Bataille des Downs

Bataille des Downs

_source:enwiki 51° 12′ N 1° 30′ E / 51.2, 1.5

Bataille des Downs
Reinier Nooms - Before the Battle of the Downs - c.1639.jpg
Avant la Bataille des Downs
par Reinier Nooms
Informations générales
Date 31 octobre 1639
Lieu Les Downs, Manche
Issue Victoire hollandaise décisive
Belligérants
Provinces-Unies Provinces-Unies Flag of New Spain.svg Monarchie hispanique
Commandants
Maarten Tromp Antonio de Oquendo
Forces en présence
117 navires 70 navires
Pertes
1 000 morts
1 navire détruit[1]
6 000 morts
43 navires pris ou détruits
Guerre de Trente Ans
Batailles
Pilsen — Sablat — Montagne Blanche — Cap Saint-Vincent — Mingolsheim — Wimpfen — Höchst — Fleurus — Stadtlohn — Dessau — Lutter — Magdebourg — Abrolhos — Breitenfeld — Rain am Lech — Lützen — Nördlingen — Avein — Louvain — Tornavento — Wittstock — Rheinfelden — Guetaria — Cabañas — Fontarrabie — Thionville — Downs — Montjuic — Marfée — Saint-Vincent (1641) — Honnecourt — Barcelone — 1er Lérida — Leipzig — Rocroi — Carthagène — Tuttlinghem — Fribourg — Jankau — Alerheim — Orbetello — Mardyck — Dunkerque — 2e Lérida — Cavite — 3 e Lérida — Zusmarshausen — Lens — Tortosa — Valenciennes

La bataille des Downs ou bataille des Dunes, se déroule le 31 octobre 1639 pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, qui se confond, à partir de 1618 avec la guerre de Trente Ans. La flotte hollandaise, commandée par l'amiral Maarten Tromp, y remporte une victoire décisive sur les Espagnols, commandés par l'amiral Antonio de Oquendo.

Sommaire

Contexte

En 1639, l'Espagne envoie une puissante expédition navale, composée de 77 navires, embarquant 23 000 marins et soldats, dans la Manche. Elle cherche désespérément à envoyer des renforts et du ravitaillement en Flandre, alors que les troupes françaises en interdisent l'accès par les routes terrestres. La flotte quitte La Corogne le 16 septembre, sous le commandement de l'amiral Antonio de Oquendo. Elle se propose de rejoindre Dunkerque, le dernier grand port catholique des côtes de la mer du Nord. Le 25 septembre, elle est aperçue dans la Manche par l'escadre hollandaise de Tromp. Ce dernier n'a que douze navires : aussi se contente-t-il dans un premier temps de dépêcher l'un de ses vaisseaux pour aller chercher de l'aide, tandis qu'il recule simplement avec les autres devant l'armada ibérique.

Le 27 septembre, lorsqu'il est rejoint par le vice-amiral Witte de With et sa petite escale, il décide de se rapprocher et d'attaquer. Oquendo a l'avantage du vent et essaye de se rapprocher pour aborder les plus petits vaissaeaux hollandais. De son côté concentrant ses feux sur les navires espagnols les plus puissants, Tromp réussit à en endommager sérieusement plusieurs, démoralisant ainsi les équipages de la flotte adverse. La férocité de De With, qui ne peut s'empêcher de rompre sa ligne pour attaquer au plus près les bâtiments espagnols, sans que ceux-ci soient en mesure de lui opposer une défense efficace, a probablement contribué également au découragement des marins ibériques. Le jour suivant, les 12 navires du contre-amiral zélandais Joost Banckert viennent renforcer l'escadre de Tromp.

Aprés plusieurs jours de bataille (prés de 60 heures), les deux flottes ont épuisé toutes leurs munitions et décident de rompre le combat. Seul deux navires hollandais et un transporteur espagnol ont coulé. Mais les graves dommages subis par les fleurons de la flotte espagnole, les galions Santa Teresa et Santiago, sapent le moral des marins

Pour les Espagnols, la priorité n'est pas de livrer un combat naval, à l'issue de surcroît bien compromise, mais de préserver les troupes transportées. Aussi, choisissent-ils de rompre la bataille. Oquendo, par peur de combattre dans les eaux de Mardyck prés de Dunkerque, décide de chercher refuge au large des côtes anglaises, dans un mouillage appelé les Downs, entre Douvres et Deal, dans le Kent, près d'une escadre anglaise commandée par le vice-amiral John Pennington. Ils espèrent que les tempêtes automnales habituelles disperseront rapidement la flotte hollandaise. Dans les années 1630, l'Angleterre tient une politique de neutralité qui dans les faits favorise l'Espagne. Elle peut tranférer de l'argent et des hommes par bateaux anglais vers les Flandres. Dans ce cadre, Charles 1er ordonne à Pennington de protéger la flotte espagnole.

