Beni-yenni

Beni-yenni

Aït Yenni

Aït Yenni est une tribus de sept villages, parmi les plus connus de la grande Kabylie et parmi les plus attrayants de cette région. Ils offrent l'exemple de la densité la plus forte en pays rural. De tous côtés, admirables panoramas, en particulier au coucher du soleil, lorsque s'embrasent les monts du Djurdjura.

Parmi ces villages, celui des Ath Lahcen, le plus élevé, est également le plus important des Aït Yenni; aux Ath Larva, vestiges de portes et murailles fortifiées avec meurtrières de poterie ; de Taourirth Mimoun, qui est un peu plus loin , est originaire la famille Mammeri, qui a donné des artisans armuriers et bijoutiers, des caïds, un artiste peintre et l'écrivain Mouloud Mammeri (1917-1989) ; enfin : Taourirth el Hedjadj, qui est le premier traversé. Chaque village s'est plus ou moins spécialisé dans une activité artisanale dont les principaux centres sont les Ath Larva et Taourirth Mimoun. Les habitants maîtrisent l'art de l'ébénisterie, de la coutellerie, et surtout de l'orfèvreries (fabrication de bijoux)[1].

Les bijoux à base d'argent ciselé sont ornés de filigranes, de coraux ou d'émaux cloisonnés dont la tradition s'est peut-être transmise depuis les époques contemporaines du haut moyen-âge européen ; parmi les bagues, bracelets, anneaux, colliers, fibules, boucles d'oreilles domine la composition triangulaire, thème ancien de la bijouterie musulmane.

On trouvera à Taourirth Mimoun l'un des artistes du bois incrusté dont les travaux ne peuvent qu'exciter l'admiration : à l'entrée du village on pourra demander aux enfants de nous indiquer à voir l'ancien facteur M. Ramdane Abib, pour lui demander de nous montrer ses poignards au manche et au fourreau de bois incrustés de nacre ou de corail.

Outre les richesses de l'artisanat, c'est peut être là qu'on aura l'occasion de saisir au mieux l'esprit kabyle. Il faut flâner à l'intérieur des villages, la route s'arrêtant très souvent à l'entrée, sur la djemaa. Le plus intéressant est sans doute celui des ath lahcene dans lesquels on pénètre en passant sous un porche, le long de la mosquée, où palabrent et rêvent les vieux habitants du village. Très vite on comprend qu'on est entré dans un autre univers, et si d'aventure une invitation impromptue vous amenait à l'intérieur d'une maison, ne refusez surtout pas (les contacts sont souvent faciles entre femmes européennes et berbères, gestes et sourires remplaçant le manque de langue commune). On y verra les femmes faire la galette ou rouler le couscous, certaines vous montreront leurs bijoux dont elles sont très fières (et qui ne sont pas à vendre!) On pourra surtout admirer la simplicité et la sobriété des intérieurs et parfois même apercevoir quelques murs aux peintures traditionnelles ou quelques ustensiles anciens qu'on pouvait croire aujourd'hui disparus.

Sommaire

Présentation de la daira

Aït Yenniou Ath Yenni ou encore Beni-yenni est une ancienne commune de la wilaya de Tizi ouzou, confirmée lors du dernier découpage administratif de 1984. En 1991 elle fut érigée en chef-lieu de Daira regroupant les communes de Benni-Yenni, Iboudraren et Yatafen (souk el-Had). Elle est située à 150 km à l'est de la capitale et à 35 km au sud-est du chef-lieu de la Wilaya. La commune est traversée au sud par la route nationale 30 qui relie Tizi-Ouzou et plusieurs communes limitrophes, et elle est desservie par le CW 06 qui assure la liaison interne entre tous les villages.

Limites teritoriales

Caractéristiques

Aït Yenni s'étend sur une superficie de 325 ha pour une population de 6 765 habitants (1987) d'où il ressort une densité brute de deux habitants à l'hectare.

C'est une commune rurale, située sur le massif de la Kabylie au piémont de la chaîne du Djurdjura, soit à proximité du parc national. Son relief est constitué d'une succession de collines entrecoupées par des sites naturels exceptionnels qui lui a conféré un caractère touristique indéniable, renforcé par l'activité artisanale exercée par sa population autochtone.

Les Aït Yenni (les habitants de Beni Yenni) sont connus de longue date pour leur art dans la bijouterie d'argent émaillée.

Structure

La commune de Aït Yenni est structurée par une agglomération chef-lieu, regroupant les villages : Taourirt el Hadjadj, Taourirt Mimoum, Ait Larbâa, Ait Lahcén, Taourirt issoulas, Taourirt Khalef , Agouni Ahmed, Tigzirt et la zone éparse ou se trouvent quelques petite fractions dont la plus importante est Tansaout.

Tous les villages de Aït Yenni sont localisés au sommet des crêtes dont la plupart longent la voie centrale de la commune (CV60), constituant une urbanisation entrecoupée par la contrainte du relief.


Sans verser dans la présentation romanesque et romantique, Aït Yenni que la nature a gâté, se situe dans un paradis écologique à 150 km de la capitale, et à 35 km au sud est du chef lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. De cette commune, il est possible de balayer du regard une large proportion de la Kabylie. Une liberté du champ de vision dans ses points cardinaux autorise cette domination, à l’exception de la partie sud dont la vision est limitée par le Djurdjura mais rend infinie l’exaltation et la délectation.

