- Autoportrait (Miró)
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Autoportrait (Miró) Artiste Joan Miró Année 1919 Type Huile sur toile Dimensions (H × L) 75 cm × 60 cm Localisation Musée Picasso, Paris, France modifier Autoportrait est une toile de Joan Miró peinte à Barcelone en 1919. Ce deuxième autoportrait de l'artiste est le plus réussi. La toile, justement célèbre, est reproduite dans de nombreux catalogues et souvent présentée dans les expositions et rétrospectives de Miró[1].
Sommaire
Contexte
De retour à Barcelone au cours de l'hiver 1918-1919, Miró revient au portrait qu'il avait beaucoup traité pendant sa période du fauvisme catalan, puis qu'il avait abandonné. Sa nouvelle manière contraste avec le déchaînement de couleurs des années précédents. Il aborde son propre portrait avec un véritable esprit de grandeur.
Au printemps 1919, Picasso achète l'Autoportrait pour sa valeur hiératique dès que Miró lui rend visite, un peu plus tard, il acquiert aussi Portrait de danseuse espagnole, de même force vériste[2]. Selon Jean-Louis Prat, la toile a été offerte à Picasso par Miró « l'autoportrait fut offert à Picasso dans des circonstances que Miró a contées à Georges Raillard »[3]. « Dalmau, qui avait fait ma première exposition personnelle à Barcelone en 1918, avait organisé à Paris en 1921, une exposition de mes œuvres à la galerie La Licorne. Il avait besoin de se faire ouvrir des portes. Il pensait que Picasso était bien placé et il lui a offert ce tableau pour lui faire plaisir. Picasso lui en avait parlé, il l'avait vu exposé à La Licorne. le cadeau a plu à Picasso »[4]
Description
« cette peinture plate, directement inspirée par les fresques romanes de Catalogne, et qui n'use du cubisme qu'à dose homéopathique, (…) n'est pas concevable sans Braque et Picasso [5] ». Pour Miró, le cubisme est une méthode, une discipline avec cette rigueur que Pierre Reverdy dénonçait, mais que l'artiste a su utiliser avec profit. Selon ses propres propos : « Le cubisme est une discipline de travail pour serrer au plus près la forme »[6]
Miró se représente lui-même en veste d'intérieur rouge. La tête est ronde, ainsi que le nez et le menton. Aucun élément agressif dans ce portrait tout en courbes si ce n'est la passementerie noire qui orne le col ouvert et la bordure du boutonnage. Le visage est découpé en trois zones par l'implantation des cheveux : le front, les sourcilsjusqu'à la bouche et la mâchoire.. Ensemble est étrange, comme si un masque couvrait le visage dans la zone 2[3]. Le visage est plutôt rubicond, avec des cheveux calamistrés, et l'élégance des courbes parvient à ne pas rendre le visage inquiétant, ni le vêtement incongru[7].
La critique
« Certains critiques ont prétendu que Miró avait tenté de mettre le cubisme en pratique mais qu'il n'en avait jamais compris le véritable caractère, ni la signification profonde[8] ». Ce que Jacques Dupin conteste énergiquement : selon lui, on ne peut imaginer qu'un peintre doué d'une si forte personnalité, allait se convertir à un mouvement déjà sur le déclin[9].
C'est d'ailleurs une habitude de la critique de prétendre que Miró agit parfois en naïf, sans comprendre ce qu'il fait. Ainsi son ami Michel Leiris lui reprochera plus tard d'avoir peint La Course de taureau sans en avoir compris l'enjeu[10]. Pourtant le peintre agit ici en toute objectivité, une volonté d'objectivité absolue que l'on retrouve peu après, la même année, dans le Portrait de la petite fille[11].
Bibliographie
- Jean- Louis Prat, Miró, Martigny (Suisse), Fondation Pierre Gianadda, 1997 (ISBN 2-88443-042-3).
- Jean-Louis Prat, Joan Miró, rétrospective de l'œuvre peint, Saint-Paul (Alpes-Maritimes), Fondation Maeght, 1990 (ISBN 2-900923-018-7).
- Camilo José Cela et Pere A. Serra, Miró et Mallorca, Barcelone et Paris, Polígrafa et Cercle d'Art, 1984 et 1985 (ISBN 2-7022-0191-1)
- (fr) Jacques Dupin, Miró, Paris, Flammarion, 1961 et 1993 (ISBN 2-08-011744-0)
- (fr) Jean Leymarie, Miró : catalogue de l'exposition du Grand Palais (Paris) de mai à octobre, Paris, Réunion des musées nationaux, 1974, 187 p.
- (fr) Raillard Georges et Joan Miró, Ceci est la couleur de mes rêves : entretiens avec Georges Raillard, Seuil, 1977 et 2004 (ISBN 84-7444-605-8)
- (en) Margit Rowell, Joan Miró,selected writings and interviews, Boston, J.K.Hall et Da Capo press, 1986, 356 p. (ISBN 0306804859)
L'ouvrage regroupe les lettres de Miró avec ses amis et les écrits des amis de Miró sur le peintre, ainsi que leur correspondance.
- (fr) Michel Leiris et André Masson, Miroir de la tauromachie, Saint-Clément-de-Rivière et Montpellier, Éditions Fata Morgana, 1981 (ISBN 2851942689)
Notes et références
- Dupin, p. 67
- Leymarie, p. 11
- Prat 1997, p. 30
- Miró et Raillard 1977, p. 59
- Dupin, p. 68
- Margit Rowell, p. 44 (lettres de Miró à Jacques Dupin)
- Prat 1990, p. 26
- Dupin, p. 68
- Dupin, p. 69
- Leiris Masson, p. 41
- Dupin, p. 71
Catégories :- Tableau de Joan Miró
- Tableau des années 1910
- Autoportrait
- Œuvre conservée au musée Picasso (Paris)
- 1919 en Europe
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