Le MUR (art urbain)

Jacques Villeglé devant le MUR en 2008.

Le M.U.R. (Modulable, Urbain et Réactif) est une association loi de 1901 d'intérêt général fondée en mars 2003 dont l’objet est « la promotion de l’art contemporain et plus particulièrement de l’art urbain ».

Sur Le MUR, au niveau du 107 de la rue Oberkampf, dans le 11^e arrondissement de Paris, un nouvel artiste expose son œuvre toutes les deux semaines. La nouvelle œuvre remplace la précédente, perpétuant ainsi le principe d'un art urbain éphémère. Le MUR se présente depuis 2000 comme un des principaux lieux d'exposition d'art urbain à Paris.^[1]

Historique

Première période non officielle (mai 2000-mars 2001)

A partir de mai 2000, le double panneau publicitaire à l'intersection des rues Oberkampf et Saint Maur (dans le XIe arrondissement de Paris) devient un « spot » de l'art urbain parisien^[2]. Un peu comme un squat vertical, les deux panneaux « 4 par 3 » d'affichage gérés à l'époque par la société Giraudy sont brouillés. Le détournement systématique du panneau par Thom Thom génère un premier cercle de rencontres : Nomad, Vast, L'Atlas^[3].

Seconde période non officielle (mars 2001-mai 2002)

En mars 2001, Thom Thom invite Jean Faucheur à venir coller une affiche sur le panneau détourné depuis presque un an.Faucheur présente alors une série d’œuvres réalisées dix ans auparavant, en commençant par une scène tricolore, Gran' Popa Scalp. C'est ensuite la série des échantillons^[4]. Le cercle s'élargit en 2002 en un collectif éphémère de plusieurs dizaines d'artistes. L'objectif de ce groupe, baptisé Une nuit, est de remplacer en une nuit les affiches publicitaires du 11^e arrondissement par des œuvres originales de 4 mètres sur 3 réalisées en atelier. Le collectif revendique sa première action le 24 mai 2002^[5].

Troisième période non officielle (mai 2002-janvier 2003)

En septembre 2002, à l'occasion du tournage du clip de Youssou N'Dour et Pascal Obispo, So many men, le M.U.R. est intégralement recouvert d'un papier bleu permettant l'incrustation. Une fois le tournage achevé, Thom Thom réalise un double megalogo^[6].

Période « Réservé aux autistes » (janvier 2003-janvier 2007)

Dans les premiers jours de 2003, le double panneau Giraudy est retiré. Un nouveau bardage est mis en place par Dauphin avec un panneau sous Plexiglas côté cour et un petit panneau (200cm par 150cm) côté jardin. Ce panneau est accompagné d'un écriteau indiquant « Avis aux artistes, ce panneau vous est spécialement réservé pour donné libre cours a votre imagination. » Quelques heures après sa pose, l'écriteau est détourné par Thom Thom en « Avis aux autistes etc. »^[7],[8]

Cette situation persiste jusqu'en 2007. Deux nouvelles actions « une nuit » ont lieu le 9 mai 2003 puis le 20 mai 2005^[9].

En mars 2003, les statuts de l'association M.U.R. sont déposés. Dès lors, le projet d'un « mur-galerie » est proposé aux autorités^[10]. Le Comité de l'art dans la ville donne un avis favorable en septembre 2005^[11].

Première période officielle (2007-février 2009)

L'inauguration officielle a lieu, en présence de Georges Sarre, le jeudi 25 janvier 2007^[12]. La première affiche « légalement collée » est signée par Gérard Zlotykamien. Un double panneau, installé par Clearchannel pour le compte de la mairie est mis en place de manière temporaire. Les travaux de restaurations sont annoncés. La dernière affiche collée sur le « MUR vert » est celle de RERO.

Seconde période officielle (depuis mai 2009)

Le nouveau MUR (teinte puce) entre en fonction en juin 2009 avec l'affiche phosphorescente de Pierre Huyghe qui rend hommage à Manhu, membre décédé des Frères Ripolin. L'inauguration du nouveau MUR est officialisée le 28 novembre 2009 par Patrick Bloche. D'août à décembre, le MUR présente des affiches d'abord exposées à la Fondation Cartier lors de « Né dans la rue - Graffiti »^[13]. En octobre 2010, parait aux éditions Kitchen 93 Le MUR/The Wall, un premier livre-catalogue qui regroupe toutes les oeuvres éxposée officilement depuis Gérard Zlotykamien jusqu'à Ella et Pitr.

