
- à l'Ouest par le petit chaînon montagneux du Monte Maggiore qui le sépare de la Balagne à proprement dit.
- au Nord-ouest par une façade maritime, celle de Palasca, comprise entre la Punta di l'Acciolu et le milieu de la plage de Lozari.
Ce territoire se présente sous la forme d'un entonnoir ouvert au Nord-ouest et centré à l'anse de Peraiola (Palasca) sur la mer Méditerranée, et terminé au Sud-est par le col de Sainte-Marie (Pietralba). Il est usuellement appelé la vallée de l'Ostriconi, du nom du cours d'eau qui l'arrose et qui s'écoule du Sud-est au Nord-ouest. La dépression qui se prolonge au sud par la vallée du Golo, sépare la Corse schisteuse au Nord-est, de la Corse granitique au Sud-est.
Habitat
Les Paesi d'Ostriconi sont composés de cinq communes :
- Lama, 19,92 km², 176 habitants ;
- Pietralba, 38,98 km², 435 habitants ;
- Urtaca, 31,26 km², 194 habitants ;
- Novella, 30,23 km², 86 habitants ;
- Palasca, 49,56 km², 138 habitants.
Ce qui représente une superficie totale de 169,95 km² occupée par une population de 1 029 habitants (2008).
Les villages, médiévaux, avaient été construits sur les hauteurs, à flanc de montagne, en raison des nombreuses attaques des envahisseurs barbaresques.
Les trois villages d'Urtaca, de Lama et de Pietralba sont alignés au-dessus de la rive droite de l'Ostriconi, reliés par l'étroite et sinueuse route D8. Ils sont bâtis à une altitude moyenne comprise entre 400 et 500 mètres, à l'ubac du massif du Tenda. De l'autre côté de la vallée, Palasca et Novella sont retirés sur les contreforts orientaux de chaîne de hautes montagnes ceinturant la Balagne.
Climat
Le contraste climatique est sévère entre le littoral sec et venteux, aux écarts de températures modérés, et la vallée du Golo aux écarts thermiques très élevés. Les forts vents d'ouest dominants venant de la mer soulèvent régulièrement le sable de la plage d'Ostriconi située au fond de l'anse de Peraiola, créant avec le temps une dune sur les pentes de la Punta Liatoggiu (227 m) à 1 km dans les terres, à l'Est de la tour de guet génoise ruinée.
Le relief présente un couvert végétal qui a visiblement souffert de nombreux incendies. Il n'y a pas de forêts. La majeure partie de la vallée revêt un maquis traditionnel composé majoritairement de cistes, lentisques, arbousiers et myrte), au milieu duquel ont repoussé des oliviers sauvages et de menus chênes verts. Les genêts jaunissent la vallée à leur floraison. Aux abords de l'Ostriconi, les oliviers ont été épargnés. Dans le haut de la vallée, à l'approche du col de Sainte-Marie (Pietralba - 472 m) où passe la Balanina, les bosquets de chênes verts et de frênes sont plus nombreux, colorant le paysage de leurs fleurs au printemps et de leur feuillage à l'automne.
Histoire
Le site était occupé depuis l'Antiquité. D'après Ptolémée, il existait à l'époque des Romains, Ropicum oppidum, une fortification qui devait se trouver dans le voisinage de l'église ruinée d'Ostriconi[1].
Il est occupé au VIIIe siècle par les Sarrasins qui en sont chassés au XIe siècle.
« Au commencement du XIe siècle, probablement après la bataille de Luni (1016), des seigneurs toscans ou génois, sans mandat du Saint-Siège, passent en Corse et, aidés par les populations chrétiennes, chassent les musulmans du Nebbio, de la Balagne, de Mariana et d'Aléria. »[1]. Ces nobles chrétiens se rendent maîtres d'une partie de l'île, l'en deçà des Monts, et y exerçent leur puissance (les marquis de San Colombano installés depuis le XIVe siècle au Castello San Colombano (Novella) ruiné, le seigneur Guglielminuccio petit-fils d'une des filles du Comte Giovanninellu du Nebbiu, etc.).
