Albert Camus ou la parole manquante

Albert Camus ou la parole manquante
Albert Camus ou la parole manquante
Auteur Alain Costes
Genre Essai
Pays d'origine Drapeau de France France
Éditeur Payot
Collection Science de l'Homme
Date de parution septembre 1973
Nombre de pages 252
Série Étude psychanalytique

Albert Camus ou la parole manquante est un essai d'Alain Costes publié en 1973, consacré à Albert Camus. Le cheminement intellectuel de l'écrivain est étudié sous un angle psychanalytique, et décomposé en trois « cycles » : le cycle de l'absurde, le cycle de la révolte et le cycle de la culpabilité.

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Sommaire

Cadre conceptuel

Alain Costes se propose de saisir le cheminement intellectuel d'un des écrivains français les plus lus, aussi bien dans son pays que dans le monde. C'est à dessein qu'il a placé cette citation de Camus en tête de son ouvrage :

« Comme les grandes œuvres, les sentiments profonds signifient toujours plus qu'ils n'ont conscience de le dire. »
Le Mythe de Sisyphe

Alain Costes fonde son étude sur une double approche, à la fois textuelle sur l'analyse des textes de Camus -la plus exhaustive possible- et sur une approche biographique de l'homme. Pour lui, les deux approches sont complémentaires pour rendre compte le plus exactement possible de ce qui a fondé la démarche camusienne. Son objectif est de rechercher ce qui fait le désir de création d'un écrivain comme lui et de s'attacher à expliquer les modes de sublimation littéraire : pourquoi est-il devenu écrivain, «  puise-t-il son énergie créatrice ? »

Il est certain que dans son cas le fait parental est un élément évident. D'une part, il n'a pas suffisamment connu son père, mort pendant la guerre en 1914, un an après la naissance d'Albert, pour en garder la moindre image. D'autre part, sa mère, douce et peu loquace, s'est toujours effacée derrière la figure autoritaire de la grand-mère. L'enfant est donc rapidement confronté à une forte absence parentale. Pour combler ce manque, il va rechercher en particulier des substituts de père, qu'il va trouver chez son instituteur monsieur Germain[1] puis chez Jean Grenier, son professeur de philosophie au lycée d'Alger. (ce qu'Alain Costes appelle des imagos)[2] Il leur impute son amour pour le football, dont son instituteur était particulièrement féru[3], de la nage et de la mer, qui lui viendrait de son oncle tonnelier qui vivait avec eux chez la grand-mère, et de l'écriture qu'il tiendrait du professeur Jean Grenier.

Son amour du théâtre en découle largement : « Le théâtre transportait Camus dans le monde qui était exactement le sien du fait de ses identifications paternelles littéraires. »

Le cycle de l'absurde

« L'homme que je serais si je n'avais été l'enfant que je fus. » Carnet II page 137

Apparemment, La mort heureuse son premier roman, s'inscrit dans un cadre œdipien banal : Mersault entretient une liaison avec Marthe qui va de temps en temps voir Zagreus, son ancien amant. Mais Mersault tue Zagreus dans une crise de jalousie. Tout se complique cependant  : Mersault a surtout tué Zagreus pour le voler, Zagreus l'estropié, (comme l'oncle de Camus)[4] infirmité qu'il a rapportée de la guerre, cette guerre son père est mort. Voilà la raison essentielle du meurtre de Zagreus par Mersault, cet homme silencieux qui rappelle à Camus cette mère absente et murée dans son silence[5].

L'analyse d'Alain Costes est confortée par un article[6] les difficultés de Meursault[7] se traduisent ainsi : échec du travail de deuil, perte de contact avec la réalité[8] et rupture des relations objectale[9]. C'est en quelque sorte le fantasme de Camus qui a pour titre l'Étranger.

Lambivalence de Camus, le côté positif quil investit dans la Nature idéalisée et le côté négatif dune perte de contact avec la réalité, cest dabord son premier recueil de nouvelles lon retrouve dans le titre cette dualité : 'Lendroit' quil projette sur la Nature, sur lamour et 'Lenvers' qui représente le monde absurde et angoissant. Face à cette angoisse, à ses tentations suicidairesle suicide est le seul problème philosophique, écrit-il dans Le Mythe de Sisyphe- Camus veut exprimer son pari pour la vie, par-delà labsurde à travers lanalyse quil nous livre dans Le Mythe de Sisyphe.

