Luc Robet

Luc Robet
Luc Robet
Surnom Fanch Kergoat - Fanch Le Gavre"
Naissance 17 décembre 1913
Lisbonne, Portugal
Décès 11 août 1992 (à 78 ans)
Poullan-sur-Mer, France
Allégeance Flag of France.svg Armée française
Grade Capitaine
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Résistance intérieure
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Médaille de la Résistance avec Rosette
Autres fonctions Maire de Poullan-sur-Mer de 1958 à 1977

Né le 17 décembre 1913 à Lisbonne d'un père, sous-lieutenant d'infanterie tué à la tête de sa section en septembre 1914[1] et d'une mère d'origine bretonne et britannique , Luc Robet était un officier[2] résistant royaliste français qui s'est particulièrement distingué au sein des réseaux Hector, Alliance et au sein de l'Organisation de Résistance de l'Armée pendant l'Occupation. Arrêté puis torturé, il sera déporté au camp de Neuengamme en 1944. Atteint physiquement, il est libéré un an plus tard. Lors de l'élection municipale de 1959, bien que n'y résidant pas, il est élu maire de la commune de Poullan-sur-Mer, service qu'il ne quittera plus jusqu'en 1977. Il meurt le 11 août 1992 à Poullan. Son parcours, entièrement voué à son combat, illustre l'engagement de très nombreux royalistes et monarchistes dans la Résistance, tant intérieure que dans la France Libre. Ce phénomène a été souvent occulté par l'histoire officielle de cette période jusqu'au livre de François-Marin Fleutot en 2000.

Sommaire

La formation et les Camelots du Roi

Il a souvent été ecrit que Luc Robet vient des Camelots du roi. C'est exact mais insuffisant pour expliquer son engagement. Il est d'abord issu d'une famille profondément catholique et royaliste, très marquée par le catholicisme social (Léon XIII, le marquis de La Tour du Pin). Son rejet de la République et sa passion pour la chouannerie le poussent à créer alors qu'il est adolescent "les compagnons de Cadoudal", groupe dont plusieurs membres le suivront dans la Résistance. Il dira que l'histoire de ce chef chouan lui a donné les bases de son organisation en réseau cloisonné. Très cultivé et passionné par la politique européenne, il lit en 1933 le livre prophétique de Ludwig Bauer: "La guerre est pour demain[3]". Il fait alors plusieurs conférences autour de Nantes pour alerter sur l'inéluctable conflit[4]. À partir de cette période, une grande part de son énergie est consacrée à cette guerre que selon lui le régime républicain, ne sera pas en mesure d'éviter. Entré très jeune dans le mouvement, les Camelots du Roi sont pour lui un cadre où peut s'exprimer son caractère fougueux, une école de formation y compris à l'affrontement physique, un réseau de contacts. En 1940, Luc Robet est chef-adjoint des Camelots de Bretagne[5],[6].

Résistance

Dès sa démobilisation en novembre 1940, il devient membre du réseau Hector[7] du colonel Heurtaux. Il demande aux Camelots et ligueurs de Bretagne de se joindre au mouvement résistant. Ceux-ci joueront un rôle déterminant dans les opérations de résistance et en particulier pour cacher des armes et des personnes recherchées[5],[7].

Après Hector, on le retrouve au sein du réseau Eleuthère dans le cadre de Libération-Nord[8]. Sa maitrise de l'anglais facilite ses contacts avec les services secrets britanniques dont il est enregistré comme officier[9].

Puis, il devient chef départemental du Réseau ORA dans le Finistère[10],[11]. Adjoint de Guy Faucheux , chef régional de Turma-Vengeance en Bretagne, il est aussi membre du réseau Alliance[11]. Un regroupement des réseaux non communistes s'opèrent alors localement. Il agit sous les noms de Fanch le Gavre et Fanch Kergoat pour les opérations qu'il mène. C'est au cours d'une de ses opérations, qu'il est arrêté pour la seconde fois le 20 janvier 1944 à Rennes avec André de Freslon[12]. Torturé à la prison Jacques Cartier, il est déporté le 29 mai 1944 de Compiègne au camp de Neuengamme sous le matricule 30383. Il y adopte le pseudonyme de Tristan. Plus tard, il sera déporté à Fallersleben-Laagberg. Secret sur cette période de dénuement total et de souffrance quotidienne, il dira cependant plus tard qu'il a fait en camp de concentration l'expérience mystique de la liberté intérieure. La volonté de ne pas céder face à l'ennemi, son désir de reprendre le combat et de retrouver sa famille l'aide à "grignoter" chaque jour. Il récite alors quotidiennement la prière de madame Elisabeth, sœur du Roi Louis XVI: "Que m’arrivera-t-il aujourd’hui, ô mon Dieu ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est qu’il ne m’arrivera rien que vous n’ayez prévu, réglé et ordonné de toute éternité[13]..."

