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Bataille de Lissa (1811)
Pour les articles homonymes, voir bataille de Lissa.Bataille de Lissa (1811)
La Bataille de Lissa, 13 mars 1811
Lithographie de Henri Merke selon une œuvre de George Webster, réalisée en 1812Informations générales Date 13 mars 1811 Lieu Au large de l'île de Lissa
(actuellement Vis en Croatie)Issue Victoire britannique Belligérants Empire français
Royaume d'ItalieRoyaume-Uni Commandants Bernard Dubourdieu † William Hoste Forces en présence 4 frégates
2 corvettes
divers petits navires3 frégates
1 corvettePertes 700 hommes tués, blessés ou prisonniers
3 navires perdus45 tués
145 blessésCinquième coalition Batailles Sables-d'Olonne - Île d'Aix - Walcheren - Lissa
Campagne d'Allemagne et d'Autriche
Sacile - Teugen-Hausen - Raszyn - Abensberg - Eckmühl - Landshut - Ratisbonne - Ebersberg - Piave - Aspern-Essling - Raab - Wagram - Znaïm
La bataille de Lissa est une bataille navale qui eut lieu le 13 mars 1811, au large de l'île de Lissa (actuellement Vis, en Croatie), durant les guerres napoléoniennes. Elle se solda par une victoire britannique.
Sommaire
Les antécédents
L'île de Lissa est occupée en 1807 par les Britanniques, qui en mesurent pleinement l'importance stratégique. Idéalement située le long des côtes de la Dalmatie, elle permet de contrôler le trafic maritime en Adriatique. En 1810, les Anglais y ont installé une base et des dépôts qui leur permettent d'y entretenir une petite flotte de guerre, et de servir d'abri aux navires corsaires[1] qui menacent les communications maritimes entre l'Italie et la côte dalmate (occupée par Napoléon). Le Royaume d'Italie, soutenu par la France, se lance tardivement dans la création d'une flotte qui lui permettra de contrebalancer la Royal Navy. À Venise et à Ancône, les chantiers amorcent la construction de frégates. Des officiers français sont dépêchés sur place et participent activement à la mise sur pied de ces unités. Mais en mer, les frégates anglaises HMS Amphion et HMS Active obtiennent de tels succès qu'un premier "raid" est prévu contre l'île de Lissa.
Premier raid contre Lissa
Le 18 octobre 1810, le capitaine de vaisseau Bernard Dubourdieu prend le commandement d'une expédition, première véritable sortie de la "flotte combinée franco-italienne", qui comporte une phase terrestre à objectifs limités. Elle comprend :
- Les frégates françaises Favorite et Uranie (40 canons)
- La frégate italienne Corona (40 canons)
- Les corvettes italiennes Bellona et Carolina (32 canons)
- Les bricks armés Iéna et Mercure (16 canons)
Ne rencontrant aucune opposition (les frégates anglaises se sont aventurées vers le sud), les navires touchent Lissa le matin du 22 octobre 1810 et y débarquent des détachements de soldats italiens, qui capturent à quai un certain nombre de voiliers et détruisent dépôts et magasins[2]. Cette première action (à comparer aux raids des futurs commandos qui se développeront bien plus tard) est un succès total ; les Franco-italiens se retirent dans l'après-midi, ramenant en Italie les prises capturées au port.
Vers une occupation définitive de Lissa
Revenus de leur surprise, les Britanniques réagissent et renforcent leur présence en Adriatique. Le vaisseau de 74 canons HMS Montagu est envoyé sur place, de même que la frégate HMS Cerberus[3]. Cet apport non négligeable leur permet de reprendre la supériorité dans Adriatique pendant l'hiver[4].
Le capitaine de vaisseau Dubourdieu, commandant de la division combinée franco-italienne, profite de cette période hivernale pour entraîner quelque peu ses équipages, mais sans tenter de sortie d'envergure. Il organise patiemment la seule opération qui semble pouvoir retourner la situation concernant la possession de l'Adriatique : la capture définitive de l'île de Lissa, qui priverait les Anglais de leurs seuls ports en Adriatique. Le vice-roi d'Italie, Eugène, donne son approbation au plan.
