Barthélémy de Montagut

Barthélémy de Montagut

Barthélémy de Montagut est un maître à danser français, actif à Londres vers 1620-1640.

Sommaire

Biographie

Rien nest encore connu de son origine française ni de son début de carrière en France.

Londres

Il passe en Angleterre à une date inconnue, peut-être à la fin des années 1610. Au début du XVIIe siècle, les Français passaient pour être les meilleurs maîtres de ballet. Outre Montagut, on vit en Angleterre s'illustrer François de Lauze, Mailliet et Bocan, de même que de nombreux autres artistes. Montagut rencontre de Lauze, dont il plagiera les écrits. Tous deux étaient en compétition pour se faire une place dans la mouvance du duc de Buckingham, mais cest Montagut qui arrivera à ses fins. Outre un sens aigu de larrivisme social, il dansait avec une grâce rare, et arriva enfin à attirer lattention de la duchesse de Buckingham.

Il apparaît en 1623 dans les comptes de voyage du duc de Buckingham et du prince Charles en Espagne, lorsquils essayèrent (en vain) darranger le mariage de ce dernier avec l'infante Maria dEspagne[1]. Montagut apparaît aussi entre 1623 et 1626 dans les comptes des dépenses du duc de Buckingham, pour sa participation aux masques dansés à la cour, pour ses frais et ses voyages[2].

Il entre au service de la reine Henriette Marie dAngleterre dès son arrivée en Angleterre en 1625[3]. Il participe à un ballet de cour en 1626 donné au roi, à la reine et à lambassadeur du roi de France François de Bassompierre. Le 28 décembre 1628 il est nommé valet de chambre de la reine en même temps que son frère « Peter de Montagutt », qui devient ensuite valet de chambre du roi. Leur charge est renouvelée le 21 juillet 1631[4]. Ses appointements annuels pour cette charge, relevés jusquen 1639, se situaient entre 60 et 150 £, ce qui le place assez haut parmi les autres officiers de la maison de la reine. En 1631 il devient maître de danse du roi Charles, aux appointements de 160 £ par an.

Dans les années 1630, il est cité dans plusieurs listes de résidents étrangers à Londres, habitant le quartier de St Martin-in-the-Fields autour de 1635 puis de Westminster vers 1638-1639, à proximité dautres artistes français[5].

En juillet 1635, il est accusé davoir tué un homme à loccasion dun séjour à Oatlands, la résidence dété de la reine, et échappe à toute punition, semble-t-il[6].

Il est cité à loccasion du masque Chloridia de 1631 et on peut supposer quil participa à bien dautres mascarades, pastorales ou divertissements de cour, dans les distributions desquels il nest pas cité. On le voit encore dans Luminalia (1638), mascarade pour laquelle il paraît avoir reçu de la reine une gratification de 700 £[7]. Le 29 septembre 1639, sa charge de valet de chambre de la reine passe à Nicholas Lanier, un musicien, compositeur et peintre. Cest sans doute vers cette époque quil envoie au roi Charles une lettre il déplore la dureté des temps et sa difficulté à se maintenir en Angleterre, laccablement des dettes contractées par défaut de paiement de ses appointements, et le souhait de rentrer en France[8]. On suppose quil rentre en France au début des années 1640.

Il laisse à Londres une image suffisamment forte pour avoir servi de modèle à Gaillard, un personnage de la comédie parodique The Variety de William Cavendish publiée en 1649, qui moque les manières françaises.

Paris ?

On a une trace de lui à Paris en 1644[9]. Quil se nomme sieur dAillac, sans doute en référence à Aillac, village de Dordogne, peut donner un indice quant à son origine française.

Les actes du tabellionage de Rouen mentionnent le 3 juillet 1643 une certaine « Renée de Montagu », envoyée en France par son oncle Barthélémy de Montagu, gentilhomme du roi [d'Angleterre]. Sans doute est-ce la fille de Pierre Montagut cité plus haut[10].

