- Bataille de Somosierra (1808)
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Bataille de Somosierra
Huile sur toile, par Baron Lejeune 1810Informations générales Date 30 novembre1808 Lieu Gorges de Somosierra (nord de Madrid) Issue Victoire française Belligérants Empire français
Duché de VarsovieEspagne Commandants Napoléon Ier Benito de San Juan Forces en présence 45 000 8 000 hommes
60 canons[1]Pertes 18 morts et 11 blessés [2] 250 morts ou blessés
3000 prisonniersGuerre d'indépendance espagnole Batailles Campagne de Napoléon Ier en Espagne (1808-1809) Durango — Valmaseda — Palo Hincado — Burgos (1re) — Gamonal (es) — Rosas — Espinosa — Tudela — Bubierca — Somosierra — Saragosse (2e) — Sahagún — Molins de Rei (es) — Gérone — Benavente — Castellón — Mansilla — Lugo — La Corogne
modifier Au cours de la Bataille de Somosierra, le 30 novembre 1808 une force espagnole en large infériorité numérique fut incapable d'empêcher Napoléon de prendre Madrid. Cette bataille eut lieu dans les gorges de Somosierra dans la Sierra Guadarrama au nord de Madrid, pendant la guerre d'Espagne.
Sommaire
Situation avant la bataille
Fin novembre 1808, l'écrasante puissance des Français avait débordé et détruit les deux ailes de l'armée populaire espagnole. Afin de parachever sa reconquête de l'Espagne, Napoléon s'avança sur Madrid avec 45 000 hommes de sa Grande Armée.
Afin de défendre la ville, le général Benito de San Juan rassembla une armée faite de miliciens, réservistes et différents régiments réguliers encore sous le coup des précédentes défaites, en tout à peu près 20 000 hommes. Pour couvrir les nombreuses voies d'approche de la ville, San Juan fut obligé de disperser ses forces déjà très inférieures en nombre. Sous ses ordres, 8 000 hommes furent envoyés à l'ouest pour garder le col de Guadarrama, alors que 3 500 occupaient un poste avancé à Sepúlveda, laissant seulement 8 000 hommes et 16 canons sur les hauteurs de Somosierra.
Les gorges de Somosierra
La nature du terrain et la ténacité des Espagnols travailla au début en leur faveur. Au soir du 29 novembre la brigade postée à Sepulvida repoussa une attaque française, infligeant de lourdes pertes, et échappa à l'écrasante supériorité numérique des Français dans la nuit tombante. Le matin suivant, Napoléon avança son infanterie directement vers le col, pendant que de petits détachements progressaient en se dissimulant vers les flancs. Échangeant des salves de mousquet avec les défenseurs, ils sont repoussés par une défense espagnole très déterminée. Les Français firent tout de même de lents mais sensibles progrès vers les canons ennemis.
La charge des polonais
Comme les forces espagnoles ne pouvaient être aisément prises de flanc par des mouvements d'infanterie, et que Napoléon était impatient d'en finir, il donna l'ordre à sa brigade de chevau-légers polonais de charger les Espagnols et leur batteries d'artillerie retranchées[3],[4],[5]. Cette décision dont on peut discuter le caractère impitoyable et imprudent fit l'objet d'amples controverses historiques[6],[7].
Seulement quelques chevau-légers purent atteindre la dernière batterie, et les Espagnols réussirent à la reprendre. C'est alors que Napoléon saisit l'opportunité qui s'offrait à lui et engagea les autres escadrons.
La première charge fut conduite par Kozietulski, mais il perdit son cheval après avoir pris la première batterie. C'est à ce moment que le lieutenant Andrzej Niegolewski, qui était en reconnaissance avec ses hommes les rejoignit. La charge fut poursuivie sous le commandement de Dziewanowski, et quand il tomba de cheval après la prise de la troisième batterie, par Wincenty Krasiński. La charge contre la dernière batterie fut conduite par Niegolewski, qui survécut presque par miracle quand les Espagnols attaquèrent les canons et les reprirent (il reçut neuf blessures par baïonnettes et une à la tête, Andrzej Niegolewski déclara qu'il avait reçu une balle à la tête, mais les documents mentionnent que c'était une blessure infligée par sabre).
