- ¡Cu-Cut!
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Le ¡Cu-Cut![1] était une revue satirique hebdomadaire du début du XXe siècle, d'idéologie catalaniste et éditée à Barcelone. Publiée entre le 2 janvier 1902 et le 25 avril 1912, elle acquit une grande popularité, avec des tirages atteignant 60 000 exemplaires, et incluait une solide équipe de créateurs graphiques. Elle est en particulier passée à la postérité en raison d'événements survenus fin 1905, au cours desquels la rédaction du périodique fut saccagée par un groupe de militaires, qui reçurent a posteriori le soutien de leurs supérieurs[2]. Les incidents et la polémique qu'ils suscitèrent furent à l'origine d'une crise politique révélatrice de la fragilité du régime de la Restauration bourbonienne.
Sommaire
Idéologie et personnel
La revue était politiquement proche de la Lliga Regionalista de Francesc Cambó et Enric Prat de la Riba, et du journal La Veu de Catalunya. Elle s'opposait en particulier au courant politique représenté par Alejandro Lerroux.
Dirigé par Manuel Folch i Torres, on peut citer parmi ses principaux dessinateurs collaborateurs Opisso, Junceda, Llaverías, Apa ou Ismael Smith. Sa mascotte était un paysan catalan portant la barretina, créé par Gaietà Cornet.
Les incidents du ¡Cu-Cut!
Le 25 novembre 1905, la rédaction du ¡Cu-Cut! ainsi que celle de La Veu de Catalunya[3] furent prises d'assaut par un groupe de militaires de la garnison de Barcelone, en réaction à une caricature antimilitariste de Junceda publiée deux jours auparavant, tournant en ridicule l'Armée et rappelant la débâcle de 1898, vécue comme un traumatisme par d'importants secteurs de la société espagnole et toujours présente dans les esprits[4],[5].
Conséquences
La publication fut suspendue jusqu'au 28 avril 1906 en raison des dégâts matériels occasionnés.
Les événements étaient une illustration de la faiblesse du système de la Restauration et de sa dépendance persistante à l'égard des militaires[6], qui avaient déjà exercé une influence considérable dans la politique du pays lors du siècle précédent. « La crise subjacente représenta le premier choc entre pouvoir politique et pouvoir militaire du XXe siècle ainsi qu'une montée notable de la température du conflit nationaliste »[7]. Face au refus du roi de punir les auteurs du saccage, Eugenio Montero Ríos, alors chef du gouvernement, présenta sa démission[7]. Il fut remplacé par Segismundo Moret, qui se montra favorable aux militaires et promulgua rapidement une nouvelle loi, la Ley de Jurisdicciones, qui établissait que la réparation des atteintes « à la patrie ou à l'Armée » incomberaient aux tribunaux militaires, revers infligé à ceux qui réclamaient que justice soit faite, les coupables n'étant pas tenu de répondre de leurs actes devant une juridiction civile. L'opposition à cette loi entraina l'union des partis politiques catalans dans la coalition Solidaritat Catalana[5]. Dès lors le panorama politique catalan évolua radicalement, les partis dynastiques de la Restauration disparaissant de la scène pour être remplacé par des partis opposés au régime, essentiellement la Lliga Regionalista et les partis républicains.
Notes et références
- Coucou », oiseau réputé pour déposer ses œufs dans le nid des autres espèces. C'est-à-dire « Le
- (es) Josep Fontana (dir.) et Ramón Villares (dir.), Historia de España, vol. 7 : Restauración y Dictadura, Barcelone, Crítica / Marcial Pons, 2009, 1re éd., 760 p. (ISBN 978-84-4423-921-8), p. 95
- Les événements sont toutefois restés connus sous la simple dénomination d'« incidents du ¡Cu-Cut! »
- hussard observant le banquet, avec le dialogue suivant :
« -Que célèbre-t-on ici, il y a bien du monde ?
- Le banquet de la victoire.
-De la victoire ?, Ah, et bien, ce doivent être des gens du coins. ».
La caricature, faisant allusion au dit « banquet de la victoire » célébré par la Lliga Regionalista à la suite de sa victoire aux élections municipales, représentait un civil et un militaire portant la tenue de - Jordi Casassas et Carles Santacana (trad. Paul Aubert), Le Nationalisme catalan, Paris, Ellipses, coll. « Les essentiels de civilisation espagnole », 2004, 207 p. (ISBN 2-7298-0786-1), p. 54-55
- Fontana, Villares, p. 445
- Fontana, Villares, p. 361.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Catalanisme
- Revue
- Titre de presse créé en 1902
- Organisme disparu en 1912
- Presse écrite en catalan
- Média en Catalogne
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