Dans la nuit du 28, Tromp et de With se retirent pour se ravitailler à Calais, notamment en poudre, car les munitions commencent à manquer, ainsi que pour débarquer les blessés. Avant le jour suivant, ils repartent en mer. Ils sont inquiets car ils ignorent où est passée la flotte espagnole et craignent qu'elle ne leur ait échappé. Le 30, ils découvrent qu'elle mouille aux Downs et la soumettent à un étroit blocus tout en adressant une demande pressante de renfort aux autorités néerlandaises. Celles-ci réquisitionnent tous les navires de taille suffisante qu'elles peuvent trouver tandis que les volontaires affluent, attirés par la promesse d'un riche butin. À la fin du mois d'octobre, Tromp réunit sous ses ordres 105 navires et 12 brûlots.

Pendant ce temps, les Espagnols commencent à transporter leurs troupes et leur argent en Flandre, à bord de bâtiments britanniques, battant pavillon anglais. Tromp met un frein à cette pratique en arraisonnant les bateaux anglais suspects et en s'emparant des soldats espagnols qui sont à bord. Inquiet quant à une éventuelle réaction hostile anglaise, il affirme à Pennington qu'il obéit contre son gré à des ordres secrets des États-Généraux des Provinces-Unies et lui présente "confidentiellement", une lettre lui intimant d'attaquer l'armada espagnole où qu'elle se trouve et de prévenir, par la force si nécessaire, l'interférence éventuelle d'un État tiers.

Tromp demande également officiellement à d'Oquendo pourquoi il refuse la bataille alors qu'il dispose d'une puissance de feu supérieure à la sienne. D'Oquendo répond que sa flotte doit préalablement subir d'importantes réparations, mais qu'en raison du blocus auquel la soumettent les Hollandais, elle ne peut recevoir les mâts et les autres mâtériaux dont elle a besoin. En fait, malgré des demandes répétées à l'ambassadeur espagnol à Londres et au gouverneur de Flandre, les matériaux n'arrivent que lentement d'Angleterre. Le moral de la flotte espagnole diminue rapidement, 14 navires seulement réussissent à s'échapper avant que Tromp n'établisse un blocus efficace. Les autres navires sont faiblement ravitaillés par les Anglais et des épidemies se répandent parmi les équipages.

Déroulement

Maarten Tromp

Le 31 octobre, profitant d'un vent d'est favorable, Tromp détache De With avec une escadre pour observer les Anglais et les empêcher éventuellement d'intervenir, envoie une escadre au nord (sous Cornelis Jol) et une autre au sud (commandée par Jan Heindriksz de Nijs) pour interdire toute voie de repli, et attaque avec les trois escadres restantes. La plupart des soldats destinés à l'armée des Flandres et les navires de transport ont déjà quitté les Downs et il ne reste plus qu'une quarantaine de navires. Quelques uns des lourds galions espagnols, quasiment impossibles à manœuvrer, paniquent à la vue des Hollandais, coupent les cables des ancres et s'échouent délibérément. Ils sont aussitôt assaillis et pillés par la populace anglaise, venue en nombre sur la grève observer le spectacle de la bataille. D'autres vaisseaux tentent une percée à travers les lignes néerlandaises.

Le navire amiral d'Oquendo, le Santiago, sort le premier, suivi du Santa Teresa, le vaisseau amiral portugais. Cinq brûlots en flammes sont lancés au milieu des bâtiments espagnols. Le Santiago réussit à éviter les trois premiers mais ceux-ci atteignent le Santa Teresa qui vient de repousser l'attaque des deux autres. Trop gros et trop lourd (c'est le plus gros navire de l'armada d'Oquendo avec un volume de 1 100 tonneaux), il ne peut leur échapper et il est incendié par l'un d'eux. Son commandant, l'amiral Lope de Hoces, décide de continuer à tirer sur l'ennemi avant d'être tué ainsi qu'une grande partie de l'équipage.

