Jean Holmes

Jean Holmes

John Holmes, dit Jean Holmes, le 7 février 1799 à Windsor (en) dans le Vermont et mort le 18 juin 1852 à L'Ancienne-Lorette, est un religieux américain, membre agrégé de la Société des prêtres du Séminaire de Québec. Il fut un des principaux acteurs qui contribuèrent à la fondation de lUniversité Laval en 1852.

Sommaire

Carrière

de parents protestants et puritains, John Holmes fut placé au Collège de Dartmouth il prit goût à létude, au point de vouloir faire sa théologie et devenir ministre, mais son père le retira du collège, pour le faire travailler avec lui, à Colebrook, sur des propriétés quil venait dacheter à son intention. Le jeune homme ne put se faire à cette destinée et ne tarda pas à déserter pour gagner le Canada, âgé seulement de seize ans.

Il entra dabord dans la boutique dun tanneur, à Sherbrooke. Déniché par un instituteur de Trois-Rivières du nom de Burroughs, il trouva asile chez labbé Charles Écuyer, curé dYamachiche, qui le fit entrer dans lÉglise catholique, en 1817, et terminer ses études au Collège de Montréal. Ayant décidé de devenir prêtre, Holmes prit la soutane et enseigna la philosophie à Nicolet. Ordonné prêtre le 5 août 1823, il fut vicaire à Berthier-en-Haut, puis missionnaire des Cantons de lEst. Les fatigues de ce ministère itinérant ayant compromis sa santé, il offrit ses services au Séminaire de Québec.

Accueilli en 1827, labbé Holmes devint membre agrégé de la Société des prêtres du Séminaire de Québec en 1828 et, lannée suivante, il entra au Conseil. Il fut dabord professeur de philosophie, avec accompagnement traditionnel des sciences et des mathématiques. Le 13 août 1830, il devint directeur-préfet du Petit Séminaire mais, lannée suivante, on dédoubla cette fonction et il fut le premier préfet des études en titre jusquen 1836, sans laisser lenseignement. Selon toute probabilité il fut le responsable, ou du moins lun des responsables de lentrée du grec au programme du Petit Séminaire, ayant étudié cette langue à titre personnel, à Montréal ou à Nicolet.

Un éducateur hors pair

En 1836, il partit pour lEurope, il fut un an et demi, mandaté par le Séminaire pour réclamer la restitution des [[Bien national|propriétés confisquées en France lors de la Révolution], chargé surtout pour le compte du gouvernement de préparer les voies à louverture dÉcoles normales au Canada. En effet, il avait joué un rôle prépondérant dans la création des deux premières Écoles normales de Québec et de Montréal. Non seulement avait-il été lun des inspirateurs de la loi adoptée à cet effet le 31 mars 1836, mais cest à lui que les comités de régie des futurs établissements confièrent la mission daller aux États-Unis et en Europe afin dy étudier le fonctionnement de semblables maisons denseignement, de recruter des professeurs et dacheter des manuels et de léquipement de laboratoire.

La nouvelle de son voyage ne fut pas plus tôt connue que Jean Holmes se vit assiégé de demandes de toutes sortes. Tout le monde voulut profiter de loccasion. Le Séminaire de Québec, les collèges de Nicolet, de Saint-Hyacinthe et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière le prièrent de bien vouloir leur procurer des livres, des manuels de classe, des spécimens dhistoire naturelle et des instruments de physique et de chimie. Les Ursulines de Québec et de Trois-Rivières, lHôpital général, lHôtel-Dieu, la Société déducation de Québec et jusquà la librairie Cary lui demandèrent aussi des livres de classe et autres. Il lui fallut encore accepter de la part de la Literary and Historical Society of Quebec, dont il était lun des directeurs, la tâche de recueillir des documents sur lhistoire du Canada et de rencontrer les dirigeants de plusieurs instituts européens.

Labbé Holmes rapporta une très riche collection de minéraux, avec des livres et des instruments de physique pour le Séminaire de Québec et dautres collèges classiques de la Province. Il continua dailleurs à faire venir de ces instruments pas la suite et dota le Séminaire du plus riche cabinet de physique quon eût alors en Amérique.

Dernières années

Après son retour, labbé Holmes fut encore une fois directeur-préfet du Petit Séminaire pendant deux ans, de 1838 à 1840, puis seulement préfet, jusquen 1849.

Tant à titre de professeur quà titre de préfet et directeur au Séminaire de Québec, labbé Holmes développa une pédagogie se rapprochant davantage du courant libéral catholique présent dans la ville de Québec que du mouvement ultramontain qui gagnait en ardeur dans la région de Montréal. Dans son ouvrage intitulé Le Romantisme littéraire au Canada français, lhistorien Laurence Adolphus Bisson souligne qu’« il faut tenir compte de linfluence […] de labbé Holmes et de labbé Bouchez [sic : Pierre-Henri Bouchy] »[1] dans lémergence et dans la diffusion dun libéralisme modéré, catholique, au sein des institutions denseignement classique.

