Droite en France

Droite en France

Les droites en France sont l'ensemble des partis et des cultures politiques françaises de droite ou de centre-droit, selon le spectre politique français habituellement utilisé.

Sommaire

Présentation

Courte introduction historique

La droite, la gauche et le centre sont des appellations qui correspondent à l'origine à la place occupée en France par chaque groupe politique dans l'hémicycle du Parlement, vue par le président de l'Assemblée, qui fait face à l'hémicycle.

Délimitation entre la « droite » et la « gauche » en France

Article détaillé : Gauche et droite en politique.

Pendant longtemps, s’affirmer ouvertement de droite a été considéré comme une impossibilité[1]. Bon nombre de personnes ont pu se réclamer de la gauche, alors que leur positionnement politique pouvait permettre de penser le contraire[2].

Critères structurant la délimitation entre la « droite » et la « gauche »

Dans la vie politique française, et même ailleurs, les valeurs ont un caractère plus transversal et peuvent se retrouver, selon les cas, à droite comme à gauche. Il s'agit par exemple de la liberté, de la nation, de la justice ou de la tolérance.

Cependant traditionnellement, les valeurs suivantes sont considérées comme étant caractéristiques de la droite : Liberté, Travail, Loyauté, Tradition, Conservatisme ; par opposition, les valeurs suivantes sont généralement considérées comme étant de gauche : Égalité, Solidarité, Progressisme...

Symbolique et dialectique entre la « droite » et la « gauche »

Le côté droit, généralement considéré comme positif, est le plus souvent privilégié par rapport au côté gauche. Le fait que l'homme ait manifestement toujours été droitier explique sans doute que c'est le côté droit qui a ainsi été d'habitude considéré comme le meilleur et comme porteur de chance. Le vocabulaire moderne en porte d'ailleurs toujours la trace, puisque le mot de “sinistre” vient du latin sinistra qui signifie la main gauche; qu'on peut être “adroit” de ses mains, ou bien se montrer “gauche” dans sa conduite; qu'on ne fait preuve de dextérité qu’en se servant de la main droite (du latin dextera : main droite, et par extension, un “engagement loyal”) ; et que, lorsqu'on meurt, on “passe l'arme à gauche” - localisation des enfers dans les représentations médiévales.

Définition et pluralité de la Droite

Article détaillé : Droite (politique).

« Droite » n'est pas un parti politique. Le pluriel s’impose donc et oblige à dire « les droites ». De Jacques Antoine Marie de Cazalès à Napoléon, de Tocqueville à Georges Mandel en passant par Charles de Gaulle et Valéry Giscard d'Estaing, le terme « Droite » échappe donc à toute tentative de définition simple et consensuelle.

Les tendances de la droite française

Selon René Rémond, historien politique, spécialiste de la droite en France, il existe en fait trois traditions de droite, distinctes et concurrentes[3] :

  • le légitimisme, très conservateur voire contre-révolutionnaire, la droite traditionaliste et/ou royaliste.
  • l'orléanisme (plus opportuniste, plus « bourgeois »), qui s'incarne dans la tradition libérale. Elle conserve de son passé de gauche le parlementarisme, mais reprend l'élitisme de la droite contre-révolutionnaire.
  • le bonapartisme (plus autoritaire et charismatique, plus « populaire »), dans la filiation duquel s'inscrit le gaullisme sans s'y réduire. Elle a en commun avec la gauche son attachement au suffrage universel, et au peuple, mais partage l'antiparlementarisme du légitimisme.

Selon René Rémond, ces différentes traditions sont distribuées inégalement selon les époques, mais les tendances évoluent peu, même si les partis, les hommes qui l'incarnent et les régimes politiques (monarchie ou république) changent.

Une droite libérale ou conservatrice

Articles détaillés : libéralisme, orléanisme, libéral conservatisme et conservatisme.

