- Glaucus atlanticus
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Glaucus atlanticus Glaucus atlanticus Classification Règne Animalia Embranchement Mollusca Classe Gastropoda Sous-classe Opisthobranchia Ordre Nudibranchia Famille Glaucidae Genre Glaucus
Forster, 1777Nom binominal Glaucus atlanticus
Forster, 1777Glaucus atlanticus, unique représentant du genre Glaucus, francisé en glauque dans les écrits anciens, est une petite espèce de nudibranche de la famille des Glaucidae. C'est un mollusque décrit comme élégant par ses formes et ses couleurs, mêlant le blanc et le gris perle à différents tons de bleu.
Il vit dans toutes les eaux tempérées ou tropicales, où il flotte à la surface des eaux parmi le pleuston, face ventrale tournée vers la surface. Il se nourrit principalement d'hydrozoaires dont il tire son pouvoir urticant, y compris pour l'Homme, en conservant certains nématocystes. Il est hermaphrodite et des chapelets d'œufs sont pondus à la dérive ou fixés sur les cadavres des proies des adultes.
Au cours du XIXe siècle, cette espèce a été décrite de nombreuses fois et sous de nombreux noms par plusieurs grands naturalistes, notamment français. Les études plus récentes ont conclu au monotypisme du genre. Il est très proche de Glaucilla marginata, jusqu’à ce jour l'unique autre espèce de la famille dans l'acception la plus stricte de cette dernière.
Sommaire
Description
Morphologie et anatomie
« Le charmant animal qui forme [le genre Glaucus] a dû frapper tous les naturalistes navigateurs, par la grâce de ses formes, et par l'éclat et l'agréable assortiment de ses couleurs »
— Georges Cuvier, 1805[1]
Ce nudibranche mesure de 3 à 4 centimètres de long[2],[3], mais peut atteindre 6 centimètres[4]. Il a un corps effilé et aplati, et possède généralement six, parfois huit appendices depuis lesquels rayonnent des cerata, jusqu'à 84 au total, disposés sur une unique rangée[5],[2]. La tête est petite mais distincte, munie d'une paire de tentacules oraux et d'une paire de tout petits rhinophores sur la face dorsale[2] ; les yeux sont minuscules, mesurant 0,04 mm de diamètre[6].
Cette limace de mer se déplaçant face ventrale vers le haut grâce à une bulle d'air contenue dans l'estomac, sa coloration est conforme à la loi de Thayer dont il serait un « cas d'école » : la face inférieure de l'animal — dos et face supérieure des cerata — est gris argenté, tandis que le dessus — pied et face inférieure des cerata — est bleu, ou bleu et blanc, notamment parcouru de bandes bleu sombre le long du pied[3].
Les dents de la radula sont cuspidées, formées d'une pointe centrale bordée de denticules, formant des lames crénelées[7],[8]. La formule dentaire est 0-1-0[7],[2].
Le pore rénal (ou néphroprocte), le pore génital et l'anus sont situés sur le côté droit de l'animal ; le premier sur la face dorsale, les autres sur la face ventrale. Comme nombre d'opistobranches, G. atlanticus possède un pénis rétractile muni d'une épine chitineuse, aidant au maintien en position lors de la copulation[2].
Espèce similaire
G. atlanticus ne peut guère être confondu qu'avec Glaucilla marginata. Il en diffère par la taille, G. marginata ne mesurant pas plus de 12 mm de long, et par la longueur du métapodium (la « queue »), bien plus courte chez G. marginata[9]. Le nombre de cerata est plus important chez G. marginata qui en compte jusqu'à un total de 137 ou 139, et qui sont disposés en plusieurs rangées ainsi que sur huit appendices au lieu des six habituels de G. atlanticus[9],[10]. Le pénis de G. marginata n'est pas « armé », c'est-à-dire qu'il ne possède pas d'épine chitineuse[11] ; la pointe des dents est proportionnellement plus longue chez Glaucilla[7].
Écologie et comportement
Alimentation
G. atlanticus se nourrit d'autres organismes pélagiques plus grands que lui, consommant les tentacules d'hydrozoaires qui flottent, comme lui, à la surface des océans (pleuston) et qui forment ce que le biologiste marin Alister Hardy avait décrit sous le nom de « The Blue Fleet » (La Flottille Bleue) ; trois espèces urticantes composent ce groupe : la physalie (Physalia physalis), la vélelle (Velella velella) et la porpite (Porpita porpita)[12],[13],[3]. Il peut se fixer à ses proies à l'aide de ses mâchoires chitineuses[14]. G. atlanticus s'en prend aussi aux janthines (Janthina sp.), gastéropodes dont le mode de vie est semblable au sien[3]. Il se livre parfois aussi au cannibalisme, lorsque l'occasion se présente[15],[13].