Les navires portugais furent interceptés par le vice-amiral zélandais Johan Evertsen qui lança ses brulôts contre eux, la plupart de la flotte portugaise fut prises ou détruite. Huit navires hollandais attaquent alors le Santiago. Mais Oquendo et son équipage résistent pour permettre la fuite d'autres vaisseaux espagnols. Dans la soirée, profitant de la faible visibilité due à l'obscurité et au brouillard, quelques navires espagnols dont Orquendo et l'escadre dunkerquoise qui est venu à son aide parviennent à se débarrasser de leurs assaillants et à atteindre Mardyck malgré la chasse menée par les escadres de Jol et Nijs.

Au total, sur 38 navires espagnols qui essayent de forcer le blocus hollandais, 12 s'échouent (dont 9 qui réussissent à repartir et à atteindre finalement Mardyck), 1 est détruit par un brûlot, 9 se rendent ( dont 3 qui sont trop endommagés pour atteindre un port) et 3 préfèrent s'échouer sur les côtes françaises et flamandes pour éviter la capture.

Les pertes humaines sont énormes: 15 200 morts et 1 800 prisonniers selon les rapports de l'époque. Cependant, ces chiffres sont aujourd'hui considérés comme très exagérés, d'autant qu'un tiers des troupes espagnoles avaient réussi à débarquer en Flandre avant la bataille grâce aux navires anglais. L'estimation des pertes (qui demeurent considérables) est désormais de 7 000 marins et soldats tués et 2 000 autres capturés pour les Espagnols et entre 500 et 1 000 morts pour les Hollandais qui perdent également un bâtiment[1].

Conséquences

Cette bataille met un terme à la suprématie navale espagnole. Les Hollandais et les Anglais tirent rapidement profit de cette situation pour attaquer et tenter de s'emparer des possessions coloniales ibériques.

Cependant, la bataille des Downs constitue aussi une humiliation pour l'Angleterre: sa neutralité et ses eaux territoriales ont été bafouées devant sa flotte impuissante. Le ressentiment qui en résulte n'est peut-être pas étranger à la dégradation des relations avec la Hollande et conduit les deux pays à s'affronter militairement une dizaine d'années plus tard.

Côté français, on a aussi suivi avec beaucoup d'attention ce combat car on était en guerre contre l'Espagne depuis 1635. Le destruction de cette escadre apportant des renforts aux Pays-Bas espagnols enlève une grosse épine du pied aux troupes françaises qui n'ont pas encore réussi à emporter de succès décisif dans les Flandres. Louis XIII, qui comprend parfaitement l'importance de cette bataille, anoblit Tromp[2].

Ordre de bataille

Provinces-Unies (Maarten Tromp)

(incomplet)
Fredrik Hendrik 36 (navire amiral de de With)
Groot Christoffel 28 - détruit
Deventer (Govert Voorns)

Espagne/Portugal (Antonio de Oquendo)