Le M.U.R. en activité

Les modes d’intervention sur le panneau sont libres et multiples. Les artistes utilisent les matériaux de leur choix : aérosol, acrylique, collage, encre... Généralement ils créent des œuvres de 3 x 8 mètres pour respecter le cadre. Cependant, ceci reste aussi un choix. Le mur d’Oberkampf est l’objet d’une quantité énorme de demandes. Toutes les candidatures sont étudiées, mais toutes ne peuvent être retenues. La programmation privilégie les intervenants issus du street art.

En 2010, l’association a mis à la disposition de l’ESAH (École supérieure d'art du Havre) et de l’ENSPC (Ecole Nationale Supérieure de Paris Cergy) le panneau. Pendant une semaine, les étudiants ont eu l’opportunité de montrer leurs œuvres dans l’espace urbain.

La Forge

La mairie du 20^e arrondissement de Paris a mis à la disposition de l’association Le M.U.R. des locaux à La Forge, à Belleville. Trois associations différentes gèrent cet espace. Le M.U.R. dispose de quatre ateliers. Les ateliers loués par le M.U.R. sont à leur tour cédés à prix coûtant à des artistes. Les artistes qui participent au mur d’Oberkampf peuvent utiliser s’ils le souhaitent les ateliers de La Forge pour préparer l’œuvre avant de la coller.

Exposition « 400ML »

Le M.U.R. gère aussi « 400ML Project », une exposition à l’initiative du collectionneur Gautier Jourdain. Customiser les objets est une constante du graffiti. Quand Jean Faucheur offre une bombe aérosol customisée à Gautier Jourdain, ce dernier ne pensait pas qu’il consacrerait deux ans de sa vie à la réalisation de cette collection unique : 400 bombes réalisées par 400 artistes internationaux. Le titre du projet est choisi en référence à la contenance européenne standard d’une bombe aérosol (400 millilitres). Cette mission remplie, Gautier Jourdain eut l'initiative de la céder au M.U.R. pour sa diffusion.

La bombe aérosol est l’objet fédérateur qui symbolise le mieux l’art de la rue. Tous les artistes ne l’utilisent pas. Pour autant, qu’ils soient adeptes du collage, des stickers ou des performances, tous se reconnaissent dans ce symbole. Dès lors, 400 artistes urbains emblématiques dans le monde ont accepté de travailler sur ce support. « 400ML Project » est un concentré d’art urbain. L’exposition a été montrée pour la première fois en novembre 2008 à la Maison des Métallos à Paris. L’affluence du public fut telle que les organisateurs furent obligés de limiter l’accès à l’établissement. Depuis cette date, « 400ML Project » a continué à parcourir la France et bientôt d’autres pays.

Le conseil artistique

Le M.U.R. répond à des demandes de collaboration, notamment en ce qui concerne le conseil artistique lié aux arts urbains. Cette culture émergente requiert une expertise qui est en élaboration constante.

Un exemple a été le partenariat avec la Fondation Cartier pour l’exposition « Né dans la rue – Graffiti » qui s’est déroulée du 7 juillet 2009 au 10 janvier 2010. La Fondation Cartier a invité les artistes Alëxone, le collectif 1980, Fancie, Jean Faucheur, WK Interact, Honet, NP 77, Poch, RCF 1, Sun7 et Thom Thom à créer des œuvres en public. Ces œuvres furent exposées un mois puis affichées sur le mur d’Oberkampf.

Le M.U.R. a établi des partenariats avec le Groupe IGS pour Urb’art, avec Artaq à l'occasion des premiers prix internationaux du street art en mai 2010 à Angers, ou avec la Ville d’Orléans pour la transformation d’un espace en friche en centre culturel et artistique.

Liste (non exhaustive) des artistes présentés sur le MUR

Sources (presse)

• 2002 :
  • Le Parisien, supplément du 14 septembre, « Les graffs et les tags sont devenus à la mode », dossier de Flavie Novellio, p. X : « Juste devant le Café Charbon, un mur à découvrir au niveau du 109 de la rue. Des personnages qui semblent sortis d'une bande dessinée recouvrent deux panneaux publicitaires. »

• 2003
  • Zurban, 8 janvier, p. 6, « Graffiti Interdit d'autoriser ! » Antoine Besse