Stratégie de défense
G. atlanticus tire son pouvoir urticant des physalies dont il se nourrit. Cette réutilisation à des fins défensives d'éléments issus d'une proie par un carnivore est parfois nommée « oplophagia », du grec ancien ὅπλον (hóplon) signifiant « arme »[16]. G. atlanticus est immun vis-à-vis des toxines et stocke les nématocystes les plus venimeux pour son usage personnel et pour cette raison, il peut provoquer des lésions plus fortes que celles des physalies dont il se nourrit. Ces nématocystes sont transférés dans des sacs spécialisés : les cnidosacs, répartis sur le corps mais aussi dans les cerata, où ils se déplacent lentement de la base jusqu'à l'extrémité[3],[5].
Reproduction
Comme beaucoup de limaces de mer, G. atlanticus est hermaphrodite et chaque individu possède simultanément les organes reproducteurs mâle et femelle, mais ne peut s'auto-féconder. Contrairement à la plupart des nudibranches qui s'accouplent tête-bêche en accolant leurs côtés droits, chez G. atlanticus les deux partenaires se reproduisent face à face en accolant leurs faces ventrales[17].
Par la suite chacun d'eux pondra des œufs entourés de mucus, sous forme de chapelets pouvant dépasser 17 millimètres de long[18],[2] et comptant de 10 à 36 œufs[19]. Ceux-ci sont abandonnés à la dérive en pleine mer, parfois placés sur les carcasses des proies des adultes[20],[12],[21]. Les œufs mesurent 60 à 75 µm de large et 75 à 97 µm de long[2].
Les œufs commencent à se diviser quelques heures après la fécondation, si la température de l'eau atteint 19 °C[2]. Après 48 à 60 h de développement, une larve trochophore éclot ; elle deviendra une larve véligère au bout de trois jours. Cette dernière porte une coquille larvaire qui, d’abord ovoïde, devient enroulée 11 jours après l'éclosion. La larve véligère quittera alors le chapelet d’œufs pour entreprendre une vie libre[2].
Répartition, habitat et locomotion
C'est une limace de mer pélagique, qui se rencontre dans tous les océans du monde, en eaux tempérées et tropicales. Ce nudibranche se trouve notamment à l'est et au sud de l'Afrique du Sud, dans les eaux européennes, sur la côte orientale de l'Australie et du Mozambique[22]. Il se déplace toujours à la surface et de manière assez passive, allant là où les vents et les courants l'emportent[23]. Alcide d'Orbigny le décrit comme extrêmement lent, apathique, ne se déplaçant que d'une dizaine de centimètres en cinq minutes ; Reinhardt le dit « extrêmement paresseux et léthargique »[24] ; Savilov l’observe se servant des ses papilles pour avancer vers les vélelles[25]. Les grands déplacements au moins sont passifs[26], mais la limace étant susceptible de se déplacer par ses propres mouvements, il n'est pas totalement déterminé si elle appartient au plancton à la dérive ou si elle est un invertébré aux mœurs pélagiques[8],[25].
Classification et systématique
Taxinomie
L'holotype de G. atlanticus est collecté le 14 septembre 1772, lors de la seconde expédition de James Cook à travers l'océan Pacifique, à bord du HMS Resolution. Sa description est confiée à Georg Forster, fils de Johann Reinhold Forster, qui participait avec son père à l'expédition, et est publiée en 1777[27]. « Glaucus », ou glauque, signifie « de la couleur de la mer » ; c'est aussi une version latinisée de Glaucos, divinité marine de la mythologie grecque[28]. La dénomination spécifique, atlanticus, fait quant à elle référence au lieu où fut récolté l'holotype, à savoir le sud-est de l'océan Atlantique[29]. Sydney Parkinson, illustrateur écossais à bord du HMS Resolution, réalise un dessin du spécimen[30].
Du fait que G. atlanticus ne partage sa famille des Glaucidae — dans l'acception la plus stricte de cette dernière — qu'avec Glaucilla marginata et de l'existence de nombreuses synapomorphies entre les deux mollusques, la distinction des genres Glaucus et Glaucilla n'apporte rien et ceux-ci pourraient être fusionnés en un seul, Glaucus selon le principe d'antériorité[31]. Les deux espèces en question sont phylogénétiquement proches des Favorininae, une sous-famille Facelinidae. Alors que G. atlanticus paraît génétiquement homogène sur une grande partie de sa distribution au moins, G. marginata pourrait en réalité correspondre à un complexe d'espèces cryptiques[31],[32].
Synonymes
Les premières descriptions ou désignations de glaucidés remontent au début des années 1700, avec Hirudinis marina Breyn, 1705 d'après un spécimen trouvé près d'Ibiza, considéré par Breyne comme une sorte de sangsue[33],[1], et dont le binôme est aujourd'hui considéré comme non valide. Avant la description de Georg Forster, on connaît aussi un dessin d'André Pierre Dupont qui représente l'espèce dans une de ses correspondances, d'après un spécimen envoyé de Jamaïque par un certain Robert Long ; il ne comporte pas d’autre nom que « Insecte marin », mais est parfois cité comme Glaucus marinus Du Pont, 1764 [1763][34],[35].
