Bataille de sellasia

Bataille de Sellasia
Informations générales
Date	222 av. J.-C.
Lieu	Sellasia en Laconie
Issue	Écrasante victoire macédonienne
Belligérants
Macédoniens et Achéens	Spartiates
Commandants
Antigone III Dôsôn	Cléomène III
Forces en présence
30 000 hommes (dont environ 20 000 phalangites macédoniens et au moins 2 000 cavaliers	20 000 spartiates et alliés, dont 650 cavaliers
Pertes
Inconnu	Au moins 5 000 spartiates
Guerre des Alliés contre Sparte (224-222)

La Bataille de Sellasia opposa en 222 les armées d'Antigone III Doson, roi de Macédoine à celles de Cléomène III, roi de Sparte : les forces spartiates furent massacrées et Cléomène dut s'enfuir en Égypte.

Sommaire 1 Antigone Doson et la Ligue hellénique contre Cléomène III 2 Les forces en présence 3 Le déroulement de la bataille 4 Les conséquences 5 Voir aussi 5.1 Sources antiques 5.2 Bibliographie

Antigone Doson et la Ligue hellénique contre Cléomène III

Parvenu au pouvoir en 235, à la mort de son père Léonidas II, le roi Cléomène III entreprit une ambitieuse politique de restauration de la puissance spartiate par un retour à la tradition politique légendaire de Lycurgue. Il diminua ainsi le pouvoir des éphores pour augmenter celui des deux rois traditionnels : comme collègue à la royauté, il se donna son frère Eucleidas. De façon plus significative, dans le souci d'élargir le réservoir démographique de l'armée spartiate, il étendit la citoyenneté, procéda pour se faire à des distributions de terre (la possession du kleros, le lopin de terre civique, étant une condition nécessaire de la citoyenneté), décida l'annulation des dettes, et enfin restaura dans toute sa rigueur l'éducation d'État destinée aux jeunes garçons.

Ces mesures inquiétèrent les partis oligarchiques de cités voisines de Sparte, qui n'étaient pas loin de les considérer comme révolutionnaires. Cette inquiétude se fit rapidement d'autant plus grande que Cléomène menait une politique d'expansion agressive dans le Péloponnèse : entre 227 et 226, Cléomène remporta plusieurs victoires décisives contre la Ligue achéenne, et prit en particulier le contrôle de la place stratégique de Corinthe, mais aussi d'Argos et de Phlionte. Le chef achéen Aratos, dont la cité natale Sicyone se trouvait elle-même menacée par l'armée spartiate, n'eut bientôt d'autre choix que d'entrer en contact avec l'ennemi héréditaire macédonien pour solliciter son concours contre Sparte.

Le roi de Macédoine Antigone Doson répondit d'autant plus favorablement à l'invitation qu'elle lui fournissait l'occasion de regagner une influence perdue dans le Péloponnèse depuis près de deux décennies. Il constitua en 224 avec les Achéens, les Béotiens, les Thessaliens et les Acarnaniens une alliance, dont il se fit nommer le chef (hêgêmon) à vie, et entra en campagne contre Sparte. Cette dernière était soutenue par l'Égypte lagide de Ptolémée III Evergète, alliée traditionnelles des puissances péloponnésiennes opposées à la Macédoine : il avait ainsi soutenu la Ligue achéenne tant que celle-ci avait constitué un obstacle aux ambitions macédoniennes, et transféra donc son soutien financier à Sparte lorsque les Achéens rejoignirent les rangs de l'alliance voulue par Antigone.

En 224, Sparte tenait toujours l'isthme de Corinthe et parvenait ainsi à prévenir l'invasion du Péloponnèse par l'armée alliée supérieure en nombre. Mais la révolte d'Argos sur ses arrières contraignit Cléomène à abandonner ses positions pour aller réprimer la sédition. L'armée macédonienne put ainsi prendre pied dans le Péloponnèse : Antigone chasse les spartiates d'Argos, prend Orchomène et Mantinée, avant d'hiverner à Sicyone. Pendant les deux années suivantes, les belligérants menèrent des actions de faible envergure en évitant la confrontation directe. En 223 toutefois, Cléomène prit et rasa Mégalopolis, revenant ainsi à des pratiques militaires qui avaient disparu de Grèce depuis le début du III^e siècle .

En 222, Ptolémée cessa de soutenir financièrement Cléomène et ce dernier dut donc se résoudre à affronter l'alliance macédonienne qui s'apprête à envahir la Laconie: il disposa son armée en travers d'une passe étroite, flanquée de deux collines, près de la ville spartiate de Sellasia. Voyant la supériorité des positions spartiates, Antigone hésita d'abord à livrer bataille et préféra faire camper son armée derrière le ruisseau Gorgylus. Après plusieurs jours de tergiversation, il se décida néanmoins à combattre.