La division navale rassemblée pour l'occasion est composée de quatre frégates et de deux corvettes, elles seront accompagnées de différents navires de soutien : un brick armé, une goélette, un chébec, un aviso et une courrière (voir l'ordre de bataille détaillé, au bas de l'article). L'ensemble est rassemblé à Ancône. Il est prévu - le moment venu - que les navires se portent sur Lissa et y débarquent un bataillon d'infanterie italien, qui s'y implantera solidement afin d'empêcher le retour au port des navires anglais. Privée de ses mouillages, la Royal Navy devrait se retirer vers Malte.
Au début du mois de mars 1811, une information d'importance parvient à Dubourdieu : le HMS Montagu s'est retiré de l'Adriatique. Cette menace maintenant effacée, les préparatifs se précisent contre Lissa. L'armée de terre fournit le 3ème bataillon du 3ème Régiment d'infanterie de ligne italien, commandé par le chef de bataillon Cirot. Renforcé d'une batterie d'artillerie à pied et de matériels de fortification, ce détachement important totalisant 575 hommes (voir le tableau de répartition des troupes au bas de l'article) débarquera dans l'île[5] sous le commandement du colonel Alexandre Gifflinga, l'un des aide de camp de Son Altesse le vice-roi d'Italie.
Le soir du 11 mars 1811, les troupes italiennes embarquent à bord des frégates et des corvettes. La flotte franco-italienne se met au vent et fait voile vers Lissa. Le capitaine de vaisseau Bernard Dubourdieu a hissé sa marque à bord de la frégate La Favorite.
Reconnaissance
Dans la nuit du 12 au 13 mars 1811, les navires se regroupent à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de l'île de Lissa[6]. La Favorite réduit sa voilure pour permettre aux autres unités de rejoindre. Ce délai va permettre d'opérer une reconnaissance vers Lissa afin d'y constater la présence éventuelle de navires de guerre et, dans le meilleur des cas, de vérifier l'état d'encombrement des quais et du mouillage pour préparer le débarquement. À cet effet, deux navires vont être envoyés vers Port Saint George, le principal port de l'île :
- La goélette Principessa di Bologna, qui après avoir approché suffisamment la côte, y enverra son canot.
- La courrière La Gazelle, provisoirement prise en remorque par la goélette, et qui accompagnera ensuite le canot jusqu'à l'entrée du port.
La reconnaissance est "découverte" par les Britanniques vers deux heures du matin et ne peut finalement pas renseigner efficacement la flotte[7], qui s'est remise lentement au vent vers trois heures et demi, "une grande voile ayant été repérée" en direction de l'île[8].
La bataille
Au matin du 13 mars 1811, les navires de la flotte combinée franco-italienne se présentent devant l'île de Lissa. Les grosses unités se sont regroupées en deux divisions de constitution égale (deux frégates et une corvette par division, voir l'ordre de bataille détaillé au bas de l'article). Les autres navires sont organisés en deux groupes d'approche, destinés à entrer dans les deux ports de l'île de Lissa pour reconnaître (voire capturer) les bâtiments qui pouvaient s'y trouver.
Mais il devient rapidement évident que la grande voile, repérée dans la nuit, est anglaise. Alors que le soleil se lève, on en découvre d'autres sur l'horizon: trois, puis quatre voiles. Une escadre britannique protège Lissa !
La division navale anglaise commandée par le captain William Hoste, se prépare effectivement à défendre Lissa. L'officier Britannique dispose de trois frégates et d'une corvette, qu'il dispose en ordre de bataille "serré". Admirateur de l'amiral Nelson (vainqueur de Trafalgar), le commandant britannique fait hisser les couleurs de l'Angleterre à tous les mats et lance les pavillons de signal indiquant aux navires de sa formation "REMEMBER NELSON"[9]. Ce signal est accueilli par un "hourra" général, issu de l'équipage des quatre navires, décidément prêts à accepter le combat.