Libéré le 2 mai 1945 à Wöbbelin, il rentre à Douarnenez en juillet 1945 après un passage au célèbre hôtel Lutetia, centre d'accueil des déportés et à l'hôpital de La Salpétrière où les médecins lui donnent peu de chances de survie. Revenu atteint physiquement, il garde cependant son énergie, sa foi et sa fidélité à l'Action française.

Décorations et citation

Rubans

Citation

Le 7 juillet 1946, le capitaine ROBET Luc, Ignace, Pierre, Marie est nommé dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur au grade de chevalier[14]. La citation qui accompagnait sa nomination était la suivante[15] :

« Doué d’une énergie sans limite et d’une foi totale dans la renaissance française, a été l’un des premiers artisans en Bretagne du Mouvement HEURTEAUX dès la fin de l’année 1940.
Grâce à une volonté soutenue et à un mépris total du danger, a su grouper autour de lui, dans le Finistère sud, un nombre très important de résistants.
Organisant la recherche de renseignements concernant les forces allemandes, préparant le recrutement et l’encadrement des formations appelées à participer au soulèvement contre l’envahisseur est resté au premier rang des organisateurs de la résistance en Bretagne.
Arrêté par la Gestapo le 19 janvier 1944 à Rennes, torturé au cours de 17 interrogatoires, a refusé de donner à l’ennemi le moindre renseignement, faisant preuve d’un courage et d’un cran admirables. »

Après la guerre

Dès son rétablissement total, Luc Robet rejoint les services de renseignements militaires où il retrouve de nombreux résistants. Dans les années suivantes, il refuse les offres qui lui sont faites par différents partis en vue d'une élection à la députation ou au sénat. Journaliste publiciste et industriel, il consacre une grande part de son temps à la formation des jeunes, à la diffusion de la Doctrine Sociale de l'Eglise et à la création d'établissements pour enfants en difficulté ou ayant un handicap. Il demeure jusqu'à la fin de sa vie fidèle au principe monarchique et la chute du mur de Berlin marque pour lui la fin de la seconde guerre mondiale.

Notes et références

  1. Ambroise Robet, par Tonny Catta. Livret sur A. Robet et ses frères, morts au champ d'honneur. Vannes 1918
  2. Centre Français de Recherche sur le Renseignement, Note historique n°25
  3. Ludwig Bauer. "La guerre est pour demain" Paris, Grasset, 1932, 294 p
  4. Souvenirs familiaux de Georges Chancerelle
  5. a et b L'Action Française dans la résistance en Alsace, article écrit par Guy Steinbach sur le site de La Restauration Nationale
  6. François-Marin Fleutot, Des royalistes dans la Résistance, Flammarion, 2000, 514 pages
  7. a et b Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, 2008.
  8. Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, 2008, p. 410
  9. Fiche d'identification en tant que lieutenant du Military Intelligence [section] 6 autrement appelé MI6
  10. Marcel Baudot, Libération de la Bretagne, Hachette, 1973, 223 pages, p. 87
  11. a et b René Pichavant, Clandestins de l'Iroise: 1942-1943, Tome 1, Morgane, 2001, p. 516
  12. Gabriel Nicolas, Des Quimpérois dans la Résistance -- 1943 -1944
  13. Conférence à Nantes à des étudiants. 11 mars 1988
  14. Décret en date du 13 mai 1946 publié au J.O du 7 juillet 1946.
  15. Blog Mémoire de guerre. La Résistance en Bretagne.

Bibliographie

  • Collectif, "Avec ceux de l'ORA dans le maquis breton". 1947
  • Simon Epstein, Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, 2008
  • Marcel Baudot, Libération de la Bretagne, Hachette, 1973, 223 pages
  • François-Marin Fleutot, Des royalistes dans la Résistance, Flammarion, 2000, 514 pages
  • René Pichavant, Clandestins de l'Iroise: 1942-1943, Tome 1, Morgane, 2001

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