Les forces en présence

Cléomène disposait de 20 000 fantassins, composés d'hoplites spartiates et de périèques, et d'environ 650 cavaliers. La phalange spartiate, sous le commandement personnel de Cléomène, était rangée sur la colline de droite, surnommée Olympe, soutenue par un corps d'infanterie légère mercenaire. Les troupes alliées de Sparte et la phalange périèque occupaient sous le commandement d'Eucleidas l'autre colline, l'Evas, sur l'aile gauche. Le centre était composé de la cavalerie spartiate, soutenue par d'autres fantassins légers mercenaires. Cléomène espérait probablement que sa position tactique supérieure compenserait son infériorité numérique : il avait fait creuser un fossé et élever une palissade sur tout le long de sa ligne de front.

Antigone, de son côté, pouvait compter sur une force supérieure, dont le total avoisinait 30 000 hommes. Il s'agissait d'abord de la phalange macédonienne : pour la première fois depuis le début du III^e siècle , la Macédoine alignait dans cette campagne contre Sparte une armée nationale et non des mercenaires. Elle devait représenter à elle seule près de 20 000 hommes. Les alliés lui avaient fourni d’importants contingents, notamment de cavalerie : 1 000 Achéens et autant de Mégalopolitains.

Antigone plaça la phalange macédonienne face à la phalange spartiate sur l'Olympe, en ordre serré sur 32 rangs. Il disposa un écran d'infanterie mercenaire légère en avant de la phalange. Sa propre cavalerie, un mélange de Macédoniens, d'Achéens (dont Philopoemen), de Béotiens et de mercenaires sous le commandement d'Alexandre, fut placée face à la cavalerie spartiate au centre. L'aile droite macédonienne, face à l'Evas dont les pentes sont fortes, n'était pas formée en phalange, mais de façon plus souple pour faciliter leur progression sur ce terrain difficile. C'est là que se tenaient aussi les alliés illyriens d'Antigone, et leur chef, Démétrios de Pharos, avait le commandement de toute l'aile droite.

Le déroulement de la bataille

La bataille commença avec l'attaque de l'aile droite macédonienne sur l'Evas, de l'infanterie légère suivie de l'infanterie lourde. Elle est alors attaquée sur ses arrières par la cavalerie mercenaire au service des spartiates, sans que la cavalerie macédonienne ne réagisse : après avoir vainement exhorté Alexandre à attaquer, Philopoemen prend l'initiative et mène une charge des Achéens contre la cavalerie spartiate : cette contre-attaque force les mercenaires spartiates à revenir défendre le reste de la cavalerie et permet la continuation de l'attaque macédonienne sur le flanc droit.

Eucleidas laisse se développer cette attaque sans essayer de l'arrêter avant qu'elle n'atteigne le sommet, si bien qu'il s'en trouve délogé et doit battre en retraite en perdant l'avantage du terrain : ses forces sont alors massacrées.

Sur l'Olympe, l'engagement débuta par les unités d'infanterie légère qui ne parvinrent pas à faire la décision. Voyant que parallèlement son frère était mis en déroute, et que sa cavalerie n'était pas en meilleure posture, Cléomène tente alors de trouver le salut dans l'attaque et quitte ses retranchements pour se porter au devant de la phalange macédonienne. Il parvient seulement à la faire pivoter sans briser son unité, et l'avantage du nombre finit par permettre aux Macédoniens de l'emporter.

Constatant sa défaite, Cléomène s'enfuit à cheval avec quelques hommes. Il gagna le port de Gytheion d'où il s'embarqua pour trouver refuge auprès de son protecteur Ptolémée III à Alexandrie.

Les conséquences

Antigone s'empara de Sparte où il restaura l'ordre antérieur aux réformes de Cléomène. Il contraignit Sparte à entrer dans la Ligue achéenne et dans la Ligue des alliés. Il ne se montra pas toutefois aussi dur que Cléomène l'avait été vis-à-vis de Mégalopolis. Il dut également rentrer précipitamment en Macédoine en raison d'une invasion dardanienne.

La victoire de Sellasia consacre le rétablissement de l'influence macédonienne dans le Péloponnèse et le succès de la politique militaire et diplomatique d'Antigone Doson qui, avec la Ligue des Alliés, a su constituer une coalition durable au service des intérêts macédoniens.

Voir aussi

Sources antiques

• Polybe, Histoires, ii. 65-70; lire en ligne
• Plutarque, Vie de Cléomène, 27, 28; lire en ligne ; Vie de Philopoemen, 6
• Pausanias, Description de la Grèce, ii. 9. § 2; lire en ligne, iii. 10. § 7, iv. 29. § 9, vii. 7. § 4, viii. 49. § 5.

Bibliographie

• (en) N. G. L. Hammond et F. Walbank, A History of Macedonia, vol. 3 : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1988 (ISBN 0198148151) 
• Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Seuil, coll. « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 202060387X) 

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