- Baudoin IV
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Baudouin IV de Jérusalem
Pour les articles homonymes, voir Baudouin IV.Baudouin IV le Lépreux, (1161 † 1185) est un roi de Jérusalem de 1174 à 1185, fils d'Amaury Ier, roi de Jérusalem et d'Agnès de Courtenay. Ce roi est connu pour la lèpre dont il était atteint. Pourtant, malgré cette maladie, il ne renonça jamais et réussit à maintenir son royaume. Il est mort à l'âge de vingt-quatre ans.
Sommaire
Biographie
Naissance et jeunesse
Sa naissance n’est pas mentionnée dans un document ou une chronique contemporaine, mais des chroniques permettent d’estimer l’année de la naissance à 1161[1]. Il a une sœur aînée, Sibylle, de deux ans plus âgée. Son père, Amaury, alors comte de Jaffa, demande à son frère aîné, le roi Baudouin III d’être le parrain, qui accepte et lui donne son prénom. Baudouin III meurt l’année suivante, et Amaury lui succède, après avoir été obligé par les barons du royaume de se séparer d’Agnès de Courtenay, qu’ils jugeaient trop volage et intrigante pour devenir leur reine[2]. Amaury ne se remarie qu’en 1167 avec Marie Comnène, qui donne naissance à Isabelle[3].
Alors que Sibylle est envoyée auprès de sa grande tante, Yvette de Jérusalem, abbesse de Saint-Lazare de Béthanie, pour y être éduquée, Amaury préfère garder son fils auprès de lui. Quand Baudouin est âgé de neuf ans, Amaury le confie pour son éducation à Guillaume de Tyr, archevêque de Tyr et chroniqueur. Guillaume, dans son Historia, n’a que des éloges quand il parle de l’éducation de son jeune élève[4],[5].
Malheureusement, Guillaume, en observant le prince jouant avec des jeunes nobles de son âge, remarque que Baudouin ne semble pas affecté par la douleur, contrairement à ses compagnons de jeux. En l’examinant de plus près, il se rend alors compte que le jeune prince est atteint de la lèpre. Le roi fait appel à tous les médecins, aussi bien les latins que les musulmans, mais aucun remède ne permet la guérison de Baudouin, pas plus que l’immersion dans le Jourdain[6],[7].
La régence
Le 11 juillet 1174, le roi Amaury Ier meurt, après avoir vainement tenté d’empêcher la mainmise des Zengides sur l’Egypte. Ces derniers avaient cependant échoué, car Shirkuh le général turc chargé de la conquête de la vallée du Nil est mort en 1171, laissant le pouvoir à son neveu Saladin, qui refuse de se soumettre à Nur ad-Din. La situation est tout aussi catastrophique pour les Francs, car la mollesse des derniers Fatimides est remplacée par la fermeté des Ayyoubides[8].
Baudouin IV est immédiatement couronné, le 15 juillet. Il n’a que treize ans, et le sénéchal Miles de Plancy, un soldat valeureux, mais sans grand sens politique, se comporte en régent informel. Deux semaines après le sacre, le 28 juillet, le roi Guillaume II de Sicile débarque à Alexandrie et commence à l’assiéger, mais est battu par Saladin le 31 juillet. Si Miles de Plancy avait eu le bon sens de lancer une attaque simultanée, Saladin, qui était encore dans une situation précaire se serait trouvé dans une situation très défavorable. En outre, Miles abuse de sa position de régent, si bien que les barons lui demandent de se dessaisir de son pouvoir. Il refuse, et sera assassiné à la fin de l’année 1174, lors d’une tournée d’inspection à Saint-Jean-d’Acre. Le comte Raymond III de Tripoli est alors choisi comme régent, jusqu’à la majorité du roi fixée à quinze ans, selon les lois du royaume[9].
Le roi lépreux
Saladin, qui tient fermement l’Egypte, projette de s’emparer des sultanat d’Alep, d’Homs et de Damas, tenus par les héritiers de Nur ad-Din, afin d’encercler le royaume de Jérusalem pour ensuite le conquérir. Raymond de Tripoli, n’hésite pas à soutenir ces héritiers afin de contrer Saladin.
