- Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau
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Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau
Paysage de coussouls dans la CrauCatégorie UICN IV (aire de gestion des habitats/espèces) Identifiant 178228 Pays France Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Département Bouches-du-Rhône Coordonnées Superficie 74,11 km2[1] Création 8 octobre 2001 Administration Conservatoire et études des écosystèmes de Provence (Ceep) ou Espaces naturels de Provence Site web [1] Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
Géolocalisation sur la carte : France
modifier La réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau est une réserve naturelle française d'une superficie de 74,11 km2, située dans la Crau, et plus précisément dans la vieille Crau, ou Crau d’Arles. Elle a été créée en 2001 sur les cendres de l'ancien verger industriel de Cossure pour entretenir la richesse d'un écosystème unique en France, une végétation steppique sèche.
Sommaire
Localisation
La réserve est située dans la Crau, dans le département des Bouches-du-Rhône
Communes concernées
Les communes de Arles, Eyguières, Fos-sur-Mer, Istres, Miramas, Saint-Martin-de-Crau, Salon-de-Provence.
Histoire du site et de la réserve
Le site présente un grand intérêt du point de vue de l'écologie rétrospective et de l'histoire environnementale, car il a connu une longue situation de pâturage extensif, le seul qui soit permis par ses conditions hydriques, et il intègre des milieux extrêmes rares en France. Il était déjà utilisé par l'homme au Néolithique.
La pollution par hydrocarbure de 2009
Le site a été victime d'une grave pollution le 7 août 2009, suite au déversement de 4 000 m3 de pétrole sur environ 5 hectares de la réserve, suite à la fuite d'un pipe-line (le « Pipeline sud-européen » appartenant à la SPSE) qui traverse le site. Vendredi 7 août à 7h30, un garde de la réserve naturelle a découvert une fuite faisant geyser de de 3 à 4 m de hauteur, au cœur même de la réserve. Il a immédiatement alerté la SPSE, exploitant du pipeline, qui n'avait pas encore réagi[2]. Les dégâts ont été considérables pour la biodiversité, pour les sols (imbibés sur 10 à 20 cm de profondeur), mais aussi pour la nappe phréatique polluée. Des opérations de dépollution ont débuté, mais le gestionnaire reste très inquiet pour les effets différés dans l'espace et le temps de cette pollution[3]. Le gestionnaire (CEEP) et la Chambre d’Agriculture ont porté plainte pour atteinte au milieu naturel et au pastoralisme[2].
Les dégâts selon le conseil scientifique ne pourront être réparés par les opérations d’ingénierie écologique. Le chantier de dépollution a lui même causé de « nouvelles atteintes irréversibles (terrassements, dépôts de matériaux, émissions de poussières polluées, etc.), qui ont accru de manière significative la dégradation de cet écosystème exceptionnel ». Les impacts des hydrocarbures et HAP (cancérigènes ou mutagènes pour certains) qui ont pu migrer vers le sous-sol et la nappe et donc sur le long terme sont mal évalués. Le conseil scientifique a demandé au préfet d'appliquer le principe de précaution et d'interdire toute pratique de pâturage, cueillette (dont de champignons) et de chasse dans tout le périmètre susceptible d'avoir été touché par la pollution ou d'être touché par d'éventuelles nouvelles pollutions liées au chantier de dépollution, en attendant des résultats d’analyses confirmant ou infirmant la contamination de la faune, de la flore et de la fonge.
Patrimoine naturel
Pour des raisons historiques, la réserve abrite un patrimoine exceptionnel dont l'origine remonte au moins à la fin de la dernière glaciation (il y a 10 000 ans environ) grâce au dessèchement de l'ancien delta de la Durance qui a quitté la Crau pour se jeter dans le Rhône près d'Avignon, en laissant un sol limoneux très fin recouvrant une couche d'anciens galets cimentés entre eux (dite poudingue) par une croûte de sels minéraux, sable et fer. Les sols autrefois calcaires ont peu à peu été lessivés par les pluies et sont devenus acides, rougeâtres et ferrallitiques, évoquant certains sols tropicaux décalcifiés et marqués par la ferrugination. Cette couche relativement étanche isole la flore et faune vivant en surface de la nappes phréatiques sous-jacente, qui bien que l'une des plus grande de France est ici inaccessible, entretenant un micro-climat et des habitats caractéristiques de la steppe aride. L'agriculture passée a entretenu ce milieu pauvre, avec des impacts supposés restés modestes et le site est devenu un refuge pour la faune endémique dont le ganga cata (perdrix que l'on ne trouve plus que là), ou devenue rare (ex : l'outarde canepetière, espèce très menacée dont l’essentiel de la population vit dans la Crau).
