- Aït (nom)
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Aït (ayt), « enfants (de) ». Pluriel de u, w, ag, « fils (de) ». Attesté dans l'ensemble du domaine berbère et particulièrement fréquent dans l'onomastique locale (: noms de tribus, noms de villages … ) qui fait en permanence référence à la filiation: Aït X : « Les enfants de X ».
Du point de vue de sa formation, ayt est très probablement issu d'un complexe ancien *aw-t, combinant l'élément (a)w « fils (de) » à un suffixe de pluriel -t encore bien attesté dans les paradigmes grammaticaux du berbère, notamment dans la flexion verbale (-t d'impératif pluriel, -(i)t marque indifférenciée de pluriel des verbes d'état… ).
L'évolution d'un prototype *aw-t à la forme ayt ne fait pas difficulté au plan phonétique : elle s'explique aisément par une antériorisation et une palatalisation de /w/ sous l'influence de la consonne antérieure (dentale) /t/. Cet te assimilation régressive de la semi-voyelle /w / étant facilitée par sa position implosive (donc de faiblesse).
Il est curieux de constater que ce terme, certainement très ancien et actuellement usité chez la totalité des berbérophones, n'apparaît pratiquement pas dans les matériaux onomastiques de l'Antiquité.
À l'heure actuelle, dans de nombreux dialectes (Kabyle, Mzab … ), le terme n'apparaît plus guère que sous la forme at, avec chûte totale de la semi- voyelle. Ainsi, en Kabylie, ayt n'est plus qu'un archaïsme ou une variante très localisée (on relève, par exemple, at-ma, « frères » ( « enfants de ma mère » ) et beaucoup plus rarement ayt-ma). Ce sont les habitudes issues de la nomenclature officielle française qui ont rétabli massivement les formes en ayt (« Aït- ») dans l'onomastique kabyle.
Très souvent aussi (Kabylie, Mzab … ), ayt perd son lien avec le domaine de la parenté et prend le sens de « les gens de -- », « ceux de -- » : (kabyle)
- a(y)t wexxam = « Les gens de la maison » = « la maisonnée, la famille ».
- at ufella = « ceux d'en-haut », « les gens d'en-haut, du haut-pays ».
- at taddart = « les gens du village ».
Il est aussi à mentionner que d'après une référence orale le mot "ath" designerait un rattachement à une noblesse berbère issue d'une pratique peu noble de consanguinité.
Bibliographie
- Encyclopédie berbère, Tome III, Edisud - 1986, p. 383-384
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