- Affaire Barschel
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L'affaire Barschel (Barschel-Affäre) est un scandale politique, s'étant produit en septembre 1987, dans le Land du Schleswig-Holstein. Il conduit à la démission, puis au décès – officiellement : par suicide – d'Uwe Barschel, ministre-président du Land et figure de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU).
Sommaire
Les faits
À l'approche des élections de 1987, dans le Land du Schleswig-Holstein, le ministre-président chrétien-démocrate Uwe Barschel s'inquiète de la popularité de son adversaire social-démocrate Björn Engholm ; s'y ajoute le mécontentement des agriculteurs, alors qu'il dirige une région très agricole.
Uwe Barschel décide alors de discréditer son adversaire. À cet effet, il fait engager, par le service de presse du gouvernement, un journaliste, Reiner Pfeiffer, dont la mission est d'enquêter sur la vie privée de son rival. Björn Engholm subit donc, à son insu, un contrôle fiscal et fait l'objet d'une discrète filature, destinée à tenter de révéler au grand jour d'alléguées tendances homosexuelles, en réalité inexistantes mais destinées à le discréditer.
Les deux enquêtes précitées n'ayant pas permis d'obtenir le discrédit escompté, Uwe Barschel imagine alors de poser un micro dans son propre téléphone ; il s'arrangerait ensuite pour faire en sorte que ledit micro soit découvert par hasard, lui permettant par la suite de mettre en cause son adversaire[1].
Le 13 septembre 1987, à la veille du scrutin, René Pfeiffer révèle à la presse l'intégralité des détails afférents aux diverses machinations susmentionnées, dont il avoue s'être implicitement rendu complice.
Conséquences
Le jour des élections, la CDU perd six de ses 39 députés, tandis que le SPD récolte 36 sièges sur 74. Cinq jours plus tard, le ministre-président sortant donne « sa parole d'honneur » qu'il n'est pas impliqué dans l'espionnage de son adversaire, mais il finit par donner sa démission le 25 septembre. Le 11 octobre 1987, Uwe Barschel est retrouvé mort, à Genève, dans une chambre de l'hôtel Beau-Rivage (de).
Découverte du corps
Un journaliste de l'hebdomadaire allemand Stern est présent, à Genève, pour obtenir une interview d'Uwe Barschel. N'arrivant pas à ses fins, il surveille sa chambre d'hôtel ; la porte n'étant pas verrouillée, il finit par y entrer. Croyant la chambre vide, il photographie quelques documents trouvés ... Selon ses dires, il finit par tomber sur le cadavre d'Uwe Barschel, gisant dans la baignoire.
Il prend 51 photographies, qui sont reprises par la presse, dont le Stern… Certaines vues du corps de Uwe Barschel servent même à l'impression de t-shirts.
Attaqué par la famille du défunt, le tribunal de police de Genève condamne le journaliste incriminé à cinq ans d'emprisonnement (avec sursis) – assortis d'une amende de dix mille francs suisses[2] – pour : « violation du domaine secret ou du domaine privé, au moyen d'un appareil de prise de vue » et « violation de domicile ».
Hypothèse d'un assassinat
Le 22 octobre 2010, la Télévision Suisse Romande (TSR) consacre un épisode de son émission « Zone d'ombre » à l'affaire Barschel[3]. Le reportage comprend une investigation journalistique internationale, assortie d'interviews des principaux protagonistes. L'hypothèse du suicide – initialement esquissée par les polices genevoises et allemandes – y est sérieusement mise en doute, au vu des nombreuses errances judiciaires subséquemment constatées, en sus de l'émergence inopinée de nouveaux éléments d'enquête. La thèse de l'assassinat, profondément décryptée (et, notamment, soutenue par un procureur allemand) en ressort largement privilégiée.
Le 21 novembre 2010, le journal allemand Welt am Sonntag laisse entendre que les services secrets israéliens du Mossad seraient responsables de l'assassinat d'Uwe Barschel, en raison de nouvelles analyses toxicologiques, dont la teneur substantielle accréditerait la thèse du meurtre. Une affaire de vente de sous-marin à l'Afrique du Sud – impliquant Israël[4] – aurait permis à des partis politiques allemands de percevoir des commissions occultes. À noter que, lors du scandale qui l'avait éclaboussé, Uwe Barschel avait menacé de produire des « révélations[5],[6] ».
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Uwe Barschel » (voir la liste des auteurs).
Références
- Le Monde, le 27 septembre 1987. RFA : scandale politico-policier au Schleswig-Holstein – Le naufrage de M. Barschel,
- ATF 118 IV 319
- Télévision Suisse Romande : émission "Zone d'ombre" du 22 octobre 2010, consacrée à l'affaire Barschel. TSR –
- Welt am Sonntag, Israël aurait joué un rôle d'agent transactionnel intermédiaire. Selon le journal allemand
- Il convient de souligner le fait qu'Uwe Barschel n'a jamais daigné préciser quelle était la nature foncière de sa pensée ou de ses intentions à l'égard desdites révélations qu'il avait menacé d'exhumer.
- Affaire Barschel : la piste du Mossad refait surface 23 ans après, Agence télégraphique suisse
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