Le pâturage agricole a depuis le Néolithique remplacé l'entretien de la steppe par la faune herbivore préhistorique, et il est maintenu par le plan de gestion de la réserve (60 000 moutons) qui entretiennent la mosaïque écopaysagère caractéristique de cette zone pourtant d'une superficie modeste (10 hectares).
Flore
« Coussoul» est le nom donné par les bergers aux milieux arides méditerranéen steppiques que les phytosociologues nomment Asphodeletum fistulosi ; ce sont des pelouses rases à recouvrement discontinu abritant des associations végétales parmi les plus riches (en espèces). Les plantes annuelles y sont très présentes (50% de plantes à graines). Le coussoul lui-même abrite peu de plantes rares (bien qu'elles soient probablement caractérisées par un patrimoine génétique spécifique et rare, cependant les quelques mares temporaires, prairies humides et marais de la réserve accueillent au moins une trentaine de plantes protégées dont
- Gratiole officinale (Gratiola officinalis),
- Linaire grecque (Kickxia commutata),
- Nivéole d’été (Leucojum aestivum),
- Salicaire à trois bractées (Lythrum tribracteatum),
- Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora = Anacamptis laxiflora),
- Herbe de Saint-Roch (Pulicaria vulgaris),
- Renoncule à feuilles d’ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius)…
- Scolopendre sagittée (Asplenium sagittatum) rarissime
Quelques zones boisées (chênaies [4]) ont résisté aux moutons, là où les racines des arbres ont pu pénétrer le « poudingue » et atteindre la nappe, éventuellement à la faveur d'anciens puits creusés par l'Homme ou des animaux.
Faune
Il est notamment possible d'observer dans la réserve la faune typique des (rares) steppes d'Europe de l'Ouest.
Invertébrés, insectes
- criquet rhodanien (espèce endémique, qui n’existe qu’en Crau)
Poissons
Oiseaux
De nombreux oiseaux sont présents sur le site, dont
Mammifères
Reptiles et amphibiens
- lézard ocellé (population menacée[2]),
Champignons, lichens et autres organismes remarquables
Etat, pressions ou menaces, réponses
- L'épisode de pollution par des hydrocarbures (de 2009) a compromis une partie importante du site. Les gestionnaires ont à cette occasion alerté sur le besoin de mieux surveiller les pipelines et invitent les autorités à réfléchir à un aménagement à long terme respectant mieux les espaces naturels sensibles.
- Les dérèglements climatiques attendus peuvent mettre en péril une partie des espèces et favoriser certaines espèces invasives.
Espèces invasives
Degré de fragmentation écologique
Administration, Plan de gestion, règlement
C'est le Conservatoire - Études des écosystèmes de Provence (CEEP, basé à l'écomusée de la Crau, à Saint-Martin-de-Crau) qui gère cette nouvelle réserve, avec la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône (pour le pâturage). Le pâturage est utilisé pour la gestion de certains milieux, conformément aux objectifs du plan de gestion de la réserve.
Un conseil scientifique de la Réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau a été créé par arrêté préfectoral (du 18 mars 2008) pour assister le gestionnaire et le préfet dans la prise de décision concernant la restauration, protection et gestion des habitats et espèces de la réserve et pour l'évaluation environnementale de la gestion. Il abritait en 2009 dix experts titulaires et indépendants.
Intérêt touristique
- Sentiers de découvertes
- D'autres sites, à vocation écologique et paysagère peuvent être visités à proximité.
Notes et références
- Coussouls de Crau sur Réserves naturelles de France. Consulté le 27 septembre 2009
- (fr) [PDF] Communiqué du Conseil scientifique
- Interview du gestionnaire sur les suites de la pollution de 2009
- Page du gestionnaire sur la chênaie
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Site Web de la réserve
- (fr) [PDF] Document illustré de 18 pages présentant la réserve (réalisé par les gestionnaires)
Catégories :- Aire protégée de l'UICN - catégorie IV
- Réserve naturelle nationale
- Aire protégée des Bouches-du-Rhône
- Crau
- Aire protégée créée en 2001
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