« Quoi quil en soit, écrit Alain Costes, la pierre angulaire de la pensée de Camus réside dans les silences de sa mère[10]. Comme les mythes, les silences sont faits pour que limagination les anime. » Il rêve dune 'philosophie du minéral', « à force dindifférence et dinsensibilité, il arrive quun visage rejoigne la grandeur minérale dun paysage »[11].

Cest la bonne mère Nature qui réapparaît mais sous une forme dénudée, hiératique, celle il est souvent question de pierre ou de désert[12]. Le Malentendu aussi est une tragédie du mutisme, de la non communication, « comme toutes les œuvres du cycle de labsurde »[13]. En février 1943, quand Camus termine Le malentendu, il note dans ses carnets : « Cest le goût de la pierre qui mattire peut-être tant vers la sculpture. Elle redonne à la forme humaine le poids et lindifférence sans lesquels je ne lui vois de vraie grandeur »[14]. Comme le sculpteur qui fait parler la pierre, « Camus peuple le silence maternel de ses fantasmes ». Cest le mythe de Niobé[15], réduite au silence pour avoir provoqué la mort de ses enfants. Ce silence qui fascine tant Camus et lui renvoie limage de sa mère, il va le vaincre par lécriture, oralité du langage, qui tient aussi à son père mort et à son oncle muet.

Le cycle de la révolte

La révolte selon Delacroix

La conception de La Peste est difficile, laborieuse, trois versions se succèdent pour composer, recomposer, peaufiner son texte. Pour Alain Costes, ce long et pénible travail exprime la « restructuration progressive du moi physique camusien ». Camus précise ainsi son objectif : « Faire ainsi du thème de la séparation le grand thème du roman; cest le thème de la mère qui doit tout dominer ». Cest un Camus recomposé en 4 personnages, expression de la restructuration de son Moi[16] : le docteur Rieux est le résistant Camus, Tarrou est le fils dont le père (comme celui de Camus) assista à une exécution capitale, Rambert le journaliste que la peste sépare de sa femme et Grand le long travail de création.

En octobre 1948 est jouée la première de LÉtat de siège. Dans cette pièce, les habitants de Cadix vivent une vie insouciante quand survient le tyran Peste et sa secrétaire. Seul Diego soppose au tyran et se sacrifiera pour quil parte. Mais ici cest limage paternelle du tyran qui est maléfique, alors que limago maternel est valorisé et Diego va engager une lutte victorieuse contre le Père. Cette évolution indique selon Alain Costes, que Diego-Camus « aborde très clairement la situation œdipienne ».

Les Justes, cette pièce ou des révolutionnaires russes doivent tuer le Grand-duc, représentant du tsar (donc le Père) repose sur lhistoire du meurtre du père et lhistoire dune passion avec Dora-Kaliayev. Les amants se rejoignent enfin au-delà de la mort dans un acte qui transcende leur amour contrairement à lhistoire de Victoria et de Diego dans État de siège. Cest pourquoi Alain Costes peut soutenir que pour la première fois, on y trouve une problématique authentiquement œdipienne.

Lors de la gestation de L'Homme révolté, Camus prend ses distances vis-à-vis de ses premiers maîtres, André de Richaud, André Gide, André Malraux, les philosophes allemandset même Jean Grenier dont il dit : « rencontrer cet homme a été un grand bonheur. Le suivre aurait été mauvais, ne jamais labandonner sera bien »[17]. Lhomme révolté, cest la recherche de la mesure, ce ce quil appelle « La pensée de Midi ». Camus veut dépasser le thème de labsurde en repartant du Mythe de Sisyphe, « je crie que je ne crois à rien et que tout est absurde, mais je ne puis douter de mon cri et il me faut au moins croire à ma protestation[18]. Cest ce dépassement qui devient révolte. Touche après touche, Camus trace à partir des faits accumulés (le recours au rationnel) ce quil appelle la mesure, qui doit permettre de concilier dimensions personnelle et collective, justice et liberté. On assiste selon Alain Costes au « passage dune pensée antithétique à une pensée dialectique, La Pensée du Midi, synthèse de liberté et de justice, de culpabilité et dinnocence, dindividuel et de collectif, de personnel et de lucide.

