Mon frère Chilpéric

Mon frère Chilpéric
Mon frère Chilpéric
Chronique des rois aux cheveux longs : 550-597

Auteur Paul Murray Kendall
Genre Roman historique
Pays d'origine Drapeau d'Angleterre Angleterre
Éditeur Buchet Chastel
Collection Histoire médiévale
Date de parution juillet 1979
1981 (traduction)
Nombre de pages 256
Chronologie
'Louis XI'
Article principal : Paul Murray Kendall.

Mon frère Chilpéric est le dernier ouvrage écrit par l'écrivain et romancier britannique Paul Murray Kendall.
Sa mort en 1973 l'empêcha de mener à son terme sa dernière œuvre qui fut terminée par l'un des ses proches, son ami et éditeur Malcom Barnes.

Il ne paraîtra en version anglaise qu'en 1979 et en 1981 pour la version française, dans une traduction de Françoise Vernan.

Sommaire

Présentation

Les Mérovingiens

Mon frère Chilpéric est un récit historique écrit par un historien considéré comme l'un des principaux spécialistes du Moyen Âge. Dans sa célèbre biographie de Louis XI, Paul Murray Kendall s'intéresse de nouveau à l'histoire de France et à cette période particulièrement troublée qu'est le VIe siècle.

Il pensait depuis longtemps à un récit sur la dynastie des Mérovingiens. Cette idée d'une société où se mélangent barbarie et civilisation le préoccupait depuis un voyage au Kenya en 1970 où il constate le déséquilibre de la culture africaine, trop attirée par les mœurs occidentales. « Les historiens, écrit-il, se montrent extrêmement divisés sur le degré de barbarie ou de romanisation des Francs de la Gaule du VIe siècle. »

Une histoire digne des Atrides

L'histoire de cette génération des petits-fils de Clovis ressemble à une malédiction qui tourne au drame shakespearien tout autour de ce VIe siècle terrible.
Qu'on en juge par ces quelques rappels historiques :
- Chilpéric Ier (539 - 584), roi de Neustrie. Sa maîtresse Frédégonde, fit assassiner sa femme Galswinthe pour reprendre le pouvoir. Brunehaut[1] sa belle-sœur et sœur de Galswinthe réclama vengeance avec pour conséquence la guerre entre les deux royaumes d'Austrasie et de Neustrie. Finalement, il mourut assassiné en 584[2].
- Sigebert Ier envahit le royaume de Neustrie de son frère Chilpéric 1er à l'instigation de sa femme Brunehaut mais fut assassiné en 575 sur ordre de Frédégonde[3].
- Caribert Ier [4] excommunié pour bigamie en 567. Il mourut le 5 mars 567 sans descendance mâle. Ses trois frères se disputèrent alors son héritage et en arrivèrent à un partage de son royaume en 568 avec Paris en indivision[5].
- Gontran (525-593) joue un rôle d'arbitre entre ses deux frères rois D'Austrasie[6] et de Neustrie[7]. Il adopta en 577 son neveu, Childebert II, fils de Sigebert et de Brunehaut. Il fut fait saint Gontran fêté le 28 mars.

Le royaume au VIe siècle

Le contexte de l'époque marqué par de grandes invasions n'est guère favorable à la stabilité politique et à la prospérité. Les années de la 'paix romaine' semblent bien loin désormais. L'ordre romain a plié face aux hordes barbares, Rome saccagée, l'Italie entière aux mains des Germains, le pape à Byzance. La Gaule est passée sous la férule d'un peuple germain, les Francs, qui ont imposé une dynastie, les Mérovingiens, en souvenir de leur aïeul Mérovée qui guerroya jadis aux Champs Catalauniques contre Attila.

Ils admirent pourtant cette Rome qu'ils ont aidé à détruire, tentent d'imiter ses mœurs et ses institutions mais ne feront que hâter la déliquescence du royaume. Cette saga des Mérovingiens, le public en connaît surtout le duel à mort entre les deux belles-sœurs Brunehaut[8] et Frédégonde[9] qui se battent pour le pouvoir, guidées par une haine féroce, superbes ingrédients pour une fresques de passions exacerbées écrite avec le sang des populations.

Les quatre petits-fils de Clovis qui se partagent le royaume à la mort de leur père Clotaire 1er, selon la coutume franque, voudraient bien réunir de nouveau le royaume et n'auront de cesse de s'éliminer les uns les autres. C'est l'un deux, Gontran, le moins belliciste, le plus miséricordieux, qui raconte cette histoire, décidé à aider son frère Chilpéric 1er à assurer son salut. Pour aussi éviter ces guerres interminables qui ravagent le pays et charrient des épidémies qui achèvent les survivants.
Gontran sera canonisé à sa mort en 593.