Le libéralisme de droite ou de centre-droit appelé aussi orléanisme est avant tout un libéralisme politique (Montesquieu, Tocqueville) attaché à la démocratie parlementaire, à la République, au suffrage universel, et aux droits de l’homme, ce qui correspond approximativement à l’héritage politique de la Révolution de 1789. Il est cependant tout autant un libéralisme économique avec la défense de la liberté d’entreprendre, de l'économie de marché, du travail, plus qu’un projet de modification radicale des structures de l’économie. Ce libéralisme de droite se partage entre deux courants principaux[4]. Un courant va plutôt s’appuyer sur l’individu et sa capacité de jugement critique (Tocqueville). L’autre courant, fondé par François Guizot, va tenter d’intégrer les groupes sociaux importants dans le Parlement, la presse, le Conseil d’Etat, les universités, la presse, etc.

Une droite contre-révolutionnaire ou traditionaliste

Articles détaillés : légitimisme, contre-révolution et traditionalisme.

Le légitimisme naît du romantisme politique (représenté par Edmund Burke et Joseph de Maistre). C'est une vision organiciste de la société, souhaitant la restauration de l'Ancien Régime en France. Ils priment un catholicisme traditionaliste, parfois intégriste. Si la pensée et l’action de ces contre-révolutionnaires se sont opposés à la Révolution en se réclamant de l’absolutisme de l'Ancien Régime, certains comme Jacques Antoine Marie de Cazalès, souhaitaient une monarchie limitée et témoignaient ainsi d’une sensibilité « libérale » conservatrice qui ferait, comme en Angleterre, la transition entre Montesquieu et Burke[5].

Une droite autoritaire et nationaliste

Articles détaillés : bonapartisme et nationaliste.

Le bonapartisme est un compromis historique entre libéralisme et catholicisme. Il représente à la base l'exaltation de Napoléon 1er. Les principes du bonapartisme sont la laicité, l'autorité, le patriotisme.

Autres typologies et les inclassables

Anarchiste de droite

Article détaillé : Anarchisme de droite.

Au fondement de l'anarchisme de droite, on trouve en premier lieu une critique assez violente contre le pouvoir d'une minorité d'intellectuels. Cette critique porte paradoxalement à la fois sur l'inefficacité de ce pouvoir et sa dangerosité. Les intellectuels, soumis à l'idéologie dominante des démocraties, sont censés renforcer le conformisme intellectuel qui est inhérent à ce type de gouvernement.

Ainsi défini, l'anarchisme de droite semble bien proche de l’anarchisme individualiste. En réalité, il ne doit pas être confondu avec lui. Tout d'abord parce que l'anarchisme de droite ne s'appuie pas sur la même tradition de pensée que l'anarchisme individualiste. Selon François Richard (qui a publié un Que sais-je ? sur le sujet[6]), ce sont des écrivains comme Léon Bloy, Édouard Drumont, Barbey d'Aurevilly, Paul Léautaud, Louis Pauwels, Louis-Ferdinand Céline, Lucien Rebatet, Jacques Perret, Roger Nimier, Marcel Aymé, Michel-Georges Micberth, des dialoguistes comme Michel Audiard ou des acteurs comme Jean Yanne qui ont donné force à ce courant qui plonge ses racines dans la pensée baroque et libertine. L'anarchisme individualiste a, quant à lui, une filiation bien différente, puisqu'il emprunte à l'hégélianisme (Max Stirner, L'Unique et sa propriété), au proudhonisme, ou même au libéralisme, une grande partie de ses préceptes fondamentaux.

L'histoire des droites en France

Depuis le XIXe siècle, la droite se décompose en trois grands courants, un courant contre-révolutionnaire et traditionaliste au pouvoir entre 1815 et 1830, un courant conservateur et libéral au pouvoir sous la monarchie de Juillet, un courant autoritaire et nationaliste au pouvoir sous le Second Empire. Ces trois droites se diviseront tout au long du XIXe siècle. A partir de 1870, les droites doivent se positionner par rapport à la République. Encore quelques années et c'est le début de l'effacement de la droite "légitimiste" et l'apparition à partir de 1891 et du ralliement des catholiques de ce qui va devenir la démocratie-chrétienne. Tout au long du XXe siècle, les droites se restructurent. A la Libération, on assiste à une émergence du gaullisme, puis à une reconstruction dans les années 70 d'une droite "orléaniste" sous l'impulsion de Valéry Giscard d'Estaing, transformation du parti gaulliste en un parti de type "orléaniste". Aujourd'hui, selon Jean-François Sirinelli, l'UMP est la synthèse des deux traditions de la droite française : l'orléanisme et le bonapartisme[7].

