Charles de Tournemine

Charles de Tournemine
Paysage à la fontaine, vers 1860, Musée d'Art de São Paulo.

Charles-Émile Vacher de Tournemine, né le 25 octobre 1812 à Toulon[1] où il est mort le 22 décembre 1872, est un peintre orientaliste français.

Biographie

Petit-fils de l’archéologue de renom Jean-Charles Vacher de Tournemine, Charles-Émile Vacher de Tournemine le fils naturel de Bernard Vacher de Tournemine, officier de l’armée française, qui ira déclarer sa naissance à la mairie de Toulon, a mais n’épousera pas sa mère Marie Anne Victoire Roubaud. Il n’abandonnera pas son fils, intervenant plusieurs fois dans sa carrière.

Élevé par sa mère seule à Toulon, il montre déjà des aptitudes au dessin, mais il entre à 13 ans à l’école des mousses et sert sur la goëlette « l’Amaranthe ». Il voyage sur la Méditerranée et découvre les villes de Constantinople, Beyrouth, Tyr, Alexandrie, Chypre, la Syrie et la Tripolitaine. Il est blessé à l’œil gauche à la bataille de Navarin, le 27 octobre 1827.

Il quitte la marine et s’engage, le 18 mars 1831, dans le 11e régiment d’artillerie, où son père est colonel. En 1840, il monte à Paris, comme dessinateur au Ministère de la Guerre. Il habite chez sa tante Agathe, et commence à dessiner dans l’atelier très réputé d’Eugène Isabey, où il rencontre des peintres qui deviendront ses amis. En 1843 et 1844, il fait plusieurs voyages en Normandie, Picardie, en Bretagne et pays de Loire. À la mort de sa tante en 1845, il devient son légataire universel et épouse, à Paris, Marie-Émilie-Clarisse Chauvin, le 29 novembre de la même année.

Tournemine fréquente le milieu artistique, très actif à cette époque et achète les œuvres de ses contemporains et amis. Il aura une belle collection à la fin de sa vie[2] malgré une vente importante en 1853. La vente de cette collection montre qu’il avait su reconnaître les valeurs de son temps.

Il rencontre Théophile Thoré-Burger et projette, avec lui, une édition ambitieuse sur l’« Art Moderne », qui ne verra pas le jour. En revanche, il prendra en charge, avec un ami peintre François-Louis Français, une publication annuelle de lithographies les Artistes contemporains, de 1846 à 1853. Ces 8 numéros publieront 175 lithographies. Les artistes les plus renommés seront gravés, Delacroix, Isabey, Ziem, Marilhat, et même le fulgurant Richard Parkes Bonington.

Il expose au Salon de Paris pour la première fois en 1846. Il montrera sept toiles de Bretagne au salon de 1848. Il entre au musée du Luxembourg en 1852, comme attaché à la conservation. Il a 40 ans. En 1855, il présente ses premiers tableaux orientalistes à l’Exposition universelle de 1855 à Paris.

Après 1857, ses peintures ne font plus référence aux paysages français, et il devient un peintre orientaliste reconnu. Il commence une longue série de voyages en Orient pour compléter ses souvenirs méditerranéens de jeune marin. Puis il va en Turquie, en Asie mineure et en Égypte. Il accède à la commande publique. Cinq de ses œuvres majeures, et tout à fait représentatives de son style, sont ainsi dans les musées français. Ce sont des peintures à l’huile sur toile, de grand format :

  • Le Café Adalia, 69 x 124 cm. Achat de l’État en 1861. Musée du Louvre à Paris[3].
  • Promenades de femmes turques en Asie mineure ; soleil couchant, 68 x 125 cm. Achat de l’État en 1863. Musée Fabre à Montpellier.
  • Rue conduisant au bazar à Chabran El Kebir, 90 x 180 cm. Achat de l’État en 1865. Musée de Toulon.
  • Éléphants d’Afrique, 88 x 178 cm. Acquis au salon de 1867, don de l’Empereur au Musée du Luxembourg à Paris.
  • Retour de chasse ; scène indienne, 58 x 120 cm. Achat de l’État en 1868. Musée des Beaux-Arts de Marseille[4]

En 1852 sa mère meurt à Toulon, le goût des voyages le reprend. Il demande un congé et vend une partie de sa collection pour partir vers l’Orient avec un nouveau regard, celui d’un peintre orientaliste. D’abord l’Italie, puis en 1853 le littoral d’Afrique du Nord, d’Alger à Tunis fut une révélation pour lui.

En 1853 il est promu officier de la légion d’honneur.

En 1860 il repart le long du Danube vers la mère Noire, porte de l’Orient. En 1863 un voyage de 3 mois en Asie mineure, principalement sur la cote Ouest, il prend beaucoup de notes et croquis, qui seront la matière de son œuvre orientaliste.

Il rencontre les frères Goncourt en 1864, qui publient par la suite Manette Salomon dans lequel ils s’inspirent de la correspondance avec Tournemine lorsqu’il voyageait en Asie Mineure.

En 1869, il fait partie de la suite de l’impératrice Eugénie qui voyage en Orient sur invitation du vice-roi d’Égypte à l’occasion de l’inauguration du canal de Suez, en compagnie de Narcisse Berchère, Eugène Fromentin, Jean-Léon Gérôme et Charles-Théodore Frère[5].

Il termine sa carrière de conservateur et quitte le musée du Luxembourg après les dures journées de la Commune en mai 1871. Il retourne à Toulon, où il meurt, âgé de 60 ans[6].

Notes

  1. Naissance de Charles de Tournemine
  2. Vente de l’Atelier le 3 février 1874, p. 175-176, in Jean-Claude Lesage, « Charles de Tournemine, peintre orientaliste », Edisud, 1986
  3. Théophile Gautier in « l’Artiste », salon de 1857, p. 131: «… Cafés au bord de l’eau, passage de gués, points de vue pris entre Éphèse et Smyrne, pont aux arches ogivales enjambant de petites rivières par dessus des touffes de lauriers roses, coupoles blanches, minarets d’ivoire plongeant dans le bleu du ciel. M. de Tournemine peint tout cela avec une facilité spirituelle, une transparence de ton et une décision de touche qui transportent dans la peinture à l’huile les qualités des belles aquarelles anglaises.
  4. Jean Claude Lesage, Charles de Tournemine, peintre orientaliste, l’œuvre dessiné et peint, page 57 à 102. Édisud, 1986 ISBN 2-85744-268-8
  5. [PDF] Orientalisme sur http://www.musee-orsay.fr.
  6. Jean-Claude Lesage, Charles de Tournemine, Édisud, 1986 .

Références

(pt) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en portugais intitulé « Charles de Tournemine » (voir la liste des auteurs).


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