Cette “colline oubliée”, perchée sur les montagnes, est témoin de l’histoire tumultueuse de la région en raison de son rôle marquant. Elle résiste, bon gré malgré, à l’érosion du temps grâce à la valeur de ses hommes et à la qualité de ses préoccupations. Ce peu de modernité et de modernisation qu’on y observe, ils le doivent incontestablement sans complexe aucun, à la colonisation qui les considéra à juste titre, comme un butin de guerre. Cette commune à une superficie globale de 35 km2 dont la prédominance des terres de nature montagneuse, pour une population estimée à 6 831 habitants, menant leur vie tout fièrement et avec exigence à une altitude de 950 mètres. Aït Yenni était connue comme pôle touristique grâce à la bijouterie, qui fait à ce jour la réputation de cette commune, mais ces dernières années l’activité connaît une échéance liée à l’absence d’une vision à haut niveau de cette activité qui permet de retrouver une partie du patrimoine artistique berbère. Le bijou de Aït Yenni, toujours imité mais jamais égalé, fait partie non seulement du patrimoine kabyle et algérien mais mériterait une promotion mondiale. En parlant de l’artisanat, il y a lieu de rappeler qu’après maintes tentatives de récupération des locaux de l’UNABE (Unité artisanale, unité spécialisée en bijouterie, menuiserie et ébénisterie), la commune de Aït Yenni a pu enfin atteindre son objectif en la reprenant en mains après des démarches plus poussées entamées en 2003. Il y a lieu de rappeler que jusque-là, elle était la propriété d’un holding régional implanté à Alger.

A présent, les autorités communales en collaboration avec les artisans, ont convenu que des réaménagements soient effectués au sein de l’unité pour y installer environ 20 stands destinés aux plus anciens dans le métier. Pour procéder aux réfections qui s’imposent, la commune a reçu une enveloppe de 2.000.000 DA et les travaux viennent d’être engagés.

Les Aït Yenni comme leur nom l’indique sont les descendants d’un certain Yenni dont les origines sont inconnues. La tradition, même légendaire, n’en dit rien. Au cours des siècles, il y a eu un apport d’une population nouvelle, venue parfois de très loin. Tels les Aït Larbaâ, émigrée de la région de Boussaâda. Les Aït Yenni figurent dans la liste des tribus de grande kabylie les plus marquantes, mentionnées par Ibn Khaldoun dans son Histoire des Berbères (traduction de Slane). “Au centre du contour de Zouaoua à peu près au centre de la Kabylie, dans un pays pauvre et ingrat, habitent trois tribus qui nous paraissent sous ce rapport dignes d’une mention spéciale. Ce sont Aït Rbah, les Aït Ouacif et les Aït Yenni. Elles habitent de petites villes dont la population varie de 70 à 3 000 habitants. Elles ont pu conserver et développer les industries spéciales d’armurier et d’orfèvrerie, industries dans lesquelles elles savent trouver de larges compensations à l’ingratitude de leur sol”. Constate E. Carettete (qui visita la Kabylie dans les années 1840-1842). De ces trois tribus la plus riche est celle de Aït Yenni . Le chef-lieu de Béni Lachène (un centre de Aït Yenni ), compte à lui seul 50 à 60 ateliers où l’on ne travaille que des armes et des bijoux. At Larbaâ, sur une population de 1 400 à 1 500 habitants renferme 30 ateliers d’armuriers et d’orfèvres. Comme on y fabriquait également de la fausse monnaie, industrie frauduleuse qui donnait bien à un commerce important qui a atteint tous les pays du Maghreb, bien qu’on infligea aux coupables saisis en flagrant délit la peine de mort.

Mais les Aït Yenni , sont surtout connus, aujourd’hui encore, pour leur industrie de la bijouterie émaillée. L’orfèvrerie émaillée qui antérieurement n’avait que faiblement pénétré en Afrique par les Vandales, puis les Byzantins, fut transmise comme un héritage suprême du Moyen-Age finissant à certaines cités maghrébines qui, bientôt la négligèrent, puis l’oublièrent. Cet art et ces techniques ont été conservés dans certains contours montagneux ou isolés comme Béni Yenni et qui ont en fait un art entièrement berbère.

La population de Aït Yenni , est répartie en quatre gros centres s’échelonnant sur les sommets d’une arête montagneuse, entourée sur trois côtés par des oueds torrentiels, de nos jours limites naturelles de la tribu. Cette arête est reliée à la haute montagne par la “tranchée” Tassaft Ouguemoun, sorte de col à travers lequel la route Tizi Ouzou, via Yattafen, Aïn El Hammam se fraye un passage. A partir de ce point (la tranchée), les villages se présentent dans cet ordre : Taourirt El Hadjadj, Taourit Mimoun, Aït Larbaâ et Aït Lahcène. Quant aux autres villages, de moindre importance bâtis sur les pentes du versant sud-ouest ce sont Taourirt Mimoun, Aït Larbaâ et Aït Lahcène qui sont les plus anciens centres. Dans (Villages de Kabylie), Henri De Genevois avait écrit : “Leur groupement, opéré sous l’égide de Sidi Ali Ouyahia, daterait des débuts du XVIIe siècle. Aït Lahcène est de loin le village le plus peuplé et ses habitants seraient d’une force redoutable. Sidi Ali Ouyahia, cet homme saint arrivé peu de temps avant 1616 du sud marocain de Saguia El Hamra, contribua à changer la physionomie de la tribu. Il était habile, diplomate, plus encore puissant dogmatique, il sut entraîner les Aït Yenni à la victoire définitive sur ses ennemis irréductibles qui sont les Aït Ouacif, puis il regroupa les villages de la tribu pour en faire leur petite patrie, capable de se faire respecter et même de s’imposer à ses voisins”.

Notes

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