Santiago 60 (Castille) - Capitana Real ou vaisseau amiral royal- s'échappe à Dunkerque, le 1er novembre 1639
San Antonio (pinace)-(Masibradi) - échoué le 31 octobre
San Agustin (pinace)-(Martin Ladron de Guevara) - échoué le 31 octobre
Santa Tereza 60 (Portugal)-(Don Lope de Hoces)- detruit le 31 octobre
San Jeronimo
San Agustin (Naples) - Vice-Amiral - échoué le 31 octobre, coulé 3 ou 4 jours plus tard
El Gran Alejandro (Martin Ladron de Guevara) - capturé
Santa Ana (Portugal)
San Sebastian
Santa Catalina (Guipuzcoa) - échoué le 31 octobre
San Lazaro
San Blas (Masibradi) - échoué le 31 octobre
San Jeronimo (Masibradi) - brûlé le 31 octobre
San Nicolas
Santiago (Castille) - Brûlé au large de Douvres dans la nuit du 2 novembre
San Juan Bautista (Guipuzcoa) - coulé le 31 octobre
Esquevel 16 (loué au Danemark) - pris le 28 septembre
San Jose (Dunkerque)
Los Angeles (Castille) - échoué le 31 octobre
Santiago (Portugal) - échoué le 31 octobre
Delfin Dorado (Naples) - échoué le 31 octobre
San Antonio (Naples) - échoué le 31 octobre
San Juan Evangelista (Dunkerque)
El Pingue (navire loué) - coulé le 31 octobre
San Carlos (Masibradi)
San Nicolas (Masibradi)
San Miguel
Orfeo 44 (Naples) - perdu aux Goodwin sands le 31 octobre
San Vicente Ferrer (Dunkerque)
San Martin (Dunkerque)
Nuestra Senora de Monteagudo (Dunkerque) - s'échappe à Dunkerque le 1er novembre
Santiago 60? (Galice) - pris le 31 octobre
? (pavillon de Masibradi) - pris le 28 septembre, repris le même jour, échappé à Dunkerque, le 1er novembre, naufrage 4 jours plus tard
Santo Tomas (Martin Ladron de Guevara) - échoué le 31 octobre
Nuestra Senora de Luz
Santa Clara
San Gedeon (Dunkerque)
San Jacinto
San Carlos (Dunkerque) - coulé le 31 octobre
Santo Cristo de Burgos (San Josef) - perdu le long de la côte française le 31 octobre
San Paulo (Masibradi)
San Miguel
La Corona (navire loué)
La Presa or San Pablo La Presa (Castille)
San Esteban (Martin Ladron de Guevara) - pris le 31 octobre
San Pedro de la Fortuna (navire loué) - échoué mais parvient à se dégager le 31 octobre
Los Angeles (navire loué)
Aguila Imperial
La Mujer
Santo Domingo de Polonia (loué à la Pologne) - échoué le 31 octobre
San Jose (vaisseau amiral de l'escadre de Biscaye) - capturé le 31 octobre
San Salvador (vaisseau amiral de l'escadre de Biscaye) - s'échappe à Dunkerque le 1er novembre
Sao Balthasar (vice-amiral de l'escadre du Portugal) - 800 tonneaux - regagne Lisbonne en 1640
San Francisco 50? (Dunkerque) - s'échappe à Dunkerque le 1er novembre
San Pedro el Grande (vaisseau amiral de l'escadre de Ladron de Guevara)
Santiago (Martin Ladron de Guevara)
Jesus Maria (pinace)
San Pedro Martir (urca) - (navire loué) - échoué le 31 octobre
Fama (Urca)- (navire loué) - échoué le 31 octobre
Santa Cruz (Masibradi)
San Daniel (Guipuzcoa) - échoué le 31 octobre
San Juan Evangelista (loué à Hambourg) - échoué le 31 octobre
Santa Agnes (frégate) (Naples) - échouée, mais dégagée le 3 novembre
Grune? (Castille) - échoué le 31 octobre
Santa Teresa (Saetia) (Castille) - pris par un corsaire français le 31 octobre
Exchange (transporteur anglais loué) -
Peregrine (transporteur anglais loué)
Assurance (transporteur anglais loué)
5 autres transporteurs anglais

Notes et références

  1. a et b An encyclopedia of naval history page 114
  2. Jean Meyer, Dictionnaire d'Histoire Maritime, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2002, p.1087.

Bibliographie

  • Anthony Bruce et William Cogar, An encyclopedia of naval history, Facts on File, New-York, 1997, (ISBN 9780816026975)
  • (en) George Edmundson, Cambridge Modern History, Cambridge University Press, 1906, « Frederick Henry, Prince of Orange » 
  • Oliver Warner, Great Sea Battles, Cambridge Ferndale Edns, 1981 
  • R. B Prud'homme van Reine, Schittering en schandaal - Biografie van Maerten en Cornelis Tromp, Arbeiderspers, 2001 
  • (en) Francis Vere, Salt in their blood: The lives of the famous Dutch admirals, Cassell, 1955 
  • J.C.M. Warnsick, Drie zeventiende-eeuwsche admiraals. Piet Heyn, Witte de With, Jan Evertsen., van Kampen, 1938 
  • J.C.M. Warnsick, 12 doorluchtige zeehelden, van Kampen, 1941 
  • Michel Vergé-Franceschi (sous la direction de) Dictionnaire d'Histoire Maritime, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2002.

Référence


Voir aussi



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