ʿAbd Al-Malik (calife omeyyade)

ʿAbd Al-Malik (calife omeyyade)
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ʿAbd Al-Malik ou ʾAbū Al-Walīd ʿAbd Al-Malik ibn Marwān (en arabe : أبو الوليد عبد الملك بن مروان), né en 646 à La Mecque et mort en 705, est le cinquième calife omeyyade. Il succède à son père Marwān Ier en 685. Connu pour sa bonne éducation et sa compétence, il pacifie le Califat omeyyade en matant la rébellion de ʿAbd Allāh ibn Az-Zubayr, et étend ses frontières, en Afrique du Nord et en Inde notamment. Le règne de ʿAbd Al-Malik est également marqué par l'apparition des premières pièces de monnaie omeyyades, ainsi que par différentes réformes, notamment dans les domaines de l'agriculture et du commerce.

Sommaire

Premières années

Révolte kharidjite en Irak

Le début du règne de ʿAbd Al-Malik, qui succède à son père Marwān Ier en 685, est marqué par la révolte kharidjite menée par Al-Muḫtār ibn ʾAbī ʿUbayd au nom de Muḥammad ibn Al-Ḥanafiyya, un des fils de ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib. Cette situation anarchique balaie l'Irak, notamment à Bassorah et Koufa. ʿAbd Al-Malik renouvelle les ordres de son père, qui avait envoyé une armée sous le commandement de ʿUbayd Allāh ibn Ziyād pour combattre Al-Muḫtār. Les habitants de Koufa finissent par se soulever contre Al-Muḫtār qui meurt en 686.

Trahison de ʿAmr ibn Saʿīd

En 689, ʿAbd Al-Malik part vers l'Irak, laissant à ʿAmr ibn Saʿīd la gestion de Damas. ʿAmr avait reçu auparavant de Marwān Ier la promesse de lui succéder, promesse qui n'est pas tenu étant donné que c'est ʿAbd Al-Malik qui succède à son père. ʿAmr profite alors du départ de ʿAbd Al-Malik vers l'Irak pour usurper le pouvoir. ʿAbd Al-Malik revient sur ses pas et assiège Damas. ʿAmr, voyant que ses troupes font défection pour se ranger du côté de ʿAbd Al-Malik, est obligé de céder. Il est décapité peu après[1].

Guerre avec l'Empire byzantin

Dinars omeyyades à l'époque de ʿAbd Al-Malik

ʿAbd Al-Malik frappe monnaie en arabe, monnaie qui remplace les pièces byzantines et iraniennes. Ce qui n'est pas accepté par l'empereur Justinien II. En 690, l'Empire byzantin attaque la Syrie, mais il est défait deux ans plus tard à la bataille de Sebastopolis.

La fin de ʿAbd Allāh ibn Az-Zubayr et la pacification du Califat

En 691, ʿAbd Al-Malik a son pouvoir suffisamment assuré à Damas, ayant éliminé tous ses obstacles, pour reprendre l'Irak[2]. Il prend Koufa puis Bassorah et une partie du Fars avant de revenir à Damas. Cependant le Hedjaz, l'Égypte et le Yémen restent sous l'influence de ʿAbd Allāh ibn Az-Zubayr. ʿAbd Al-Malik prend le Khorassan en 692 et met la même année Al-Ḥaǧǧāǧ ibn Yūsuf Aṯ-Ṯaqafiyy à la tête d'une armée de 12 000 hommes pour affronter ʿAbd Allāh. Al-Ḥaǧǧāǧ avance, sans rencontrer d'opposition, jusqu'à arriver à Taïf, qu'il utilise comme base pour ses opérations. Il propose à ʿAbd Allāh d'avoir la vie sauve s'il capitule, mais face à l'échec des négociations et à l'impatience d'Al-Ḥaǧǧāǧ, ce dernier envoie un message au calife lui demandant des renforts et la permission d'attaquer La Mecque. Il obtient les deux et la ville est assiégée pendant huit mois. Au cours du siège, la Kaaba est endommagée par des engins de siège. ʿAbd Allāh est tué lors de l'assaut qui s'en suit, la même année, et sa tête est suspendue à la gouttière de la Kaaba[3].