• 2007
  • Metro (25/01/07) « De l'art à la place de la pub, la rue Oberkampf (XI) se dote d'un panneau artistique », Aurélie Sarrot
  • Airs de Paris
  • Clark Magazine, « Le M.U.R. : un mur sort de l'anonymat » (1 000 signes, photo d'une œuvre de l'Atlas)
  • Le Parisien (3 mai 2007), Oberkampf « Les artistes supplantent la pub» J.H (photo oeuvre Zloyykamien et collectif)
  • Nouvel Observateur Paris (3 mai 2007) sommaire œuvre de Gil Bensmana
  • Matinplus 07/05/07 (p. 3) Gil Bensmana
  • Paris Vendu, « Un œil sur ma ville » par Olivier D'Hondt (p. 6) œuvre d'Influenza et 9eme Concept
  • Libération (10 août), Focus « À Paris, quand l'art éphémère rase le M.U.R.», article de Mathilde Carton (1 000 signes, photo de l'œuvre de Michael di Feo)
  • article « polémique » dans Le Parisien au moment de la Nuit blanche (motards en colère...)
• 2008 :
  • Libération (23 et 24 février), « Art urbain / Théolier au M.U.R. », article de Marie Lechner, (photo)
  • Le Parisien (5 juin), « Art / XI^e, Le Mur affiche les habitants d'Oberkampf », article de Sébastien Ramnoux
  • Libération (30 septembre), « Variétés, Affiche volée de Villeglé », (600 signes, non signé)
  • Le Parisien (30 septembre), Vol / XI^e, « L'œuvre d'art de la rue arrachée en pleine nuit », article de Benoît Hasse
  • Le Monde (2 octobre), « Art, Vol d'une œuvre de Jacques Villéglé », (dépêche AFP)
  • Libération (29 octobre), « Lâcher de 400 bombes à Paris », article de Marie Lechner
  • Beaux Arts magazine (décembre), « Un mur à part » (dossier de Malika Bauwens)
  • Systaime (vidéaste) : « Gimme five : entretien avec Thomas "TOM TOM" Schmitt (14 novembre 2008) » ^[14]
• 2009 :
  • Direct Matin Plus (10 juillet), « Quand l'art naît de la rue à la Fondation Cartier » (500 signes, non signé, photo de Fancie)
  • Art Actuel (juillet-août), « L'art de la rue chez Cartier », article de Isabelle de Maison Rouge
  • Le Journal de l'île de la Réunion (17 septembre), « Ligne Rouge au-delà de l'horizon », article de Marine Dusigne (photo de Louis Pavageau)
  • Le Quotidien de la Réunion et de l'Océan Indien (6 novembre), « Un Mur pour Saint-Denis », article de Jennifer Bodereau
• 2010 :
  • Artension n° 103 (septembre-octobre), « Trois ans d'âge », article de Christophe Averty et Keff Joons
  • magazine Snatch #4 (octobre-novembre 2010) portfolio de Joséphine Dezellus, pages 128-131
  • Le Parisien (supplément idf-oise) (29 octobre 2010), Vivre à Paris IV^e, « L'art urbain en fête au MUR » (500 signes, non signé)
  • émission Carnet de campagne présentée par Philippe Bertrand sur France Inter le 23 décembre 2010
• 2011 :
  • « Le M.U.R., de l'illégalité à l'institution : entretien avec Thomas Schmitt (secrétaire de l'association) »^[15] sur le site de France Culture (18/5/11)
  • « À coup de griffes sur les murs : entretien avec Thomas Schmitt (Thomas Schmitt, alias Thom Thom) »^[16] sur le site de France Culture (18/5/11)

Bibliographie

• Coll., Jusqu'ici tout va bien, critères éditions (monographie sur Jean Faucheur avec une dizaine de page sur les débuts du MUR)
• Coll., Le MUR/The WALL, kitchen éditions (tous les MURs officiel de Zlotykamien à Ella & Pitr )
• Ambre Viaud, Street Art, Un musée à ciel ouvert, coll. L'Art & La Manière, éditions palettes, p. 7 (oeuvre d'Anne-Laure Maison)
• Karen Brunel-Lafargue, L'Art se Rue, coll Art & Société, éditions h'Artpon, p.36 (peuvre de RERO)
• Samantha Longhi, Paris, De la rue à la galerie, éditions Pyramyd (oeuvre de l'Atlas)
• Patrick Nguyen and Stuart Mackenzie, Beyond the Street: The 100 Leading Figures in Urban Art, gestalten (oeuvre d'Alex One) p. 185.

Notes

Voir aussi

Liens internes

• art urbain
• graffiti

Liens externes

• Site Flash de l'association M.U.R. (pour voir les affiches)
• Site HTML de l'association M.U.R. (revue de presse)

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