სამხრეთ ოსეთი

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Ossétie du Sud

République d'Ossétie du Sud
Республикӕ Хуссар Ирыстон (os)
სამხრეთ ოსეთის რესპუბლიკა (ka)
Республика Южная Осетия (ru)
Drapeau de la République d'Ossétie du Sud South Ossetia coat of arms.png
Drapeau Armoiries
Localisation de la République d'Ossétie du Sud en Europe
Administration
Statut politique Sécessionniste de la Géorgie, reconnue au niveau international par la Russie, le Nicaragua et le Venezuela ainsi que par d'autres républiques sécessionnistes tels que l'Abkhazie, le Haut-Karabagh et la République moldave de Transnistrie
Capitale Tskhinval
Gouvernement
- Président
 - Premier ministre
République
Edouard Kokoïty
Vadim Brovtsev
Géographie
Superficie 3900 km²
Démographie
Population  (2004) ~ 70 000 hab.
Densité ~ 18 hab./km²
Langue(s) Ossète, géorgien, russe
Économie
Monnaie Rouble russe et lari
Autres
Fuseau horaire UTC +3
Carte topographique de la Ciscaucasie. L'Ossétie du Sud se situe au sud de la carte.
Carte d'Ossétie du Sud.

La République d'Ossétie du Sud (en ossète : Республикӕ Хуссар Ирыстон, Respublikæ Xussar Iryston ; en russe : Республика Южная Осетия, Respoublika Ioujnaïa Ossetiïa ; en géorgien : სამხრეთი ოსეთი, Samkhreti Osseti) est une région separatiste enclavée entre la Géorgie et la Russie, dans le Caucase. L'Ossétie du Sud a fait sécession de la Géorgie à la chute de l'URSS. Son indépendance est reconnue uniquement par trois pays (la Russie, le Nicaragua et le Venezuela[1]). La Géorgie, pour sa part, considère l'Ossétie du Sud comme une région faisant partie intégrante de son territoire, mais passée sous le contrôle russe.

Sa capitale est Tskhinval et son président est Edouard Kokoïty (depuis le 18 décembre 2001).

Suite à un conflit armé entre la Russie et la Géorgie en août 2008, Moscou reconnaît l'indépendance de l'Ossétie du Sud[2] le 26 août 2008, suivi par le Nicaragua le 3 septembre 2008[3].

Sommaire

Histoire

Moyen Âge et débuts des temps modernes

Arrivés dans le Caucase après avoir été chassés du Sud du Don par les invasions mongoles, les Ossètes, descendants des Alains, sont devenus chrétiens au Moyen Âge sous l'influence de leurs voisins géorgiens[4]. Dans le Caucase, ils forment trois entités territoriales distinctes, Digor, Tualläg et Iron. Digor, à l'Ouest, était sous l'influence des Kabardes, qui introduisent l'Islam. Tualläg, au Sud, qui correspond à l'actuelle Ossétie du Sud, fait partie de la communauté historique géorgienne de Samachablo. Iron, au Nord, sur le territoire de l'actuelle Ossétie du Nord, tombe sous la domination impériale russe en 1767[5].

L'Ossétie du Sud à l'époque de l'Empire russe et de l'Union soviétique

L'Ossétie du Sud est entrée à sa demande dans l'Empire russe en 1774, 27 ans avant la Géorgie qui, elle demande son intégration à l'Empire russe en 1801, ce qu'elle obtient en 1802. Après la Révolution russe, elle fait partie de la république menchevik de Géorgie, et le Nord devient à son tour partie de la République soviétique du Terek, puis de la République montagnarde du Nord-Caucase. Dans les années 1918-1921, la région voit se dérouler des affrontements entre les forces gouvernementales mencheviks géorgiennes et les Ossètes, qui demandaient l'indépendance. Le gouvernement géorgien de son côté accusait les Ossètes de collaboration avec les Bolchéviques. D'après les sources ossètes, le conflit fit plus de 5 000 morts directs, plus 13 000 indirects, suite à la famine et aux épidémies.