Les Français attaquent de manière désordonnée à partir de 08h10. La Favorite, navire amiral, se trouve en pointe et devient rapidement la cible exclusive des 4 frégates anglaises. Cherchant l'abordage, elle tente d'approcher l'Amphion mais subit de lourdes pertes: le capitaine de vaisseau Dubourdieu figure au nombre des tués. A partir de 10h, les combats se poursuivent en ordre dispersé, mais les équipages britanniques jouissent d'une très nette supériorité due à un meilleur entrainement. Les marins franco-italiens subissent des pertes significatives.
A 15h30, la Bellona et la Corona[10] ont amené leur pavillon et ont été capturées. La Favorite, échouée, est incendiée pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi. La Flore, qui a été contrainte d'amener son pavillon, n'a pas reçu d'équipe de prise anglaise et profite de la pagaille pour rehisser ses couleurs et prendre la fuite[11]. Les trois rescapées s'éloignent avec la petite flottille, pour effectuer quelques réparations de fortune à Lesina sans être inquiétées par les Anglais. Ceux-ci réparent à Lissa[12] puis retourneront vers Malte.
La frégate Corona reprendra du service comme HMS Daedalus, et la Bellona comme HMS Dover.
Ordre de bataille
Division navale franco-italienne du capitaine de vaisseau Dubourdieu Navire Classe Canons Marine Commandant Pertes Notes Tués Blessés Total Division au vent La Favorite Frégate 40 capitaine de vaisseau Bernard Dubourdieu † (commandant la division)
capitaine de frégate Louis Charles Auguste Delamarre de Lamellerie †- - ~150 frégate échouée et brulée La Flore Frégate 40 capitaine de vaisseau Jean Alexandre Péridier - - ? frégate avariée Bellona Corvette 32 capitaine Duodo † - - ~70 corvette avariée et capturée Division sous le vent La Danaé Frégate 40 capitaine de frégate Eugène Sébastien Camille Villon - - ~80 frégate très avariée Corona (Couronne) Frégate 40 capitaine Nicola Pasqualigo - - ? frégate avariée et capturée Carolina Corvette 32 capitaine Buratowitch - - ? Groupe destiné au Port Saint George Principessa di Bologna Goélette 10 Ragiot - - ? recueille 42 blessés de La Favorite Gazelle Courrière 1 Pelosi - - ? Groupe destiné au Port Camisa Principessa Augusta Brick 16 Bolognini - - ? Eugenio Chebec 6 Rosenguert - - ? recueille 61 blessés de La Favorite Lodola (Alouette) Aviso 2 Cotta - - ? recueille quelques blessés de La Favorite Pertes franco-italiennes: approximativement 700 morts et blessés Division navale britannique du captain Hoste Navire Classe Canons Marine Commandant Pertes Notes Tués Blessés Total Frégate 38 captain James Alexander Gordon 4 24 28 frégate avariée Frégate 32 captain William Hoste (commandant la division) 15 47 62 frégate très avariée Corvette[13] 22 captain Phipps Hornby 13 33 46 Frégate 32 captain Henry Whitby 13 41 54 frégate avariée Pertes britanniques: 45 morts et 145 blessés (190 hommes) Troupes de l'armée de terre qui faisaient partie de l'expédition de Lissa
Éléments de l'Armée italienne qui faisaient partie de l'expédition de Lissa (Tableau d'embarquement) Désignation des Corps Compagnies Composition Nom du bâtiment Officiers Troupe Total Adjudant de place 1 1 La Favorite 1er Régiment d'artillerie à pied 1re batterie 1 30 31 La Favorite Corps royal du génie 1 1 La Danaé 3e Bataillon du 3e Régiment d'infanterie de ligne italien 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien État-major 3 3 La Flore 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien Compagnie de grenadiers 3 94 97 La Favorite 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien Compagnie de voltigeurs 3 96 99 La Flore 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien 1re compagnie 1 72 73 Bellona 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien 2e compagnie 2 90 92 Corona 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien 3e compagnie 2 72 74 La Danaé 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien 4e compagnie 3 70 73 Carolina 3e Bataillon du 3e Régiment de ligne italien Sapeurs provisoires 31 31 La Danaé Éléments embarqués: 20 officiers et 555 sous-officiers et soldats (575 hommes) Notes
- ↑ Petits navires siciliens et napolitains notamment.
