- Ranz des vaches
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Le Ranz des vaches ou Lyoba ou Kühreihen est le chant traditionnel a cappella des armaillis du canton de Fribourg (Suisse) depuis des siècles, souvent accompagné au cor des Alpes, parfois adopté dans les scènes pastorales de leurs poèmes symphoniques par les compositeurs de musique classique.
Sommaire
Tradition
Le Ranz des vaches est habituellement chanté durant la montée (poya) des troupeaux à l'alpage et le retour dans les étables à la fin de l'été. Le terme lyoba, autre appellation du chant, vient du patois gruérien alyôbâ (appeler le bétail). Il est en trois parties : l'appel des vaches (le mot lyoba répété), puis l'énumération des noms des vaches et enfin un chant improvisé en vers.
La légende veut que les mercenaires suisses s'en allaient (voire désertaient) des champs de bataille quand ils entendaient cette « ode » qui leur rappelait trop leur Suisse natale. Jean-Jacques Rousseau l'évoque ainsi à la page 443 de son Dictionnaire de la musique :
« J’ai ajouté dans la même Planche le célebre Rans-des-Vaches, cet Air si chéri des Suisses qu’il fut défendu sous peine de mort de le jouer dans leurs Troupes, parce qu’il faisoit fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l’entendoient, tant il excitoit en eux l’ardent desir de revoir leur pays. On chercheroit en vain dans cet Air les accens énergiques capables de produire de si étonnans effets. Ces effets, qui n’ont aucun lieu sur les étrangers, ne viennent que de l’habitude, des souvenirs, de mille circonstances qui, retracées par cet Air à ceux qui l’entendent, & leur rappellant leur pays, leurs anciens plaisirs, leur jeunesse & toutes leurs façons de vivre, excitent en eux une doute amere d’avoir perdu tout cela. La Musique alors n’agit point précisément comme Musique, mais comme signe mémoratif. Cet Air, quoique toujours le même, ne produit. plus aujourd’hui les mêmes effets qu’il produisoit ci-devant sur les Suisses ; parce qu’ayant perdu le goût de leur premiere simplicité, ils ne la regrettent plus quand ou la leur rappelle. Tant il est vrai que ce n’est pas dans leur action physique qu’il faut chercher les plus grands effets des Sons sur le cœur humain[1] »
Il doit une grande part du renouveau de sa popularité aux différentes harmonisations de l'abbé Joseph Bovet, le compositeur du Vieux Chalet[2],[3]. . Charles Jauquier, ténor suisse, est nommé en 1955 premier soliste de la fête des vignerons de Vevey. Son interprétation du ranz des vaches a fait l'objet de plusieurs enregistrements. L'interprétation la plus souvent citée est celle de Bernard Romanens, soliste de la fête des vignerons de 1977[4]. Lors des fêtes traditionnelles, le Ranz des vaches est souvent interprété au cor des Alpes rassemblant ainsi deux symboles de la Suisse[5].
Musique classique
- Le Ranz des vaches de la troisième partie de l'ouverture du Guillaume Tell de Gioachino Rossini : le cor anglais répète un doux ranz des vaches qu'enlacent les arabesques de la flûte. Le tempo ralentissant, le ranz semble tourner sur lui-même vers la fin quand un appel de trompettes interrompt brusquement la rêverie du cor anglais, annonçant la charge de la cavalerie légère[6].
- Le Ranz des vaches de la Scène aux champs, troisième mouvement de la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz : duo pastoral entre le cor anglais et le hautbois ; à la fin du mouvement, l’un des pâtres (le cor anglais) reprend le ranz de vaches mais l’autre ne répond plus[7].
- Le Ranz des vaches ou Air pour la Suisse du Le Triomphe de la République ou Le Camp de Grand Pré, divertissement de Francois-Joseph Gossec sur un livret de Marie-Joseph Chénier[8].
- Paraphrases sur le Ranz des vaches, livre III de l'Album d'un voyageur de Franz Liszt[9].
- Le Ranz des vaches d'Appenzell mélodie de Giacomo Meyerbeer sur un livret d'Eugène Scribe[10].
- Frédéric Chopin s'est aussi essayé à l'exercice, à la demande du marquis de Custine : « Je lui avais donné pour thème le Ranz des vaches et la Marseillaise. Vous dire le parti qu'il a tiré de cette épopée musicale, est impossible. On voyait le peuple de pasteurs fuir devant le peuple conquérant. C'était sublime »[11].
Annexes
Notes et références
- Le Rans-des-Vaches (sic) sur le Dictionnaire de la musique de Jean-Jacques Rousseau, pp. 443 et 444 (Wikisource)
- Le Ranz des vaches dans le catalogue de ses partitions sur le site consacré à Joseph Bovet
- Le Ranz des Vaches par le Chœur des Armaillis de la Gruyère dans l'adaptation pour chœur d'hommes de Joseph Bovet
- Le Ranz des vaches de Bernard Romanens à la Fête des vignerons de 1977
- Le Ranz des vaches de la foire d'automne et bourse aux sonnailles de Romainmotier 2010
- Le Ranz des vaches de l'ouverture du Guillaume Tell de Rossini
- Le Ranz des vaches de la Scène aux champs de la Symphonie fantastique de Berlioz : IIIa) et IIIb)
- Le Ranz des vaches du Triomphe de la République de Gossec
- Le Ranz des vaches de l'Album d'un voyageur de Franz Liszt
- Le Ranz des vaches, mélodie de Meyerbeer voir aussi : (en) Giacomo Meyerbeer, The Non-Operatic Texts, Robert Ignatius Letellier et Richard Arsenty, Cambridge Scholars Publishing, Newcastle, 2007, 363 p. (ISBN 9781847182876)
- ISBN 978-2213617312) Extrait d'une lettre du marquis à Sophie Gay de juin 1837 : Jean-Jacques Eigeldinger Frédéric Chopin Fayard (2003) p 38 (
Articles connexes
Liens externes
- Présentation du Ranz des vaches, texte en patê gruvêrin et en français et extrait d'une partition pour cor des Alpes sur le site lyoba.ch
- Notice et quelques enregistrements du Ranz des vaches sur le site swissinfo.ch
- Désalpe de la Bénichon en Gruyère accompagnée par le Ranz des vaches du Chœur des armaillis
- La Lyoba (le Ranz des vaches) de Bernard Romanens à la Fête des vignerons de Vevey en 1977.
- Vidéo du Ranz des vaches chanté par un Armailli à Romainmotier
Catégories :- Folklore suisse
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- Musique suisse
- Thème populaire employé en musique classique
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