Dès 1175, Baudouin participe aux côtés de Raymond de Tripoli à une opération sur Homs qui oblige Saladin à lever le siège d’Alep. Puis, il conduit plusieurs raids et chevauchées en terre musulmane, toujours pour affaiblir Saladin. C’est à cette époque que Raymond de Tripoli met fin à ses fonctions de régent[10].
Dès cette date, Baudouin s’occupe de régler le mariage de sa sœur Sibylle, car il est certain qu’elle sera la prochaine souveraine. C’est finalement Guillaume de Montferrat qui est choisi et qui épouse Sibylle, mais mourra d’une infection en juin 1177[11]. La question de l’époux de Sibylle sera un problème récurrent pendant le règne Baudouin, jusqu’au mariage avec Guy de Lusignan, qui ne se montrera pas à la hauteur des espérances.
A cette même époque, Renaud de Châtillon, ancien prince d’Antioche capturé par les Turcs depuis seize ans, est libéré et rejoint la cour de Jérusalem. Ce vaillant chevalier n’est en fait qu’un seigneur pillard dépourvu de tout scrupules et va mettre en danger la sécurité du royaume à plusieurs reprises[12].
En 1177, Philippe d’Alsace, comte de Flandre vient combattre en Terre Sainte et participe à une opération avec Raymond de Tripoli dans le nord. Profitant de l’absence d’un certain nombre de chevaliers et soldats, Saladin envahit le royaume par le sud. Baudouin le Lépreux parvient, avec des troupes réduites à prendre Saladin par surprise et à lui infliger un sérieux revers à Montgisard le 25 novembre 1177[13],[14].
D’autres raids sont effectués de part et d’autre durant l’année qui suit, et Baudouin décide de construire de nouvelles forteresses, dont celle du Gué de Jacob terminée au mois de mars 1179 et qu’il confie aux Templiers[15]. Le 10 mars 1179, un raid à Panéas en terre musulmane manque de tourner à la catastrophe : Baudouin est à deux doigts d'être capturé, et le connétable Onfroy II de Toron est tué alors qu'il protège sa fuite[16]. Le 10 juin 1179, c'est à Marj Ayoun que l'ost est battu par Saladin qui fait de nombreux prisonniers ; Baudouin, encore une fois, échappe de peu à la capture[17]. Enfin le 29 août 1179, Saladin assiège et détruit la forteresse du Gué de Jacob[18].
Les deux royaumes sont épuisés. Baudouin et Saladin concluent une trêve en 1180 pour une durée de deux ans[19]. Durant cette période, plusieurs souverains européens décèdent, comme Louis VII de France et Manuel Ier Comnène. Leur successeurs ont d’autres priorités que celle de combattre en Terre Sainte, ainsi que l’empereur Frédéric Barberousse, en lutte contre les Welfs.
En 1180, le roi ne peut empêcher et accepte même par lassitude et sous la pression de sa mère plusieurs décisions aux conséquences désastreuses : l’élection du patriarche Héraclius d’Auvergne, le remariage de Sibylle avec Guy de Lusignan et le remariage d’Etiennette de Milly, dame d’Outre Jourdain et veuve de Miles de Plancy avec Renaud de Châtillon [20]. Ce dernier, installé au krak de Montréal, sur la route des caravanes reliant l’Egypte à Damas, pille sans vergogne les caravanes et organise même une expédition pour piller la Mecque[21], multipliant les provocations vis-à-vis de Saladin qui va assiéger le krak à plusieurs reprises et sera à chaque fois contré par l’ost de Baudouin. En août 1182, Baudouin à la tête de son ost repousse Saladin qui menace Beyrouth. Puis il effectue un raid à proximité de Damas. En novembre 1183, il force Saladin à lever un nouveau siège au krak de Montréal, où sont célébrées les noces d’Onfroy IV de Toron et d’Isabelle, la sœur du roi. C’est au cours de cette opération que Baudouin, voyant le manque de sens politique de Guy de Lusignan, décide de l’écarter de la succession. De retour à Jérusalem, il décide d’associer au trône son neveu Baudouinet et de nommer Raymond III de Tripoli comme régent et bailli du royaume.
