Affaire de La Charité-sur-Loire

Affaire de La Charité-sur-Loire

L'affaire des documents de La Charité-sur-Loire intervient en 1940, peu après l'invasion de la France par l'Allemagne. Les accords militaires secrets passés entre la Suisse et la France sont à l'origine de cet incident. Selon l'historien Hans Senn, ces documents ont été en fait trouvés par les Allemands à Dijon, le 16 juin 1940 et non pas à La Charité-sur-Loire[1]. La découverte de ces accords mit la Suisse dans une situation embarrassante. Ces préparatifs, qui prouvaient que la Suisse ne respectait pas une stricte neutralité, donnaient l’opportunité à l’Allemagne nazie d’exercer des pressions sur la Confédération suisse.

Sommaire

Origines de l'affaire

En dépit de la neutralité officielle de la Suisse, les responsables de l’armée ont rapidement compris l’intérêt de conclure un accord avec les Français. D’une part, l’Allemagne nazie était clairement identifiée comme une menace[2]. D’autre part, conscients de la puissance de la Wehrmacht et de certaines lacunes de l’armée suisse[3], les responsables militaires souhaitaient obtenir un soutien de la part de leur voisin. Ces contacts ont été menés sans l'aval du Conseil fédéral, car le général Henri Guisan se méfiait des autorités et craignait que ces accords ne soient divulgués[4].

Pour leur part, les militaires français avaient de bonnes raisons d'appuyer cette initiative. En prévoyant l’intervention de leurs troupes sur le sol suisse, les généraux français voulaient se prémunir contre une attaque de la Wehrmacht qui aurait utilisé le territoire suisse, afin de contourner le centre de la ligne Maginot. Cette option permettait aussi à la France de mener le combat en dehors de son propre territoire[5].

Les premiers contacts entre les deux armées ont été établis durant l'année 1936. Ces accords secrets prévoyaient, en cas d’invasion allemande, le renforcement des positions de l’armée suisse grâce à l’arrivée des 6ème et 8ème armées françaises.

Mise en oeuvre des accords

Les accords franco-suisses se traduiront par l’envoi de plusieurs militaires français en Suisse. Ces derniers seront chargés de planifier une éventuelle intervention des troupes françaises sur le sol de leur voisin. Pour sa part, l’armée suisse avait formé des officiers de liaison pour conduire les troupes françaises vers leurs secteurs d’engagement. Un détachement fut aussi créé, dans le but de couvrir la possible arrivée des soldats français. Enfin, certaines fortifications ont été conçues pour pouvoir accueillir aussi bien l’artillerie suisse que française[6].

Conséquences

Suite à la découverte de ces documents, la position du général Guisan fut affaiblie, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. En effet, dès qu’ils furent aux mains des Allemands, les documents en question furent rapidement expédiés à Berlin. Pour Hitler, cet accord pouvait servir de prétexte, afin de durcir son attitude vis-à-vis de la Suisse. D’ailleurs, Otto Köcher, ambassadeur du Reich à Berne, considérait que Guisan et les officiers qui lui étaient proches devaient être éloignés de l’armée[7].
En Suisse, certains officiers supérieurs, dont le commandant de corps Wille[8], tentèrent d’utiliser cette affaire pour évincer le général Guisan. Wille, qui était chef de l’instruction, fut finalement démis de ses fonctions en 1942[9].
Les accords entre l'armée suisse et l'armée française seront rendus public durant les années 1960[10].

Notes et références

  1. « La première mobilisation générale » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne
  2. Opération Tannenbaum - plan d'attaque Guerre mondiale: La deuxième mobilisation générale
  3. « L'armement et les troupes » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne
  4. Jean-Jacques Langendorf & Pierre Streit : Le Général Guisan et l'esprit de résistance, p221 s.
  5. L'Hebdo du 16.06.2010 Philippe Garraud: "La Suisse n'était pas neutre"
  6. L'importance opérationnelle du Plateau de Gempen durant la Seconde Guerre mondiale Monuments militaires dans les cantons de Soleure, Bâle-Ville et Bâle-Campagne, pp.13 - 15
  7. Jean-Baptiste Mauroux, Du bonheur d'être Suisse sous Hitler
  8. Cet officier est le fils d'Ulrich Wille qui fut le général de l'armée suisse durant la Première Guerre mondiale.
  9. Jean-Jacques Langendorf, La Suisse dans les tempêtes du XXe siècle, pp.125-126
  10. Luc van Dongen, La Suisse face à la Seconde Guerre mondiale

Articles connexes


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