Le gouvernement soviétique géorgien, mis en place par le onzième régiment de l'Armée rouge en 1921, crée l'Oblast autonome d'Ossétie du Sud le 20 avril 1922, territoire d'une superficie de 3 900 km2, qui était alors peuplée de 99 400 habitants, et qui fut incluse au sein de la RSS de Géorgie. La partie dénommée Ossétie du Nord fut insérée dans la Fédération de Russie comme région autonome, officiellement car la chaîne du Caucase, très difficilement franchissable (cols à plus de 2 000 m) est un défi à toute administration commune. Depuis 1925, les Ossètes réclament l'unification[6]. Bien que les Ossètes aient leur propre langue, le russe et le géorgien sont institués langues administratives de l'oblast[7].

L'ère post-soviétique

Depuis l'indépendance de la Géorgie vis-à-vis de l'URSS le 9 avril 1991, après une prise de contrôle militaire, l'autonomie accordée aux Ossètes a été supprimée par l'État géorgien. Le leader géorgien Gamsakhourdia impose la langue géorgienne comme idiome officiel du pays. Ces décisions provoquent l'exode d'une partie de la population vers la république autonome d'Ossétie du Nord (sujet de la Fédération de Russie). L'essentiel de son territoire est désormais constitué de la partie nord de la région de Shida Kartli.

La tension dans la région s'accroît en même temps que l'accroissement des nationalismes géorgien et ossète en 1989. Précédemment, à l'exception du conflit de 1920, les deux communautés avaient cohabité pacifiquement, avec un haut degré d'interaction et un taux élevé de mariages interethniques.

La même année, l'influent Front populaire de l'Ossétie du Sud (Ademon Nykhas) réclame l'unification avec l'Ossétie du Nord afin de défendre l'autonomie ossète. Le 10 novembre 1989, le soviet suprême de l'Ossétie du Sud vote l'unification avec l'Ossétie du Nord, entité faisant partie de la République fédérative socialiste de Russie. Le lendemain, le parlement géorgien révoque cette décision et abolit l'autonomie de l'Ossétie du Sud. En outre, le parlement autorise la suppression des quotidiens et des manifestations.

Un conflit armé eut lieu après la proclamation de l'indépendance d'Ossétie du Sud quand la Géorgie décida de reprendre le contrôle de la région. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1991, la Géorgie introduisit à Tskhinvali des forces de police qui ayant rencontré la résistance des miliciens furent obligées de quitter la République[8].

Le 1er février 1991, la Géorgie imposa un blocus économique à l'Ossétie du Sud. Toute l'année de 1991 la lutte armée entre Géorgiens et Sud-ossètes appuyés par la Russie et des volontaires de l'Ossétie du Nord n'a pas cessé. Plusieurs habitants du sud durent se réfugier en Ossétie du Nord et dans le reste de la Géorgie.

La guerre entre janvier 1991 et mi-1992 fit environ 2 000 morts du côté géorgien et plus de 800 du côté ossète[9] lors de la sécession de cette région de la Géorgie.

Le 26 juin 1992, la Géorgie en la personne de Chevardnadze et la Russie en la personne de Eltsine signèrent un traité à Dagomys mettant fin au conflit. En accord avec ce traité, des forces de maintien de la paix composées de troupes russes, ossètes et géorgiennes furent introduites en Ossétie du Sud à partir du 14 juillet 1992. La Russie reconnut l'intangibilité des frontières géorgiennes, tandis qu'on créa une commission trilatérale visant à décider du statut de cette région.

Proclamation d'indépendance

En 1992, les nationalistes ont proclamé l'indépendance de l'Ossétie du Sud en se basant sur les résultats d'un référendum, lequel n'a cependant pas été reconnu au niveau international [10]. Ce nouvel État s'est rapproché de la République d'Ossétie du Nord, avec laquelle elle a une frontière et une culture communes.