Le cycle de la culpabilité

Schéma de la culpabilité

Dans L'Exil et le Royaume, aussi bien Janine La Femme infidèle dépressive qui, dans le Sahel loin de chez elle, perd ses repères et sa confiance en elle-même que dans Le Renégat, cet 'esprit confus' qui cherche une rédemption masochiste jusque dans le désert saharien, ces deux héros dépressifs se vivent en tant quobjet, « en état de totale dépendance », en quête dun objet perdu (le mari pour elle et le père pour lui)[19].

On retrouve cette tendance dans la nouvelle Retour à Tipasa[20] Camus est effectivement retourné, mais en hiver cette fois, contraste marquant avec le Tipasa de Noces écrasé de soleil. Il y trouve un temps de mélancolie et la frustration du retour à Paris car « il y a la beauté et il y a les humiliés ». Il emportera « une petite pièce de monnaie », beau visage femme côté pile et face rongée de lautre côté.

La dépression latente, lextrême difficulté à écrire sinscrit dans les deux Jonas. La nouvelle conte lhistoiretrès autobiographique- dun peintre qui laisse envahir sa vie et ne parvient plus à exercer son art. Il en arrive à vivre dans la gêne, à se réfugier dans une espèce de cagibis Alain Costes y voit comme un rappel de lutérus, régression ultime de la dissolution du Moi. Dans la seconde version plus optimiste, un mimodrame, Jonas se reconstruit en peignant une immense toile mais sa prise de conscience sera fatale à son 'objet', à sa femme qui dépérit et finit par mourir. Dans la seconde version, Camus est dans son élément, la réalité théâtrale il va désormais se réfugier pour quelques années, échappant dans ladaptation théâtrale au contenu, au fond quil emprunte aux auteurs quil adapte.

La seule nouvelle de L'Exil et le Royaume qui soit plus 'optimisme' (porte ouverte au Royaume) sintitule La pierre qui pousse. Cette pierre rappelle bien sûr le rocher de Sisyphe mais ici le héros dArrast va se débarrasser de sa pierre en la déposant chez son ami 'le coq'. Selon Alain Costes, ce nest quen retrouvant la parole par sa discussion avec 'le coq' que dArrast va pouvoir « évacuer son objet persécuteur (jeter sa pierre) et clore son travail de deuil ».

Dans La Chute, son héros Clamence va sinfliger un châtiment radical pour apaiser sa culpabilité, devenir sourd à ce cri, ce corps qui tombe à leau et le poursuit depuis si longtemps. Il sinstalle dans cette ville de canaux et de brume, lui qui naime que le soleil de la Méditerranée, dans le 'malconfort', « cette cellule de basse-fosse », comme Jonas va sisoler dans sa soupente. De , il va pouvoir prendre à témoin le monde entier, sauto accuser, « projeter son surmoi sur le monde extérieur », se réfugier dans ce personnage double de juge-pénitent.

Ces années cinquante sont les années Camus se lance dans ladaptation et la direction théâtrale. Il y a, comme le note Roger Quilliot, des raisons objectives, le décès de Marcel Herrand[21], « la crise physique et morale confinant à la dépression » qui mobilise une partie importante de ses forces. Mais Alain Costes y voit surtout lomnipotence des images du père[22], « retour au théâtre, retour aux grandes admirations adolescentes, retour au Père ».

En 1959, Camus tourne une nouvelle page. Cest en janvier, la première des possédés qui lui a coûté tant de temps et defforts, en novembre il commence à écrire Le premier homme, double quête de la mère et du père « Camus avait retrouvé sa créativité » à travers la sublimation par lécriture.