Œuvres

Montagut compose un traité intitulé Louange de la danse, avec les observations nécessaires pour en acquérir la perfection. Il est conservé à Londres, British Library, Royal collection, Ms 16e XXXIX. Il contient 36 f. dans une écriture très lisible. Lœuvre est dédiée à George Villiers, marquis puis duc de Buckingham, favori du roi Jacques Ier d'Angleterre et excellent danseur. Ce manuscrit a fait lobjet dune édition moderne par Barbara Ravelhofer, avec une comparaison au texte de Lauze et une traduction anglaise du texte de Montagut : Louange de la danse, éd. Barbara Ravelhofer, Cambridge, RTM publications, 2000.

Lorsquil publie son Apologie de la danse en 1623, François de Lauze écrit dans sa préface que peu après être arrivé en Angleterre, il avait montré à Montagut une version préliminaire de ce travail, et que celui-ci s'était empressé de la copier pour la diffuser sous son nom, sous forme manuscrite. La comparaison des deux textes montre que Montagut y reprend des passages entiers de l' Apologie, à peine modifiés. Ceci n'empêcha pas de Lauze de publier ensuite lœuvre sous son nom, en dévoilant cette mésaventure dans sa préface. Cette affaire constitue un des premiers exemples de plagiat manifeste identifié en Angleterre.

Lœuvre suit donc un plan comparable à celle de Lauze : une première partie destinée aux cavaliers, qui décrit la révérence, les diverses courantes, les branles, la gaillarde, la capriole. La seconde partie est destinée aux dames, décrit des branles, la gavotte, la courante, la gaillarde.

Notes

  1. Edimburgh NLS : MS 1879 f. 18r, 32v, 33v. Cité daprès Ravelhofer 2000 p. 15.
  2. Londres BL : MS Add. 12528, cité daprès Ravelhofer 2000 p. 13.
  3. Londres BL : MS Kings 136 vol. IV n° 842. Cité daprès Ravelhofer 2000 p. 16.
  4. Calendar of State Paper Domestic Chas I (1628-1629) III, p. 416, et Chas I (1631-1633), V, p. 117. Cité daprès Ravelhofer 2000 p. 17.
  5. Ravelhofer 2000 p. 18-19.
  6. Ravelhofer 2006 p. 57.
  7. Ravelhofer 2000 p. 22)
  8. Lettre en français, transcrite et traduite dans Ravelhofer 2006 p. 57-59.
  9. Le 13 juillet 1644, il rachète une rente de 250 livres à Pierre Dugap, violon du roi. Il se dit écuyer, sieur dAillac, gentilhomme de la chambre du roi et de la reine dAngleterre. Contrairement à ce que prétend B. Ravelhofer, cela ne signifie pas quil se soit remis au service dHenriette dAngleterre. Paris AN : MC XX 246. Cf. Jurgens 1974 p. 210.
  10. Beaurepaire p. 214.

Références

  • Ch. de Beaurepaire, « Blaise Pascal et sa famille à Rouen de 1640 à 1647 », in Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen (1902), p. 211-311.
  • François de Lauze, Apologie de la danse” : a treatise of instruction in dancing and deportment given in the original French with a translation, introduction and notes by Joan Wildeblood, music transcribed by Eduardo M. Torner, London, Frederick Muller Ltd, 1952.
  • Madeleine Jurgens, Documents du Minutier central concernant l'histoire de la musique (1600-1650), tome II, Paris, [1974].
  • Barthélémy de Montagut, Louange de la danse, ed. Barbara Ravelhofer, Cambridge, RTM Publications, 2000.
  • Barbara Ravelhofer, « The Medium of Plagiarism : Rogue Choreographers in Early Modern London », in Plagiarism in Early Modern England, ed. Paulina Kewes (Houndmills, Basingstoke, Hampshire ; New York, 2003).
  • Barbara Ravelhofer, The Early Stuart Masque : Dance, Costume and Music, Oxford, Oxford University Press, 2006.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Barthélémy de Montagut de Wikipédia en français (auteurs)

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