En effet, Baudouin, dans les derniers stades de la maladie, n’a plus les moyens physique d’assurer le gouvernement du royaume et meurt le 16 mars 1185 à l'âge de 24 ans (Saladin portera son deuil). Ses efforts pour assurer la succession du royaume seront malheureusement compromis par la mort de Baudouin V, son neveu, Guy de Lusignan et Sibylle monteront ensuite sur le trône pour mener le royaume à sa perte, par le désastre de Hattin.
Précédé par Baudouin IV de Jérusalem Suivi par Amaury Ier roi de Jérusalem 1174-1185 Baudouin V Notes et références
- ↑ Foundation for Medieval Genealogy
- ↑ Pernoud 1990, p. 139-140. René Grousset parle également de cette exigence des barons, mais sans préciser les griefs qu'ils avaient contre Agnès (Grousset 1935, p. 419-421).
- ↑ Grousset 1935, p. 481-2
- ↑ On peut croire Guillaume de Tyr partial dans son jugement, mais l’histoire du règne de Baudouin le Lépreux confirme son intelligence et sa culture.
- ↑ Aubé 1981, p. 58 et 60-1
- ↑ Le Chapitre V du second livre des Rois raconte que Naaman, général du roi de Syrie Benadad est guéri de la lèpre de cette manière sur les conseils du prophète Elisée.
- ↑ Aubé 1981, p. 62-4
- ↑ Grousset 1949, p. 231-7.
- ↑ Aubé 1981, p. 90-97.
- ↑ Aubé 1981, p. 104-112.
- ↑ Aubé 1981, p. 127-9.
- ↑ Aubé 1981, p. 122-6.
- ↑ Aubé 1981, p. 147-175.
- ↑ Grousset 1935, p. 617-627.
- ↑ Aubé 1981, p. 188-193.
- ↑ Aubé 1981, p. 202-4.
- ↑ Aubé 1981, p. 205-215.
- ↑ Aubé 1981, p. 216-8.
- ↑ Aubé 1981, p. 219.
- ↑ Aubé 1981, p. 244-253
- ↑ Aubé 1981, p. 265-279
Annexes
Bibliographie
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - II. 1131-1187 L'équilibre, Perrin, Paris, 1935 (réimpr. 2006), 1013 p.
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Payot, coll. « Bibliothèque historique », Paris, 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X)
- Pierre Aubé, Baudouin IV de Jérusalem, le roi lépreux, Hachette, coll. « Pluriel », 1981 (réimpr. 1996), 498 p. (ISBN 2-01-278807-6)
- Régine Pernoud, La femme au temps des croisades, Stock, Paris, 1990, 405 p. (ISBN 2-234-02229-0)
Adaptations littéraires et cinématographiques
- Serge Dalens, L'Etoile de Pourpre, Fleurus, coll. « Signe de Piste » :
- Deux tomes (1 - Les Prisonniers ; 2 - Les Lépreux),
- également adaptée en Bandes Dessinées.
- Juliette Benzoni, Thibaut ou la croix perdue, Plon, 2002.
- Kingdom of Heaven, film de Ridley Scott, joué par Edward Norton. A l'origine, le réalisateur voulait engager un inconnu, mais l'acteur a insisté pour avoir le role. Pour laisser les spectateurs s'interesser au personnage du roi plus qu'a lui-meme, l'acteur a préféré ne pas etre crédité sur l'affiche du film.
- Laurence Walbrou-Mercier, Baudouin IV de Jérusalem « ...C'est pourquoi je ne faiblirai pas », Téqui, 2008, 206 p. (ISBN 978-2-7403-1424-1) Roman historique.
- Georges Bordonove Les lances de Jérusalem
- Dominique Baudis La Conjuration
- Zofia Kossak The leper king
Articles connexes
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