Pietralba fut dès l'origine un point stratégique qui défendait le passage oriental du Canale et de la Balagne. Comme au col de San Colombano (Palasca), des ouvrages de défense avaient été répartis à quelques centaines de mètres autour du col de Santa Maria pour en surveiller le passage, le plus important étant le Castello di Lumisgiana à 600 m d'altitude à l’est du col.
Territorialement les Paesi d'Ostriconi sont aujourd'hui ce qui était en fin du Moyen Âge les pieve d'Ostriconi et de Pietralba réunis. Vers 1520, la pieve d'Ostriconi était habitée en des lieux nommés Artacha, Lama, Novella, Cruscani, Pochina, Palasia et Spelonche (un village depuis longtemps ruinée de Palasca), et dans la pieve de Petralba à lo Pedano, lo Teto, le Casenove, l’Ulmesana, Carozica[2].
A la cession de la Corse à la France par les Génois en 1768, existaient la pieve de Canale qui comprenait Lama, Pietralba et Urtaca, et la pieve de Paraso à laquelle étaient rattachées les communes de Novella et Palasca. Avec la Révolution, en 1790 la pieve de Canale devient le canton de Lama et la pieve de Paraso devient le canton de Belgodere. En 1954, le canton de Lama comprenait les communes de Lama, Pietralba et Urtaca.
En 1973 est créé le nouveau canton du Haut-Nebbio avec la fusion imposée des anciens cantons de Lama, Murato et Santo Pietro di Tenda. Novella et Palasca font partie du nouveau canton de Belgodère créé avec la fusion imposée des anciens cantons de Muro, Belgodere et Olmicappella.Économie
C'était autrefois une riche vallée avec ses vergers d'oliviers et ses vignes, ses champs de céréales sur des terres fertiles. En témoignent de nos jours les nombreuses terrasses de culture, trasti (de vigne), sodule (non cultivées) ou lenze (bandes de terre), et les aires à blé (aghja) mises à nu par le feu, abandonnées en raison de l'exode rural qui a touché l'ensemble de la Corse les siècles derniers, d'anciens moulins à huile, et dans les villages, certaines maisons de style florentin d'anciens riches producteurs. Les ruines encore visibles de magazzini (entrepôts) au nord de la plage d'Ostriconi témoignent de l'existence d'un commerce maritime aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle.
De nos jours, l'agriculture demeure active et le pastoralisme toujours exercé ; des terrains sont remis en valeur avec des plantations d'oliviers, d'amandiers et de pêchers. Les dernières vignes ont été arrachées à l'ouest de Petra Moneta (Palasca), remplacées par des champs d'immortelles d'Italie.
La filière charcuterie s'est développée avec la création d'entreprises à Palasca, Pietralba.
Accès
Les Paesi d'Ostriconi marquent la transition entre la Balagne et le centre de l'île, sous la forme d'un long couloir, une vallée ; d'où le nom de Canale (définition en corse Valle larga è prufonda frà i monti) donné à l'ancienne pieve.
Au début des années 1980, une voie nouvelle a été créée, empruntant la vallée de l'Ostriconi, là où n'existaient que deux seules routes longues à parcourir, reliant la Balagne au centre de l'île : la RN 197 et la D8.
La RN 197 passe par le col de San Colombano (692 m) parfois difficile à franchir en période hivernale, et la sinueuse D8 qui relient les villages de Pietralba, Lama et Urtaca est restée en l'état avec une chaussée étroite sans enrobé.Plus communément appelée Balanina, la nouvelle route, voie rapide calibrée aux normes européennes actuelles, porte le nom de RN 1197. Elle Raccourcit considérablement le trajet en distance et en temps ; elle a pour ainsi dire désenclavé la Balagne.
Galerie
Références
- La Corse dans l'Antiquité et dans le Haut Moyen Âge p. 121 - Xavier Poli Lib. A. Fontemoing 1907
- Éléments pour un dictionnaire des noms propres Corse A-D. Monti ADECEC
Voir aussi
Articles connexes
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