Pour ou contre la Révolution (1789-1830)

L'orléanisme et ses ambiguïtés : juste milieu, libéralisme, conservatisme (1830-1848)

Les orléanistes seraient dans un juste milieu, c'est-à-dire au centre, en réalité il s'agit d'un centre-droit. Il prône une monarchie laïque, une séparation des pouvoirs et l'instauration d'un Parlement comme celui de Grande-Bretagne.

Ils sont attachés à des principes libéraux tels que l'égalité civile. En cela, ils unissent un lien à la Révolution Française et à la volonté d'instaurer les libertés fondamentales, l'égalité devant la loi et devant l'impôt.

L'orléanisme reflète l'expression de la bourgeoisie. Mais ce qu'il prône, c'est une société de notables. L'orléanisme vise à l'éducation politique du pays, qui s'illustre par l'expansion de la presse, par le renforcement de l'enseignement et des académies, par une augmentation de la participation politique.

Les orléanistes ont voulu des réformes sociales, tels que le rétablissement du divorce et du mariage civil.

En 1848, ils perdent le pouvoir par la Révolution. Cependant, l'orléanisme poussera à des revendications sociales et on pourrait y voir l'apparition du nationalisme.

Les droites et l'avènement du suffrage universel (1848-1870)

Pour ou contre la République (1870-1893)

Recomposition et structuration de l'opposition gauche-droite (1893-1914)

Unions sacrées et déchirures nationales (1914-1945)

Recomposition des droites et entrée dans la modernité politique (1944-1974)

Les droites et la bipolarisation institutionnelle (1974-)

Figures et mouvements contemporains

Échiquier politique et mouvements contemporains

Aujourd'hui, on distingue de nombreuses tendances à droite, certaines représentées par des partis, d'autres relevant plus du mouvement associatif.

Les principaux partis politiques

Les partis politiques sont des organisations qui structurent le fonctionnement de la politique et du politique dans de nombreux États. Ce chapitre concerne les principaux partis ancrés à droite (en France). Il met en perspective leur place actuelle et les rapports que ces organisations entretiennent avec l'État, les mouvements sociaux ou les médias.

Mouvement démocrate (MoDem)

Le Mouvement démocrate...

Parti Radical dit Valoisien

Le Parti radical dit « valoisien » est le plus ancien parti politique français, continuation officielle du Parti radical historique suite à la scission intervenue en 1971. Il se situe au centre-droit de l'échiquier politique et fait partie de l'UMP.

Génération écologie (GE)

Génération écologie (GE) est un mouvement politique écologiste français créé en 1990 par Brice Lalonde, Jean-Louis Borloo ainsi que d'autres personnalités.

Nouveau centre (NC)

Le Nouveau Centre est une formation politique française du centre et de centre-droit, faisant partie de la majorité présidentielle. Son orientation est libérale au sens politique du terme, humaniste et européenne.

Union pour un mouvement populaire (UMP)

L'Union pour un mouvement populaire est la synthèse des deux traditions de la droite française : l'orléanisme et le bonapartisme[7]. D'une part, l'UMP assume certaines valeurs propre au bonapartisme : c'est le cas pour l'identité nationale, l'ordre, l'autorité, sur la place des étrangers dans la société, etc. D'autre part, l'Union pour un mouvement populaire a des réflexes plutôt libéraux, mais n'a jamais su ou jamais pu assumer totalement son libéralisme. C'est aussi une droite qui accepte à la fois l'Europe en tant que projet libéral, et en même temps - sans que cela soit contradictoire - une droite particulièrement sourcilleux sur la question nationale et de la souveraineté.

Debout La République

Debout La République est un parti gaulliste et républicain fondé en 2008 par le député ex-UMP Nicolas Dupont Aignan.