Depuis le retour d'un pouvoir nationaliste à Tbilissi en 2004, l'Ossétie du Sud est un enjeu politique entre le président géorgien Saakachvili qui souhaite la réintégration des régions sécessionnistes au sein du territoire de la Géorgie et les indépendantistes ossètes, majoritaires en Ossétie du Sud, qui souhaitent une indépendance complète. De son côté, la Fédération de Russie ne fait pas d'avancées pour résoudre la situation, préférant garder le statu quo et ainsi laisser le pouvoir géorgien dans l'embarras, d'autant plus que celui-ci a posé sa candidature à l'OTAN. Celle-ci n'a pas été acceptée au printemps 2008 (opposition de l'Allemagne et de la France), mais les États-Unis et Israël ont envoyé des conseillers et du matériel militaires. Les indépendantistes d'Ossétie du Sud souhaitent également une réunification avec l'Ossétie du Nord, mais ni la Fédération de Russie, ni l'OSCE et encore moins la Géorgie ne soutiennent cette solution.
Depuis l'accord de Dagomys en 1992, une « force de maintien de la paix » composée de militaires géorgiens, russes, nord- et sud-ossètes est en place, mettant, dans les faits, les Géorgiens en minorité dans le territoire qui est internationalement reconnu comme le leur.

En octobre 2006, les deux pays faillirent rompre leurs relations diplomatiques, la Géorgie expulsant des officiers russes accusés d'espionnage. La Russie à son tour répondit par le rappel de son personnel diplomatique[11].

Second référendum

La République d'Ossétie du Sud a tenu un deuxième référendum sur son indépendance le 12 novembre 2006: plus de 90 % des votants s'y sont prononcés pour l'indépendance[12]. Le gouvernement géorgien, les États-Unis et l'UE considèrent ce référendum comme illégal alors que la Russie le reconnait sans toutefois reconnaitre l'indépendance de la république.

Août 2008 : deuxième conflit armé

Article détaillé : Deuxième Guerre d'Ossétie du Sud.

Le troisième conflit armé débute avec une offensive géorgienne, dans la nuit du 7 au 8 août 2008[13] et entraîne une réaction de la Russie notamment après la mort de civils dont la plupart avaient la citoyenneté russe et la destruction d'une grande partie de la capitale Tskhinvali. En moins de quatre jours, les Forces armées de la fédération de Russie venues de l'Ossétie du Nord, en renfort à celles présentes sur ce territoire dans le cadre la mission JPKF de maintien de la paix confié par l'ONU à la CEI en 1992, ont contre-attaqué, et, appuyées par l'aviation russe, ont effectué des raids contre l'armée géorgienne, la repoussant hors d'Ossétie du Sud et allant jusqu'à occuper une partie du territoire géorgien[14].

Le bilan humain de ce conflit est estimé par la Russie à 162 Sud-Ossètes tués. En août 2009, la Russie a déboursé 19,5 milliards d’euros pour la guerre et les subventions accordées ensuite à l’Ossétie du Sud. La Russie a versé plus de 13 600 dollars d’aide par Sud-Ossète alors qu’une partie de la population vit toujours sous les tentes [15].

Reconnaissance de l'indépendance

Le 25 août 2008, le Parlement de la Fédération de Russie vote une motion invitant Moscou à reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Le lendemain, le président Medvedev signe les décrets reconnaissant l'indépendance de ces deux régions[16].

La Biélorussie a annoncé qu'elle allait reconnaître prochainement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie[17]. L'OTSC, l'OCS, l'ALBA et la Serbie, elle, a annoncé qu'elle soutient la décision de la Russie sans pour autant lui emboîter le pas. Pour la Serbie, les indépendances de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie sont comparables à celle du Kosovo.

Les puissances occidentales ont immédiatement réagi en annonçant qu'elles ne reconnaissaient pas l'indépendance de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. La Géorgie a dénoncé « une annexion » par la Russie.

