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Les Belles Lettres
Les Belles Lettres sont une maison d'édition française spécialisée dans les auteurs antiques.
Sommaire
Fondation des éditions
La légende des Belles Lettres veut que tout ait commencé au moment de la Grande Guerre, lorsque le linguiste Joseph Vendryès (1875-1960), désireux d'emporter dans son paquetage une édition scientifique d'Homère, ne put mettre la main que sur des éditions allemandes. À la fin de la guerre, fut créée l'Association Guillaume Budé — d'après le nom de l'humaniste français du XVIe siècle. L'association se donnait comme objectif de diffuser les grands classiques issus de la culture grecque et latine, et décida de publier « une collection complète d'auteurs grecs et latins, textes et traductions ».
Mais l' Association Guillaume Budé n'avait pas les moyens financiers de ses ambitions. Pour éditer ces classiques, il fut décidé de fonder une société d'édition, la « Société Les Belles Lettres pour le développement de la culture classique », devenue aujourd'hui « Société d'édition Les Belles Lettres ». Des capitaux furent réunis, provenant « d'industriels français amis des lettres classiques », au total 300 actionnaires. Son premier président fut l'helléniste Paul Mazon (1874-1955), traducteur d'Homère. Le siège social des éditions se trouvait à Paris, au 157 boulevard Saint-Germain.
La « Collection des Universités de France », dite « Budé »
En 1920 paraît le premier volume de la Collection des Universités de France, publié sous les auspices de l' Association Guillaume Budé (d'où le nom familier de « Budé ») : il s'agit de l' Hippias mineur de Platon, traduit par Maurice Croiset, dans un volume broché de couleur jaune frappé de la chouette d'Athènes. Peu après paraît le premier volume de la série latine, le De natura rerum de Lucrèce, traduit par Alfred Ernout, à couverture rouge ornée de la louve capitoline. Les volumes répondent au vœu de Joseph Vendryès : ce sont des éditions scientifiques que l'on peut glisser dans la poche. Jean Malye devient directeur général des Belles Lettres, qui déménagent au 95, boulevard Raspail, où elles se trouvent encore de nos jours. Les éditions sont aujourd'hui dirigées par Caroline Noirot.
Le modèle d'un Budé n'a pas changé depuis 1920. Page de droite, le texte grec ou latin. Les éditions sont toujours établies à nouveaux frais, d'après les manuscrits reconnus les plus importants : pour l'établissement du texte, des microfilms des principaux manuscrits sont réalisés. Le texte établi vise à restituer le texte le plus ancien transmis par les différents manuscrits. Le philologue établi pour cela une sorte d'arbre généalogique des manuscrits en comparant les variantes - le stemma codicum. L'apparat critique figure sous le texte original, avec les indications de variantes des manuscrits étudiés. Page de gauche, une traduction s'efforçant « avant tout de reproduire le mouvement, la couleur, le ton du texte ». L'édition et la traduction sont confiées à un (ou plusieurs) spécialistes de l'auteur et font l'objet d'une vérification soigneuse par un tiers. Au verso de la page de titre figure une mention connue de tous les lecteurs de la série : « Conformément aux statuts de l'Association Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la commission technique, qui a chargé M. (= le correcteur) d'en faire la révision et d'en surveiller les épreuves en collaboration avec M. (= l'éditeur et traducteur). »
Dans les années 1950 et 1960, une trentaine de titres Budé firent l'objet de coéditions par le Club français du livre dans la collection Les Portiques en traduction française seulement et avec un appareil critique très simplifié.
Aujourd'hui, plus de 800 volumes ont été édités (un peu plus de grecs que de latins). L'objectif de la série est toujours de publier tout ce qui fut écrit en grec et en latin jusqu'au milieu du VIe siècle après J.-C. (jusqu'au règne de l'empereur Justinien), en littérature, poésie, philosophie, théologie, mathématiques, médecine, astronomie, géographie, droit... Toutefois, les auteurs chrétiens, qui figuraient pleinement au programme éditorial des débuts, ont été laissés aux soins de la collection Sources chrétiennes aux éditions du Cerf. Seuls les écrits littéraires des Pères de l'Eglise font ou feront l'objet d'une édition aux Belles Lettres, comme Les Confessions de saint Augustin, par exemple.
La collection « Classiques en poche » reprend certains volumes de la série grecque et latine sans l'apparat critique, en proposant régulièrement des traductions rafraîchies : le Satiricon de Pétrone a ainsi fait l'objet d'une vigoureuse traduction par Olivier Sers, que ne renierait sans doute pas un Federico Fellini.
Autres collections
Des collections bilingues concernant l'histoire de France, les classiques du Moyen Age ou les textes classiques anglais voient peu à peu le jour (édition bilingue complète du théâtre de Shakespeare). Des auteurs comme François Malherbe sont publiés.
- La collection Confluents psychanalytiques est créée en 1976.
- La collection Realia, dirigée par Jean-Noël Robert, en 1983, propose des ouvrages de vulgarisation exigeante (par exemple : Les plaisirs à Rome, du même auteur).
- La collection Histoire propose des travaux d'auteurs français (comme Pierre Vidal-Naquet, par exemple) ainsi que de nombreuses traductions d'ouvrages étrangers.
- La collection Science et humanisme édite et traduit des textes scientifiques de la Renaissance et de l'âge classique : Galileo Galilei, Johannes Kepler, Campanella, Isaac Newton, etc.
- La collection La roue à livres propose des traductions d'auteurs antiques et renaissants, mais sans texte original.
- La collection L'âne d'or propose des ouvrages d'histoire des idées, consacrés à Emmanuel Kant ou Giordano Bruno, à l'astronomie, à l'histoire de la médecine.
- La collection Classiques du Nord, dirigée par Régis Boyer offre des traductions de textes issus des littératures danoise, suédoise, norvégienne et islandaise.
- La collection Guides Belles Lettres des civilisations propose des guides de voyage dans le temps, à la découverte de l'Amérique précolombienne, de l'Islande des Vikings ou de l'Inde des brahmanes.
- La collection Laissez faire dirigée par François Guillaumat et la collection Bibliothèque classique de la liberté dirigée par Alain Laurent publient des auteurs libéraux comme Frédéric Bastiat, Yves Guyot ou Benjamin Constant.
Hors collection, les Belles Lettres publient les œuvres complètes de Giordano Bruno et de Pétrarque en édition critique bilingue. Ainsi que des auteurs plus inattendus comme Jean-Edern Hallier, Philippe Léotard ou Francis Lalanne.
Diffusion d'autres éditeurs
Parallèlement à ce travail d'édition, les Belles Lettres diffusent d'autres éditeurs, grands ou petits :
- Éditions Rue d'Ulm, presses de l'École normale supérieure (Paris)
- Éditions du CNRS (Paris)
- Éditions Agone (Marseille)
- Science infuse (Paris)
- L'Âge d'homme (Lausanne)
- Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances (Paris)
Faits divers
Le 29 mai 2002, un incendie a détruit les entrepôts de stockage des Belles Lettres à Gasny (Eure). Un programme de réimpression des ouvrages fut aussitôt lancé. Presque tous les livres ont fait l'objet d'une réimpression à ce jour, bénéficiant au passage de corrections ou d'ajouts bibliographiques.
Une centaine de livres sont publiés chaque année par Les Belles Lettres.
Lien externe
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