ʿAbd Al-Malik, voyant en Al-Ḥaǧǧāǧ un homme de confiance et efficace, le nomme gouverneur d'Irak en 697, et lui donne la liberté dans la gestion de ses territoires. Al-Ḥaǧǧāǧ trouve de nombreux déserteurs à Bassorah et Koufa et les enjoint à se battre, il rétablit l'ordre, mais son mandat est marqué par de fréquentes révoltes à caractère religieux, révoltes qu'il arrive cependant à surpasser, grâce notamment à l'appui du calife et des troupes qui viennent en renfort. L'une de ces révoltes est menée par ʿAbd Ar-Raḥmān ibn Muḥammad ibn Al-ʾAšʿaṯ. Ancien général omeyyade, ʿAbd Ar-Raḥmān se rebelle suite aux ordres d'Al-Ḥaǧǧāǧ de pousser à chaque fois plus à l'est après chaque conquête. Vaincu en 702 par Al-Ḥaǧǧāǧ[4], il se replie à Bassorah. Vaincu à nouveau, il part vers le Khorassan. Lors d'une dernière bataille, l'armée d'Al-Ḥaǧǧāǧ tue 11 000 hommes, 120 000 autres auraient été exécutés sur ordre d'Al-Ḥaǧǧāǧ[5]. Ce dernier fonde en 702 la ville de Wasit sur les rives du Tigre, et achève de prendre le contrôle du Khorassan et du Khwarezm. Ces victoires préparent le terrain pour les futures conquêtes des fils de ʿAbd Al-Malik.

Conquêtes en Afrique du Nord

La sécurisation de l'Irak et du Hedjaz permet à ʿAbd Al-Malik d'agir en ʾIfrīqiyya. Le gouverneur Ḥassān ibn An-Nuʿmān Al-ʾAzadiyy Al-Ġassāniyy prend Carthage aux Byzantins en 695. La ville est perdue à nouveau, mais Ḥassān la reprend définitivement en 698. La seule place-forte byzantine en Afrique reste alors Ceuta. Ḥassān combat également les Zénètes rassemblés autour de la Kahena. Mis en difficulté, il est repoussé jusqu'à Barqa, mais réussit à reprendre le dessus, notamment grâce aux renforts envoyés par le calife, suite aux victoires d'Al-Ḥaǧǧāǧ en Irak. La Kahena est vaincue près de l'actuelle Tabarka et sa tête est envoyée à ʿAbd Al-Malik (702)[6]. Ḥassān développe ensuite Tunis, près de Carthage, puis est remplacé par Mūsā ibn Nuṣayr vers 705. Ce dernier achève la pacification de l'Afrique du Nord, mais échoue à prendre Ceuta.

Fin de règne

ʿAbd Al-ʿAzīz, frère de ʿAbd Al-Malik et désigné comme son successeur par leur père, meurt en Égypte en mai 704, si bien que ʿAbd Al-Malik n'a pas à respecter ce vœu. Il désigne aussitôt son fils Al-Walīd comme successeur. Les dernières années du règne de ʿAbd Al-Malik sont paisibles. Il meurt en 705.

Réalisations

Réformes

Parmi les principales réformes de ʿAbd Al-Malik, on note la désignation de l'arabe en tant que langue officielle du Califat, la réforme du système postal, de l'agriculture, du commerce, mais surtout la réforme monétaire faisant disparaître les monnaies iraniennes et byzantines. Il frappe des pièces d'argent en 693 ou 694, puis d'or (le dinar) en 696[7].

Architecture

ʿAbd Al-Malik fait réparer la Kaaba et initie la coutume de la couvrir d'un drap de soie tissé à Damas. Il fait aussi construire le dôme du Rocher à Jérusalem en 692.

Références

  1. Tabarî (trad. Hermann Zotenberg), La Chronique : Histoire des prophètes et des rois [« تاريخ الرسل والملوك (Tārīḫ ar-rusul wal-mulūk) »], vol. II, Arles, Actes Sud, coll. « Sindbad », 19 mai 2001 (ISBN 2742733183), p. 95-97 .
  2. Ibid., p. 98.
  3. Ibid., p. 107.
  4. Ibid., p. 121-126.
  5. Ibid., p. 130-131.
  6. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord : Des origines à 1830, Paris, Payot, coll. « Grande Bibliothèque Payot », 25 octobre 1994, 2e éd. (ISBN 2228887897), p. 352-354 .
  7. Ibn Khaldûn (trad. Abdesselam Cheddadi), Le Livre des Exemples [« ديوان المبتدأ والخبر في تاريخ العرب والبربر ومن عاصرهم من ذوي الشأن الأكبر (Dīwān al-mubtadaʾ wal-ḫabar fī Tārīḫ Al-ʿArab wal-Barbar waman ʿāṣarahum min ḏawī aš-šaʾn al-ʾakbar) »], t. I, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 20 novembre 2002 (ISBN 2070114252), p. 575-577 .

Articles connexes

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Marwān Ier
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Calife omeyyade
685-705
Al-Walīd Ier

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