Après la description de Glaucus atlanticus Forster, 1777, première diagnose valide de ce mollusque, de nombreuses descriptions de « nouveaux » Glaucus se multiplient, basées par exemple sur le nombre d’appendices portant les cerata (« branchies » dans les textes anciens), quatre, six ou huit[1],[37],[38] ; des dénominations spécifiques nouvelles honorent de grands naturalistes, comme Blainville, Péron, Bosc ou Forster[39],[40],[41]. En 1816 Blainville distingue même un genre nouveau, Laniogerus, aujourd'hui synonyme de Glaucus ; quelques années plus tard, Sander Rang en considérait déjà l'holotype comme semblable à ses propres spécimens : conservés dans l'éthanol, ils gonflent et perdent une partie de leurs « lanières branchiales »[38]. En 1868, Bergh rapporte également les difficultés de conservation de ces animaux et les expériences infructueuses de Reinhardt afin d'éviter la chute des cerata[42].
Les liens entre les différentes formes ne sont cependant pas éclaircis. En août 1964, 32 spécimens sont collectés dans le golfe d'Aden par le types des descriptions jusqu'alors faites, selon les critères connus pertinents pour des aéolides. Les individus du golfe d'Aden présentent une variabilité recouvrant celles des types des descriptions antérieures, étayant le fait que Glaucus est monotypique, avec une répartition circumtropicale, et faisant de tous les autres taxons des synonymes de G. atlanticus[8].
- Espèce
- Glaucus marinus « Dupont, 1763 »
- Doris radiata J.F. Gmelin, 1791 [1790][44]
- Scyllaea margaticacea Bosc, 1801 [1802], appelé « Scylée nacrée » et dont la description est publiée chez Bosc en 1830[45]
- Glaucus flagellum Blumenbach, 1803[46]
- Glaucus hexapterigius Cuvier, 1805[1]
- Glaucus eucharis Péron & Lesueur, 1807[47]
- Glaucus octopterygius Cuvier, 1808[37]
- Glaucus australis Péron, 1810[48]
- Glaucus forsteri Lamarck, 1819, francisé en « Glauque de Forster »[41]
- Laniogerus blainvillii Goldfuss, 1820[39]
- Laniogerus elfortii De Blainville, 1825, francisé en « Laniogère d'Elfort »[36]
- Eidothea marmorata Risso, 1826, francisé en « Eidothée marbrée »[49]
- Glaucus tetrapterygius Rang, 1829[38]
- Glaucus peronii Lesson, 1831 [1830][40]
- Glaucus boscii Lesson, 1831 [1830][40]
- Glaucus draco Eschscholtz, 1831[50]
- Glaucus pacificus Eschscholtz, 1831[50]
- Glaucus distichoicus d'Orbigny, 1837, ou G. distichoides[51] ;
- Glaucus radiatus d'Orbigny, 1839[52]
- Filurus dubius DeKay, 1843[53]
- Dadone atlantica Gistel, 1848[54]
- Dadone eucharis Gistel, 1848[54]
- Glaucus briareus (Reinhardt in Bergh, 1861 [1860]) placé initialement dans le genre Glaucilla[55]
- Glaucus lineatus Reinhardt in Bergh, 1861 [1860][55]
- Glaucus longicirrus Bergh, 1861 [1860][55]
- Glaucus gracilis Bergh, 1868 [1864][56]
- Glaucus margaritaceus Verrill, 1885[57]
- Genre
Glaucus atlanticus et l'Homme
Cette espèce ne bénéficie pas de mesure de protection particulière, mais est considérée comme de faible vulnérabilité[61].
Comme le reste du pleuston dans lequel il évolue, G. atlanticus s'échoue occasionnellement sur les plages. En Australie on a rapporté que certains enfants se livrent à des Bluebottle fights, en français « batailles de physalies » lors desquelles ils se jettent de ces siphonophores les uns aux autres, et parfois accidentellement des glaucidés, qui peuvent causer des blessures bien plus graves[3], comme des chocs anaphylactiques. Un simple contact avec de l'eau contenant le venin de nématocystes ayant été stimulés peut également causer des irritations[62].
Ce mollusque figure sur une émission de la Nouvelle-Calédonie de 1959 (valeur faciale : 10 F), polychrome et avec pour légende « GLAUCUS et SPIROGRAPHE »[63] et parmi un groupe de quatre timbres émis par les Fidji en juillet 1993 et nommé Nudibranchs (valeur faciale : 83 c)[64].
Annexes
Bibliographie
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Références taxinomiques
- Référence Catalogue of Life : Glaucus atlanticus Forster, 1777 (en)
- Référence ITIS : Glaucus atlanticus Forster, 1777 (fr) ( (en))
- Référence World Register of Marine Species : espèce Glaucus atlanticus Forster, 1777 (en)
Liens externes
- Référence Animal Diversity Web : Glaucus atlanticus (en)
- Référence SeaLifeBase :
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- (en) Glaucus atlanticus sur Marine Species Identification Portal. Consulté le 3 août 2011
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Glaucus atlanticus » (voir la liste des auteurs)
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- Marine Species Identification Portal, consulté le 3 août 2011
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Catégories :- Glaucidae
- Mollusque (nom scientifique)
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