Références psychanalytiques

Glossaire : quelques définitions
  • IMAGOS : Image fantasmatique des représentations des 2 sexes avec qui le sujet a vécu une relation affective durable. On peut ainsi discerner d'une façon très générale : l'imago de la bonne mère ou l'imago de la mauvaise mère. (même chose pour le père)
**********************
  • Mme Chasseguet-Smirgel, Dépersonnalisation, phase paranoïque et scène primitive, Revue française de psychanalyse, 1958
  • Culpabilité (psychanalyse)
  • Imago maternel et paternel : voir cartouche
  • Surmoi : phase postérieure à la liquidation de l'œdipe, trouvant sa source dans l'intériorisation des interdits parentaux et constitue le représentant psychique de la réalité extérieure (pages 34, 163-64)
  • Désintrication : arrêt d'une situation entremêlée (pages 43-44)
  • Parents combinés : fantasme très archaïque, précédant la scène primitive, défini par Mélanie Klein les parents apparaissent confondus dans une relation sexuelle ininterrompue (pages 63 et 74)
  • Processus primaire : Ensemble des mécanismes de l'appareil psychique de l'inconscient, produisant rêve et symptôme, lapsus et œuvre d'art. Les processus principaux sont le déplacement, la condensation et le retournement dans le contraire (page 75)
  • Processus secondaire : Mécanisme qui joue sur le pré conscient et l'inconscient avec révision du désir après examen de la réalité extérieure.

Notes et références

  1. Monsieur Germain à qui il dédiera ses Discours de Suède, donc d'une certaine façon son prix Nobel de littérature
  2. Voir la définition générale dans le cartouche
  3. Camus sera d'abord un gardien de buts accompli au Racing club d'Alger puis un supporter assidu à Paris
  4. Pour un portrait de cet oncle qui vivait avec eux à Alger, voir la nouvelle Les muets dans le recueil L'exil et le Royaume
  5. Voir ses nouvelles autobiographiques dans L'envers et l'endroit
  6. Pichon-Rivière et Baranger, Répression du deuil et intensification des mécanismes et des angoisses schizo-paranoïques, Revue française de psychanalise, 1959
  7. Ne pas confondre Mersault héros de La mort heureuse et Meursault héros de L'Étranger
  8. perte du réel « qui finit, écrit-il, par une stupeur catatonique »
  9. dont le fantasme se focalise sur un objet
  10. La pièce de Ben Jonson quil donne en mars 1937 avec sa troupe du Théâtre du Travail sintitule La femme silencieuse.
  11. Voir La Pléiade tome2 page80
  12. Voir la nouvelle « La halte dOran ou Le minotaure » ainsi que la nouvelle intitulée « Le désert »
  13.  »La tragédie nest-elle pas toujours 'malentendu' au sens propre du terme, stupeur et pour tout dire, surdité » commente Roger Quillot dans son essai sur Camus « La mer et les prisons »
  14. Voir Les Carnets tome2 page 78
  15. Voir Le mythe de Niobé dans la mythologie grecque ainsi que la tragédie d'Eschyle
  16. Morvan Lebesque écrivait déjà dans son essai sur Camus : « En Rieux, en Tarrou, voire en Joseph Grand ou en Rambert, cest Camus lui-même qui se rassemble ».
  17. Voir Carnets tome II page 277
  18. Voir La Pléiade tome II page 420
  19. Alain Costes résume ainsi ces nouvelles : « Janine en quête dun homme, le Renégat courant de père en père, les muets réduits (aux aussi) au silence par leur patron, Daru dans LHôte rendu étranger à son pays du fait de la loi, dArrast, Jonas et Clamence ulcérés par les exigences de leur surmoi, tous sont torturés par une problématique dont la plaque tournante est limago paternelle
  20. Nouvelle intégrée au recueil L'Été
  21. Cette disparition prématurée oblige Camus à prendre la direction du festival dAngers
  22. Camus recherchera la tombe de son père avant daller sy recueillir en 1957 (à Saint-Brieuc)


  • Durand A., Le cas Albert Camus, Éditions Fischbacher, 1961
  • Ginestier P., Pour connaître la pensée d'Albert Camus, Éditions Gallimard, 1969
  • De Luppé R., Albert Camus, Éditions Universitaires, 1962
  • Simon, Pierre-Henri, Présence de Camus, Éditions Nizet, 1962
  • Onimus, Jean, Camus, Éditions Desclée de Brouwer/Fayard, 1965
  • Danièle Boone, Camus, Éditions Henri Veyrier, collection La plume du temps, 1987

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Œuvres d'Alain Costes
  • Lacan : Le fourvoiement linguistique, Presses Universitaires de France, 2003, (ISBN 2-13-052914-3)
  • Lecture Plurielle De L'écume Des Jours, sous la direction d'Alain Costes, collection 10/18
  • Boris Vian : le corps de l'écriture, une lecture psychanalytique du désir d'écrire vianesque, par Alain Costes, juin 2009, 260 pages, (ISBN 978-2-915806-96-0)



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