Par exemple, au Séminaire de Québec, une pédagogie libéralisée agissait discrètement et permettait le développement dune certaine autonomie intellectuelle de lécolier. Sous la tutelle de labbé Holmes, lenseignement de lhistoire tira sa didactique des cahiers dhistoire, des feuillets remplis par lélève « non pas sous la dictée du maître, mais daprès ses lectures et ses recherches, le maître nayant fait que [le] diriger dans [ses] études. »[2] Tel que réclamé par les catholiques libéraux, généralement « favorables à la libre recherche intellectuelle »[3], labbé Holmes augmenta substantiellement les charges de cours proposés à la population de Québec, élargissant de surcroît le champ de connaissance ouvert aux écoliers : « […] il introduisit lenseignement de lhistoire au Canada en 1838 et encouragea la pratique de la musique, de lart oratoire et du théâtre. »[4] Ce chaland passionné de la librairie J. & O. Crémazie aspirait à placer le Séminaire de Québec à légal « des bons établissements déducation libérale en France. »[5]

Labbé Holmes joua également un rôle dans lémergence littéraire du poète national Octave Crémazie. Lhistorien Séraphin Marion rappelle que le jeune Crémazie rencontra, au Séminaire de Québec vers 1842, labbé Holmes « qui semble bien avoir une influence majeure sur la destinée[6] » du poète. Ce serait « le cher abbé sans doute qui communiqua à son élève le feu sacré, la passion de la lecture, lamour du travail[7]. » Holmes aurait allumé chez son émule « un flambeau qui devait, quelque vingt ans plus tard, illuminer de ses rayons le berceau de la poésie canadienne » ; de surcroît, « le Canada français [serait] redevable de ce bienfait à labbé Holmes, guide réputé de Crémazie[8]. »

La clairvoyance et la vigueur de sa pédagogie portèrent la réputation du Séminaire de Québec au niveau qui lui valut la fondation de lUniversité Laval, en 1852. Mais labbé Holmes avait déjà pris sa retraite, accablé par les infirmités : à partir de 1848, il résida à la campagne à la Malbaie, à Iîle-aux-Coudres, à lAncienne-Lorette. Au printemps de 1852, il reparut encore une fois dans la chaire de la cathédrale de Québec, quil avait illustrée de ses conférences, quelques années durant. Mais il mourut subitement, à lAncienne-Lorette, le 18 juin 1852. Ses funérailles eurent lieu le 20, dans la chapelle du Séminaire.

Références

  1. Laurence Adolphus Bisson, Le Romantisme littéraire au Canada français, Paris, Droz, 1932, p. 256.
  2. Marc Lebel, Pierre Savard et Raymond Vézina, Aspects de lenseignement au Petit Séminaire de Québec, 1765-1945, Québec, La Société historique de Québec, 1968, p. 108.
  3. Jacques Gadille et Jean-Marie Mayeur, « Les milieux catholiques libéraux en France : continuité et diversité dune tradition », dans Jacques Gadille, dir., Les Catholiques libéraux au 19e siècle, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1974, p. 204.
  4. Claude Galarneau, « John Holmes (rebaptisé Jean) », dans Marc La Terreur, Dictionnaire biographique du Canada, Québec, Presses de luniversité Laval, 1985, vol. 8, p. 451.
  5. Noël Baillargeon, Le Séminaire de Québec de 1800 à 1850, Québec, Presses de lUniversité Laval, 1994, p. 348.
  6. Séraphin Marion, Les lettres canadiennes dautrefois, Ottawa/Hull, Éditions de lUniversité dOttawa/Éditions lÉclair, 1946, p. 5, p. 16.
  7. Idem, p. 17.
  8. Idem.

Œuvres

Outre ses Conférences de Notre-Dame de Québec (deux éditions), M. Holmes avait publié une Histoire ancienne ... (1831) et un Nouvel abrégé de géographie moderne ... (1832-33), qui connut après lui de nombreuses rééditions.

Bibliographie

  • Journal LAbeille du Petit Séminaire de Québec, 22 juin 1852.
  • Pierre-J. Olivier Chauveau, LAbbé Holmes et ses conférences de Notre-Dame, Imprimerie A.Côté et Cie, Québec, 1878, 88p. Microfiche de lexemplaire de lédition originale se trouvant à la National Library of Canada accessible en ligne http://www.archive.org/details/cihm_00587
  • A -D. Decelles, Introduction aux Conférences Notre-Dame de Québec de labbé Holmes, édition de 1876.
  • Honorius Provost, dans Le Séminaire de Québec. Documents et biographies, Québec, 1964, p. 464-466.

Articles connexes

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