États ayant reconnu l'indépendance

États statuant sur l'indépendance

Territoires non-reconnus ayant reconnu l'indépendance

Démographie

Avant le conflit géorgiano-ossète, la population de l'Ossétie du Sud était composée d'environ deux-tiers d'Ossètes et 25-30% de Géorgiens. La composition actuelle de la population est inconnue, certaines estimations parlent de 45 000 Ossètes et de 17 500 Géorgiens en Ossétie du Sud en 2007 [23]. En août 2008, plus de 70 % des citoyens de l'Ossétie du Sud avaient la nationalité (étatique) russe. 54,5 % de ces 70 % ont la double nationalité (géorgienne et russe), du fait des circonstances prises en compte par les ambassades.

1926 1939 1959 1970 1979 1989
Ossètes 60 351 (69,1%) 72 266 (68,1%) 63 698 (65,8%) 66 073 (66,5%) 65 077 (66,4%) 65 200 (66,2%)
Géorgiens 23 538 (26,9%) 27 525 (25,9%) 26 584 (27,5%) 28 125 (28,3%) 28 187 (28,8%) 28 700 (29,0%)
Russes 157 (0,2%) 2 111 (2,0%) 2 380 (2,5%) 1 574 (1,6%) 2 046 (2,1%)
Arméniens 1 374 (1,6%) 1 537 (1,4%) 1 555 (1,6%) 1 254 (1,3%) 953 (1,0%)
Juifs 1 739 (2,0%) 1 979 (1,9%) 1 723 (1,8%) 1 485 (1,5%) 654 (0,7%)
Autres 216 (0,2%) 700 (0,7%) 867 (0,9%) 910 (0,9%) 1 071 (1,1%) 5 100 (4,8%)
Total 87 375 106 118 96 807 99 421 97 988 99 000

Notes et références

  1. http://www.romandie.com/ats/news/090910093028.r0jyzskr.asp
  2. Agence France-Presse dépêche du 26/08/2008 à 13h00 : La Russie reconnaît l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
  3. Le Nicaragua reconnaît l'Ossétie, Le Figaro, 3 septembre 2008.
  4. David Marshall Lang, The Georgians, New York, p. 239.
  5. Roger Rosen, History of Caucasus Nations, London, 2006.
  6. Quid 2000, p. 1060
  7. D.M. Lang, History of Modern Georgia, 1963.
  8. http://cominf.org/2008/02/14/1166476404.html
  9. Quid 2000, p. 1060
  10. Le Figaro - 14/08/2008 : L'accord Géorgie-Russie ne règle pas tous les contentieux
  11. Russie-Géorgie : la tension monte, La Croix, 3 octobre 2006
  12. Ossétie du Sud : large victoire électorale des séparatistes, Le Monde, 14 novembre 2006.
  13. « La Géorgie a lancé l'assaut sur l'Ossétie du Sud », Ouest-France, 8 août 2008.
  14. « Ossétie du Sud : la Russie promet des mesures de rétorsion », Ouest-France, 8 août 2008.
  15. Lisa Alissova, « Ossétie du Sud : Moscou pris à son propre piège », dans [Libération], 10 août 2009 [texte intégral (page consultée le 11 août 2009)] 
  16. Moscou reconnaît l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, Le Figaro, 26 août 2008
  17. http://fr.rian.ru/world/20080908/116616030.html
  18. Moscou reconnaît l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, Le Figaro, 26 août 2008.
  19. Le Nicaragua reconnaît l'Ossétie, Le Figaro, 3 septembre 2008.
  20. Le Venezuela reconnaît l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, RIA Novosti, 10 septembre 2009.
  21. http://fr.rian.ru/world/20090122/119751412.html
  22. La Transnistrie reconnaît l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, Le Point, 31 août 2008.
  23. The Permanent Committee on Geographical Names for British Official Use. Georgia: a toponymic note concerning South Ossetia

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographies

  • Tracey C. German (traduit de l’anglais par Benjamin Bloch), « Le conflit en Ossétie-du-Sud : la Géorgie contre la Russie », Politique étrangère, n° 1, 2006, IFRI/Armand Colin, p. 51 à 64
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