- ↑ La population et les quelques éléments de la marine du port s'étaient réfugiés dans les collines environnantes
- ↑ Cette frégate était déjà affectée à la division de l'Adriatique aux côtés des HMS Amphion et HMS Active, mais se trouvait en transit vers Malte au moment du raid d'octobre 1810
- ↑ Il est important de noter que la division navale franco-italienne ne souhaitait pas l'affronter directement, ne possédant elle-même aucun vaisseau de ligne
- ↑ L'île de Lissa n'est d'ailleurs pas fortifiée par les Anglais, qui n'y ont pas installé de troupes de l'armée.
- ↑ Le Précis de l'invasion des États romains par l'Armée napolitaine indique une distance d'environ 25 milles marins, soit Modèle:Formatnum mètres.
- ↑ On entend des coups de canon jusqu'à La Favorite, navire amiral de Dubourdieu. À son retour, la reconnaissance déclare notamment "n'avoir rencontré aucune barque ni avoir vu aucune lumière dans l'île".
- ↑ C'est à l'aide d'une lunette de nuit qu'un premier navire -apparemment ennemi- est repéré devant Lissa. Il s'agit de l'HMS Active.
- ↑ En 1805, l'amiral Nelson avait fait lancer les pavillons indiquant la phrase devenue célèbre "L'Angleterre attend de chacun qu'il fasse son devoir". (voir article détaillé)
- ↑ Les frégates italiennes sont dotées d'équipages de circonstance, assez peu entrainés et d'origines variées.
- ↑ À cette époque, les traditions de la marine à voile étaient si fortes que le fait de manœuvrer pour fuir après avoir baissé ses couleurs, était considéré comme véritablement honteux. Après les combats, les Anglais se présenteront à Lesina et réclameront - en vain - la restitution de La Flore qui s'y était réfugiée
- ↑ Seule l'Amphion a subi des dégâts importants.
- ↑ Les catégories de classement de navires dans la Royal Navy sont assez différentes du système français. Le HMS Volage correspond, en taille et en armement, à la catégorie française des corvettes.
Sources
La bibliographie utilisée est présentée sous forme chronologique, selon les années d'édition.
Bibliographie
- (fr) M. Peltier, L'Ambigu, ou Variétés littéraires et politiques. Recueil périodique, vol XXXIII, Londres 1811.
- (en) William James, Naval History of Great Britain, Vol V, 1808 - 1811, London 1826.
- (fr) M. Hennequin, Biographie maritime, ou notices historiques sur la vie et les campagnes des marins célèbres français et étrangers, tome III. Paris Regnault Editeur, 1837.
- (fr) J.P. Bellaire, Précis de l'invasion des Etats romains par l'Armée napolitaine en 1813 et 1814, G.Laguionie, libraire du Prince royal. Paris 1838.
- (fr) Édouard Even, Le capitaine de vaisseau Bernard Dubourdieu (1773-1811) vaillant marin bayonnais de la République et de l'Empire, Marins et Océans III. Economica, Paris 1992.
- (fr) Alain Pigeard, Dictionnaire des batailles de Napoléon, Tallandier, septembre 2004, ISBN 2-84734-073-4.
- (it) Francesco Frasca, Il potere marittimo in età moderna, da Lepanto a Trafalgar, 2008, Lulu Enterprises UK Ltd, ISBN 978-1-4092-4348-9.
Liens externes
- (en) The battle of Lissa (1811) sur Wikipedia.org qui a servi de toile de fond à notre article (notamment pour les tableaux), mais qui n'a été construit qu'avec des références anglaises...
- (fr) La bataille de Lissa, sur le site de la Marine dans l'épopée impériale
- (en) Battles of Lissa, in the Online Encyclopedia
- (en) Battle of Lissa, in the 3decks - Naval Sailing Warfare History
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