Mariage et polygamie

La polygamie est considérée comme une pratique normale chez les Francs. Si on se marie généralement dans la parentèle ou avec une autre dynastie pour asseoir la solidarité clanique et garder le patrimoine. La femme conserve néanmoins ses biens personnels. Mais son mari le roi peut prendre d'autres épouses, de second rang et de statut libre qui peuvent être répudiées, les friedlehe ou "gages de paix". Le roi peut aussi prendre des esclaves comme concubines.

Si normalement seuls les enfants de la reine en titre peuvent hériter, si elle est est stérile, les enfants bâtards peuvent postuler à la succession de leur père. Ce système patrimonial n'est pas sans conséquences néfastes sur l'avenir de la dynastie mérovingienne et provoque jalousies et intrigues et comme dans l'histoire des petits-fils de Clovis, des meurtres. Elles peuvent aussi générer des conflits catastrophiques comme entre les reines Frédégonde et Brunehaut.

Glossaire

Antrustion : nom des seigneurs et des hauts fonctionnaires royaux
Ballomer : terme méprisant s'appliquant à un prétendant au trône
Domestici : envoyé spécial, chargé de missions du palais royal
Leudes : militaires de la garde royale et de son armée
Matriculari : indigents recensés et secourus par l'église
Morgengabe : espèce de liste civile d'une reine
Palais : ensemble de la cour du roi, qu'il soit résidentiel ou itinérant
Référendaire : responsable de la chancellerie, garde du sceau royal
Scramasaxe : espèce de lourde dague souvent utilisée pour sa défense personnelle

Rappels chronologiques

Clovis : sa conversion (305), la bataille de Vouillé (507)
Ses fils : Mort de Clodomir, ses frères se répartissent son royaume (524), mort de Chramne en 560 et de Clotaire 1er l'année suivante
Ses petits fils :
   Gontran épouse Vénérande en 561 - Désastre des Évouettes et grandes crues du Rhône en 563
   mort de Charibert et partage de son royaume (567)
   Sigebert épouse Brunehaut (ou Brunehald) - Chilpéric épouse Galswinthe en 568, assassinée par Frédégonde
   Guerre entre les frères : Sigebert vainqueur occupe Paris et encercle Tournai mais il est assassiné à l'instigation de Frédégonde
   Mariage incestueux entre Brunehaut et Mérové, fils aîné de Chilpéric (575)
   Procès de l'évêque Prétextat à Rouen, mort de Mérovée et des 2 fils de Gontran (577)
   Procès de l'évêque Grégoire épidémie de dyssenterie provoquant la mot des 2 jeunes fils de Chilpéric
   Gondovald, le prétendant (ou Ballomer) débarque en Gaule avec le neustrien Gontran Boson
   Chilpéric perd ses 2 fils Clovis et Théodoric, mais naissance de son fils le futur Clotaire II puis il est assassiné (584) - Gontran régent de Neustrie
585, année charnière, Gontran gagne la guerre : siège de Comminges et défaite de Gondovald, la coalition est décapitée. Conférence de paix entre le roi d'Austrasie Childebert II et Gontran qui en fait son héritier
593 : mort de Gontran et sa canonisation
596-97 : mort de Childebert II et de Frédégonde

Notes et références

  1. Brunehilde dans sa forme médiévale et Brunehaut dans sa forme moderne
  2. Voir Frédéric Armand, Chilpéric Ier, le roi assassiné deux fois, La louve éditions , 2008 (ISBN 978-2-916488-20-2)
  3. Voir : Les descendants de Clotaire 1er : Sigebert et Chilpéric [1]
  4. On trouve aussi la forme Charibert chez Grégoire de Tours
  5. Sur Caribert, voir : Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Caribert Ier » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878
  6. Voir Grégoire de Tours, Histoires des Francs, livre V, 14
  7. La neustrie de Dagobert à Charles le Chauve, Archéologia, Juin 1986
  8. La reine Brunehaut, Bruno Dumézil, Paris, Fayard, 2008 (ISBN 978-2-213-63170-7)
  9. Les Voiles de Frédégonde, Les Reines pourpres, tome 1, de Jean-Louis Fetjaine, Éditions Belfond, 5/2006, 299 pages, (ISBN 2714441750)
  • Histoire des Francs, Grégoire de Tours, traduction moderne de Robert Latouche, Éditions Belles Lettres, 03/1995, 356 pages, (ISBN 2251340475)
  • Chronique des temps mérovingiens, Frédégaire, Éditions Brepols Collection Miroir Du Moyen Âge, 04/2001, 284 pages
  • Naissance de la France: Le monde mérovingien, Patrick J Geary, Éditions Flammarion, Collection Champs, 01/1999, 292 pages, (ISBN 2080812742)

Bibliographie

  • Dix livres d'Histoire, hagiographie écrite par l'évêque Grégoire de Tours et Grégoire de Tours, Robert Latouche (trad.), Histoire des Francs, Paris, Les Belles Lettres, 1996, "les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge".
  • Ivan Gobry, Les premiers rois de France : la dynastie des mérovingiens, collection « Documents d'Histoire », éditions Tallandier , 1998, page 227
  • Roman mérovingien

Liens externes




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