La deuxième charge fut conduite par Tomasz Łubieński, qui lui aussi essaya d'en retirer toute la gloire, essayant de minimiser le rôle du troisième escadron (alors que Niegolewski essaya de montrer que ce fut lui qui prit les canons).
Résultat des charges de cavalerie
Les officiers français essayèrent de minimiser l'impact des charges polonaises, prétendant que tout le succès devait être attribué à l'infanterie française du général François Ruffin. Pourtant le 13e bulletin de la Grande Armée mentionne le rôle déterminant des chevau-légers polonais. On doit aussi souligner que la première charge fut capable d'emporter les quatre batteries (même si ce succès fut temporaire et que la dernière batterie fut rapidement reconquise), permettant ainsi à l'infanterie française de pousser son attaque, et que la seconde charge reprit la dernière batterie, ce qui provoqua un repli en masse de la milice irrégulière espagnole d'Andalousie et en fait la retraite de toute l'armée.
On doit noter que les artilleurs espagnols firent preuve d'une bravoure exceptionnelle et choisirent de mourir plutôt que d'abandonner leurs positions. Mais aucune relation polonaise ne mentionne un éventuel combat avec la milice espagnole. Les hommes de la milice quittèrent leurs positions en voyant combien il paraissait aisé aux Polonais de prendre les positions d'artillerie. Dans le brouillard il ne pouvaient apprécier combien les Polonais étaient peu nombreux.
Suites de la bataille
Le général Benito de San Juan replia rapidement son armée sur Madrid. Bien que la victoire de Somosierra fut plus précisément le résultat d'une attaque combinée d'infanterie et de cavalerie; l'infanterie supportant le plus gros du combat; les rapports ultérieurs, y compris ceux de Napoléon, mirent uniquement l'accent sur la charge polonaise.
Les patrouilles françaises atteignirent la banlieue de Madrid le 1er décembre. San Juan tenta, sans conviction, de défendre la capitale. Le 4 décembre, un barrage d'artillerie dévastateur mit à mal la défense espagnole. San Juan capitula avec ses 2 500 soldats réguliers, les 20 000 civils enrôlés sous ses drapeaux se dispersèrent. Les Français entrèrent à Madrid pour la deuxième fois cette année-là.
Littérature
- Honoré de Balzac dans El Verdugo décrit le massacre de la garnison française à Menda et la cruelle répression qui s'en est suivie[8].
Anecdotes
Selon de nombreux mémoires rédigés par des vétérans de la bataille, Kozietulski conduisit la charge en lançant le cri officiel "Vive l'Empereur". Cependant, une légende populaire prétend que le véritable cri de bataille était en polonais Naprzód psiekrwie, Cesarz patrzy- En avant fils de chiens, l'Empereur vous regarde![9]
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Somosierra » (voir la liste des auteurs)
- Les polonais à Somo-Sierra en 1808 en Espagne Réfutations et rectifications relatives à l'attaque ... Par Jędrzej Niegolewski, Adolphe Thiers 1854
Autres lectures
- Rolin, Vincent, La bataille de Somosierra, le 30 novembre 1808, La revue Napoléon no.36 La capitulation de Madrid, novembre 2008.
Jeux de simulations historiques
- Les batailles de Medina de Rioseco et Somosierra, par Frédéric Bey, revue Vae Victis no.83, nov.-déc. 2008.
Notes et références
- Bulletin de l'armée d'Espagne, 2 décembre 1808
- Les registres des unités indiquent les pertes (non compris les officiers) suivantes: 12 polonais du 3e escadron (plus deux autres qui moururent de leurs blessures), 2 du 1{{er<}} escadron et 4 du 2e (plus un autre qui mourut plus tard de ses blessures). En ce qui concerne les officiers, les pertes totales étaient de 18 morts et 11 blessés, desquels 5 moururent quelques jours après la bataille. Datancourt mentionne dans sa relation 57 morts et blessés. Les polonais furent probablement bien aidés par le brouillard qui en faisait des cibles difficiles pour les espagnols.