Mouvement pour la France (MPF)

Au plan des idées proprement dites, le MPF, héritier du Rassemblement Pour la France récupère certaines thématiques gaullistes. C'est le cas notamment pour l'interventionnisme étatique dans la sphère de l'économie, combinant ainsi au plan programmatique soit le libéralisme économique avec une dose de protectionnisme, soit une opposition à la mondialisation libérale et à la construction européenne fédérale (donc favorables à l’Europe des nations et de l'État-Nation).

Les mouvements associatifs

Selon Pierre-Emmanuelle Moog (qui a qui a publié « Les Clubs de réflexion et d'influence 2006-2007 »)[8], les principaux cercles de réflexion français ancrés à droite sont l'Institut français des relations internationales, la Fondation Robert-Schuman, l'Institut Thomas-More, l'Institut Montaigne, et la Fondation pour la recherche stratégique.

Les principaux intellectuels et la presse

La Révolution, la Résistance, la Libération et la guerre froide auront vu de grands écrivains, philosophes, historiens et sociologues, s'engager activement dans et par la presse. Le Figaro, « noyau central des sensibilités politiques de droite » pour Jean-François Sirinelli[9], et la revue Commentaire sont les principaux journaux et revues intellectuelles de droite.

Les écrivains de droite

Les courants de pensée de la critique de droite, qu'elles soient libérales conservatrices, monarchistes, dominèrent la vie littéraire depuis la Révolution Française. L'importance de l'influence balzacienne, le spleen baudelairien, le dadaïsme d'Aurevilly, le volontariat de Giono, de Paul Morand ou de Montherlant, la quérulence d'une filiation qui irait de Tocqueville à Maistre en passant par Chateaubriant prennent parfois une implantation institutionnelle du Figaro, et sous des cas nettement individualisés, de Marcel Proust à Georges Bernanos.

Selon François Richard (qui a publié un Que sais-je ? sur le sujet[6]), ce sont des écrivains comme Léon Bloy, Édouard Drumont, Barbey d'Aurevilly, Paul Léautaud, Louis Pauwels, Louis-Ferdinand Céline, Lucien Rebatet, Jacques Perret, Roger Nimier, Marcel Aymé, Michel-Georges Micberth, qui ont donné force à l'Anarchisme de droite.

Les écrivains « de droite » se retrouvent le plus souvent parmi ceux qui ont exercé une activité professionnelle dans le secteur privé, dont le journalisme (entre 36 % dans les années 1920 et 44 % sous le Front populaire, contre respectivement 30 % et 26 % dans la fonction publique)[10].

Sources et bibliographie

Notes et références

  1. Paul-François Paoli, Comment peut-on être de droite ?, Albin Michel, 1999.
  2. Michel Winock, La droite racontée en famille, Plon, 2008.
  3. Rencontre avec Jean-François Sirinelli, à l'occasion de la parution de Histoire des droites en France (collectif, 1992), www.gallimard.fr, 2004.
  4. Lucien Jaume, L’individu effacé ou le paradoxe du libéralisme français, Paris, Fayard, 1997
  5. Jacques de Saint Victor, La première contre-révolution (1789-1791), PUF, "Fondements de la politique", 2010
  6. a et b Les anarchistes de droite, édité aux PUF, 1997. Voir aussi, du même auteur, L'anarchisme de droite dans la littérature contemporaine, PUF, 1988.
  7. a et b Propos recueillis par Judith Waintraub. Sirinelli : « Il incarne la synthèse des deux traditions de la droite française », Le Figaro, 6 novembre 2006.
  8. Pierre-Emmanuelle Moog, « Les Clubs de réflexion et d'influence 2006-2007 », Group Express Edition, 366 pages, ISBN 2-84343-364-9.
  9. Claire Blandin « L'histoire au Figaro littéraire », Le Temps des médias 2/2005 (n° 5), p. 159-167.
  10. Gisèle Sapiro « De l'usage des catégories de « droite » et de « gauche » dans le champ littéraire », Sociétés & Représentations 1/2001 (n° 11), p. 19-53.

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