- Benito de San Juan avait 16 canons à sa disposition, déployés en quatre batteries Don
- Niegolewski de retour de reconnaissance. Cependant, on ne sait si ces nombres incluent seulement les troupes engagées ou tous les soldats. Les registres des unités indiquent que cet escadron avait un effectif de 216 et non pas 125 ou 140 cavaliers, comme on le dit parfois. À ce nombre doivent être ajoutés les membres des autres escadrons, au total environ 450 hommes. La première charge contre la première batterie engagea à peu près 80 hommes, qui furent rejoints par les soldats de
- Certains ouvrages, basés principalement sur des rapports d'officiers français, supposent que les Espagnols avaient placé tous leurs canons au sommet du col de Somosierra. Pourtant, avec leur portée de 600-700 mètres, les canons, déployés de cette manière n'auraient pu atteindre une partie importante de l'armée française - et les rapports disent que Napoléon lui-même fut un temps sous le feu de l'artillerie. De plus, les chevau-légers qui prirent part à la charge, ainsi que des prisonniers espagnols capturés avant la bataille, mentionnèrent que Benito de San Juan avait disposé ses canons en quatre batteries et non pas une seule. La première batterie défendait l'entrée du défilé de Somosierra, les deux suivantes couvraient le défilé, et seulement la quatrième était implantée sur les hauteurs. On a généralement supposé que toutes les batteries comptaient quatre canons, mais le défilé était trop étroit pour que cela soit possible ; l'artillerie française, quand elle reçut l'ordre de faire feu, ne pouvait pas utiliser plus de deux canons en même temps. Plus probablement, les trois premières batteries avaient deux canons chacune et la quatrième dix canons.
- Napoléon ne donna pas d'ordre par écrit. Kozietulski, qui commandait le 3e escadron ce jour là, mentionne une formation de cavalerie légère au trot et, passant près de l'Empereur, il entendit "Polonais, prenez-moi ces canons". De nombreux auteurs occidentaux supposent que Napoléon perdit simplement l'esprit, en ordonnant aux Polonais de charger contre une forte batterie de 16 canons sur quelques kilomètres de terrain extrêmement difficile. Pourtant, il semble que Napoléon donna l'ordre de prendre seulement la batterie la plus proche, afin d'ouvrir la voie à l'infanterie. Kozietulski, qui, après avoir pris la première batterie, rendit compte à l'Empereur qu'il avait accompli ses ordres, semble avoir compris l'ordre dans ce sens. Prendre la première batterie fut difficile, mais restait dans les possibilités de la cavalerie. À partir de l'instant où les chevau-légers se trouvèrent sous le feu de la seconde batterie, ils ne leur restait que le choix de battre en retraite ou de poursuivre leur attaque. Rotmistrz Jan Dziewanowski, qui prit le commandement après que Kozietulski perdit son cheval, décida de poursuivre l'attaque.
- Grande Armée mentionne que les chevau-légers étaient commandés par le général Louis Pierre de Montbrun. Cependant, les Polonais qui participèrent à la charge et le lieutenant-colonel Pierre d'Autancourt, l'un des commandants de cette unité, soulignèrent dans leurs relations que ce ne fut pas le cas. D'Autancourt indique dans sa relation que Montbrun lui-même riait à cette idée dans ses conversations avec l'auteur. Pourtant, l'historien français Adolphe Thiers lui décerna l'honneur de conduire la charge, ce qui déclencha les protestations de la part de vétérans polonais survivants de la bataille. De même, le commandant Philippe-Paul de Ségur écrivit dans ses mémoires qu'il avait commandé la charge, mais ses relations furent souvent considérées comme peu fiables, et une fois encore D'Autancourt et les Polonais nièrent son rôle. Le 13e bulletin de la
- ISBN 2070108686) El Verdugo, Bibliothèque de la Pléiade,1979, t.X, p.1133 (
- (Polish) Andrzej Nieuważny (May 2006) "Najpiekniejsza z szarż (Les plus belles charges de cavalerie). Rzeczpospolita 123 (2006-05-27).
Lien externe
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